tresors du monde

Publié le 24 Février 2023

 
Carnaval ! Ce moment béni où tout est permis. Etre fou, être sage, être soi ou un autre, se rajeunir, se vieillir, s’embellir, s’enlaidir, être une femme homme, un homme femme, les deux à la fois, se masquer ou tomber le masque, rire, lancer des confettis, danser, sans se préoccuper du qu’en dira-t-on. Autrefois, les esclaves devenaient les maîtres et inversement.
 
Dans la foule en liesse, en folie, comme au temps des saturnales, apparaissent des pierrots, des arlequins, des colombines, des marquis aux perruques poudrées, des danseuses en tutus roses montées sur leurs pointes de satin, des sorcières avec leur balai, des princesses, des magiciens vêtus de noir, des fées, des pirates, des pingouins, des ours, des clowns, des schtroumpfs. Chacun a mis le plus grand soin à choisir son déguisement, celui qui éclipsera les autres. Mais tous dansent ensemble en joyeuses farandoles au son vibrionnant des salsas et des sambas crachées par des hauts parleurs tonitruants.
 
Pour un moment d’apaisement de ce tintamarre, une douce musique de violon et de mandoline enveloppe la foule de ses sons vaporeux. Des couples d’inconnus se forment et s’enlacent en slows langoureux, se défont pour en former d’autres. Puis les éclats de fanfare reprennent, la grosse caisse remplit les oreilles et les fait bourdonner, les cuivres se déchaînent en cris aigus. La farandole reprend en méandres fantasques.
 
Demain, ils retourneront au bureau, au magasin, sur le chantier, ils remettront leurs habits de tous les jours, et c’est là qu’ils porteront leurs masques, ceux du monde raisonnable et sage qu’ils sont obligés d’arborer le reste du temps. Mais ce jour de joyeuse divagation restera gravé dans leurs cœurs. L’an prochain, ils reviendront dans de nouveaux costumes.
 
Monique
 

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Rédigé par Monique

Publié dans #Trésors du monde

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Publié le 24 Février 2023

 

Notre recueil, DES TRÉSORS SOUS LA PLUME, n'ayant pas un nombre de pages extensible à l'infini, nous n'avons pas pu y intégrer tous nos textes.

Ci-dessous, vous trouverez des textes issus de notre rencontre avec Annie Sidro, sur le thème du Carnaval et des textes issus de nos ateliers sur le thème Les Trésors du monde.

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LE CARNAVAL

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LES TRÉSORS DU MONDE

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Rédigé par Atelier Ecriture

Publié dans #Trésors du monde

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Publié le 23 Février 2023

 
On m’a dit qu’il existait un livre qui racontait le Commencement.
Je l’ai ouvert.
Le paradis, ce jardin extraordinaire fleuri de verts, des parfums exquis,
la respiration de l’insouciance, le chaud du soleil sans couchant.
Des bêtes se conjuguent dans une pluie de beautés arc en ciel.
Dans l’infini, l’homme se distingue plus fort, fortement mâle.
Il marivaude fier et Artaban entre les allées des jours sans nuit, sans bruit.
Il s’ennuie de solitude et de verre à soi.
S’en suivra une créature autre.
Filiforme, forme et fond tellement découpés, hachés.
Taillée d’une main bricoleuse débutante, l’affaire n’aura plus de cage, juste une côte,
et pour l’heure, la boucherie pourra fermer.
Mais très vite grossie du poumon
et refaite de la charpente postérieure, la femme s’en vient.
Elle va, affublée de peu, qu’importe,
elle a si faim et soif de devenir dans l’avenir.
A une pomme trop rouge, elle choisira une orange presque bleue
pour tout de suite conjuguer la saveur du ciel et de la terre.
Lui préférera les fleurs aux fruits, de nature plus jeunes s’entend.
Tandis qu’elle croque dans la pâleur incertaine du lendemain,
lui se laisse attendre, le flanchard. C’est un serpent qui lui l’a sifflée.
On m’a dit que ce sont les pages blanches qui mettraient fin
pour toujours, au trésor des croyances.
 
C’ÉTAIT AUX FINS DU PARADIS
 
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Adam et Eve claquèrent la porte du Paradis.
Jetés dehors par des pommiers pleins de carpocapse et de pucerons géants.
Ils n’emportèrent que trois fois rien,
pliés en deux quand même à cause d’une immense valise décapotable,
au couvercle en plexi-glace transparent et aux roulettes en peau de serpent.
Une valise remplie du dernier rayon de soleil de l’Eden,
cette lumière perdue à jamais qu’ils pourraient revendre éventuellement
aux enchères à Drouot en cas de besoin.
J’oubliais, les sacs à dos. Deux.
Pleins de Caïn et d’Abel.
Il ne leur fallut que peu de temps pour trouver un véhicule par blablaauto.
A l’époque on ne marchait jamais à pieds.
Après une longue hésitation et une large discussion en famille,
ils prirent le soleil comme pile pour faire face à chacun des hasards.
Tous les soirs ils dépliaient la lune pour trouver le bon quartier
où poser la précieuse valise et se reposer au creux de la confiance.
Un matin, la surprise fut de taille quand, loin de tout,
surgit Monseigneur Koko, tout de prières vêtu.
Très au fait de toutes ces routes qui mènent à Rome,
il montra à la petite famille le chemin de Compostelle,
celui-là même tracé par des générations.
Il est vrai que pour Rome ça ferait un petit détour
mais ils s’engagèrent quand même dans la brèche.
Bientôt ils arrivèrent à Roybon.
Monseigneur Koko aimait bien cet endroit, son petit lac et sa statue de la Liberté.
Souvent il s’y arrêtait et passait la nuit au prieuré.
Quand il traversait le village, il se signait toujours devant le monument,
en souvenir de son ami Saint Romme, un illustre personnage
à qui Fréderic Bartholdi avait fait don de la copie,
conforme à son original de l’entrée du port du Nouveau Continent,
un peu moins imposante certes, mais quand même une belle dame
toute de vert vêtue, le manteau de cuivre repoussé sur un dessous en acier.
Bien vite, Monseigneur Koko gêné par le peu de foi des personnages,
responsable émérite des travaux manuels du prieuré
mais sans charité ni compassion, découragea rapidement notre petite famille.
Ils finirent par quitter l’endroit pour rejoindre l’envers du décor,
à l’autre bout de la terre. New York son port, son île et le chapeau de la Dame.
Une statue ? La liberté, juste une statue ? on s’en meurt du si peu.
 
