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Publié le 22 Avril 2024

 

Ce projet, consistant à écrire un texte à partir de photos ou tableaux, est prévu en quatre ateliers.

 

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Rédigé par Atelier Ecriture

Publié dans #Ecrire sur des photos

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Publié le 19 Avril 2024

 
ATELIER :
Assonances et allitérations
 
LECTURE :
Monologue du graveur des Merveilles – Michel Butor
 
SUJET :
Choisissez un des tableaux, et traduisez l’écriture particulière des artistes en renforçant le propos par quelques assonances et allitérations.
Henri Michaux

Henri Michaux

Henri Michaux

Henri Michaux

Martine Estibotte

Martine Estibotte

Max Ernst

Max Ernst

Max Ernst

Max Ernst

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LES TEXTES

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Après les textes, nous avons tenté un calligramme collectif avec un extrait de nos textes respectifs. Si le résultat laisse à désirer, nous, on s'est bien amusées ! 😀

ATELIER 4 : Les signes

 

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Rédigé par Atelier Ecriture

Publié dans #Ecrire sur des photos

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Publié le 19 Avril 2024

Un vieux chien désespéré court, il parcourt la route…
Chien qui tourne, chien perdu ; sous un pont il cherche des odeurs, sans succès…quel malheur ! D’une voiture on l’a jeté sans pitié. Son maître, un peu fou, ne voulait plus s’encombrer d’un vieux toutou.
Le chien, plein d’amour, croit encore au retour dans sa maison près de la rivière, là où des poissons nageaient entre les pierres…Pour eux, la liberté, pour lui seulement des regrets… Il a si faim, ce matin. Il pense à son doux foyer, lorsque la cheminée fumait, ça sentait le poulet grillé, des os à ronger elle lui donnait… « Elle », c’était un ange qui l’aimait…

 

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Rédigé par Annie

Publié dans #Ecrire sur des photos

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Publié le 18 Avril 2024

Une graphie fantasque comme une offrande au temps qui passe..
La plume coule, sculpte, creuse, déchire et traverse l'espace.
Des bulles, des yeux, des silhouettes alanguies, des danseurs souriants, bras
levé vers les cieux, tête d'oiseau, bec curieux. Un message qui essaime et
suspend les sens.
Il s'agit de la vie.
La plume s'envole.. une fleur qui se terre et s'arrache,
un lapin penaud qui s'obstine et folâtre,
une portée échevelée dont les notes prennent vie,
un orage à venir, la terre en broussaille, le souffle chaud d'Orient,
des pieds qui s'agitent et pressent le pas. Un silence.
Le voile qui brouille le feu, la musique oblique qui s'infiltre et s'insurge.
Humer les sons comme on flaire la vie, l'esprit libre, la Rose des Vents,
et puis cocher les cases comme on dit maintenant, s'entendre sans toujours
attendre, brouiller les pistes d'un air narquois, monter les marches, lever la
tête, sourire, un gribouillis ténu comme ressort éternel..
Tu valses, sautilles, épluches les pétales en fronçant les sourcils, une larme,
des vagues en goguette, un pied de pupitre pour partition éplorée.
Une bande dessinée sans phylactère, un silence insolent.
Et puis la marche en cadence, pied et point liés dans un cercle incongru,
et l'oiseau qui s'échappe.
La foule au contour oiseux, les jambes et les yeux noirs,
la continuité au trait éthéré, les serpents acerbes aux crocs joyeux.
Une peinture rupestre de la vie qui sort du marbre.
Liqueur soyeuse d'une latitude sans limite.
Tu ris. Un nouveau chapitre où l'humain est virgule, point dans l'air, parenthèse
effrénée.
Tout est dit, passé présent futur, il faut tout réinventer.
Les tâches s'accumulent, se pressent deviennent lavis aux couleurs inconnues.
Il faut diluer encore, pencher la page changer le moule puis les caractères.
Un alphabet gothique, une parure improbable.
Toujours changer, le mouvement invincible de la vie. Inscrit noir sur blanc depuis
la nuit des temps. Laisser une trace pour une petite éternité.
Une bulle de liberté au milieu du marasme. Un livre précieux qui pourfend
l'uniforme. Le chemin de traverse qui effleure la folie et s'enfonce dans la
vague immobile et désuète.
Tu y crois, elle existe, c'est ta vie, elle est tienne. Les rhizomes se rebellent et
fusionnent.
Retour à la coda. Une bulle en suspens..

