Publié le 31 Janvier 2023

 

Après son escapade irlandaise, Marie est rentrée chez elle pour accueillir Jean. Elle l’a invité pour le Carnaval. Il est arrivé hier soir et dort encore. En attendant son réveil, Marie feuillette un livre qu’il a laissé sur la table basse du salon.

 

 

Un livre à l’alphabet incompréhensible, mais magnifique. Certaines lettres, calligraphiées avec élégance, sont accompagnées d’oiseaux, de fleurs, d’arbres, avec des couleurs lumineuses d’une grande finesse. Une merveille !

 
 
 
 
 
 
 
 
Un bruissement dans son dos lui fait lever la tête. Jean est là, qui la regarde en souriant :
– C’est un livre écrit en arménien, lui dit-il.
– Il est vraiment superbe ! Quelle écriture étrange… Tu sais la déchiffrer ou c’est juste pour la beauté de l’objet ?
Jean s’assoit près d’elle, le visage soudain sérieux.
– Je sais la lire, c’est ma langue maternelle, tu sais. Et, tu vois, l’alphabet arménien est pour moi bien plus qu’un ensemble de lettres, c’est le symbole de mon identité culturelle et historique. Tu connais l’histoire du peuple arménien ?
Avant que Marie réponde, Jean lui raconte le génocide, la diaspora, les Arméniens éparpillés au quatre coin du monde, avec leur alphabet pour les relier.
– Cet alphabet, c’est la fierté de notre culture, ajoute-t-il. Il a été inventé par Mesrop Machtots au IVᵉ siècle pour traduire la Bible en arménien.
 
Dans les yeux sombres de Jean flotte comme une brume… douleur, nostalgie, souvenir… Marie ne saurait dire. Il se penche vers elle, murmure sur un ton de confidence :
– Sais-tu quelle a été la première phrase écrite en arménien ?
– Non, comment veux-tu que je le sache ! répond Marie tendrement.
– C’est : « Pour connaître la sagesse et l'instruction, Pour comprendre les paroles de l'intelligence. »
C’est pas une belle philosophie, ça ? ajoute-t-il en riant.
Marie acquiesce, feuillette le livre, demande :
– Elle y est dans ce livre ?
– Oui, elle est là :
" Ճանաչել զիմաստություն զիմաստություն և զխրատ, իմանալ զբանս զբանս հանճարոյ "
– Ah, oui ! Faut le savoir ! Mais ça me plaît de ne pas savoir. Ça donne un côté un peu magique, comme si j’avais découvert un document secret, rédigé pour protéger quelque chose de précieux, un trésor... tu vois, un peu comme dans les contes de fée.
– Tu ne crois pas si bien dire ! En fait, c’est l’alphabet lui-même qui est un trésor. En 2019, l’Unesco l’a inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’humanité.
 
Que de fierté dans la voix de Jean ! Marie en est toute émue. Jean prend le livre, cherche une page, l’ouvre, montre à Marie cette phrase :
"Եթե ​​ամեն մորուքի հետևում իմաստություն լիներ, այծերը բոլորը մարգարեներ կլինեին:"
C’est un dicton que j’aime beaucoup et qui, je pense, est universel.  Ça dit :
« Si derrière toute barbe il y avait de la sagesse, les chèvres seraient toutes prophètes. »
– Très juste ! rétorque Marie en riant. Et si, pour rester dans la thématique des trésors du monde immatériels, nous allions prendre un bon petit déjeuner ? La baguette française aussi fait partie du patrimoine mondial, non ? J’en ai une, encore tiède, sortie du four du boulanger il y a une demi-heure.
 
Jean referme le livre, le pose sur la petite table du salon, comme un objet d’art. Un rayon de soleil matinal vient se poser délicatement sur la belle calligraphie, et les oiseaux, les fleurs, les arbres s’animent. L’alphabet arménien est vivant.
 

Voir les commentaires

Rédigé par Mado

Publié dans #Trésors du monde

Repost0

Publié le 30 Janvier 2023

 

Juste avant que ce soit à moi d’intervenir il n’y avait rien. Je n’existais pas, du moins pas encore. J’ai connu le néant total de toute chose et d’un coup je ressens cette violente propulsion originelle jamais encore généré par cette substance créative qui s’apprête à devenir fertile

Je suis la toute première Seconde engendrée par la création l’univers.

Alors que j’initie mon récit, d’autres secondes s’activent et se projettent au-delà cet espace sans frontière incorporelle. Des particules les escortent dans cette odyssée sans précédent au cœur même de cet océan pluridirectionnel devenu Espace.

