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Publié le 26 Avril 2024

 
L’air était frais pour la saison... Même froid ! En cette fin de journée du mois de Mai, le ciel clair du matin avait décidé de s’habiller de nuages obscurs comme s’il portait le deuil d’une morne journée qui s’obstinait à ne pas mourir.
Pierre, attablé à la terrasse d’un café, promenait un regard sans vie sur cette avenue aussi déserte qu’un tombeau tout neuf qui attend, avec férocité et gourmandise, qu’une âme perdue vienne répondre à ses appels.
L’esprit occupé à ne rien voir de ce paysage dénué du moindre intérêt, Pierre mit un certain temps à apercevoir, traversant ce début de coucher de soleil, une silhouette qui venait dans sa direction d’un pas ferme et déterminé. Elle se matérialisa et ses lunettes à triple foyer lui donnèrent la réponse. Une femme. Une très belle femme. Très chic, elle portait, avec la nonchalance de l’habitude, des vêtements que l’on peut voir, le plus souvent, lors des défilés des salons des grands créateurs du moment.
Elle s’approcha, lui sourit et demanda, d’une voix de diva…
- Bonjour, puis-je m’asseoir à votre table ?
- Que je sache, Madame, la terrasse est vide et rien ne vous empêche de choisir une table à votre convenance.
- C’est vrai. Mais c’est vous qui m’intéressez et c’est avec vous que je souhaite parler.
- Allons, Madame, trêve de plaisanterie. Je ne suis ni beau ni intelligent et à votre place je ferai très attention à qui j’adresse la parole. Les temps que nous vivons conseillent la prudence. Vous devriez suivre mon conseil.
- Ne croyez-vous pas que les conseils sont barbants et que l’on peut satisfaire son besoin de savoir en toute innocence avec celui qui sait ?
- Celui qui sait ? Dieu merci ! Mille fois merci ! Je suis d’une ignorance crasse et celle-ci fait mon bonheur. Il est hors de question que je lui fasse défaut.
- Voyez-vous cette église en face de nous ? Il paraît que l’ancien prêtre de la paroisse était tellement pieux qu’il a fini son sacerdoce à Rome en tant qu’évêque.
 
- Vous voulez parler de Monsignori « Je ne sais pas qui »
- Oui, de Monsignori « je ne sais pas quoi »
 
- Il m’a baptisé.C’est lui qui a imposé mon prénom. Le bruit courrait qu’il avait beaucoup fauté et que sa promotion à Rome venait à point nommée. Il ne répondait à aucune question, surtout à celles qui avaient des rapports avec sa vie privée. Où l’avez-vous connu ?
- Il était si prés de Dieu que ses ouailles ne faisaient plus la différence. Ils arrivaient à se tromper et à prendre l’un pour l’autre…
- Oui ! Surtout les femmes. Toutes celles qu’il entendait en confession. La pénitence était assez originale. Sa réputation a précédé sa mutation. Mais vous n’avez pas répondu à ma question ?
- Il m’a baptisée, moi aussi, et c’est lui qui a choisi mon prénom « Madeleine ». Ce qui laisse supposer que nous ayons, vous et moi, un point commun.
- Vous... Tu veux dire que peut-être... Nous pourrions être frère et sœur ? Enfin demi…
- J’ai eu du mal à te retrouver. Mes moyens m’ont permis de faire appel à des professionnels. C’est d’ailleurs grâce aux problèmes que tu as eu avec la justice que nous avons pu faire le lien.
- Que sais-tu de ma vie ? Toi par contre, tu as l’air de bien te débrouiller.
- Six fois veuve. Ça aide à établir un plan de carrière. Mais parlons de toi. Combien en as-tu tuées? La justice n’a pas les yeux nécessaires pour voir clair ce qui peut paraître obscur, mais moi je n’ai pas besoin de lunettes.
Pierre resta silencieux. Les yeux dans les yeux, il étudia Madeleine. Beaucoup de questions se bousculaient dans sa tête. Que voulait cette greluche ? Etait-elle ou n’était-elle pas ? Que savait-elle vraiment ? Une excitation incontrôlable le prit en otage. Il fallait qu’il se calme. D’autant plus que Madeleine souriait avec une assurance qui l’inquiétait.
- Ta question ne te paraît pas un peu ubuesque ? Dans un cas comme dans l’autre tu prends des risques. Le premier étant de te tromper et d’accuser un innocent d’une série de crimes plus atroces les uns que les autres. Le deuxième étant de risquer ta peau si ce que tu prétends est avéré .
Son sourire ne la quittait pas. Elle prit le parti de s’asseoir. Ses coudes sur la table, elle reposa sa tête dans ses mains et demanda…
- Si tu m’offrais un verre, on continuerait notre conversation familiale de façon détendue, tu ne crois pas ? Si tu veux, je peux répondre à la question que tu ne me poses pas… La dernière que tu as tuée n’a pas encore été découverte. Sa disparition est trop fraîche pour être prise en compte. Deux jours, c’est trop court pour que la justice s’y intéresse. Je sais où elle est, mais je n’appartiens pas à une entreprise funéraire. Laissons faire les ouvriers. Il faut bien que tout le monde vive. Je suis pour le partage des richesses. D’ailleurs, je ne vais pas tarder à me remarier et le promis a de gros moyens. Tellement gros que je vais faire mon possible pour le décharger de ce poids qui pèse si lourdement sur ses frêles épaules.
- Ce qui fera sept. Qu’est-il arrivé aux six précédents ?
- Les hommes sont toujours imprudents. Ils ont tous fait l’erreur de me désigner comme légataire universelle alors que je ne leur avais rien demandé. Que veux-tu ? Si tu donnes le bâton pour te faire battre…
-Je vais rentrer chez moi. Je suis un peu fatigué, nous boirons un verre ensemble une autre fois. Il faut que je digère dans le calme et le silence notre rencontre. Apparemment nous avons vraiment des points communs. Tu sais certainement aussi bien que moi où j’habite. Je suis sûr que je te reverrais.
Pierre se leva de sa chaise et partit sans se retourner. Elle est riche, pensa-t-il et il semblerait que je sois son seul parent. Il faut d’abord que je me renseigne sérieusement. C’est là une grosse affaire, sur deux plans…
Dans un sens, ça me ferait de la peine s’il lui arrivait un accident.
 
