Publié le 26 Novembre 2018

Conséquences :

 

Les événements précédents provoquent des réactions de vos personnages, des modification de leur quotidien. Le temps du récit et celui de l'histoire divergent, l'ordre chronologique peut être bouleversé, la durée des événements modifiée.

Un petit rappel sur le temps du récit pour donner des idées...

 

Voir lien ci-dessous :

LECTURE :

Suite de la lecture de la nouvelle LUNE INCONSTANTE de Larry Niven

Suite de la lecture de la nouvelle L'HOMME QUI PLANTAIT DES ARBRES de Jean Giono

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Rédigé par Atelier Ecriture

Publié dans #Écologie et environnement

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Publié le 12 Novembre 2018

Élément perturbateur :

 

Ne perdez pas de vue la fin de votre histoire et intégrez-y :

- soit une catastrophe ou incident écologiques ou naturels de votre choix. Vous pouvez vous inspirer d’un fait réel.

- soit une prise de conscience par votre personnage de l'état environnemental actuel.

Utilisez la description sensorielle.

 

Voir liens ci-dessous :

LECTURE :

Suite de la lecture de la nouvelle LUNE INCONSTANTE de Larry Niven

Suite de la lecture de la nouvelle L'HOMME QUI PLANTAIT DES ARBRES de Jean Giono

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Publié dans #Écologie et environnement

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Publié le 5 Novembre 2018

Situation initiale :

 

Choisissez la fin de votre nouvelle dans la liste de « Chutes » et créez un personnage installé dans son environnement avec un repère temporel.

Choisissez également le narrateur et la focalisation de votre nouvelle.

(Voir le lien en bas de page.)

LES CHUTES

 

Sur la route vers l’est, il découvrit sur le siège passager un sachet de graines… des volubilis, Bleu céleste.

(A travers temps – R.C. Wilson)

 

Mais pour le moment, une longue matinée de marche les attendaient, et si les hommes restaient silencieux, c’était parce qu’ils avaient largement matière à réfléchir et beaucoup à se rappeler.

(Fharenheit 451 – R. Bradbury)

 

Elle marchait sans se retourner, cherchant un taxi, une voiture brillante et vivante, pour la ramener à son motel.

(Le maître du Haut Château – P. Dick)

 

Il ne se rendit même pas compte qu’il avait pris sa décision jusqu’à l’instant où la grisaille envahit soudain tout l’horizon.

(La fin de l’Éternité – I. Asimov)

 

Je colle mon dos, mes bras en croix le plus fort que je peux contre la terre couverte de mousse pour que les sèves me pénètrent, qu’elles se répandent dans tout mon corps, je regarde le ciel comme je ne l’ai jamais regardé, je me fonds en lui, je n’ai pas de limites, pas de fin.

(Enfance – N. Sarraute)

 

Au loin, une lune d’opale se lève dans le ciel, promesse d’un beau lendemain.

(Labyrinthe – K. Moss)

 

J’ai entendu longtemps encore le bruissement des cascades, un signe que pour moi, à partir de ce jour-là, c’était le début de la vie.

(La petite Bijou – P. Modiano)

LECTURE :

La situation initiale de la nouvelle LUNE INCONSTANTE de Larry Niven

La situation initiale de la nouvelle L'HOMME QUI PLANTAIT DES ARBRES de Jean Giono

 

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Rédigé par Atelier Ecriture

Publié dans #Écologie et environnement

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Publié le 1 Novembre 2018

Le trésor

 

Un jour, quelque part, sur la planète Jorŏ...

 

La dune miroitait sous le soleil rouge. Les joncs sifflaient doucement dans la brise, effilochant leurs houppes laineuses. Quelque part, un oiseau pépia, le crissement d’un pas sur le sable lui succéda, deux enfants apparurent sur la crête. Ils s’arrêtèrent un instant puis dévalèrent la pente à grands cris joyeux jusqu’au rivage. Devant eux, la mer, aussi pourpre que le ciel, scintillait, immobile.