 

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Rédigé par Nadine

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Publié le 17 Avril 2024

 

La tribu est en effervescence. Ça court dans tous les sens. Les trois grands prêtres dirigent les opérations du haut de leur estrade.
Des palissades sont installées tout autour du camp. On a construit des foyers de pierres pour les feux de joie, avec bûches, branches, brindilles en butée, prêtes à être brûlées. Une ribambelle d'enfants gambadent sur les brins d'herbe. les costumes de fête attendent les jeunes filles en liesse, sautillant une danse sensuelle sous les guirlandes de fleurs.
Des pieux puissants pointent leurs pics vers le ciel, protégeant les totems sacrés dressés au centre du village. Des guerriers aguerris les entourent, guetteurs infatigables, gardiens garantis. Totems des traditions, totems, âmes des ancêtres, au garde-à-vous, toujours debout, depuis le, début du monde.
Des femmes et des hommes, en file indienne, transportent offrandes aux dieux, ripaille aux hommes. Une grande nappe sombre est déjà investie par une multitude de mets.
Des jeunes gens s'entraînent aux jeux de joutes. Il faudra gagner, ce soir, pour séduire sa belle. Sacre de passage de l'enfance insouciante à l'homme sage. Des vieux les encouragent et les conseillent, des enfants les imitent.
Les symboles sacrés sont suspendus aux arbres de la place. Tous ceux qui passent dessous se prosternent, s'agenouillent pour une silencieuse supplique aux anciens, aux déesses, aux dieux.
Le soir tombe, c'est l'heure de sorcier.
Il surgit, impressionnant, sidérant ses sujets qui s'inclinent et saluent, soumis.
- Allumez les feux ! crie-t-il. Que la fête commence !
 
 

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Rédigé par Mado

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Publié le 1 Avril 2024

ATELIER :

Fantastique, Merveilleux, Fantasy, SF
 
LECTURE :
Extraits divers
 
SUJET :
Choisir trois photos et les utiliser pour inventer une histoire dans le registre fantastique, merveilleux, fantasy ou SF, au choix.
ATELIER 3 : Trois photos pour une histoire
ATELIER 3 : Trois photos pour une histoire
ATELIER 3 : Trois photos pour une histoire

LES TEXTES

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Rédigé par Atelier Ecriture

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Publié le 1 Avril 2024

 
Elle aurait bientôt douze ans. Elle venait de perdre sa grand-mère ; c’était, dans sa vie d’enfant, sa première rencontre avec la mort. Elle aimait beaucoup sa grand-mère, tout en la craignant un peu. Mamy Amélie était « spéciale » : elle était une voyante connue de tous dans les environs, on venait la consulter des villages alentour pour ses prédictions souvent exactes. A la naissance de sa petite fille, elle avait vu qu’à l’âge de douze ans, un évènement extraordinaire se produirait pour elle, et que sa vie d’adulte en serait bouleversée… Quel évènement ? La petite Amélie avait hâte de le savoir et le redoutait en même temps. Et oui, elle portait le même prénom que sa grand-mère, ses parents l’avait prénommée ainsi avec l’espoir qu’elle hériterait peut-être du don de voyance de l’aïeule… Le temps était venu de voir quel changement se produirait pour Amélie, et malheureusement la vieille femme ne serait plus là pour la soutenir.

 

Le papa d’Amélie aimait bien visiter les vide-greniers. Un jour, il ramena une statuette qui représentait une femme dévêtue tenant un loup mort entre ses pieds, comme si elle l’avait tué. Amélie n’aimait pas cette statuette, le loup mort l’impressionnait. Son père l’avait achetée parce qu’il trouvait que le visage de la femme ressemblait beaucoup à celui de Mamy. Sa femme et sa fille n’étaient pas du tout de cet avis ! Il l’avait installée sur le petit meuble de l’entrée, malgré le peu d’enthousiasme de ses « femmes ».

 
 

Cette période de sa vie était très difficile pour la fillette. Elle avait tellement pensé à cet anniversaire si particulier, et maintenant sa Mamy était partie pour toujours, comment pouvait-elle affronter seule tout cela ? Ses copines avaient une vie presque banale, elle se trouvait malheureuse de se sentir incomprise… Et cette vilaine statuette qu’elle voyait tous les jours… Elle dormait très mal, elle faisait des cauchemars dans lesquels des sorcières aux doigts crochus et des loups essayaient de l’attraper. Ses parents voyaient son mal-être, mais ils ne savaient pas quoi faire pour la voir sourire à nouveau.