C’ÉTAIT LA DAME DE FER
 
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Ils se sentaient bien trop à l’étroit Sixième Avenue et quarante-troisième étage gauche.
Caïn avait réussi son doctorat sur l’éclairage des vers luisants. Papa l’avait tellement soutenu.
Quant à Abel il n‘avait pas poursuivi sa licence de chaman et pensait fortement,
avec maman, à commercer du miel, un miel hallucinogène.
Ils s’installèrent en Himalaya dans la vallée haute du Hongu,
une vaste et luxuriante étendue déserte, très peu fréquentée des âmes qui vivent.
Un à-pic de roches roses humides et friables surplombait une profonde jungle
rempli d’essaims, pulseurs comme un caisson de basse.
Un trésor de la nature juste approché par l’unique et intrépide Mauli.
Des abeilles noires, une beauté sauvage. Leur miel, aussi doré qu’un lingot.
Des alvéoles débordantes d’un suc sans pareil.
Des fleurs centenaires aux corolles chatoyantes et aux parfums envoûtants, des rhododendrons surtout.
Toute une équipe de femmes organisées et travailleuses virevolaient entre les cases à remplir.
Pendant que Caïn jouait à la console avec son père en attendant la nuit,
Abel s’occupait, avec un habit de fortune et une échelle lianes, de récolter le précieux breuvage,
souvent en équilibre sur des hésitations
mais tellement accroché à la certitude d’avoir trouvé un autre paradis.
Soudain, un samedi après-midi orageux, une horde de bourdons se posa tout près des ruches.
Des bourdons équarrisseurs aux ailes en K.
Dans un défilé de drapeaux rouges et des fumigènes, les molosses s’agitaient hargneux
et menaçants pour jeter la confusion à nos ouvrières juste rentrées de leur fin de journée.
Heureusement, quelques-unes, quand même payées en heures supplémentaires,
étaient restées sur le pas de porte des essaims pour protéger leurs reines.
Ce ne fut pas suffisant pour certaines qui accouchèrent prématurément et dans la douleur,
de spécimens qui resteraient probablement handicapés du dard à jamais.
La colonie était en péril. Très vite Abel se précipita au secours de ses protégées.
Avec son taser, il fit exploser le nuage des bourdons mais ce n’était pas suffisant.
Alors il pensa à la valise du paradis et au dernier rayon de lumière enfermé par ses parents.
Il n’hésita pas une seconde et tant pis pour les enchères de Drouot.
Dans un éclair foudroyant les bourdons tombèrent comme des mouches.
 
Mais Caïn savait et il s’était tu.
Caïn le traître, savait que monseigneur Koko avait pris sa retraite dans l’autre vallée,
le long de la rivière Hongu, chez son cousin kulung.
 
C’ÉTAIT CHASSEUR DE MIEL
 
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Le temps allant bon an mal an, d’Eve et d’Adam il ne reste plus qu’un monument.
Partis sans égal, venus sans venir, ils ne jouiront jamais du fin mot de l’histoire.
Nous non plus d’ailleurs.
Trahi par son frère, avec des parents sous une dalle, Abel décida de quitter Hongu
pour la Mongolie et Oulan-Bator.
Le long de la piste du Transsibérien, vivait un chaman et son église.
A la fac, on avait déjà dit à Abel qu’il aurait hérité de la fibre chamaniste de sa mère.
Il n’avait conservé que quelques notions de sa licence de l’époque pourtant
il ne mis pas longtemps à convaincre son nouveau maître.
Désormais toutes les nuits de pleine lune, il partait à la rencontre des esprits,
faisant dialoguer l’invisible avec le visible.
Dans le froid polaire, on allumait un grand feu. Abel se vêtait de son plus simple appareil,
la face cachée par un masque de feuilles de tilleul de la région.
Une danse commençait doucement accompagnée de son chant d’incantations, si particulier.
Quand il arrivait tout près de l’Ovoo, des congénères malades fixaient les rubans de couleur
pendant qu’en transe il évoquait les esprits pour leurs guérisons
Lors d’une première divination un lundi après-midi,
Abel entre-aperçut la mitre de monseigneur Koko dévorée par une myriade d’abeilles noires.
Au pied de la falaise il restait très peu du visible de notre homme
écrasé de remords et de regrets pour le miel en pots.
Caïn de son côté, venait de quitter Hongu aussi, plus du tout intéressé par les vers luisants
convertis désormais aux LED et il s’était spécialisé dans le parapluie.
Pour cause, il avait peur de tout ce qui lui tombait dessus. Chauve, bossu, boiteux, célibataire,
plus de points à son permis, et j’oubliais la console, tombée dans le trou.
Lors d’une vision cette fois un samedi après-midi, le courant de pensée de Caïn se jeta violemment
sur Abel qui n’échappa pas à la diablerie meurtrière de son frère.
Une grosse dépression le secoua tellement fort qu’il finit par couler à pic dans son dernier mot.
Depuis ce jour Caïn erre de terres en îles, de mers en continents, prisonnier de son âme
morte d’éternité et de son bracelet électronique.
Ainsi finira le commencement... ou presque … ou pas …?
 