Au travers de moi, grandit ce pouvoir immense, sans détour, implacable, et irréversible, il se nomme Temps. A la minute où je vous parle tous deux s’unissent et de cette fusion une puissance inégalée apparaît.

Je navigue sans finalité sur cette étendue neuve. Je croise déjà au large de nébuleuses vaporeuses en train d’éclore, de se dilater dans des proportions incommensurables, arborant des lumières absolument inouïes, aux clartés somptueuses. Je parcours des milliards de kilomètres en un souffle indescriptible, sans fondement propre. Je suis une route sans détour, ni pré-établie. Je fais partie de cet ensemble neuf. Des galaxies s’éclairent tout autour de moi. Je rebondis sur des morceaux à la fois solide et gazeux, la Matière originelle, sur laquelle s’agglutinent des myriades d’atomes et molécules gonflés de Vie. C’est une tempête organique, à la recherche d’étoiles, soleil, de planète déjà en formation, afin de les trouver et les ensemencer.

Mon histoire a déjà une somme incalculable d’heures. Ce qui n’était au départ qu’un étincelle initiale, grandit en moi, se métamorphose en une énergie que j’ignorais posséder.

L’Univers enfle et s’étend sans mesure. La matière se forge et s’agrippe sur toute choses prête à la recevoir. L’Espace et le Temps mutent en un Personnalité unique.

Et moi, la Seconde première, perpétue ma trajectoire éperdue, avec des pulsars, des comètes flamboyantes comme compagnons de route, dans ce voyage sans visa de retour.

Au moment où je m’adresse à vous, je ne sais pas ce qu’il adviendra de tout ça.

Tout ce que je sais, c’est que moi, au tout début j’étais là.

 

Voir les commentaires

Rédigé par Jean-Michel

Publié dans #Trésors du monde

Repost0

Publié le 29 Janvier 2023

 

Maya ne m’avait pas donné de ses nouvelles pendant plusieurs jours après sa visite au Mont-Saint-Michel. Puis je reçus un texto d’elle me disant qu’elle traversait la France en diagonale depuis la Normandie. Elle envisageait même de passer par l’Italie du Nord avant son retour à Nice. Elle avait écrit : « Tu m’as tellement parlé de cet endroit magique qu’il faut que j’aille le voir de mes propres yeux ». J’ai compris tout de suite à quel lieu Maya faisait allusion. Je lui avais décrit la région sud du lac Majeur entre le Piémont et la Lombardie avec force détails et avec tout l’enthousiasme que cet endroit avait fait naître en moi quand je l’avais découvert quelques années auparavant.

Et voilà que tous les souvenirs des moments heureux passés au bord du lac Majeur me revinrent pêle-mêle intensément en mémoire. La première fois qu’il m’était apparu au détour de la route après plusieurs heures de voiture au départ de Nice, cela avait été comme un coup de foudre. Enfin il était là ! Sa couleur verte reflétant la nature environnante et son calme avaient ravi mes yeux, quelque chose d’impalpable s’en émanait et j’ai su à cet instant là que cette rencontre allait donner un autre sens à ma vie.

Il avait plu souvent en fin de journée lors de mes séjours à Angera, petite ville italienne au bord de l’eau. Au crépuscule, de la fenêtre de l’hôtel ouverte sur le lac, j’aimais écouter le bruit de la pluie tombant sur les larges feuilles des bananiers, le crépitement des gouttes sur l’eau, et sentir l’odeur âcre de l’herbe mouillée. Dans le silence de la nuit, ce murmure me berçait, le lac me paraissant plus sombre, presque noir.

La journée, je prenais souvent la navette pour aller sur l’autre rive et découvrir ses pittoresques petits villages. Certains, comme Arona, étaient animés les jours de marché par les commerçants et leurs voix italiennes chantantes, et je me mêlais avec plaisir à cette ambiance chaleureuse. D’autres étaient plus tranquilles mais tout aussi charmants, comme Belgirate. Celui-ci me plaisait particulièrement avec son église bleue que l’on apercevait de loin, son joli restaurant aux jardinières fleuries qui embaumaient l’air et son tiramisu un régal pour les papilles !

Mais la beauté du lac Majeur je l’ai surtout trouvée éclatante quand, de Stresa, j’ai pris le bateau pour aller aux îles Borromées. Trois îles bien différentes, telles des bijoux posés sur l’eau dans ce décor magnifique qui enchante le visiteur. Je me souviens des parfums des jardins d’isola Bella et d’isola Madre et de la saveur des plats de poissons dégustés sur l’isola dei Pescatori dans un sympathique restaurant au bord de l’eau.