Ils eurent l’idée de lui offrir un chiot pour ses douze ans, un adorable bébé caniche tout blanc. Amélie sentait son cœur fondre d’amour en voyant les coups de langue que le petit animal lui donnait sur le nez dès qu’elle le prenait dans ses bras. En quelques jours, Amélie et Titou ne pouvaient plus se passer l’un de l’autre. Le soir, le chiot s’endormait dans un joli panier près du lit de sa maîtresse. La présence du chien rassurait la fillette, elle ne faisait plus de cauchemars, tout allait mieux pour elle. Elle ne pensait plus à « l’évènement » qui avait été prédit dans sa jeune vie.

Une nuit, Amélie fut réveillée par une voix douce qui chantait une berceuse. Elle alluma sa lampe de chevet : elle vit le chiot, la tête posée sur le traversin,, qui chuchotait à son oreille. Elle comprenait tout ce qu’il disait, les paroles de la chanson, suivies d’explications. Abasourdie, Amélie comprit que Titou avait été missionné par la défunte grand-mère pour dire à sa jeune maîtresse qu’elle détenait désormais les pouvoirs de l’aïeule. Aussitôt, comme pour confirmer, Amélie eut un flash : elle vit ses parents plus âgés assis dans le parc du village, qui surveillaient un bambin de quatre ou cinq ans qui faisait du toboggan. Tous avaient le sourire. Et Amélie SAVAIT que cet enfant était son fils, confié à ses parents pour des vacances. Elle comprit qu’elle avait eu une image de sa vie future. Et que « l’évènement » attendu venait de se produire. Elle ne dormit plus de la nuit. Elle eut deux autres flash : elle vit son mari, il n’était autre que le fils de la maîtresse d’école, elle le reconnut facilement même s’il avait une dizaine d’années de plus et une barbe drue ; elle se vit en plein travail, assise face-à-face à une femme inconnue, une boule de cristal entre elles. Lorsque sa maman vint l’appeler le lendemain matin pour le petit déjeuner, elle était excitée, elle lui raconta tout sans se faire prier. La maman fut émue aux larmes. Elle espérait tellement que sa petite Amélie hérite du don de sa Mamy ! Toutes deux essayèrent en vain de faire parler Titou, mais il s’avéra que, sa mission étant achevée, il était redevenu un chien normal, plein d’amour pour sa petite maîtresse, mais rien de plus…
Afin qu’Amélie puisse vivre sa vie d’enfant comme les autres, elle promit à ses parents de ne pas utiliser son don avant ses vingt ans. Elle tint sa promesse. Les années ont passé. Si maintenant vous traversez le village où habite Amélie, vous entendrez parler de cette jeune femme douée pour prédire l’avenir, si douée qu’elle ne prédit que des évènements positifs… Peut-être un jour aurez-vous envie d’aller la consulter ?
Annie T.

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Rédigé par Annie

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Publié le 27 Mars 2024

 

Elle est apparue, un jour, au bord de la mer. Une sphère blanche aux reflets en volutes mouvantes. Sa structure bougeait comme si elle était vivante. elle était posée là, sur deux poteaux de bois.

Personne n'osait l'approcher. Elle semblait détecter les présences et manifestait ce que l'on pourrait interpréter comme de l'agacement, de la colère... On ne savait pas trop, mais on avait peur. Alors, on l'a laissée là, au bord de la mer. Aucune idée de qui elle était, d'où elle venait. Chacun y allait de son commentaire : c'est un extraterrestre... un truc du gouvernement pour nous espionner... une arme secrète... Bref, personne n'en savait rien. Même les autorités n'avaient aucune réponse rationnelle à nous donner.

Et féroce avec ça ! Un courageux gendarme a voulu la toucher, il y a laissé un doigt !

 

 

Au fil des jours, des choses étranges apparurent. Les gens penchaient. Ils ne pouvaient plus marcher droit, ça penchait à gauche, ça penchait à droite, mais ça penchait chez tout le monde. Vraiment déstabilisant au sens littéral du terme ! les gens tombaient, peinaient à se relever, les voitures zigzaguaient, les trams déraillaient, c'était le chaos.

 

 

 

Autour de la sphère, une drôle d'ombre, qui ne suivait absolument pas la course de soleil, s'étalait, se rétractait. Parfois, il nous semblait entendre comme un bruissement... ou plutôt, un sifflement... peut-être un gémissement... toujours susurrés sur un souffle rauque. Et le ciel s'obscurcissait, et l'air se glaçait, comme si la mort approchait... La boule agitait ses volutes, l'ombre rampait sur le sol, comme si elle voulait attraper nos pieds, nos mollets penchés. L'épouvante, alors, se répandait, on se terrait, blottis les uns contre les autres pour se rassurer.