 

On va construire un château ici, décréta le plus grand. Passe-moi la pelle, Leilo'S, et va chercher de l’eau.

Leilo'S s’exécuta, ramena l’eau et la versa sur les fondations. Le sable mouillé s’irisait en teintes ocres et rubis. La première tour du château s’élevait. Leilo'S remplaça son camarade, creusant avec une belle énergie, quand la pelle buta sur un obstacle.

Regarde Sneipa'S, j’ai trouvé quelque chose !

Les enfants entreprirent de dégager l'objet. Ils remontèrent une boîte rectangulaire, ni tout-à-fait translucide, ni tout-à-fait opaque.

Sneipa'S la soupesa.

Elle est drôlement légère ! Tu as vu ce matériau bizarre ? Touche, c’est souple et dur à la fois. Je n’ai jamais rien vu de tel !

Il l'examina soigneusement, la secoua. On entendait quelque chose glisser à l'intérieur.

On devrait la rapporter à la maison et la montrer à mon père, dit Leilo'S, prudent.

Sneipa'S ne l’écoutait pas, trop occupé à détailler la boîte.

D’où vient cette boîte, Leilo'S ? Regarde, elle n'est ni rouillée, ni ébréchée, comme si le temps ne pouvait l'user. Pourtant, je suis certain qu'elle est très vieille. La dune était très haute ici, avant la Grande Tempête. On ne l'aurait jamais trouvée si le vent n'avait pas tout emporté l'année dernière.

Leilo'S fronçait les sourcils..

C'est dangereux, on ne sait pas ce que c'est, on ne sait pas ce qu'elle contient… Ça vient peut-être d'une autre planète...? Il vaut mieux ne pas y toucher.

Les yeux de Sneipa'S brillèrent :

Une autre planète ? Peut-être, répondit-il. Tu sais, quand j’étais petit mon père me racontait cette histoire : il était une fois des hommes qui vivaient sur un monde très beau, si riche qu'ils croyaient pouvoir se servir indéfiniment et un jour, il n’y eut plus rien. Ils avaient tout perdu ! Alors ils sont partis à la recherche d'un monde identique, mais jamais ils ne l'ont trouvé.

C'est vrai ? Tu crois que la boîte vient de là ?

Non, c'est une légende ! Allez, on l'ouvre ! Peut-être qu'elle renferme un trésor... ?

La boîte paraissait totalement hermétique. Sneipa'S la retourna dans tous les sens. Un rayon de soleil rasant fit ressortir une inscription : Made in CHINA – 100% plastic

Quel charabia ! Je ne comprends rien, tempêta-t-il en la manipulant.

Une petite aspérité passa sous ses doigts, il tira, poussa, souleva et la boîte se sépara en deux morceaux.

Regarde Leilo'S, il y a un journal à l'intérieur. Un vieux journal daté du... 30 novembre 2215 ?!

Les enfants déplièrent le vieux journal avec précaution. L'image d'une planète bleue, accompagnée d'un unique satellite, perdue dans une immensité noire, faisait la une. Sous la photo, une légende :

 

La Terre asphyxiée !

Pollution irréversible : la Terre est devenue invivable !

C’est la fin d’un monde : 200 ans jour pour jour après la Conférence de Paris de 2015 sur les changements climatiques, les populations sont contraintes d'émigrer vers d'autres planètes. La première vague de colons de l'espace décollera ce soir.

 

Le départ

 

2215, quelque part, sur la planète Terre…

 

Le repas était servi : quelques pommes de terre et un peu de fromage plus très frais. C'est tout ce que Jeanne avait trouvé aujourd'hui. Se procurer de la nourriture devenait un parcours du combattant quotidien. Alain, son mari, n'avait rien ramené. Jeanne s'inquiétait surtout pour son fils, Julien, 6 ans. Il avait besoin de viande et de fruits. Il était maigrichon et si pâle!