C’ÉTAIT LE CRIME PREMIER NE
 
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Cette année la ville de Nice, comme pour chaque Carnaval, a passé de nombreuses annonces pour recherche de conducteur ou conductrice de tracteurs, ceux qui servent à porter les personnages du Carnaval pour les défilés.
Justine et Marius ont retenu l’attention de la Collégiale des Festivités.
Agriculteurs en retraite mais encore verts ils avaient toujours rêvé de voir la mer.
Originaire de Roucouler-les-Bains, ils seraient disponibles pour une semaine voir deux mais pas plus à cause des cochons en demi-pension chez Georgette, la première adjointe de la mairie de Roucouler-les-bains, leur village commun.
  • Dis la Justine, nous z’ont prêté un hôtel de luxe pour ce Carnaval, le 150e y paraît. On a même la télé et un balcon avec deux chaises.
  • Et puis penche-toi un peu. On voit la mer là-bas juste derrière ce palmier. C’est bizarre. Reste plus qu’un trognon.
Peut-être z’ont enlevé les palmes pour les donner aux paysans d’ici à cause du four de cet été ?
  • Le Marius, tu dis n’importe quoi. Occupe-toi donc de remonter le réveil pour 4 heures et n’oublie pas tes cachets. Fait vraiment chaud ici. Tu peux bien quitter tes chaussettes, tu dormiras mieux.
  • Mais z’ont dit, y’a l’appareil pour le chaud et le froid. Là regarde y’a une boîte.
  • Commence pas à toucher tous les boutons. Ouvre plutôt la fenêtre.
Mais dis donc le Marius ça me fait penser, tu as bien fermé le cagibi des cochons ?
  • Pour sûr la Justine.
  • Alors bonne nuit mon Marius.
  • Ce soir z’ai pas eu mon bisou à débordement, ma Justine ?
Le lendemain après un petit déjeuner rapide, un car de ramassage venait prendre nos amis directement dans le parking de l’hôtel en direction du hangar.
Tout était très bien organisé. Les costumes, les accessoires, les grosses têtes et les chars qui étaient alignés dans l’ordre de sortie.
  • Bonjour messieurs dames, moi c’est Jérôme.
  • Nous Marius et Justine pour le char numéro deux. Le char Koko je crois.
  • D’accord je vais vous y conduire. Je vous donne une tablette et un panier garni.
Nos deux amis étaient émerveillés par l’endroit, eux qui n’avaient jamais été plus loin que Roucouler-les-Bains. Une sympathique équipe les avait pris en charge.
Vint le grand moment, faire connaissance avec le tracteur, l’engin de tous les rêves de Marius, lui qui n’avait que le très vieux Fergusson de son père. Justine hésitait tandis que Marius, sa moitié avait déjà ouvert la porte de la machine.
  • La Justine dépêche-toi de monter.
  • C’est un peu étriqué là-dedans et zut, en plus, j’ai oublié de mettre mes bas de contention et…
  • Dépêche-toi de monter la Justine. Le Jérôme m’a tout expliqué pour conduire le tracteur.
Nos joyeux lurons étaient tellement impatients de démarrer, Justine un tantinet inquiète quand même. Marius avait installé sa tablette avec tout le programme sur ses genoux. A Roucouler on disait que Marius est particulièrement doué en informatique. Çà et puis aussi, pour saigner les cochons. Le reste c’était Justine.
Le grand portail du hangar s’ouvrit sous des olas de l’équipe. Première sortie du Carnaval.
Marius les yeux dans le mollet de monseigneur Koko et tout près de l’ourlet de sa soutane, était fou de joie.
Il embraya sur l’avenir juste derrière la cavalerie de Mongolie, un rythme déjà endiablé sur des airs culottés.
Koko était impressionnant. Encore plus laid que dans la vraie vie. Il avait réussi à figurer dans le défilé
étant le seul médaillé encore de ce monde, pour ses excellents pots de miels.
Par ailleurs, il descendrait lui aussi à Nice pour jouir de la plus vue sur la mer du Negraisseco.
Sur le char, des jolies jeunes filles virevoltaient de toutes parts et Marius jubilait des vibrations gratuites et régulières des danses de ces demoiselles, un changement avec celles des trayeuses de Roucouler.
  • Marius, un bisou qui déborde, s’il te plaît… mon chou.
  • Minute La Justine. Mets donc tes yeux en face des trous pour voir dehors et dis-moi si je z’peux avancer un peu sur la gauche. Je dois laisser le passage à la dame de la Police Municipale et son canasson.
  • Voilà tu peux. Dépêche-toi, elle a priorité.
Soudain un grand bruit. Marius tente désespérément de redresser le char. Koko est touché de plein fouet, la mitre toute neuve accrochée à la caténaire du bus électrique. Un énorme soubresaut, une panique sur la zone.
Marius quitte précipitamment la cabine pour constater les dégâts, Koko décapité, la tête qui pend sur l’épaule, la fin d’un règne, le début du purgatoire.
Restera l’homme du Négraisseco. Caïn s’engouffre dans le moins quatre pour récupérer la Porche de Monseigneur Koko. Une ombre se glisse au diable Vauvert du parking.
Soigné et discret, Caïn enfile sa casquette et ouvre la boîte à gants…
 