Je trouvais tellement de charme aux petits ports endormis le long des berges, juste quelques barques souvent, dont certaines même prenaient l’eau. Elles semblaient se laisser porter avec douceur et confiance par le clapotis de cette onde paisible. A certains endroits il était facile d’approcher la rive et de toucher l’eau, elle était fraîche et pure sous mes doigts et je m’étais contentée d’y plonger une main et un pied.

Dans cet environnement grandiose entre plan d’eau et montagnes, les belles villas d’époque parsemées sur les rives me faisaient rêver et naître en moi une imagination débordante.

Je me sentais inspirée par leur stature imposante, entourée de jardins verdoyants qui descendaient parfois jusqu’au lac ou par leur ressemblance à de petits châteaux de conte de fée. Et j’inventais, derrière leurs volets souvent fermés, des histoires romanesques de couples valsant sur les parquets cirés.

Maya allait donc découvrir ce lieu qui est devenu pour moi comme un trésor, inspirant et émouvant. Je sentis alors le besoin irrépressible d’y retourner pour revivre toutes ces sensations, poursuivre l’écriture de ce roman commencé là-bas et retrouver cette ambiance italienne, celle de la terre de mes ancêtres. En un instant ma valise à roulette fut remplie. Demain j’irai rejoindre Maya, je reverrai il Lago Maggiore et j’entendrai à nouveau le capitaine de la navette annoncer « Prossima fermata ! »

 

Voir les commentaires

Rédigé par Mireille

Publié dans #Trésors du monde

Repost0

Publié le 28 Janvier 2023

 

Après s'être fait accepter à la prestigieuse université AL QUARAOUINE de la ville de Fès, Fabian se consacra à la découverte d'un monde dont il ignorait tout. Ses maîtres l'initièrent à la philosophie et dirigèrent ses idées vers l'ancien testament, là où les prophètes n'étaient ni chrétiens ni musulmans. Ils se contentaient de porter la parole de Dieu à qui voulait l'entendre.

Bastian se posait beaucoup de questions, mais un évènement lui tourmentait l'esprit plus qu'un autre : le déluge! Pourquoi la colère de Dieu avait-elle provoqué cette punition ? Pourquoi avait-il poussé un vieil homme et ses fils à construire une gigantesque arche destinée à sauver tous les animaux de la création en laissant les hommes à leur triste sort ? Même Noé, dans ses moments de doute, se posait la question, mais il était trop sourd pour entendre les réponses du Très-Haut.

De nombreux disciples, de passage à Fès, laissait entendre qu'après sept mois et quelques jours, le doigt de Dieu libéra l'arche au sommet du mont Ararat dans l'ancien royaume d'Urartu. Fabian situa cette région à l'est de l'actuelle Turquie. Un tel voyage représentait un nouveau lot de souffrance, d'épuisement et de découragement, mais la ténacité qui lui tenait lieu de bâton de marche l'emporta.

Que pensait-il trouver ? Aujourd'hui, en suivant les aventures de Fabian, je me demandais si un tel homme avait existé. Tout ce qu'il avait traversé, en commençant par la guerre des Albigeois, et tout ce qui le poussait maintenant à accomplir sa quête faisait de lui un personnage hors du commun, voire un héros de légende.

Il partit... Avec ses maigres avoirs dans un sac en vieux cuir qui avait servi à porter le trésor spirituel des cathares, une canne à la main et sa foi dans le cour, il était paré pour faire face à l'immensité qui l'attendait. Encore une fois son courage décida pour lui. Il traversa une mer et ses pas le portèrent en vue d'une ville qui avait pour nom Dobayazit. C'était le soir. Il s'approcha d'une maison à la limite des portes de la ville. Des oignons en tresses et des piments qui séchaient donnaient à Fabian un tableau rassurant criant bien fort que la paix habitait cette demeure. Un homme sortit, faiblement éclairé par le feu dans l'âtre où une marmite suspendue laissait échapper une bonne odeur de soupe.

L'homme lui demanda ce qu'il cherchait. Fabian lui dit qu'il avait fait un long voyage pour honorer le mont Ararat sur lequel Dieu avait déposé un véritable trésor. L'arche de Noé.

- Rentre chez moi, il se fait tard et tu ne trouveras l'hospitalité nulle part à cette heure. Demain matin, au chant du coq, nous sortirons et nous attendrons que l'aube éclaire l'est et tu verras apparaître ce merveilleux glacier que tant d'hommes vénèrent. Tous cherchent les traces du miracle de l'arche. Essaie de te rapprocher de la tombe de Noé, les anciens affirment que le patriarche est enterré à Cizre, si tu lui parles avec respect, il te dira peut-être, où se trouve l'endroit que tu cherches… Mais il te faudra beaucoup de patience et de courage. En attendant viens te reposer… demain sera un autre jour.

