lire pour ecrire

Publié le 13 Octobre 2024

 
La relecture d’un texte est très importante. Comme le disait Saint-Exupéry :
« La perfection est atteinte, non pas lorsqu'il n'y a plus rien à ajouter, mais lorsqu'il n'y a plus rien à retirer. »
 
Atelier :
Embellir un texte.
 
Sujet :
Après lecture du texte ci-dessous, faites les corrections qui s’imposent.
Quand vous avez terminé, donnez également un titre au nouveau texte.
 
________________________
J’ai les yeux fermés sous mon chapeau de paille et je suis tellement bien à ne rien faire, allongée au soleil sur la plage. Je sens un galet rond et chaud qui est dans ma main et un autre galet qui est sous mon omoplate, mais il ne me dérange pas tant que ça car je le sens à peine, alors je ne bouge pas. Je suis bien !
 
Parfois, il y a le souffle léger de la brise qui caresse doucement ma peau encore mouillée. Il y a aussi une goutte d’eau qui coule rapidement sur mon ventre en me chatouillant tout au long de son trajet. J’entends le rire des enfants qui se superpose au bruit en va et vient que fait le ressac.
Je suis vraiment détendue.
 
Je sens le parfum doucereusement vanillé de l’ambre solaire et ça me fait penser à d’autres plages où il y avait des moments absolument pareils, avec le temps qui était ralenti et ça me fait penser à un mélange à la fois de quelque chose qui passe vite et en même temps de quelque chose qui va durer longtemps comme si c’était l’éternité, mais je me dis que c’est peut-être juste parce que je me sens en vie et que là, maintenant, j’en prends vraiment conscience ?
 
Il fait de plus en plus chaud sous ce soleil de plomb et ça me donne soif. J’ai les lèvres toutes sèches et j’essaie des les hydrater en passant ma langue sur elles ce qui fait que le sel me pique. Alors, à tâtons, j’attrape ma gourde d’eau et je bois. Ça me fait une sensation de fraîcheur qui fait vraiment du bien, on dirait une rivière qui serait toute contente de venir joyeusement arroser tout mon corps.
 
J’ai les yeux fermés sous mon chapeau de paille et j’écoute attentivement ce qui se passe dans moi et hors de moi et je me sens bien, alors, je m’endors…
 
________________________

LES TEXTES

________________________

 

 

Voir les commentaires

Rédigé par Atelier Ecriture

Publié dans #Lire pour écrire

Repost0

Publié le 13 Octobre 2024

 

Les yeux clos sous ma capeline de paille, je goûte à la douceur de l’oisiveté. Étendue au soleil sur la plage, je sens un galet pressé contre mon omoplate. A peine perceptible, il ne me gêne pas. Immobile, je serre un galet rond encore tiède dans le creux de ma main, savourant ce moment de bien-être.

Par instant, une légère brise effleure ma peau humide. Une gouttelette d’eau glisse délicatement sur mon ventre, me chatouille sur son passage. Les rires d’enfants se mêlent au murmure du ressac. Je suis détendue, absorbée par l’instant.

Le parfum vanillé de la crème ambre solaire flotte dans l’air m’emportant vers d’autre plages, d’autres horizons où le temps semblait suspendu. Cette flagrance m’évoque un moment qui file, s’étire à la fois fugace et éternel. Soudain, je réalise ma chance d’être en vie.

Le soleil devient plus ardent, la soif m’envahit. Je passe ma langue sur mes lèvres desséchées, je grimace, le sel me pique. A tâtons, je récupère ma gourde d’eau je m’hydrate avec délice. La fraîcheur me procure un instant de bonheur. L’eau fraîche coule en moi telle une rivière apaisante.

Sous mon chapeau de paille, les yeux toujours fermés, je sens mon esprit s’apaiser malgré le brouhaha environnant. Je suis calme, je glisse dans le sommeil.

 

Voir les commentaires

Rédigé par Josiane

Publié dans #Lire pour écrire

Repost0

Publié le 11 Octobre 2024

 

Je suis bien, les yeux fermés sous mon chapeau de paille, allongé au soleil à ne rien faire. Je ne bouge pas, un galet rond et chaud dans le creux de ma main m’apporte une sensation délicate de chaleur. Un autre s’est glissé sous mon omoplate, je le sens à peine. Il ne me dérange pas, je suis bien.

Une goutte d’eau coule sous l’effet d’un souffle léger le long de mon ventre, elle glisse me chatouille et caresse ma peau encore mouillée. Je suis vraiment détendue, j’écoute la musique du ressac qui accompagne le rire des enfants.