C’ÉTAIT SOUS LES JUPES
 
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La Porsche, Koko et Caïn filaient à vive allure vers le purgatoire.
Déjà sur signalement,
Il fallait faire vite avant la fermeture des écoutilles par la clé de saint Pierre.
Sur une route désabusée,
caché derrière une virage en épingle et prévenu par Gabriel,
un ange subalterne en képi alluma un grand feu.
Le chauffeur ne put freiner à temps et ils plongèrent dans le brasier.
Cette fois plus de pardon.
En chair et en os dans les flammes,
ils grillèrent leur avenir à jamais dans les feux de l’enfer.
Un adieu et deux urnes de cendres plus loin,
entrechoquées violemment avec les derniers pots de miel
par les Employés de Surface du ciel,
ils prirent la direction des catacombes pour ne pas polluer, bien sûr.
 
C’ÉTAIT SUITE ET FAIM
 
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Les mots sont un trésor, un début à tout à partir de rien.
 
Quand j’écris c’est comme si je dressais une table d’hôte
Et que j’invite tous ceux qui ont plaisir à partager la maison des mots.
 
Je n’écris pas juste pour moi
mais surtout pour m’entretenir avec vous un peu plus longtemps.
 
 
Dany-L

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Rédigé par Dany-L

Publié dans #Trésors du monde

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Publié le 21 Février 2023

 
Après avoir tant parcouru ce monde du nord au sud, d’est en ouest, me revoilà revenu à mon point de départ, le seuil de ma porte retraversé en sens inverse. Après avoir parcouru tant de lieux des plus peuplés aux plus désertiques, côtoyé des personnes des plus solitaires aux plus chaleureuses. Je me remémore chaque paysage, chaque visage.
Plusieurs jours se sont écoulés depuis mon retour, le regard accroché à ma tasse de café, posée sur cette table pleine de poussière, que j’arrive toujours pas à ôter, comme si elle conservait en elle le témoignage fossilisé de ma si longue absence.
Après avoir vécu tout ça, je déchiffre au travers toutes mes trajectoires, toutes ces lignes, ces traces qui j’ai suivies, que les véritables trésors, ils subsistent, sur une île éperdue qui flotte quelque part à l’intérieur de nous.
Qu’il n’existe aucune richesse, que ce soit sur cette Terre, dans un quelconque recoin inexploré de l’UNIVERS, sur une galaxie inaccessible, que cette fortune de vivre, respirer, et sentir cette pulsation unique, qui se nomme Cœur.
Que le meilleur voyage qui soit, que l’on doive entreprendre, c’est celui d’apprendre à le connaître. La direction la plus ultime, demeure celle qui nous mènera toujours à lui. Je repense à cette chanson qui dit :
« C’est pas moi qui est fait des voyages, c’est les voyages qui m’ont fait… »
A présent à vous de faire le votre de Voyage…
 

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Rédigé par Jean-Michel

Publié dans #Trésors du monde

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Publié le 21 Février 2023

 
Le soir tombe sur Copacabana, le Corcovado et son Christ en béton se drapent d’orange. Depuis le début de mes voyages, c’est bien la première fois que le mal de chez moi se manifeste. Comme un petit mordillement, sur le bord de ma carte mémoire qui sauvegarde mes souvenirs originels.
Le soleil se barre de plus en plus. Au loin, en pleine perpendiculaire de ma chambre d’hôtel, une autre lumière s’allume, électrique, une carapace fluorescente d’un insecte chimérique. Un rugissement s’échappe de ses poumons translucides et tout d’un coup ça se met à cogner, comme la pulsation d’un cœur, aux battements de plus en plus réguliers, de plus en plus sourds, de plus en plus forts. Pareil au feulement d’un tigre subitement revenu à la vie, ce qui n’était que rumeur devient clameur, ce qui n’était que murmure devient bruit. Le sambodrome explose et Rio se réveille. Le tempo des batucadas claquent. Les sifflets enflamment l’espace. De ma rambarde, je distingue le haut des gradins, qui se soulève, balance, sans interruption, comme la crête en écumes multicolores d’une vague emportée par le tumulte frénétique et incandescent des rythmes de la Samba des Cariocas.
Et d’un coup l’espace-temps me téléporte à un moment de mon enfance, du carnaval dans ma ville, pas le corso qui défilait dans le centre, non, celui qui s’animait dans mon quartier. Un carnaval fait de bric et de broc, où la farine remplaçait les confettis. Où on se masquait avec des bouts de cartons, se déguisait en costumes de feuilles crépons. Un seau vide devenait un tambour sur lequel on tapait avec des baguettes en bouts de cagettes. On slalomait entre les grosses têtes biscornues en papier mâché et les caddies de supermarché transformés, pour l’occasion, en chars royaux. Et cette cohue bringuebalante terminait son périple tonitruant sur la place du marché, dans un tintamarre ahurissant et dissonant.
Quand tout le monde s’en allait, il ne restait plus sur le trottoir comme une espèce de neige volatile et vaporeuse, prête à s’envoler aux premières bribes de vent.
Je reviens de mon voyage extra-temporel, devant moi la fête redouble de danses, de sons endiablés d’une foule qui se déchaîne. Ça hurle, ça chante, ça crie.
Le bruit c’est la vie. Ici encore plus qu’ailleurs. Et la nuit commence à peine...
 

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Rédigé par Jean-Michel

Publié dans #Trésors du monde

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Publié le 20 Février 2023

 
Dimanche, c’est jour de marché à Sousse. A ne manquer sous aucun prétexte, c’est l’occasion de compléter mon trésor d’objets de l’artisanat local. C’est un peu moins cher qu’au souk et sans doute plus simple, moins élaboré, c’est justement ce que je cherche.
 