 

Julien, affaibli, déglutissait avec peine. Il regarda sa mère, posa sa fourchette, perdit connaissance. Ce ne fut qu'un petit malaise, quelques secondes à peine, mais c'en était trop pour Jeanne.

Alain, qu'est ce qu'on peut faire ? Julien n'est pas assez nourri, on manque de tout, ici.

Je crois qu'on devrait partir, tenter notre chance ailleurs, répondit Alain.

Tu crois que ce sera mieux ailleurs ?

Regarde autour de toi, Jeanne ! On en a déjà parlé. Partons, c'est la seule solution.

Oui, tu as raison, mais ça fait mal de tout laisser... Tu crois qu'on pourra revenir, un jour ?

Non, jamais, tu le sais. Je peux avoir le prochain départ. Je m'étais déjà renseigné et j'avais postulé. C'est la seule solution. N'attendons plus, partons.

Bon, soupira Jeanne, partons...

Le premier vol est prévu dans une semaine, je m'occupe des réservations dès demain.

 

Une semaine plus tard, Jeanne, Alain et Julien étaient prêts. Jeanne avait soigneusement recouvert les meubles de tissu, Alain avait débranché l'électricité, vidé le réfrigérateur et le congélateur. La voiture était sous sa bâche, dans le garage. Gestes dérisoires, précautions inutiles… indispensables. Camoufler l'abandon sous des allures de départ en vacances, se donner l'illusion de pouvoir revenir un jour, plus tard, quand les choses iraient mieux. Mais les choses n'iraient jamais mieux !

On avait utilisé, pillé, gaspillé, pollué sans compter et la Terre devenait aride.

Les animaux mourraient d'avaler des sacs plastique, de la pollution chimique, du réchauffement climatique, de la déforestation.

Les végétaux mourraient des pluies acides, des déchets radioactifs, des sols surchargés en pesticides.

Les hommes mourraient de faim, de cancer, de désespoir, de la guerre pour s'accaparer les derniers lopins encore viables.

 

Il fallait partir. Le train était là, qui les mènerait jusqu'au terminal. Après, ce serait l'aventure, avec juste deux valises et un peu de nourriture dans une boîte en plastique. Alain acheta le journal du jour.

Regarde, on parle de nous en première page !

A la une, une photo de la Terre et de la Lune, perdues dans une immensité noire, et une légende :

 

 

La Terre asphyxiée !

Pollution irréversible : la Terre est devenue invivable !

C’est la fin d’un monde : 200 ans jour pour jour après la Conférence de Paris de 2015 sur les changements climatiques, les populations sont contraintes d'émigrer vers d'autres planètes. La première vague de colons de l'espace décollera ce soir.

 

Alain prit son fils dans ses bras.

Notre dernier jour sur la Terre, Julien ! Souviens-toi du 30 novembre 2215…

 

In memoriam

 

2225 (ou an 10), quelque part, sur la planète Jorŏ...

 

Le 30 novembre était une date anniversaire pour les habitants de Jorŏ. Il y avait dix ans, jour pour jour, les premiers colons quittaient la Terre pour s'installer sur cette planète gravitant autour de Q’ij, le soleil rouge. Les progrès de la science avaient rendu le voyage possible. Les vaisseaux spatiaux savaient désormais shunter le temps en empruntant des ‘‘trous de ver’’ de l’Univers, ce qui leur permettaient d’atteindre les étoiles voisines du soleil en quelques mois au lieu de milliers d’années.

 

En dix ans, une société s’était organisée sur des bases nouvelles, en tenant compte des erreurs du passé pour construire un avenir viable. Cependant, la Terre restait ancrée au cœur de tous et nul n’aurait manqué la cérémonie de l’anniversaire, cérémonie qui se terminait par un grand pique-nique sur la dune. Chacun apportait sa spécialité culinaire et surtout, ses souvenirs. On échangeait des parts de quiches et de gâteaux tout en se remémorant les arbres, le soleil, la mer bleue, les montagnes, les lacs et les rivières, enfin, tout ce que l'on n'avait pas trouvé ici. Certains avaient précieusement gardé quelques reliques, auxquelles ils vouaient un culte.