Le parfum vanillé de l’ambre solaire, que répandent sur elles mes voisines, agit sur moi comme la madeleine de Proust et m’entraine dans une vague de souvenirs où on prenait le temps au temps comme un instant pris sur l’éternité de la vie.

Le soleil du haut de son zénith, darde ses rayons. J’ai soif, mes lèvres sont sèches. J’ai beau passer ma langue sur elles, elles gardent la saveur piquante du sel. C’est avec un délice que j’attrape ma gourde pour m’abreuver. L’eau encore froide coule comme un ruisseau entre ses pierres et m’apporte une sensation de fraicheur

En demi sommeil, j’écoute les battements de mon cœur qui accompagnent le bruissement du vent dans les feuilles, Je me sens bien, je m’endors.

 

Voir les commentaires

Rédigé par Bernard

Publié dans #Lire pour écrire

Repost0

Publié le 10 Octobre 2024

 

Protégée par mon chapeau de paille, allongée façon " farniente", seule ma main enserre le galet chaud ramassé sur cette plage, un autre, calé sous mon dos, me sert d'appui. Détendue mais tout le corps en éveil : la caresse de la brise parcourant ma peau mouillée, le ressac et même des rires d'enfants pour toute nuisance sonore. Hum ... aucun stress !

Les narines titillées par l'incontournable ambre solaire vanillée et je me sens transportée sur des plages polynésiennes : le temps s'arrête, captif.
A moi de le relancer lorsque l'envie me viendra, maître du temps - non de la vie - un lâcher prise mérité.
La chaleur attise m'a soif me ramenant ainsi à l'instant présent.
Noyant le sel marin déposé sur ma bouche d'une rasade d'eau, c'est comme une cascade m' inondant de l'intérieur : de la bouche à la gorge, de la gorge vers le bas du corps ... je n' ouvrirai pas les yeux ; le calme et le bien-être s'immiscent en moi, toute prête à sombrer dans un rêve et me laisser porter par le sable chaud. 
 
 

Voir les commentaires

Rédigé par Letizia

Publié dans #Lire pour écrire

Repost0

Publié le 9 Octobre 2024

 

Si le temps devait s’arrêter, c’est là que je voudrais rester. Allongée au soleil sur la plage à ne rien faire. Sous mon chapeau de paille, les yeux fermés, je me sens prisonnière d’un sentiment ouatée de béatitude. Un galet rond et chaud s’est réfugié dans ma main. Un autre s’est glissé sous mon omoplate mais il ne me dérange pas. Je suis bien. Je ne bouge pas... Je suis ailleurs.

Un léger souffle de brise caresse, avec malice, ma peau encore mouillée. Éprise de liberté, une goutte d’eau se faufile sur ma peau en se créant un chemin jusqu’à mon ventre. Ce-faisant, la coquine me chatouille et me fait frissonner. Aux loin, le rire des enfants se marie avec le bruit du ressac qui donne et reprend la mer à qui veut s’en saisir… Moi, je respire à peine pour ne pas troubler l’instant présent.

Le parfum vanillé de ma crème solaire aiguillonne mes pensées en me ramenant à des souvenirs d’autres plages où des instants identiques prenaient le temps d’être vécus. Ces journées passaient très vite, pourtant elles donnaient l’illusion de durer une éternité. C’était, peut-être, parce que ma jeunesse m’interdisait de réaliser le privilège que j’avais de vivre ce bonheur ? Il est vrai que le présent me conforte, maintenant, dans la réalité des heures qui passent... Je ne peux m’empêcher d’en prendre conscience…

Malgré les efforts de cette petite brise passagère, un soleil de plomb se plaît à nous écraser et la chaleur nous accable. J’ai soif et mes lèvres sont sèches. J’essaie de passer ma langue sur elles mais tout ce qu’elle rapporte c’est du sel marin qui me pique. Je me résous, alors, à déléguer ma main à tâtons, pour attraper ma gourde. L’eau est encore fraîche. En la buvant je me sens revivre. Une rivière, digne du nectar des dieu inonde l’intérieur de mon corps.

Mon chapeau de paille toujours installé sur mes yeux fermés, je me laisse envahir par mon moi intérieur et tout ce qui si passe. Je suis bien... Alors je m’endors…

Mais étais-je éveillée ???

 

Voir les commentaires

Rédigé par Fernand

Publié dans #Lire pour écrire

Repost0

Publié le 8 Octobre 2024

 
 
RELECTURE D'UN TEXTE
 
LA CONSCIENCE
 
 
Les yeux fermés, sous mon chapeau de paille, allongée au soleil sur la plage je suis là, je suis bien et goûte la chaleur du galet prisonnier de ma paume et la dureté agréable de cet autre qui me scie lancinant... l'omoplate
 
Ma peau mouillée frissonne de volupté sous la caresse de la brise qui chatouille mon rire ou celui des enfants et le ressac répond :
Apaisée je suis...
 