A même le sol sableux, les marchands proposent des sacs et ceintures en cuir, des poufs, des tissus, des plats en cuivre finement décorés, des vêtements, des poteries, des bijoux. Je suis tellement émerveillée par tous ces trésors à ma portée que je ne sais où me tourner. Je circule dans les allées et tous m’interpellent : « Allez madame, beaux tissus pas chers, regarde, je te fais un prix pour toi ». J’accélère un peu le pas, m’attarde moins devant chaque étal, car je ne peux répondre à tant de sollicitations.
 
Je porte mon choix sur les poteries : vases, plats, bols, théières… richement ornés de dessins bleus ou verts aux formes végétales ou vaguement géométriques, harmonieusement entrelacées. Tout me tente. Le marchand est très affable, il a flairé à mon attitude la bonne cliente, il a l’habitude de repérer les signes. « Regarde madame, tu me prends tout ce service pour seulement … » Il me dit un prix en dinars, mais je n’ai pas encore bien intégré l’équivalent en euros. Quoiqu’il en soit, je sais qu’il faut marchander si on ne veut pas passer pour la touriste pigeon. Je ne suis pas très rodée à l’exercice, mais je me lance : « Tu plaisantes, c’est beaucoup trop cher », et je propose un prix bien en-dessous. Il prend une mine contrariée, mais je me dis que ça fait partie du jeu de rôle qu’il joue avec chaque client, de sa stratégie commerciale en somme. Ainsi s’engage un petit marchandage dont je ne suis pas la plus experte. Et ce service est vraiment joli, il fera merveille quand j’inviterai mes amis à un couscous.
 
« Comment je fais pour le ramener en France ? Ca va se casser dans le voyage ! ». Il me regarde d’un air narquois, un léger sourire plisse ses yeux. « Mais madame, t’en fais pas, je vais bien l’emballer, tu verras, ça risque rien ». Allez, je me décide, me persuadant que je fais une bonne affaire avec ces objets emblématiques d’un des artisanats les plus renommés, même si son petit sourire satisfait me laisse à penser que c’est lui qui en fait une.
 
C’est aussi ma façon de rendre hommage à ce patrimoine artisanal. J’ai l’impression d’apporter ma petite contribution à la célébration d’un des trésors du monde.
 
Monique

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Rédigé par Monique

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Publié le 18 Février 2023

 
L’ŒUF MAUVE A DISPARU
 
Je suis né en Russie, fabriqué par la noble famille Fabergé, dont le père Pierre Karl, joaillier, est issu de la lignée huguenote française. Je suis le symbole d’une tradition païenne. La célébration du renouveau du printemps, associé par la suite à la résurrection du Christ à travers les œufs de Pâques.
Le premier œuf a été conçu sur la demande du tsar Alexandre III, pour sa femme l’impératrice Maria Fédorova, connu sous le nom Œuf à la poule.
Je suis l’un des cinquante quatre œufs impériaux.
Je suis aussi rare que luxueux, composé d’or, d’améthystes ou encore de diamants. Majestueux, je trône sur un socle incrusté de pierres précieuses. Je suis l’œuf de l’amour interdit offert, en cadeau d’adieu, par le tsar Nicolas II à Mathilde Kschessinska, sa maîtresse. Il était tombé éperdument amoureux de cette célèbre danseuse polonaise, à la beauté envoûtante, qui lui donna un fils.
Cette liaison, peu conventionnelle à la Cour, prit fin le jour des noces de Nicolas II avec Alix de Hesse-Darmstad, l’impératrice Alexandra Fedorovna.
Après cette idylle secrète, Mathilde me conserva jalousement, j’étais le joyau de sa vie. Chaque matin et soir, elle insérait un minuscule pic en or, qui ouvrait et refermait les deux parties invisibles de ma structure, au son d’une douce mélodie romantique.
J’étais devenu le gardien du secret du tsar, qui avait eu l’idée de dissimiler une parure de bijoux pour sa bien-aimée, bague, collier, boucles d’oreilles sertis de brillants aux mille reflets.
Au début de la révolution, Mathilde se réfugia dans un premier temps à Vienne, chez une de ses sœurs. Je trouvais ma place, dans une des malles, précieusement enveloppé, au milieu de soyeux jupons de dentelles à l’abri des regards.
Mon périple ne s’arrêta pas là. Après l’assassinat du tsar et de sa famille, Mathilde décida de rejoindre la France. Durant des jours, bercé dans un luxueux wagon de l’Orient-express, je redevenais le centre d’intérêt de ma jolie maîtresse qui se paraît de ses plus beaux atours.
J’avais disparu de la Russie, mais je roulais vers d’autres aventures.
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ROMANCE à VIENNE
 
Mon cœur est en émoi depuis que j’ai découvert, cachés dans le secrétaire de mon père Vladimir, les carnets intimes et de voyage de mon illustre grand-mère.
Babouchka a été pour moi, jusqu’à quatre vingt dix neuf ans, l’héroïne de mon enfance, de mon existence.
Qui n’a pas rêvé, un jour, de vivre un conte de fée. J’ai eu la chance d’avoir à mes côtés, Mathilde Kschessinka, une danseuse célèbre, maîtresse du Tsar Nicolas II de Russie dont mon père est le fruit de leur amour. Elle est devenue princesse en épousant mon Deduska  : Andreï Vladimouritch.
Cette jolie femme cultivée, libertine pour l’époque, m’a donné l’envie d’apprécier tous les plaisirs de la vie, dont celui de voyager.
La première étape de sa fuite de Saint-Pétersbourg fut de se réfugier auprès de sa sœur Katia, en Autriche.
Je suis arrivée à Vienne, j’ai laissé à l’hôtel le précieux carnet de voyage si présent dans mes pensées.
Le taxi m’a déposée devant le Palais de Hofburg dont la magnificence dépasse les écrits.
 