Ce homme avait raison. Cette montagne est sacrée. Elle est aussi le symbole national de l'Arménie. Je ne sais pas si Fabian a mis fin à son pèlerinage, mais je me sens de plus en plus concerné. Il est possible que l'histoire de Fabian prenne fin mais il se peut que la mienne commence.

 

Voir les commentaires

Rédigé par Fernand

Publié dans #Trésors du monde

Repost0

Publié le 28 Janvier 2023

 
La pluie l'essentiel de notre vie.
Un trésor, une merveille du monde. Elle est l'équilibre de notre planète bleue. La pluie nourrit, creuse, parcourt des kilomètres pour alimenter nos réserves souterraines.
Quelle joie de la voir tomber du ciel, puis serpenter dans les rivières, claire et transparente, sortir d'une source bienfaisante et abreuver hommes et bêtes.
C'est un immense plaisir de fouler dans la forêt, le tapis humide de feuilles mortes où l'odeur boisée, après l'orage, nous monte dans les narines. La pluie purifie l'air et rend l'atmosphère cristalline. Les gouttelettes d'eau restent suspendues au bord des feuilles brillantes, sous un timide rayon de soleil. Un petit rossignol s'ébroue, joyeux, accroché à une légère branche. Une promenade en forêt par temps pluvieux est un ravissement pour les enfants, une liberté immense de pouvoir sautiller dans une flaque et éclabousser l'entourage dans un éclat de rire. Au loin, on entend le grondement sourd de la cascade qui fait écho sur la montagne d'en face.
Quelle grande joie de cueillir les argousiers bien mûrs, les fraises des bois gorgées de jus sucré et parfumé. Même les escargots sont heureux de sentir la fraîcheur ; on les voit sortir de leur cachette avec leur carapace sur le dos, gambader parmi les herbes détrempées, à l'assaut de plantes vertes et tendres, afin de faire un bon festin.
Enfin, après la pluie le soleil semble vouloir montrer timidement le bout son nez. C'est là que la nature, sortie de sa torpeur de sécheresse, nous montre tous ses atouts. Le feuillage a pris sa douche et se pare de belles couleurs vert tendre, parfois un peu cendré. Les fruits, sous leur couleur rouge vif et jaune citron pendent sur les branches avec une nouvelle tenue. Les troncs rugueux des chênes exhibent leur écorces lumineuses.
La nature est là vivante, elle nous appelle, on respire, on ouvre les poumons. Un sentiment de béatitude nous envahit.
La pluie a du charme si on sait l'apprécier.
Tout là-haut, il fait beau ! Mais le ciel se met à pleurer pour nous dire la grande tristesse de ne plus
pouvoir, si souvent, inonder régulièrement notre vie de ce liquide transparent comme le verre.
C'est pour cela qu'aujourd'hui, il ne faut plus se permettre de jouer avec lui. Cet élément, si complet en minéraux, attend de nous autant de bienfaits qu'elle nous en a donnés autrefois.
 

Voir les commentaires

Rédigé par Arlette

Publié dans #Trésors du monde

Repost0

Publié le 28 Janvier 2023

 

Mon cœur bat au rythme des pas de cette Valse Viennoise de Johann Strauss. Cette rencontre au Palais de Hofburg, tout aussi inattendue qu’enivrante, change mes projets de suivre le carnet de voyage de ma célèbre Babushka. Elle doit applaudir mon idée de partir visiter la Turquie ..

L’avion prend de la vitesse, il quitte le sol. Mon corps se détend, j’incline mon siège de velours rouge, tourne ma tête, nez collé au hublot. Je souris à l’image de Paris miniaturisé. Juste le temps d’apercevoir les reflets argentés des méandres de la Seine et la Tour Eiffel étincelante qui se détache dans le ciel orangé de cette soirée estivale. Des bulles fraîches, pétillantes éclatent dans ma bouche, je savoure la moindre gorgée de ce champagne euphorisant. La descente est amorcée, le spectacle est grandiose, la ville d’IZMIR s’étend au bord de la mer Égée, le dôme des mosquées s’impose, rutilant.