Il fait chaud, l'air saturé d'odeurs lourdes et musquées ralentit le temps ;
ainsi suspendue dans l'air je me rappelle cet autrefois quelque part sur une plage me surviennent en conscience ces bribes de mots... d' un poète
 
O temps suspends ton vol, et vous, heures propices !
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !
 
Cependant la peau moite s'altère, les lèvres desséchées par le sel se fendillent et ce sel sur la langue... ce sel qui me pique la langue !!!! me vient une envie
 
De l'eau de l'eau de l'eau de l'eau de l'eau de l'eau de l'eau de l'eau de l'eau de ...l'
…. me voilà fraîche à nouveau sereine et joyeuse derechef !
 
Les yeux fermés sous mon chapeau de paille et le corps
rempli de rires et d'embruns dans l'oubli …....... j'existe ...
 
et.............. m'endors....
 
 
 
 

Voir les commentaires

Rédigé par Marie-Thérèse

Publié dans #Lire pour écrire

Repost0

Publié le 8 Octobre 2024

 
Mon chapeau de paille protégeant du soleil mes yeux, je ressens sur cette plage de galets, la chaleur d’un petit cailloux à la forme de cœur, mes doigts font le contour, je le garde avec moi, sur moi en pensant à mon enfant perdu.
Il fait très chaud, le petit ressac de la mer m’appelle, j’ouvre un œil, mes pas me dirigent vers cette eau rafraichissante, transparente.
En m’avançant à brassées lentes, de petits poissons me frôlent gentiment.
De retour sur ma serviette, un enfant jouant avec sa sœur m’envoient de l’eau recueillie sous la douche de la plage, une goutte égarée coule le long de mon ventre, une sensation particulière de bien-être, sensuelle me parcourt.
Je suis bien, j’aime la chaleur enveloppante de l’astre du jour.
Le parfum d’huile de coco se répandant sur ma peau bronzée, son odeur des iles lointaines..
Mon chapeau de paille protégeant mes yeux fermés.
Je suis reposée, une mouette curieuse s’approche de moi, poussant un cri de désespoir ne voyant rien à voler.
Je sors de mon sac ma bouteille d’eau, mes lèvres n’attendent que le bonheur de se désaltérer.
Je m’endors, non, mes sens sont aux aguets, les rayons de l’astre du jour caressent mon corps prêt à toutes surprises de la vie.
Une journée au soleil, sur une plage perdue au fond de mes désirs… 
 
 

Voir les commentaires

Rédigé par Dominique

Publié dans #Lire pour écrire

Repost0

Publié le 12 Septembre 2024

 
Les yeux clos sous mon chapeau de paille, je goûte le plaisir de cet instant immobile, allongée sur la plage, sous soleil, exactement. Un galet rond et chaud épouse la paume de ma main, un autre pointe à peine sous mon omoplate ; à peine... pas de quoi bouger. Je suis bien ! Parfois le souffle léger de la brise effleure ma peau encore mouillée. Une goutte d'eau ruisselle sur mon ventre, laissant son empreinte chatouilleuse.
Quelques rires d'enfants me parviennent. Ils se superposent au bruissement régulier du ressac. Quiétude dans tout mon être.
Le parfum vanillé de l'ambre solaire traverse mon repos, réveille les souvenirs d'autres plages, d'autres moments identiques au temps ralenti, vers quelque chose qui tend vers l'immuable tout en mêlant éphémère et éternité... je ne sais pas trop ... comme un accueil tranquille de la vie, peut-être...?
La chaleur du soleil se fait insistante. J'ai soif. Lèvres sèches... je tente de les hydrater en y passant la langue. Aussitôt, le sel me pique. À tâtons, j'attrape ma gourde d'eau, presse le goulot sur ma bouche. Une bienfaisante fraîcheur s'écoule de la bouteille, rivière joyeuse irrigant tout mon corps.
Les yeux clos sous mon chapeau de paille, j'écoute... Communion...  avec moi-même... avec le Monde... Félicité... je m'endors...

 

Voir les commentaires

Rédigé par Mado

Publié dans #Lire pour écrire

Repost0

Publié le 18 Mai 2019

Edward Hopper

Edward Hopper

Le plaisir de la lecture entraîne le lecteur dans l’histoire. Focalisé sur les aventures des personnages, il se perd dans les péripéties.