Forteresse médiévale, sa construction a débuté au treizième siècle. Elle fut agrandie jusqu’au vingtième siècle d’où le mélange des styles : gothique, baroque, renaissance, rococo. Situé en centre ville, il est le plus grand palais du monde. Il fut le lieu de vie, de travail, de la famille impériale durant près de six siècles jusqu’en mille neuf cent dix-huit, fin de la monarchie.
Impressionnante bâtisse, aux colonnes sculptées, aux dômes verts arrondis, la visite commence par une entrée drapée d’immenses tentures rouges festonnées de dorures.
Des escaliers de marbre beige desservent les vingt pièces à visiter. Les lustres en cristal de Bohème scintillent sous mes yeux éblouis par autant de richesses. La visite est un enchantement. Les appartements de l’empereur François-Joseph et de l’impératrice Elysabeth de Bavière plus connue sous le nom de Sissi, sa robe de mariée, ses toilettes, sa salle de bain, j’ai l’impression de revivre les scènes des films retraçant l’histoire de cette jeune femme devenue impératrice par amour.
Dans l’aile la plus ancienne du palais, la salle des trésors, signalée par le guide « les plus importants au monde », la couronne impériale autrichienne, les joyaux du Saint-Empire romain, les bijoux de l’impératrice et la collection d’argenterie, le tout soigneusement protégé et entretenu.
Du rêve à la réalité, le jardin et sa serre aux papillons où cent cinquante espèces volent en liberté. La chapelle, une école d’équitation et le centre de congrès, résidence actuelle du président de la république.
Transportée dans un autre monde, imaginant ma célèbre grand-mère dansant devant la noblesse autrichienne, je bouscule brusquement un des visiteurs du groupe qui me retient.
De grands yeux noirs, une moustache qui me laisse entrevoir un sourire malicieux, un échange d’excuses avec un accent inconnu… fin de la visite.
 
Pourquoi soudain ces larmes qui me viennent
Quand j’écoute les Valses de Vienne,
On peut croire que cette musique me peine
Non ! Juste de beaux souvenirs me reviennent.
 
PAMUKKALE * Le château de coton*
 
Mon cœur bat au rythme des pas de cette Valse Viennoise de Johann Strauss. Cette rencontre au Palais de Hofburg, tout aussi inattendue qu’enivrante, change mes projets de suivre le carnet de voyage de ma célèbre Babouchka. Elle doit applaudir mon idée de partir visiter la Turquie.
L’avion prend de la vitesse, il quitte le sol. Mon corps se détend, j’incline mon siège de velours rouge, tourne ma tête, nez collé au hublot. Je souris à l’image de Paris miniaturisé. Juste le temps d’apercevoir les reflets argentés des méandres de la Seine et la Tour Eiffel étincelante qui se détache dans le ciel orangé de cette soirée estivale. Des bulles fraîches, pétillantes éclatent dans ma bouche, je savoure la moindre gorgée de ce champagne euphorisant.
La descente est amorcée, le spectacle est grandiose, la ville d’Izmir s’étend au bord de la Mer Égée, le dôme des mosquées s’impose, rutilant. Inquiète, je suis le flot des arrivants, récupère ma valise, me dirige vers la sortie. Une chaleur moite m’enveloppe, le brouhaha de l’aéroport m’étourdit. Nos regards se croisent, il est là, je suis dans une bulle silencieuse. Notre étreinte a un goût de miel. Ma main se cramponne à la sienne, jusqu’à la voiture. Je découvre émerveillée le panorama, commenté par Ilhan avec cet accent qui m’a séduit dès le premier instant.
Sur la terrasse de l’hôtel, face à la mer, le murmure des vagues m’entraîne à la rêverie. J’inhale l’air iodé mélangé aux senteurs de fleurs et de plantes environnantes. Au réveil, départ pour Pamukkale. Tout le long du trajet, la découverte de la Turquie est un enchantement. Tous les plaisirs et les trésors du monde sont réunis pour laisser, par écrit, des souvenirs impérissables.
WAOUH ! Je reste bouche bée devant ce cadeau de la nature.
Pamukkale, le château de coton, un décor irréel fait de forêts minérales, de cascades pétrifiées, de stalactites et d’une succession de vasques en gradins aux eaux turquoises.
La dynastie des Attalides, rois de Pergame créa la station thermale de Hierapolis. Ce site abrite des ruines, des temples et d’autres monuments grecs vers lesquels nous nous dirigeons. Malgré un tremblement de terre, les vestiges de l’époque gréco-romaine comprennent des bains, un amphithéâtre, une arche monumentale, un nymphée et une nécropole. Deux heures de visite dans cette ville devenue, avec ses nombreuses églises, un important centre religieux de l’Empire romain d’Orient.
Pause déjeuner de délicieuses saveurs turques. Légumes farcis (dolma) accompagnés d’une salade de lentilles rouges parfumées d’oignons verts, de fines herbes, ail, citron, tomates. Feuilletés croustillants en forme de cigares à la viande (bôrek) gras, mais croquants et épicés. Le tout servi avec une sauce blanche acidulée et une galette tiède, fine et molle. Pâtisseries tièdes, fondantes, qui laissent mes lèvres sucrées. La boisson traditionnelle, le Raki, servie avec de l’eau plate se révèle être plus alcoolisée que je ne le pensais. Son goût anisée sublime mes papilles asséchées, pourquoi donc s’en priver ! J’adore me laisser griser.
Voilà enfin le moment tant attendu, les chaussures dans le sac à dos, en short, ou bermuda, nous entamons l’escalade de la montagne de coton. Première sensation, une surprenante chaleur de plus de 38 degrés nous paralyse dès les premiers pas. La texture du sol est surprenante, elle est d’une éblouissante blancheur, tantôt dure, collante, ou glissante par endroit. Les eaux chargées de calcite, provenant des sources chaudes jaillissent de la falaise, jamais au même endroit, provoquant de grands éclats de rire quand elles surgissent devant nous. Chacun ressent des sensations différentes. J’éprouve des fourmillements, des chatouilles et je me sens aspergée par une pluie fine qui s’infiltre sur mes vêtements. Je me retrouve le débardeur blanc mouillé, source d’amusement ! L’eau turquoise des vasques est brûlante, nos mains rougies sont pourtant d’une douceur extrême.
Deux cents mètres plus haut, nos efforts sont récompensés par un pur moment de délassement. Affaires personnelles dans les casiers, nous terminons la balade en maillot dans les eaux effervescentes chauffées par dame nature de la piscine Cléopâtre. Un jacuzzi insolite, au fond duquel la prudence est de mise, de nombreuses ruines jalonnent le parcours. Ce plan d’eau, aux geysers inattendus, comparable à une rivière, est entouré d’arbres aux fleurs chatoyantes et parfumées, sur lesquels les oiseaux pépient.
Le circuit passe sous des ponts où l’on renifle parfois des effluves de souffre. Rien de désagréable.
Fin du parcours ! Impossible de trouver les mots pour qualifier le paysage qui s’étale devant nous, à perte de vue.
Un instant de bonheur qui rapproche nos visages pour un tendre baiser.
Nous quittons, à regret, ce paradis sur terre. Demain Istanbul nous attend avant le retour à Paris.
...
LE TANGO ARGENTIN
 