 

C'était le cas de Jeanne, la mère de Julien. Elle ressortait pour l’occasion ses « in memoriam ». C'est ainsi qu'elle les appelait, car elle estimait que leurs noms usuels étaient trop triviaux pour des objets destinés au devoir de mémoire. Le rituel familial était toujours le même : elle déballait des sandwiches de la vieille boîte en plastique qui venait de la Terre (ici, pas de pétrole, pas de plastique) et Alain, son père, dépliait le vieux journal du 30 novembre 2215 acheté le jour de leur départ pour relire l'article traitant des premiers colons de l'espace.

 

Julien avait été bercé, enveloppé, imprégné par ce deuil impossible ce qui donnait à son visage une gravité inhabituelle pour un garçon de seize ans.

 

Un vent léger s'était levé sur la dune. Le jeune homme tentait maladroitement de déployer la nappe du pique-nique.

Tu veux de l'aide ? demanda une voie pétillante.

Julien leva les yeux, se liquéfia. Devant lui, la plus jolie des jeunes filles !

Taquin le vent aujourd'hui, hein ? dit elle en attrapant la nappe qui volait. Je m'appelle Gaïa.

Moi, c’est Julien, bafouilla-t-il.

La jeune fille lui souriait, la gaieté dans son regard pulvérisait toute solennité ; aucune trace de nostalgie, regret, tristesse dans ses yeux clairs. Julien, perplexe, bredouilla :

Heu… tu.. tu sais pourquoi on est là… ? Tu te souviens de la Terre ?

Un peu, mais ma vie est ici aujourd'hui. Je suis jorŏise, pas terrienne. 

T’as de la chance ! Moi, je suis plutôt partagé, mais aujourd’hui, je me sens vraiment terrien exilé.

C'est ridicule, affirma Gaïa, le 30 novembre ici ne correspond pas au 30 novembre sur la Terre.

Comment cela ? s'étonna Julien.

Réfléchis : tu sais qu’un jour correspond au temps qu'il faut à la Terre pour tourner sur elle-même, soit vingt-quatre heures, et qu'il lui faut une année pour faire le tour de son soleil. Jorŏ met trente heures en temps terrestre pour accomplir sa rotation et un an et demi, toujours en temps terrestre, pour faire le tour de Q’ij ! Nous divisons le temps comme sur la Terre, sauf que l'unité de temps a changé, tu comprends? 

Mais oui ! je n'avais jamais pensé à cela ! Mais alors, ce pique-nique de la mémoire est absurde ?

Oui, on ne sait pas quel jour, ni quelle année il est sur Terre. Tout est décalé. On est juste en l’an 10 sur Jorŏ, c’est tout.

 

Julien resta songeur. Gaïa lui racontait ses projets. Elle s'enthousiasmait, allait vers l'avenir avec confiance et détermination. Autour d’eux, le vent dansait avec le sable que les rayons de Q’ij irisaient d’or rouge...

Julien se sentit alors profondément jorŏis. Il s'était adapté à cette planète. Les souvenirs de sa vie terrestre se délayaient dans la dune mouvante. La douleur de l'exil s'estompait, la nostalgie se dissolvait dans cette vie si différente. Sa perception des choses changeait, il voulait sortir de ce culte morbide, suivre Gaïa vers la vie, bâtir la société nouvelle.

 

Jeanne déballa la nourriture de la vieille boîte en plastique, impeccablement entretenue, et invita Gaïa à partager leur repas. Elle et son mari avaient entendu ses explications au sujet du temps terrestre, ils savaient tout cela, mais n'avaient jamais établi ce lien, peut-être parce que justement, il rompait... le Lien.

Et peut-être, était-ce ainsi que les choses devaient évoluer…

 

Alain déplia le vieux journal, regarda la photo de la Terre à la une, ne lut pas l'article sur les premiers colons, le replia et le tendit à son fils :

Il est à toi, à présent, fais ce qui te semble le mieux.