Inquiète, je suis le flot des arrivants, récupère ma valise, me dirige vers la sortie. Une chaleur moite m’enveloppe, le brouhaha de l’aéroport m’étourdit. Nos regards se croisent, il est là, je suis dans une bulle silencieuse. Notre étreinte a un goût de miel. Ma main se cramponne à la sienne, jusqu’à la voiture. Je découvre émerveillée le panorama, commenté par Ilhan avec cet accent qui m’a séduit dès le premier instant.

Sur la terrasse de l’hôtel, face à la mer, le murmure des vagues m’entraîne à la rêverie. J’inhale l’air iodé mélangé aux senteurs de fleurs et de plantes environnantes.

Au réveil, départ pour Pamukkale.

Tout le long du trajet, la découverte de la Turquie est un enchantement. Tous les plaisirs et les trésors du monde sont réunis pour laisser, par écrit, des souvenirs impérissables.

WAOUH ! Je reste bouche bée devant ce cadeau de la nature.

Pamukkale, le château de coton, un décor irréel fait de forêts minérales, de cascades pétrifiées, de stalactites et d’un succession de vasques en gradins aux eaux turquoises.

La dynastie des Attalides, rois de Pergame créa la station thermale de Hierapolis. Ce site abrite des ruines, des temples et d’autres monuments grecs vers lesquelles nous nous dirigeons. Malgré un tremblement de terre les vestiges de l’époque gréco-romaine comprennent des bains, un amphithéâtre, une arche monumentale, un nymphée et une nécropole. Deux heures de visite dans cette ville devenue, avec ses nombreuses églises, un important centre religieux de l’Empire romain d’Orient.

Pause déjeuner de délicieuses saveurs turques. Légumes farcis (dolma) accompagnés d’une salade de lentilles rouges parfumées d’oignons verts, de fines herbes, ail, citron, tomates. Feuilletés croustillants en forme de cigares à la viande (bôrek) gras, mais croquants et épicés. Le tout servi avec une sauce blanche acidulée et une galette tiède, fine et molle. Pâtisseries tièdes, fondantes, qui laissent mes lèvres sucrées. La boisson traditionnelle, le Raki, servie avec de l’eau plate se révèle être plus alcoolisée que je ne le pensais. Son goût anisée sublime mes papilles asséchées, pourquoi donc s’en priver ! J’adore me laisser griser.

Voilà enfin le moment tant attendu, les chaussures dans le sac à dos, en short, ou bermuda, nous entamons l’escalade de la montagne de coton. Première sensation, une surprenante chaleur de plus de 38 degrés nous paralyse dès les premiers pas. La texture du sol est surprenante, elle est d’une éblouissante blancheur, tantôt dure, collante, ou glissante par endroit. Les eaux chargées de calcite, provenant des sources chaudes jaillissent de la falaise, jamais au même endroit, provoquant de grands éclats de rire quand elles surgissent devant nous.

Chacun ressent des sensations différentes. J’éprouve des fourmillements, des chatouilles et je me sens asperger par une pluie fine qui s’infiltre sur mes vêtements. Je me retrouve le débardeur blanc mouillé, source d’amusement ! L’eau turquoise des vasques est brûlante, nos mains rougis sont pourtant d’une douceur extrême.

Deux cents mètres plus haut, nos efforts sont récompensés par un pur moment de délassement. Affaires personnelles dans les casiers, nous terminons la balade en maillot, dans les eaux effervescentes chauffées par dame nature de la piscine Cléopâtre. Un jacuzzi insolite, au fond duquel la prudence est de mise, de nombreuses ruines jalonnent le parcours. Ce plan d’eau, aux geysers inattendus est comparable à une rivière, entouré d’arbres aux fleurs chatoyantes et parfumées, sur lesquels les oiseaux pépient. Le circuit passent sous des ponts, où l’on renifle parfois des effluves de souffre. Rien de désagréable.

Fin du parcours ! Impossible de trouver les mots pour qualifier le paysage qui s’étale devant nous, à perte de vue.

Un instant de bonheur qui rapproche nos visages pour un tendre baiser.

Nous quittons, à regret, ce paradis sur terre. Demain Istanbul nous attend avant le retour à Paris.

 

Voir les commentaires

Rédigé par Josiane

Publié dans #Trésors du monde

Repost0

Publié le 28 Janvier 2023

 

Un coup de fil de Marc m'avait surpris.

-Vous êtes toujours en vacances en Italie ?

-Oui, oui, nous sommes à Rome et on n'arrêterait pas il y a tant de choses à voir !

-A Rome ? Nous arrivons demain à Ancône avec « L'aventure ». On vous attend. On rejoindrait Venise par l'Adriatique, et on visiterait la Sérénissime en canoë, ça vous tente ?