Pour améliorer son écriture, un autre genre de lecture est souhaitable : lire comme un écrivain, en prenant du recul et en analysant comment le texte tient en haleine, provoque l’émotion... ou en relevant ses imperfections, exercice très profitable !

Cette lecture peut se faire sur un roman, bien sûr, mais aussi sur une nouvelle.

 

Voici les critères propres à la nouvelle qu’il convient d’évaluer :

 

L’ÉCRITURE

La qualité de l’écriture est essentielle.

L’auteur a-t-il évité les pièges courants comme les répétitions, redondances, clichés, abus d’adverbes, d’adjectifs, de conjonctions, lourdeurs, fautes d’orthographe ou de syntaxe, ponctuation inadéquate, etc... ?

L’écriture doit être fluide, simple, équilibrée, plaisante à lire.

Notez les phrases et les mots intéressants, les métaphores ou comparaisons originales qui peuvent déclencher des idées pour vos futurs textes.

 

LA CONSTRUCTION

Classique ou pas, elle doit être cohérente, avec un titre accrocheur, des personnages crédibles, un vocabulaire bien choisi. Les situations et le cadre (lieu et temps) sont parfaitement intégrés dans l’histoire.

Le texte doit présenter une harmonie, une unité.

Analysez les rebondissements, comment l’intrigue est amenée, quelles sont les techniques utilisées pour attirer le lecteur.

 

L’UNIVERS FICTIF

Évaluez l’idée : étonnante, originale, exploitée pour évoluer de manière cohérente, surprenante. Les personnages principaux sont-ils bien cernés ?

 

LE COUP DE CŒUR

C’est l'impression qui reste après la lecture. Un texte fluide, original, juste, crée une véritable émotion contrairement à un texte faible, trop mécanique et attendu, ou peu crédible.

***

Ci-dessous une grille d'évaluation en fonction des critères propres à la nouvelle.

Cliquer dessus pour l'agrandir.

LIRE POUR ÉCRIRE

***

Pour la lecture d’un roman, voir le lien ci-dessous :

***

LES ATELIERS

 

Atelier n°1 :

Atelier n°2 :

Atelier n°3 :

Atelier n°4 :

Atelier n°5 :

Atelier n°6 :

***

LES TEXTES

Atelier n°2 :

Atelier n°3 :

Atelier n°4 :

Atelier n°5

Atelier n°6

______________________________________________________

Voir les commentaires

Rédigé par Atelier Ecriture

Publié dans #Lire pour écrire

Repost0

Publié le 16 Mai 2019

ATELIER n°6

 

Evaluation de la nouvelle, analyse du temps du récit :

 

LA PAGE 47

Pierre-Émile Bisbal

LA PAGE 47

Maman prépare ma valise. Une valise en plastique vert avec une fermeture Éclair qui court sur trois côtés. En rangeant les vêtements, elle essaye d’avoir un air détaché comme si ce qui se prépare ne présente pas d’importance particulière. Mon père se tient à ses côtés. Lui aussi affiche une attitude trop détendue pour être naturelle. Maman me dit :
  « Pierre-Émile, écoute, c’est important. Dans cette enveloppe, j’ai mis de l’argent. Je la cache dans ton pull bleu. Quand tu arriveras à Port-Vendres, si pépé et mémé ne sont pas à la descente du bateau, demande à la dame qui t’accompagne de te mettre dans un taxi pour Amélie-les-Bains. Les sous, c’est pour le taxi. »
  Sur une jolie enveloppe prévue pour une carte de fête est écrit : M. et Mme Bisbal Pierre, chez Mme Ferrer, Avenue du Général de Gaulle (Face au garage Cedo) – Amélie-les-Bains (P.O).
  Je reconnais la calligraphie appliquée de mon père. Maman va fermer la valise. Je crie :
  « Faut mettre le livre que je suis en train de lire ! »
  Je quitte la chambre de mes parents, cavale dans le couloir et rentre dans mon salon de lecture, c’est-à-dire la chambre de ma grand-mère Ascension. Elle est assise sur son lit. Elle pleure en silence. Mon livre est à côté d’elle. Je fais semblant de ne pas remarquer ses larmes pour ne pas en faire couler davantage. Je sais bien ce qui se passe. Je pars seul car mes parents veulent me soustraire au danger qui enveloppe nos vies. Bab-El-oued vient de subir un bouclage de plusieurs jours, une guerre en miniature. Mon père, comme tous les hommes du quartier, a dû suivre les militaires venus le chercher à la maison.
  « Ce ne sera pas long, a dit un soldat à maman. Juste le temps d’une vérification d’identité. »
  Pendant plusieurs jours, nous avons été sans nouvelles de papa. Après son départ, l’angoisse a englué notre petit appartement de l’avenue de la Bouzaréah. Et puis mon père est revenu. Il m’a simplement demandé si j’avais été sage avec maman et mémé, comme pour vérifier si j’étais capable de tenir mon rôle quand les choses prennent une vilaine tournure.
  Je retourne à la valise, le livre au bout de mon bras tendu. J’ai fait une petite corne à la page que je lisais.
  « Mais c’est un livre de la bibliothèque ! », remarque maman.
  Je réponds que oui, mais que ce n’est pas grave. La bibliothèque de la rue Leroux est fermée. Je rapporterai le livre quand je reviendrai. Je dis la chose crânement. Je soutiens le regard de ma mère. Moi aussi, je joue le jeu. Le jeu de celui qui croit partir en vacances et qui ne se doute de rien. C’est également mon devoir de les rassurer tous. La valise verte avale le livre.
 