 

Le temps du deuil était terminé. Fini, les « in memoriam », toxiques et dérisoires. Fini ce rituel lourd de chagrin. Désormais la légèreté, la joie remplaceraient la gravité et la douleur. La Terre pourrait enfin reculer dans la mémoire et laisser la place à Jorŏ.

 

Le vent avait forci, annonçant la tempête. Julien prit sa décision : cette nuit, l’ouragan emporterait une vieille boîte en plastique enfermant un vieux journal du 30 novembre 2215. Reliques ensevelies dans le sable, dans l'oubli, elles deviendraient les fossiles d'un monde perdu.

 

 

La légende

 

Un soir, quelque part, sur la planète Jorŏ, est née une légende...

 

Il était une fois un petit garçon insouciant, gai, égoïste, peu soigneux et extrêmement turbulent qui s’appelait Emmo'H et qui détruisait tout ce qu’il touchait à la vitesse de la lumière ; il saccageait rues, maisons, jardins, si bien que son joli quartier prit rapidement des allures de fin du monde. Il dut partir. Il marcha longtemps, jusqu’au désert. Là, l'attendait Djonalabat !

 

Djonalabat s'empara d'Emmo'H et lui dit :

Tu es à moi, tu m'obéiras désormais.

Le petit garçon perdit instantanément la joie.

Djonalabat exigeait toute son attention, le sollicitait sans cesse. L'enfant se ferma au monde, tout entier dévoué au culte de Djonalabat. Car ce dernier aimait les cérémonies. Un jour, c'était la cérémonie de la soumission : Emmo'H, agenouillé, promettait de lui rester fidèle pour la vie. Un autre, la cérémonie du regret : Emmo'H sentait monter en lui un sentiment de perte définitive qui l'emmenait vers le désespoir. Le chagrin emplissait les yeux du petit garçon. Les années passaient, les rituels à la gloire de Djonalabat rythmaient la vie d'Emmo'H. Il avait grandi, était devenu un adolescent grave, triste. Il avait désappris à vivre, perdu l'énergie de son enfance. Djonalabat s'était profondément insinué en lui, Emmo'H en était complètement aveuglé. Dans ce désert, loin du monde, il ne savait plus rien des autres, il n'avait pas d'ami, il avait Djonalabat.

 

A l’heure du crépuscule, le jeune garçon aimait regarder la nuit grignoter la dune ; l'obscurité lui apportait un peu d'apaisement. Le ciel passait du pourpre au bleu, le sable aux couleurs changeantes miroitait sous les derniers rayons carmin. Un soir, un bel oiseau venu du couchant déchira la nuit de ses ailes blanches. Il plana, tourna trois fois au-dessus d'Emmo'H – tourne, tourne, retourne, verse, déverse, inverse, pars et reconstruis – puis disparut au dessus de l'horizon. Emmo'H le suivit des yeux, fasciné. Un bien-être oublié émergea doucement dans tout son être, enfla, pulvérisant l'emprise de Djonalabat. La soumission, qu'il confondait avec l'amour, la tristesse se dissipèrent dans la nuit, laissant la paix, l'espoir, la liberté se mêler en un joyeux tintamarre intérieur. Emmo'H se leva et partit. L'oiseau lui avait indiqué la route.

 

Djonalabat avait reconnu l'oiseau de l'oubli, l'oiseau de la vie. Il perdit Emmo'H. On ne pouvait pas lutter contre l'oiseau… Il recula dans la nuit, patient. D'autres viendraient, il le savait…

 

Beaucoup de spécialistes des légendes se sont intéressés à celle-ci, et surtout à cet énigmatique Djonalabat. Est-ce un animal ? A plumes, à poils, à écailles ? Est-ce un elfe, un lutin, un mauvais génie ? Est-ce un tyran, un roi ? D’où vient-il, qui est-il, que symbolise-t-il ?