Un jour, un jeune garçon apparut, qui marchait bien droit, bien stable. Un  drôle de petit bonhomme, vêtu d'un short et d'un veston en tweed marron. Il semblait venir du siècle dernier. Ça, ça nous a encore plus inquiété, car on avait constaté depuis peu que le temps ne passait plus comme d'habitude. C'était insidieux, à peine perceptible. Il a fallu quelques temps pour s'en rendre compte. Le temps ralentissait, et même, il commençait à repartir en arrière ! Il suffisait d'observer l'horloge sur le clocher de l'église... les aiguilles, lentement, très lentement, tournaient à l'envers.

A voir cet enfant suranné, je me suis demandé si on était retourné au XXe, voire au XIXe siècle ! Le garçon s’approcha et nous dit :

- Je viens du passé. La sphère s'est posée au même endroit dans mon époque, mais j'ai réussi à la comprendre et à l'apprivoiser. Il n'y a qu'à moi qu'elle obéit. Ne me demandez pas comment, ni pourquoi, je ne peux le dire.

En effet, la sphère, semblait sourire depuis l'arrivée du garçon. L'ombre, autour d'elle, s'était épanouie en bouquet harmonieux. Le garçon la caressa, et, je vous le jure, je l'ai entendue ronronner !

- Elle s'est échappée dans le temps, mais je vais la ramener chez moi, nous dit le garçon. Il faut pour cela que je monte dans le clocher pour aller voir l'horloge.

Je l’accompagnais, curieux d'assister à la manœuvre. Il s'agenouilla devant les rouages, écouta le mécanisme, les cliquetis divers, serra un boulon par-ci, une vis par-là et annonça :

 - Voilà, c'est réparé. La sphère est repartie et je vais en faire autant. Mais vous garderez son empreinte au bord de la mer, une sphère inactive et inoffensive, juste une belle sculpture.

- Comment allez-vous renter, jeune homme ? demandai-je.

- Je vais plonger dans ce livre et je serai chez moi. Au revoir, désolé pour le dérangement.

Il a ouvert un vieux bouquin, intitulé L'île mystérieuse et s'apprête à sauter.

- Qui êtes-vous ? lui criai-je

Il me sourit.

- Je m'appelle Jules Verne, répondit-il en sautant, et il disparut dans le livre.

Abasourdi, je redescendis sur la place. Les gens, bien verticaux maintenant, fixaient l'horloge. Elle avait repris le cours de son temps. Au bord de la mer trônait sur son socle de bois, une belle sculpture en forme de sphère blanche. A son pied, son ombre suivait sagement la course du soleil... Jusqu'à quand...?

 

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Rédigé par Mado

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Publié le 4 Mars 2024

 

 

Ce projet intitulé « LA NOUVELLE EN PHOTOS » consiste à faire une nouvelle en quatre ateliers. A chaque séance, une photo vous sera proposée, dont il faudra tenir compte pour poursuivre votre histoire.

 

 

LES ATELIERS

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LES TEXTES

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Rédigé par Atelier Ecriture

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Publié le 4 Mars 2024

Le départ

 

17 h 02 ! Une gare assourdissante !

 
Mon train s’apprête à partir et quand Olga rentrera chez nous, je serais déjà très loin.
Très loin de cette ville, très loin d’elle, très loin de tout. Rester, je ne le pouvais plus.
 
Cela faisait des jours, des semaines, des mois que ce besoin de retrouver une destination inconnue me malmenait l’esprit : je n’en dormais plus.
 
17 h 06 ! Nouvelle annonce dans les hauts parleurs pour un départ imminent.
Au même instant, à quelques minutes de là, Olga arrive devant notre immeuble en fouillant dans son sac à la recherche de son trousseau de clés. Elle imagine sans doute nos retrouvailles quotidiennes de son retour de travail. Mais une fois la porte d’entrée passée, ce sera un appartement vide et silencieux qui l’attendra.
 