  Je suis parti. Ce voyage, beaucoup l’ont fait. Au troisième pont, allongé sur un transat à la toile maculée, éclairé par une lumière électrique indigente, abruti par le bruit constant des machines, respirant les remugles aigres de vomis, les relents de mazout, les odeurs écœurantes des voyageurs entassés. Mes grands-parents m’attendaient au débarcadère. Dommage, je n’ai pas eu besoin de sortir l’argent de sa cachette pour vivre l’aventure du taxi à prendre seul.
  Sitôt arrivé et ma valise défaite, j’ai replongé dans mon livre. Sa lecture s’est achevée à Amélie-les-Bains, paisible village de curistes dans les Pyrénées-Orientales. Petite cité catalane sans attentat, sans déflagration de bombe, sans sirène stridente, sans décompte macabre de victimes, sans inquiétude au moindre retard d’un membre de la famille, sans mort sur le trottoir avec, comme je l’ai vu, un suaire improvisé constitué d’un exemplaire de L’Écho d’Alger dont les pages imbibées de sang se plaquaient sur le corps. Dissimulé à la vue des passants, le cadavre n’existait plus. Un homme pressé ne contourna pas la victime et l’enjamba d’une large foulée blasphématoire.
  Les années se sont accrochées les unes aux autres et ont fait défiler le temps, mais je possède toujours ce livre emporté d’Algérie. Ce n’est pas un larcin que de l’avoir conservé, à qui aurais-je pu le rendre ? Au cours de mes nombreux déménagements, il m’est arrivé de croire à sa perte mais, à chaque fois, le petit bouquin à la couverture jaune est réapparu. Il est devenu plus qu’un livre, c’est un témoin. Sur une des premières pages, deux cachets à l’encre violette déclinent son identité. Un petit tampon carré dit : Ville d’Alger Bibliothèque rue Pierre Leroux. Un autre, plus grand, plus officiel, se compose de deux ovales concentriques. Dans le premier ovale, il est inscrit : Ville d’Alger Bibliothèque Municipale. Dans le second, au centre, le mot Inventaire avec un nombre marqué à la main : 128 685.
  Ces tatouages administratifs appartiennent à une réalité aujourd’hui disparue. Il me serait possible de retourner sur ma terre natale. Certains l’ont fait. Arpentant les rues de leur quartier, vibrant sous l’assaut des souvenirs, submergés de bonheur et de joie. Je ne pense pas pouvoir vivre la même expérience qu’eux. Les causes et les conséquences de mon départ me l’interdisent. Elles s’intercaleraient forcément entre moi et ces retrouvailles. Elles projetteraient une ombre épaisse et froide qui voilerait le bonheur engendré par ce pèlerinage sur les lieux de mon enfance. Je ne souhaite pas vivre cette épreuve. Mes souvenirs me suffisent. Et puis, nul ne peut s’en retourner quand le chemin n’existe plus. C’est ce que me rappelle mon livre avec, comme une frontière infranchissable entre l’époque de « là-bas » et ma vie « ici », sa petite corne à la page 47.

LA PAGE 47 Pierre-Émile Bisbal

Écriture :

La page 47, ou 48, ou 50, ou celle que vous voulez, s'est échappée de son livre. Alors, pour poursuivre votre lecture, vous la réécrivez. Vous pouvez choisir un roman réel et donc, rédiger votre page en vous immisçant dans le récit, ou bien partir d'un roman fictif et utiliser analepse, ellipse, sommaire, etc... pour donner quelques indications sur l'histoire.

LES TEXTES :

Voir les commentaires

Rédigé par Atelier Ecriture

Publié dans #Lire pour écrire

Repost0