Certains étymologistes voient dans son nom la contraction de deux mots : journal, boîte…

 

Origine

 

Un soir, en l’an 5 000, quelque part, sur la planète Jorŏ...

 

Aia’G était découragée. Jeune diplômée de langues anciennes, elle travaillait depuis six mois à la section Histoire du ministère. Sa mission était d'établir les liens entre légendes et histoire. Depuis son recrutement, elle étudiait la légende « Djonalabat », persuadée que cette histoire avait à voir avec les origines oubliées de la vie sur Jorŏ. C'était une histoire peu connue, assez obscure. Très peu de références autour de ce texte. Quelques étymologistes avaient émis l'hypothèse que Djonalabat était la contraction de deux mots : journal et boîte, ce qui, loin de l'éclairer, lui rendait les choses encore plus ténébreuses. Elle avait lu une quantité de documents historiques, des centaines de légendes, de contes, écouté des vieilles chansons, mais rien ne lui apportait le commencement d'un début d'explication. Elle arrivait à saturation et réfléchissait à une diversion salutaire lorsque le téléphone sonna :

 

Bonjour ma chérie, comment vas tu ?

Papy ! Tu tombes à pic !

Ah bon ?

J'avais besoin de lever le nez de mon boulot, je ne m'en sors pas, parler un moment avec toi est la meilleure chose qui pouvait m'arriver !

Je vois… Viens dîner ce soir, tu me raconteras ce qui te tracasse.

Aia’G adorait son grand-père. Il connaissait une multitude de contes, mais sans doute pas Djonalabat. Ce soir, c'est elle qui lui raconterait une histoire, blottie sur le canapé de la maison familiale.

Papy lui avait préparé son plat favori et débouché une bonne bouteille. Après le repas, Aia’G lui parla de la légende. Le grand-père réfléchissait. Quelque chose l’interpellait...

Je sais ce que cette légende me rappelle ! s'écria t-il. Le trésor de la dune ! C’est ainsi que ma grand-mère appelait cette boîte étrange, trouvée par l’un de ses aïeux quand il était enfant. Peut-être est-elle encore là. Montons au grenier.

 

Le grenier, comme tout bon grenier que se respecte, était très encombré. Tout le bric-à-brac de plusieurs générations s'entassait là. Au bout de quelques manipulations poussiéreuses et autant d’éternuements, Aia’G repéra un vieux coffre en acier, complètement rouillé, l'ouvrit et y trouva une drôle de boîte, faite d'un matériau... indéfinissable, ni tout-à-fait translucide, ni tout-à-fait opaque. A l'intérieur, un vieux journal jauni. Aurait-elle trouvé Djonalabat ?

 

Le journal tombait en poussière. L'encre avait pâli, des pans entiers de texte avaient disparu.. Aia’G le déplia avec précaution. Elle devinait difficilement l'image d'une planète. Les mots étaient partiellement effacés, ne restaient que quelques lettres : Ter astiq migre

 

Énigmatique message venu du passé ! Les autres pages seraient-elles plus explicites ? Un article en page quatre semblait un peu plus lisible. L'écriture était archaïque, mais Aia’G avait de solides notions de langues anciennes. Elle déchiffra péniblement les bribes du texte, mit les mots bout à bout pour leur donner un sens. Après quelques heures d’essais, elle arrivait à : Terre pollué émigrer espace humanité.

 

Terre… ? On ne parlait que de cette planète depuis quelques temps. Une sonde spatiale inconnue avait rendu visite à Jorŏ ; elle transportait un disque d'or gravé de sons divers, de musiques étranges, disait venir d'une planète nommée Terre - du moins dans l’une des langues parlées sur ce disque – et donnait ses coordonnées. Les scientifiques étaient d'ailleurs très étonnés de trouver un vocabulaire et une écriture si proche de celle de Jorŏ et se demandaient à quoi pouvaient bien ressembler les habitants de cette lointaine planète.