Encore assise, Madeleine commanda son apéritif. Les nuages s’étaient disloqués, la vie renaissait sur l’avenue et elle prit la résolution de se méfier de ce demi-frère. Pierre avait une préférence pour les belles femmes et comme son miroir ne mentait pas, elle savait qu’elle risquait de provoquer en lui une attirance plus mortelle que fraternelle. Elle avait la possibilité de la solution extrême en cas de besoin. L’argent permet tout, il serait déraisonnable de l’oublier.
 
Que voulez-vous, les chiens ne font pas des chats.
 

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Rédigé par Fernand

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Publié le 12 Avril 2024

 
 
Atelier : l’anaphore
 
Sujet :
 
Ecrivez deux textes ou poèmes en faisant des anaphores :
Le premier sur le thème végétal et qui commence par :
– Il était une feuille, ou un arbre, ou une branche, etc.
En répétant Il était… ou un autre élément de votre texte, trois ou quatre fois au cours de votre texte.
 
Le second, avec la même structure, mais sur le thème minéral :
– Il était un albâtre, un ambre, une ardoise, etc.
 

LES TEXTES

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Rédigé par Atelier Ecriture

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Publié le 12 Avril 2024

 
Le Palmier
 
Il était un palmier qui soulignait le bleu du ciel au bout de la rue ;
Il était un palmier, de mon bureau le matin je lui envoyais un salut ;
Il était ce palmier au-dessus du banc où le midi souvent je venais ;
Il était ce palmier face à la plage où parfois le soir je me faisais dorer ;
Il était ce palmier, un jour quelqu’un l’a coupé ;
Et soudain ce palmier qui nous permettait de rêver nous a manqué.
Plus de palmier pour nous rappeler que l’on travaillait tout près de la Méditerranée.
Plus de palmier pour dire la chance que l’on avait de vivre dans notre belle cité
Plus de palmier dans cette rue désormais d’une grande banalité.
C’était notre palmier, il faisait le lien entre le bureau et Nice la Belle.
Cinquante ans ont passé, la « mort» du palmier me paraît toujours si cruelle !
 
 
 
Le rocher
Il était un rocher sous lequel une source jaillissait ;
Il était une eau si fraîche d’être née à l’ombre de ce rocher ;
Il était cette source qui attirait les gosiers desséchés ;
Pour se rafraîchir, il fallait repérer ce rocher ;
Il était ce rocher, immuable depuis tant d’années ;
Il était ce rocher tel un fantôme gris surgi dans l’herbe près du sentier ;

Il était ce rocher un siège pour se reposer et dans l’eau claire tremper ses pieds ;

Il était ce rocher sur lequel les oiseaux se perchaient

Pour ressentir la fraîcheur de la source qui entre les herbes s’écoulait ;

Il était ce rocher sur lequel un serpent rampait, puis dans l’eau vive s’est jeté.