Je me suis laissé séduire par ce voyage hors du commun, proposé avec tant de conviction par mon ami Marc.

-« il faut toujours viser la lune car en cas d'échec on atteint les étoiles »

Toi alors avec tes phrases... Tu la sors d'où celle-là ?

-Peu importe, alors, on vous attend ?

 

Nous venons d’arriver à Venise avec « L’Aventure », voilier de onze mètres, piloté par Marc et amarré au petit port de l’île San Giorgio Maggiore, face à San Marco. Deux canoës à fond plat et l’annexe à moteur du voilier sont mis à l'eau et vont assurer l’intendance du périple.

En face, la place Saint Marc avec encore quelques lumières et ses gondoles amarrées qui se balancent mollement. Derrière, la Chiesa delle Zitelle et son jardin chargé de fleurs et de pergolas croulantes sous les vignes. A gauche le Grand canal et sa perspective jusqu’au « Ponte de l’Accademia ». A droite la lagune avec l’échappée vers la « Punta-Sabbioni » et le Lido. Les oiseaux se réveillent… Leurs chants se superposent… C’est le cœur de l’aube. Nous débutons notre odyssée !

Le voyage vers Dorsoduro et la « Dogana-della-Salute » est plutôt difficile. La traversée du canal San Marco très dangereuse car très fréquentée. Vaporetti, motoscafi, motonave, Riva-taxi circulent dans tous les sens, agitent l'eau du canal, ronflent, éclaboussent, nous bousculent. Les pilotes Vénitiens ont le sens de l’esquive dans ce qui semble être une anarchie de navigation. Des bacs à deux pontons relevés, du type transport sur le Mississippi, véhiculent voitures et camions du port de Venise vers le Lido avec force coups de Klaxons. Cette apparition me rappelle le film Show Boat de la MGM en 1951.

Décidément, ici tout retient le souffle !

Les deux canoës sont à la remorque de l’annexe à moteur de « L’Aventure » et suivent la riva degli-Schiavoni. Passent face au Palazzo Danieli, fameux hôtel cinq étoiles aux sols en marqueterie de marbre, aux salons avec tapisseries murales et lustres en cristal. Le Harry’s bar près des Giardini Reali, rendu immortel par Ernest Hemingway (Mais quel bar cet écrivain n’a-t-il pas fréquenté ?). Le Palazzo Ducale apparaît avec ses colonnes en marbre sur deux niveaux, lumineuses, imposantes. Puis, est atteint le « passage protégé » recherché où traversent ces longues gondoles avec passagers debout. Nous l'empruntons prudemment derrière les Traghetti. Le grand canal est remonté jusqu’au ponte dell’Accademia. Musique par-ci, brouhaha par là, rires, craquement des marches en bois du pont, nous ne savons plus vers où regarder. Ici la densité de palais et de musées est impressionnante. Nous sommes surveillés par Véronèse, Bellini, Tiepolo, Tintoretto, Ernst, Calder.

Paola qui connaît le grand canal comme sa poche décrit chaque palais rencontré : Palazzo Gritti, transformé en luxueux hôtel avec ses parquets en chêne clair et acajou, ses chambres aux moquettes épaisses. Rio dell’albero, canal d’accès à la Fenice pour élégantes et élégants (arriver à la Fenice, le jour d’un concert, par la façade sur le Rio dell’albero est ici un must !) Palazzo Barbaro qui abrita Monet et sa bibliothèque en ronce de noyer éclairée par des fanaux de trirèmes vénitiennes du dix-huitième siècle. Un peu plus haut, l’ambassade d’Allemagne où ont été tournés les différents épisodes de la série TV « Commissaire Brunetti ». Je regarde défiler les fenêtres de tous ces palais. Je rêve lorsqu’un grand lustre apparaît au travers d'une fenêtre à serliennes dans l’ombre un salon élégant. On ne perçoit aucun son, mais mon imagination entend les conversations, la musique, les verres de cristal qui tintent, l’explosion des bouchons de champagne…

Passé le ponte dell’Accademia, le rio San Barnaba conduit au petit marché du même nom où accostent des bateaux à fond plat croulant sous des monticules de fruits et légumes. Station obligatoire, immersion dans un monde de cris, de vacarmes, d'interpellations amusées, de parfums de fleurs, de fumet de cafés, d’épices. Régal des yeux face aux contrastes de couleurs des étals de poissons. Harangue des vendeurs de cœurs d’artichauts (carciofo), cette denrée si prisée et si fragile. On apprendra de la vendeuse, très cultivée, que Federico Fellini qui détestait Casanova, lui fit dire que son cœur d’artichaut était en réalité un cœur de castrat (un cuore di castraura). Pas fait pour les voyageurs pressés. Personne ne se bouscule, en permanence des scusi, scusi avec le sourire.