17 h 08 ! Je me cale au fond de mon siège en skaï, ma joue collée sur la vitre froide et terne de mon wagon.
Je me cache à la vue de tous ces anonymes qui partagent mon voyage. Et le convoi donne un premier à-coup, un deuxième et la marche amorce son mouvement lancinant.
Je commence une autre étape dans mon existence, qui s’apparente, j’en conviens, à une sorte de fuite, mais rester devenait compliqué, comme dans cette chanson qui dit que partir c’est laisser un peu de son âme, partir c’est laisser un peu de son cœur, partir c’est quitter une femme. Ça me ressemble étrangement.
 
18 h 12 ! On a déjà dépassé les limites de la métropole et ses frontières limitrophes. On roule à grande vitesse et le paysage défile en un ruban multicolore et abstrait. Parfois, à l’approche de certaines agglomérations, il ralentit et je distingue des habitations aux pièces éclairées, ainsi que les silhouettes furtives qui les peuplent. Je me mets alors à imaginer les histoires qu’elles détiennent, la trame qu’elles vivent. Ces personnes sont-elles heureuses ?
Dans la poche intérieure de mon blouson, mon téléphone vibre de nouveau. Je sais que c’est elle. Pour l’instant, je ne pourrais pas, je ne saurais pas trouver les mots justes pour mon départ et ma présence dans ce train. Je sais que je me montre injuste envers elle, elle n’y est pour rien, car tout est de ma faute. Comment pourrais-je lui expliquer que je la quitte alors que je l’aime, que je pars malgré tout cet amour.
Oui, je pourrais la rassurer, lui dire que c’est juste un mauvais moment que je vais revenir. Juste la nécessité de retrouver le fil de mon histoire, tout ce qui nous réunit, elle et moi depuis tout ce temps. J’ai paumé quelque chose, je ne sais pas où, ni quand, et c’est pour cela que je m’éloigne de plus en plus, avec ce train, ce destin, projeté sur cette trajectoire en diagonale.
 
18 h 35, il est temps de dormir un peu.

Tumulte

A peine arrivé, débarqué de mon train, le pied posé sur le quai, je quitte cette gare anonyme de ma ville étape.
Me voilà à présent en plein centre-ville ; ma quête sur l’instant, trouver un hôtel pour me reposer.
Derrière, soudain, des cris, hurlements, un tintamarre assourdissant.
Je fais volte-face, et face à moi un attroupement en marche lancinante.
A quelques mètres, sur le qui-vive, un cordon de police qui canalise et balise sa progression saccadée.
Sur des pancartes en carton et autres supports de tissus, érigés comme autant d’étendards baroques, peints à la bombe noire, des revendications et slogans pour les droits civiques.
Moi qui voulais de l’espace du calme et du temps pour esquisser ma nouvelle destination, me voilà servi, épinglé sur ce point sur la carte, en pleine tourmente.
 
J’éprouve depuis longtemps une certaine défiance pour tous ces groupes syndicalistes et associatifs qui se lancent sans détour, baïonnettes au canon.
Crier, hurler, vociférer à outrance, renforce-t-il les causes et combats à mener ?
S’exprimer avec calme, mesure, ne serait-il pas plus judicieux ?
L’individu lui-même arrive-t-il à se frayer une place quand il se retrouve submergé par la masse ?
 
Olga mène aussi son combat, sa révolte contre moi, suite à mon départ, mon absence inexplicable.
« Pourquoi me quitter alors qu’il ne cesse de me dire qu’il tient à moi ?
Dois-je être triste, en furie, et subir l’afflux de mes cris qui se bousculent en moi ? »
 
Ici, près de moi, les esprits s’échauffent, la menace de débordement gronde, donc je fais demi-tour. Vite un train pour reprendre ma révolte solitaire, sans heurts, sans clameurs, juste mon silence.

Effluves

Voilà presque un mois aujourd’hui que j’habite cette petite maison, dans ce petit village au creux de la vallée au cœur des Alpes. Contre mon aide pour l’entretien de sa ferme, Gustave m’offre le gîte et le couvert pour le temps que je veux. Je suis tombé sur lui en faisant du stop sur la nationale. Nous avons sympathisé de suite. Chaque jour qui passe il me raconte sa vie d’aventures aussi incroyables que rocambolesques. Un jour après avoir parcouru le monde, retour au pays et pour reprendre la ferme de ses parents aujourd’hui disparus.
Je ne sais pas si je dois y voir le fruit du hasard ou un signe du destin, mais cette rencontre mais je me demande si elle était aussi imprévue que ça. Je trouve en lui mon Jiminy Cricket, ma conscience personnifiée qui trouve réponses à tous mes questionnements. Quand je lui raconte mes questionnements, mes tourments, au lieu de jouer les moralistes, lui il éclate de rire.
Le soir, après le dîner, on s’adonne à notre rituel : on sort dehors sous la pergola, on allume une cigarette, il pose sa bouteille de whisky, sur le petit muret, la libère du bouchon cacheté de cire noire, et verse de ce liquide aux reflets caramel ambré dans deux verres. Au début, la première gorgée cogne un peu le palais mais à partir de la deuxième tout s’adoucit, s’assagit, comme si par magie l’alcool de ce breuvage possédait la vérité du monde, de chacun de nous.
Je ne parle pas d’ivresse mais d’évasion. Et Gustave, emporté par son bien être nocturne, me gratifie de nouveau d’un pan incroyable de son existence. Finalement cette flasque de verre, son contenu couleur cuir, devient un vaisseau immatériel pour partir à l’espace et le temps.
 