Avec la sécheresse, un jour la source peut-être se tarira, mais le rocher, si solide, pour l’éternité résistera.

 

Annie T.


 

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Rédigé par Annie

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Publié le 10 Avril 2024

 
Il était une fleur cachée dans l'herbe tendre,
Une fleur délicate au soleil du printemps,
Une fleur toute simple, mais si belle pourtant,
Une fleur émouvante, je n'osais pas la prendre.
 
Elle n'avait pas de nom, c'est une fleur des champs,
Fleur des champs enchantée, comme sortie d'un conte,
Fleur des champs échappée aux lames de la tonte,
C'est une fleur des champs comme je l'aime tant.
 
Aurais-je donc trouvé la fleur du Petit Prince ?
Cette fleur capricieuse, unique, à choyer ?
Cette fleur absolue d'une enfance rêve ?
 
Aurais-je donc trouvé la fleur universelle ?
Aurais-je donc trouvé le bonheur dans le pré ?
Il était une fleur dans mon jardin secret.
 
 
 
Il était une ardoise au toit de la maison
Il était une maison bâtie au blanc calcaire
Il était un calcaire en dentelles de lapiaz
Il était un lapiaz au bout de la carrière
Il était une carrière et des bornes miliaires
Il était des bornes miliaires sur la route de pierres
Il était la route de pierre qui mène à une école
Il était une école avec un toit d'ardoise
Il était une ardoise en guise de tableau noir
Il était un tableau noir avec ces mots écrits :
            ardoise
            calcaire
            lapiaz
            carrière
            borne miliaire
            route de pierres
Il était un tableau d'ardoise pour un cours d'histoire-géo
Il était une école parmi les minéraux.
 
 

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Rédigé par Mado

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Publié le 9 Avril 2024

Rédigé par Atelier Ecriture

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Publié le 8 Avril 2024

 

Atelier : le personnage littéraire
 
 
Sujet : en deux temps
Faire la fiche d’un personnage et d’un objet, puis faire histoires croisées : mettre tous les fiches sur la table, en deux tas distincts, piocher au hasard et écrire une histoire avec le personnage et l’objet tirés.
 
LES TEXTES

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Rédigé par Atelier Ecriture

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Publié le 8 Avril 2024

Personnage :

Aurélie Boucher
Femme de 30 ans
Taille moyenne, un peu musclée, brune, longs cheveux lisses, corpulence moyenne
Aime la nature, surtout les fleurs. Jardinière, travaille beaucoup. Elle fabrique avec les fleurs différents produits : gastronomiques, cosmétiques…
Epoque contemporaine.
 