Ce soir dans le seizième arrondissement, non loin du Trocadéro, l’ancienne école de danse créée en 1929 par Mathilde Kschessinka, mon aïeule, dont la plaque est gravée à l’entrée, reçoit le tout Paris pour un spectacle de Tango Argentin.
Ce lieu mythique des années trente est devenu aujourd’hui le Cabaret Nikita, un des joyaux de l’aristocratie russe. Il a gardé l’image des fastes d’antan, avec ses dorures, ses miroirs, ses fauteuils rouges. Selon les soirées, un traiteur renommé adapte les saveurs en fonction du pays.
Ce spectacle a une résonance particulière pour ma famille. Danseuse réputée, Babuska avait eu, lors d’un de ses voyages, le coup de foudre pour le tango argentin. De nombreuses photos témoignent de cet engouement pour cette danse, interdite à l’époque, jugée trop érotique.
Cette musique a bercé mon enfance. J’ai écourté mon voyage en Turquie pour assister à cet événement. Dans une heure, la troupe de danseurs de Buenos Aires nous entraînera dans ce pays où le tango est le flambeau d’un patrimoine conservé intact.
Privilège familial, j’ai la chance de me trouver assise au bar lors de l’ultime répétition. Je suis envoûtée par ce défilé de danseurs qui développent des qualités insoupçonnables. La posture, l’équilibre, le lâcher-prise, la grâce et la sensualité, particulièrement chez l’un d’entre eux qui accapare mon regard. L’homme est grand, mince, ses yeux sont noirs, une barbe naissante, sa chevelure luisante attachée en une fine queue de cheval. Vêtu, comme les autres danseurs, d’un costume sombre, d’une chemise à fines rayures, rehaussé d’une cravate jaune vif, il est fascinant.
La musique s’arrête, les danseurs se dispersent sauf ce bel hidalgo qui s’approche de moi !
- Mis respetos Senora ! (en me baisant la main)
- Hablas Espanol ?
Surprise, intimidée je réponds un non de la tête.
Il lance la suite de la conversation en français avec un accent envoûtant.
- Désolée Madame, j’adore votre langue mais elle est difficile.
- Juan-Carlos Copes ! dit-il en s’inclinant, puis ajoutant :
- Je sais que vous êtes la petite fille de la célèbre danseuse Mathilda, grand amour de mon grand-père Juan.
La conversation s’engage, je l’écoute ébahie par ces révélations.
- Vous dansez le tango Senora ?
Rougissante je réponds :
- Oui, mais pas le tango argentin !
- Je vous laisse à regret, je vous retrouve après le spectacle.
Il me baise la main, sourit malicieusement.
Je suis sur un nuage ! Les projecteurs multicolores sillonnent la salle, les invités prennent place, je rejoins ma table au bord de la piste.
L’orchestre s’installe : bandonéon, cordes, piano, guitare. Costumes et cravates blanc cassé, chemises noires, chaussures deux tons, les musiciens ont fière allure.
Dès les premières notes tout mon corps frissonne. Les danseurs évoluent sous mes yeux. Je ressens leurs plaisirs, leurs sensations, leurs émotions liées à la musique. Un mélange d’amour, de mélancolie, de joie, de contrariété, une certaine violence aussi, grâce à une intense fusion corporelle qui se dégage des partenaires.
Les femmes sont de toute beauté. Robes à bretelles, en lamé ou soyeuses, fendues sur un côté laissant deviner les délices féminins. Le Tango Argentin est une danse de glisse, sensuelle. Les pas sont courts, doux, les jambes se frôlent en harmonie par des mouvements intimes.
Dans la salle les hommes sont éblouis, émoustillés, les femmes soupirent …
Un tonnerre d’applaudissements récompense les danseurs pour ces deux heures de séduction.
Le champagne coule à flots, le buffet aux saveurs exotiques ensorcelle nos papilles. Retour de l’orchestre, la soirée continue, place aux danses de salon. Les couples se forment pour une valse, un slow fox-trot, une rumba, un paso-doble. Aux premières notes de la Cumparsita, Juan Carlos, habillé de blanc, me prend la main, m’enlace la taille. Il m’entraîne sur la piste pour un inoubliable tango.
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LE CARNAVAL de NICE
 