Quand je regagne mon lit souvent l’aube arrive. Le soleil annonce sa venue en colorant petit à petit les crêtes des montagnes alentours.
Ce matin, j’ai dormi jusqu’à très tard et empiété sur un après-midi bien entamé. Accoudé au rebord de ma fenêtre, une tasse de café très fort près de moi, je regarde le paysage : les herbes hautes du pré qui ondulent sous l’effet de la brise, le chien qui roupille sous la table du jardin, des pies qui voltigent au-dessus des pommiers fraîchement élagués, tous ensembles de choses qui rendent ce tableau, vivant mouvant et émouvant. Je ne sais pas si le paradis existe mais cela devait être le cas, j’espère de tout cœur qu’il puisse ressembler à tout ça. Mais une chose tout à coup me rend triste. Comme le dit Christopher Mc Candeless dans «  Into the Wild » un bonheur ne vaut rien si on ne peut pas le partager.
Ce soir j’appelle Olga.

Equinoxe

Assis sous la pergola, je participe, passif, au lent déclin des rayons solaires par-delà les crêtes des montagnes.
La fin de journée impatiente s’apprête à nous recouvrir de ses draps nocturnes en tissus de nuit.
Dans le pré l’herbe monotone s’embrase de teintes orange et feu.
Vers le ciel d’automne, les arbres érigent le squelette de leurs branches dépourvues de feuillage.
C’est à présent toute ma vallée qui s’assoupit au rythme de la douce mélopée de la quiétude. Et je pense à Olga.
Au cours de nos derniers échanges téléphoniques, peut-être que ce n’est qu’une simple impression factice, je ressentais une gêne latente en filigrane silencieux de nos conversations.
Elle me manque. L’absence, c’est le souffle du vent qui fait taper sans cesse un volet mal fermé contre la fenêtre.
Ça résonne interminablement dans la tête, ça cogne comme une piqûre de rappel indélébile.
Monseigneur SOIR ayant pris enfin ses quartiers, je distingue au loin, au tout début du long chemin qui mène jusqu’à la ferme, deux points minuscules, comme la lanterne dansante d’une libellule en errance sauvage. Au fur et à mesure de leurs déambulations leurs formes se renforcent, grandissent jusqu’à devenir le regard aveuglant d’un fauve surgissant, rugissant devant moi. Crissement de freins brusque, feulement final du moteur, une portière qui s’ouvre, une ombre qui se dandine sur le gravier, sans réflexion, j’élucide l’énigme et Olga se poste devant moi, intacte et solaire sous le clair de lune naissant.
J’ignore comment elle a su où je me terrais, elle est juste là !

On se jette l’un contre l’autre, on s’enlace, je la laisse faire. Elle abandonne un murmure dans le creux de mon oreille.

Certains mots sont futiles, ne servent à rien d’autre que faire des phrases, être écrits ou juste prononcés dans le vide.
Mais pas le mien.
J’étais juste une île posée à l’écart d’un océan très pacifique, au-dessus de moi, explose une bombe atomique.
Une déflagration hallucinante pulvérise, emporte tout. Son souffle nucléaire déferle sur chaque once de ma surface. La fission de ses atomes fonce et son panache incommensurable monte très haut jusqu’ à toucher mon firmament ultime. Dans ma poitrine, irradiation totale. La chair qui encercle mon organe cardiaque se consume, craquelle et reçoit la sanction inoubliable du moment vécu.
 
Le monde, le mien que je côtoyais jusqu’à présent : détruit.
Celui qui renaît de ces cendres débute juste après : maintenant.
Le mot c’est : « ENCEINTE »
 
 
Jean-Michel
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Rédigé par Jean-Michel

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