On s'éloigne un peu à regret. Le rio de San-Trovaso conduit au dernier chantier naval artisanal de conception et de réparation des gondoles.

Une visite des ateliers avec Stefano, le responsable du site, nous révèle la particularité des gondoles plus longues d’un côté que de l’autre. Cette dissymétrie, nous explique-t-il, est équilibrée par le poids du gondolier. Paola et Vincent s’intéressent particulièrement à cette pièce qui supporte et guide la rame du gondolier (la forcola) et qui leur épargnerait tant d’efforts. Je caresse ce bois lisse, doux, arrondi à souhaits, sensuel. Stefano nous conseille de partager son repas à une trattoria (un bacaro) du quartier autour d’un risotto « come fatto a casa » et d’une (voir plusieurs) bouteilles de Soave, ce vin sur treille de Vénétie à l'odeur délicate et au goût si harmonieux (s'en méfier). C’est ici que nous apprendrons l’histoire curieuse de la Marquise Farsetti très appréciée pour sa générosité par les habitants du quartier. Nièce du patriarche Farsetti, richissime négociant à l’aube du dix-neuvième siècle, cette marquise devait être l’originale de la famille. Ses manières « Poco curante » de l’époque l’avaient conduite à créer « una mensa dei poveri » avec l’aide du sacristain de la paroisse. Très pieuse, chaque fois qu’elle passait devant une église, elle se signait cinq fois. Au front, pour les pensées condamnables, sur la bouche pour les paroles déplacées, sur le cœur pour les sentiments inavouables, à l’ongle du pouce pour les gestes coupables puis un signe de croix grand comme un campanile sur tout le buste.

Voilà qu’elle sembla mourir d’un infarctus à son domicile (en fait son cœur s’était arrêté brusquement). Le sacristain qui lui lisait la bible pensa que sa dernière heure était arrivé et essaya d’en profiter pour lui dérober une très belle bague à son doigt… Impensable ! La Marquise se réveilla tout aussi brusquement. Le sacristain se mit à crier et à se signer. Elle, pensa que ce « miracle » était dû aux prières de son protégé, aussi fut -il largement récompensé.. à vie… Nous en rions tous copieusement …

Le départ fut plutôt laborieux… Le soave peut être ?

Une autre merveille ?

 

Voir les commentaires

Rédigé par Gérald

Publié dans #Trésors du monde

Repost0

Publié le 28 Janvier 2023

 

Je relis le texte sur le phare d'Alexandrie, merveille du monde qui n'existe plus, et je me dis que des merveilles du monde qui existent il y en a encore.

L’Italie toute entière ressemble à un musée à ciel ouvert, c’est bien connu.

Firenze, Cremona, Gubbio, Venezia, Roma et son Colisée...

Je potasse l'Italie, la vraie, celle de l’empire, celle de la ville éternelle, celle des ruines, des colonnes tronquées, des arcs de triomphe. Celle des hommes aussi mais figés dans le marbre, prenant des postures autoritaires, comme celle des femmes vêtues de draperies sensuelles pour l’éternité.

C'est décidé nous irons à Rome.

Nous y arrivons en traversant une série de vallons et collines. Le soleil est déjà haut pour cette heure matinale. L'air est doux. La lumière intense. Brouhaha anarchique d'une grande ville du Sud. Tri-porteurs pétaradants zigzaguant d'un bord de la route vers l'autre. Les marques sur la chaussée étant le dernier souci de tout le monde !

De grandes artères et soudain il apparaît impressionnant, majestueux gigantesque... colossal.

J'imagine très bien quelle a dû être la sensation des Romains à l'époque de sa construction. Le Colisée est face à nous. Prouesse d'architecture. Génie des architectes romains. Les arcades encore parfaites, malgré les dégradations du temps, se superposent sur quatre étages, imposantes, majestueuses Elles abritent toujours couloirs, escaliers, gradins. Les sous-sols rivalisent d'ingénuité avec cages et monte-charge actionnés par cordes et poulies qui amenaient directement dans l'arène centrale les animaux sauvages face au Secutor, Gladiateur avec glaive, casque, bouclier long et jambières ou Rétiaire avec filet, trident, casque et poignard, quand ils ne s'opposaient pas l'un face à l'autre. Un pouce vers le haut ou vers le bas et une vie était sauvée ou pas face à des milliers de spectateurs. Du sang. Beaucoup de sang. C'est ce qui plaisait à l'époque. On peut critiquer, bien sûr, ces mœurs heureusement disparues. N'oublions pas aussi ces premiers chrétiens suppliciés mais dont l’extrême dénuement a été reconnu plus tard.