Objet :
Parapluie, posé sur une étagère de l’entrée. Le parapluie est bordé de dentelle. Le tissu est décoré d’un visage de femme, et d’une tête de caniche.
___________________
Aurélie vient de se réveiller. A travers les volets, elle n’aperçoit pas, ce matin, de rayons de soleil. Le temps est sûrement encore pluvieux. Ça n’arrête pas depuis une semaine. Hier, la rivière commençait à monter dangereusement. Pourvu qu’elle ne déborde pas ! Aurélie s’inquiète pour ses fleurs. Depuis le mois dernier, elle en a cueillies plusieurs fois, grâce aux belles journées ensoleillées qui ont favorisé la floraison. Elle les a mises à sécher dans son garage, sur des étagères destinées à cet usage. Les fleurs sont sa passion. Elle en fait des crèmes, des onguents pour la peau. Elle connaît les propriétés de chacune : certaines sont désincrustantes, d’autres adoucissantes ou rafraîchissantes. Elle les cultive elle-même, pour être sûre qu’elles soient vraiment bio. En quelques années, elle a su monter son affaire. Elle avait fait des études au Lycée Horticole d’Antibes, en se spécialisant dans les fleurs, puis elle a complété par une formation pour apprendre à fabriquer des cosmétiques. Elle commence à être connue dans la région, elle s’est faite une bonne clientèle. Mais avec ce temps pourri, elle va prendre du retard si elle n’arrive pas à cueillir suffisamment de fleurs, d’une part pour fournir trois ou quatre grands restaurants qui ont mis des fleurs à leurs cartes, et d’autre part pour fabriquer les crèmes de beauté qu’elle doit livrer régulièrement dans la région. Aurélie ouvre ses volets. Effondrée, elle se rend compte que l’eau a atteint le rez-de-chaussée de sa maison. Comment faire pour protéger ses fleurs en train de sécher, pour éviter qu’elles prennent l’eau ? Elle, elle pourra toujours se sauver en nageant si besoin, mais les fleurs… elle n’a pas de barque, bien sûr. Sa maison est isolée, personne ne viendra à son secours avant longtemps. Il lui faut agir ! Elle enfile de longues bottes par-dessus son pyjama. Après avoir pris le parapluie sur l’étagère de l’entrée, elle dévale les quelques marches qui l’amènent au garage. « Oh la la ! L’eau monte déjà dans le garage, elle doit être à vingt centimètres de hauteur ! Si ça continue à cette allure, à midi mes fleurs en train de sécher sur les étagères vont tremper dans l’eau. Il faut absolument que je les sorte du garage, comment faire ? »
Désespérée, Aurélie pleure de rage. Soudain, elle aperçoit le parapluie qu’elle a posé machinalement sur une étagère en arrivant au garage. Je crois avoir trouvé : ce «  pépin » va m’être utile !
Elle ouvre le parapluie, le tourne à l’envers, le manche vers le haut , la toile imperméable au ras de l’eau…ça flotte ! Elle prend une grosse poignée de fleurs sèches, et les repartis uniformément sur le tissu, ça flotte toujours ! Elle en dépose une autre poignée, et pousse délicatement le parapluie vers l’escalier qui mène à la cuisine. Le système répond à ses attentes, l’eau ne mouille pas les pétales, tout va bien… Elle grimpe les escaliers, le parapluie et son chargement dans les mains. Elle franchit les deux volées de marches qui mènent à sa chambre, au premier étage. Elle déverse les fleurs sur son lit, et referme le parapluie : le caniche imprimé sur le tissu semble lui faire un clin d’œil complice. Confiante, elle fait plusieurs voyages entre le garage et sa chambre, pour sauver la totalité de sa récolte. L’eau monte encore un peu, mais n’atteindra jamais la chambre. Les fleurs sont préservées, grâce à un parapluie…et à l’astuce dont a fait preuve Aurélie !
Annie T.
 

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Rédigé par Annie

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Publié le 4 Avril 2024

 
Le soleil, fatigué d’avoir tant œuvré pendant cette longue journée du mois de mai, décida de se retirer. Dans un rougeoiement digne de la palette d’un grand peintre, il laissa la douceur de la soirée s’emparer du jardin d’enfant. La pénombre, accompagnée de la luminosité diffuse des équipements urbains, accordait un certain relief aux bacs à sable et aux bancs de bois qui meublaient cette oasis de paix destinée aux familles.
Assis depuis quelques heures sur mon banc, je mettais à profit le regard que je portais sur l’insouciance de ces enfants qui ne pensaient qu’à s’amuser, pour me plonger dans des souvenirs bien cachés dans mon âme depuis longtemps. Bien trop longtemps d’ailleurs. Cerné par les murailles des années passées, je mis un certain temps pour m’apercevoir qu’un petit garçon se tenait devant moi. Perché sur son petit vélo, ses yeux grands ouverts plongeaient dans les miens.
— Je cherche mon ballon rouge. Tu sais ? Un grand ballon, bien beau, pas abîmé, un cadeau de ma mamie. J’y tiens beaucoup. Ma sœur le cherchait aussi, mais depuis, je cherche ma sœur, car elle a disparu. Tu te rends compte ?
Interloqué, voire abasourdi par cette situation qui me prenait de cours, j’essayais de balbutier une réponse d’adulte à une question d’enfant.
— Euh… Je suis sûr qu’en cherchant bien, tu vas les retrouver rapidement et...*
Benoît ! Arrête d’embêter les gens avec tes questions qui n’amèneront aucune réponse. Depuis le temps, tu devrais le savoir. Allez ! Tu devrais être raisonnable et rejoindre ta sœur, avec ou sans ballon. On t’attend avec impatience, ne fait pas languir les guides responsables de ton prochain destin.
Un vieil homme s’était immiscé entre l’enfant et moi. Il était vêtu d’une sorte d’uniforme froissé par les années et coiffé d’une casquette façon garde municipal, qui devait le protéger du soleil depuis des lustres. Il vint vers moi, main tendue, et malgré son âge qui me paraissait bien avancé, sa démarche était celle d’un homme dont la force n’avait pas subi le déclin habituel d’une fin de vie annoncée.
—  Bonjour, je suis Pierre. De par ma fonction, je dirige un peu les allées et venues du square et j’apporte mon aide à certaines personnes qui ont du mal à comprendre le nouveau statut dans lequel elles vont devoir évoluer. C’est le cas de Benoît qui cherche son ballon. En fait, c'est un prétexte, car ce futur qu’il doit rencontrer, comme tous les autres, lui fait peur.
Je ne comprenais pas un seul mot de ce que Pierre tentait de m’expliquer. Quel futur ? Pourquoi avoir peur ? Et peur de quoi ? Où suis-je tombé ? Et puis, ce Pierre qui était-il en réalité ?
— Bonjour, monsieur Pierre. Excusez-moi, mais comprenez que je me pose des questions à votre sujet et que je ne comprends pas bien la situation dans laquelle je me trouve. Malgré moi…
— N’ayez crainte, j’ai l’habitude. Tout ce qui vous tarabuste est normal. Regardez. Le soleil s’en va. Un cycle s’éteint et un cycle nouveau va naître. Vous en ferez partie, avec Benoît et tant d’autres qui attendent le départ pour le grand voyage.
- Grand voyage ? Mais je n’ai rien prévu de tel. On m’attend, j’ai des affaires à traiter, des factures à régler, pouvez-vous croire que je vais laisser perdre le rendez-vous avec mon docteur que j’ai dû attendre plus de deux mois ? Jamais de la vie !
— Jamais de la vie ! Vous avez dit le mot. La vie. Mais cher ami, la vie n’est qu’un passage. Comme qui dirait d’une rue à l’autre. Il suffit de traverser dans les clous et votre sécurité est assurée. Sauf naturellement si une mauvaise âme ne respecte pas le respect qu’elle vous doit. C’est le genre de chose qui vous emmène ici... Et vous y êtes ! Les soucis que vous allez rencontrer ne sont pas ceux que vous avez laissés en cours de route. La différence vous sautera aux yeux.
- Mais alors, dois-je penser que…
— Vous devez penser ! Oui ! Vous devez.
— Quand ?
— Maintenant !
— Où ? Vous ne répondez pas ? Faites un effort. Non ?
 