 

Aia’G eut un vertige. Une idée folle s'imposa. Son cerveau travaillait à toute allure, des suppositions farfelues jaillissaient de son esprit. Ce qu'elle pressentait la bouleversait. Tout se mettait en place, elle comprenait enfin le sens de la légende Djonalabat. C'était la seule explication... extraordinaire, fantastique, irréelle... plausible !

 

Le journal et la boîte avaient été apportés par des hommes qui fuyaient la planète Terre trop polluée pour rester viable, si les quelques mots qu'elle avait traduits étaient corrects. La légende faisait sans doute écho à la douleur de l’exil, au regret de la perte, à la nostalgie douloureuse du monde abandonné, symbolisés par ces quelques reliques. Ces migrants avaient choisi Jorŏ pour commencer une vie nouvelle, il y a 5 000 ans.

 

Et le disque d'or arrivait du passé pour raconter la Terre aux descendants des Terriens !

 

 

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Rédigé par Mado

Publié dans #Écologie et environnement

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Publié le 1 Novembre 2018

L’homme marchait à grand pas, comme s’il avait peur d’arriver en retard à je ne sais quelle réunion. Il semblait à la recherche d’un instant oublié, d’une minute, d’une seconde écoulée, d’une pièce du puzzle de sa vie. Le temps, pas celui qui défile dans le sablier, était orageux et donnait à toutes choses cette couleur monochrome en gris.

Un feu tricolore rouge vif l’obligea à lever la tête, il marqua un arrêt, étonné de se retrouver à cet endroit.

Il ne reconnaissait pas son environnement. Les immeubles étaient éclairés d’une lumière jaunâtre diffusée par de vieux candélabres en fonte, signature d’un temps révolu. Pourtant, il lui semblait reconnaître quelques images et des senteurs associées. Comme une madeleine de Proust, tout lui était à cet instant familier et pourtant quelque chose le chagrinait.

 

Le feu passa au vert, il reprit sa marche avec moins de précipitation ; ses pas collaient au goudron du trottoir. Que se passait-il dans le quartier ? Avait-il changé pendant son absence ? Était-il tombé à l’intérieur d’un film de sorcellerie où le personnage se noie dans la gélatine de la pellicule à peine développée ?

Où était passé sa maison et le jardin où, enfant, il avait appris à respirer le parfum délicat des roses, à découvrir le monde ?

Le monde de l’enfance, celui où tout est permis, celui où se taper sur les fesses vous fait courir plus vite pour rattraper les animaux imaginaires qui se cachent dans les nuages. Ce monde fait de mots magiques inventés par les grands où Marry Poppins joue avec Harry Potter. Combien de fois a-t-il répété :

« Supercalifragilisticexpialidocious! » tout en claquant des doigts pour ranger sa chambre. Bien sûr, maman passait derrière, mais lui, Il y croyait, le monde lui appartenait.

Aujourd’hui l’enfance avait fait place aux temps des cheveux blancs. Ce temps qui conjugue au présent, qui raisonne et qui fait disparaître l’imaginaire de l’enfant.

 

Un klaxon le sortit de sa torpeur ; il était là, au milieu d’une place ; que faisait-il là ? Un vent de panique l’enveloppa, il se surprit à crier : Maman !

Autour de lui le jardin de son enfance avait fait place à une tour de verre et d’acier. Le gazon avait pris la couleur du béton où quelques fleurs essayaient de reprendre leur droit. Le monde était devenu fou, le gris de l’asphalte dominait les couleurs pastel de la vie. Dans les cours d’eau, le plastique flottait, les poissons étouffaient, l’air se chargeait de gaz carbonique pour atteindre des seuils de pollution, la glace du pôle fondait comme dans un verre de pastis.

 

L’homme marchait à petits pas et il soufflait, et il ne reconnaissait pas ce monde, son monde ; il était perdu dans sa ville, dans son quartier. Une main tendue lui dit : viens, je connais ton chemin, je connais ton histoire, je sais qui tu es. N’aie pas peur, je te connais, Alzheimer est ton nom.


 

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Rédigé par Bernard

Publié dans #Écologie et environnement

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