Mais les blocs de travertin ayant servis à la construction de cet ensemble reflètent, encore, la splendeur de la Rome antique et on ne peut qu'en être admiratif.

Le rayonnement du Colisée a dépassé les frontières de la « mare nostrum ». Le cinéma a fait le reste. Il est maintenant connu dans le monde entier.

Fellini Roma, Vacances Romaines et tant d'autres. Pour ma part je préférerais la fontaine de Trevi de La Dolce Vita mais la vedette qui s'impose, c'est l’œuvre millénaire...

Tout près, les cloches de l'église Santa Maria di Loretto s'égrennent, diffusant comme un parfum de tranquillité après tant d'agitation.

Là-haut, tout là-haut sur ces arcades qui ont traversé 2000 ans, un vol de colombes se pose à la recherche d'une goutte d'eau.

La voilà la merveille que je cherche.

 

Voir les commentaires

Rédigé par Gérald

Publié dans #Trésors du monde

Repost0

Publié le 28 Janvier 2023

 

En revenant de mon voyage à Rome je décidai de m’arrêter chez ma fille dans la Drôme, une région que je ne connaissais pas encore.

Le lendemain de mon arrivée, ma fille décida de m’emmener découvrir la chute de la Druise située dans le magnifique massif du Vercors. Nous partîmes tôt le matin. La route serpentait dans une forêt de sapins et de mélèzes d’un vert sombre. Les virages succédaient aux virages pour arriver enfin au village d’Ansage, un endroit bucolique avec ses prés verts, ses troupeaux de vaches dont les cloches tintaient allègrement. Après avoir dépassé le village, on emprunta un petit sentier qui s’enfonçait dans la forêt. A la chaleur de la route succédait une fraîcheur agréable. Une odeur de terre mouillée chatouillait agréablement mes narines. De part et d’autre du sentier, de jolies violettes se cachaient sous l’herbe tendre et leur délicat parfum flottait dans l’air. Puis, le sentier se mit à descendre brusquement et devint très escarpé. Pour ne pas glisser, je m’accrochais aux buissons qui me griffaient les mains. Je percevais au loin le bruit de la cascade. Plus on se rapprochait, plus il devenait assourdissant et, soudain, elle apparut. Pour l’admirer, il fallait lever la tête. L’eau qui jaillissait du haut de la falaise venait se fracasser sur les rochers soixante-dix mètres plus bas dans un bouillonnement d’écume. Le souffle qui en résultait parsemait notre visage de fines gouttelettes, une sensation vraiment agréable. Puis l’eau s’apaisait et, après avoir sautillé sur les cailloux dans un léger clapotis, elle finissait sa course au milieu des rochers. On découvrait alors un lagon aux eaux translucides légèrement bleutées, véritable invitation à la baignade. Je ne pus résister à la tentation d’y tremper les pieds mais je les retirai très vite : je ne pouvais plus bouger mes orteils paralysés par le froid…

Je me souviens bien de cette magnifique journée. Même les sandwichs que nous avions apportés avaient un goût différent au milieu de cette nature préservée : on les savourait et chaque bouchée était un plaisir renouvelé.


 

Voir les commentaires

Rédigé par Elisabeth

Publié dans #Trésors du monde

Repost0

Publié le 28 Janvier 2023

 
Si vous étiez là près de moi en Vaucluse,
Je vous ferai voir des canaux, des écluses.
Je vous amènerai sur les rives du Rhône,
Loin de la foule qui grogne.
Et pourquoi pas faire étape
Face à la cité des Papes.
Grâce à quelques bancs propices
Nous pique-niquerions enfin complices.
Et d'un rien nous ririons,
Car si nous le voulions,
D'un bond
Nous sauterions sur le pont d'Avignon.
 
Aller, nonchalants,
De péniches en chalands,
Péniches qui se nichent
Dans les enclaves de la berge,
Ou quelques vieux chalands s'immergent,
Décadents.
 
Je vous amènerai à deux lieux de Bonnieux,
Sur les hauteurs du Lubéron
Voir des cèdres majestueux
A la bonne odeur de bonbons.
Cette forêt me fait penser à une église romane,
Elle dégage un calme,
Une sérénité.
S'égarer dans ces sentier avec une compagne,
Profitant de l'instant avec enthousiasme.
 

Voir les commentaires

Rédigé par Louis

Publié dans #Trésors du monde

Repost0