 

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Rédigé par Fernand

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Publié le 3 Avril 2024

 

Claire Sinpa, jolie jeune femme de vingt-cinq ans, entre dans son bureau, où ses collègues l'accueillent avec plaisir. Faut dire qu'avec ses yeux pétillants d'intelligence, son air faussement fragile, elle attire la sympathie. Même son nom parle pour elle, Sinpa, comme elle.

Souriante, ouverte aux autres, elle donne l'impression à certains qu'on peut la berner, qu'elle est trop gentille pour se rebeller. Erreur ! Une main de fer se cache dans un gant de velours, comme vient de le constater le mari d'une femme dont elle s'occupe. Car Claire est assistante sociale, elle se démène pour trouver des solutions aux problèmes des gens, notamment pour les femmes victimes de violences conjugales. 

Le mari en question, ulcéré qu'on lui ait ôté son punching-ball, a déboulé dans son bureau en vociférant, en tapant des poings sur la table, en l'insultant. C'est quand il a tenté de se saisir de l'ordinateur que Claire s'est transformée. Son ordi, un bijou tout neuf, deux mois à peine, qu'elle utilise  tous les jours ! Elle venait à peine de le sortir de son cartable quand l'individu a surgi.

Cet ordi, c'est son outil le plus performant, il lui permet de faire des recherches, d'écrire ses rapports et autres textes administratifs, d'envoyer des mails. Pratique, facilement transportable, il la suit de partout. Il n'a qu'un seul défaut, son écran un peu petit. mais elle lui pardonne ce léger inconvénient car, pour le reste, il lui a rendu de magnifiques services. Alors, il n'est pas question que cet excité le démolisse !

C'est parti tous seul, sans qu'elle le décide vraiment. Une gifle phénoménale a claqué sur la joue du gugusse, en y laissant la marque écarlate de ses doigts. Puis, sa voix, basse, rauque, gutturale, une voix qu'elle ne se connaissait pas, monte du plus profond de ses tripes, siffle dans un murmure menaçant :

- Sortez de mon bureau !

Cela a suffi. L'homme, désarçonné, est parti sans demander son reste. Claire respire profondément et, très calme, ouvre son ordinateur devant ses collègues abasourdis.

Quand je vous disais qu'elle avait un air faussement fragile...

 

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Rédigé par Mado

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Publié le 3 Avril 2024

« Tous les personnages sont des dormeurs clandestins nourris de nos rêves et de nos pensées, eux-mêmes pétris dans le limon des mythes et des fables... », d’après Sylvie Germain dans son essai « Les personnages ».

Nous les réveillerons en quatre ateliers.

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Rédigé par Atelier Ecriture

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