Une débauche kitsch de costumes, de décors, de mascarades et de défilés de chars tous plus impressionnants, rutilants les uns que les autres. Cette parade est menée par le groupe Nissa la Bella, qui défile avec, mauros, cantinières et instruments en cougourdons au sons cristallins mais généreux.
Il est suivi de sa Majesté Carnaval qui représente tout l’imaginaire d’une quête autour du monde et de ses trésors. Cette année, le Roi est plus que séduisant. Notre Sire, haut de huit mètres est blond, barbu et moustachu, aux yeux verts joliment plissés et au sourire en coin. Assis sur le Colisée, ses jambes musclées encadrent le Taj Mahal. Derrière lui se dresse Big Ben. Sa main gauche brandit l’obélisque de la Concorde tandis que la droite tient une pyramide, autour du cou la muraille de Chine. Le Roi est prêt à faire des ravages auprès des courtisanes énamourées. Il avance sous les cris et les applaudissements assourdissants s’élevant des tribunes. Il a le privilège d’être entouré par la Ciamada Nissarda qui fait revivre la tradition du paillassou, avec danses et farandoles sur des airs folkloriques du répertoire niçois.
Et voilà la fanfare de Nice avec le boum boum des tambours aux sons secs, puissants qui marquent la phase des thèmes musicaux. Les fifres ou sifflets aux sons très aigus, les violons à la sonorité éclatante, brillante, envoûtante, le cornet à piston généreux et la timbala (grosse caisse) frappée à la main par une mailloche en cuir qui donne un air grave, assez chaleureux. Un tintamarre assourdissant qui se mélange aux cris et hourras provoqués par la brigade des agitateurs de tribunes qui excitent la foule.
Le ciel indigo est animé d’étoiles scintillantes, un parfum de rêve pour cette soirée carnavalesque. Le vent froid n’est pas ressenti, collés les uns aux autres sur ces gradins inconfortables, il chatouille juste notre nez d’odeurs sucrées de barbe à papa, ou de chocolat chaud.
Soudain, mon cœur bat la chamade. Immense, flamboyant, le char de l’œuf de Fabergé violet se détache sous les projecteurs qui sillonnent la place Masséna. Un objet précieux ramené de Russie par ma Babouchka, qui fait encore partie de notre trésor familial. L’œuf est ouvert, sur la partie basse, une piste de danse aux doux reflets lumineux couleurs pastels. Des airs de Cumba, aux sons simples et enivrants, de Cuarteto, musique populaire au rythme allègre et actif, dirigés par l’orchestre argentin présent au Carnaval de Nice. Des mélodies à la clarinette, accordéon ou guitares qui permettent à la troupe de Buenos Aires de virevolter devant nos yeux ébahis. Le bandonéon prend le relais pour une danse qui fait frémir tout mon corps. Dès les premières notes du tango argentin, un souffle sensuel s’envole sous une pluie de confettis et d’applaudissements.
Après notre rencontre à Paris, Juan-Carlos m’a fait un cadeau royal, il est là, beau comme un astre. Sa partenaire, à la tenue provocante, malgré le balancement de sa tête, a pour lui, un regard étrange et pénétrant qui provoque, en moi, un léger pincement.
La musique est le reflet de l’âme, elle efface mes angoisses et me fait sourire. Ce soir elle est souveraine, les paroles sont vaines, le son est brillant, coloré. La nuit, je le sais, aura un attrait magique celui d’un murmure enchanté. Le désir doit vibrer tel un concert aux notes tendres et romantiques.
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PRÉCIEUX TRÉSOR
 
Le journal intime de mon aïeule russe m’a invitée à voyager. J’ai eu la chance de visiter des sites merveilleux, riches par leur culture, leur histoire.
Ma vie a été, jusqu’à aujourd’hui, un filon inépuisable de rencontres où j’ai mêlé amour, tendresse, affection, amitié. J’ai conservé, au fond de ma mémoire, le faste d’un passé impérial, lu au fil des pages de ce précieux carnet.
J’ai soigneusement rangé, dans une malle, les souvenirs achetés dans chacun des pays, des albums-photos, des lettres et des recueils de poésie, une de mes passions.
Tous ces trésors qui laisseront une trace, après mon envol vers les étoiles.
Dès demain, je pourrai choisir de partir pour de nouvelles aventures. Mais j’ai envie de faire une pause.
J’écoute ma petite voix intérieure. Je sens que mon cœur bat au rythme de l’Amour que je porte à mes proches. La richesse est là, tout près de moi.
 
 
Josiane MARTINO
 
 

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Rédigé par Josiane

Publié dans #Trésors du monde

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Publié le 18 Février 2023

 
Le journal intime de mon aïeule russe m’a invitée à voyager. J’ai eu la chance de visiter des sites merveilleux, riches par leur culture, leur histoire.
Ma vie a été, jusqu’à aujourd’hui, un filon inépuisable de rencontres où j’ai mêlé amour, tendresse, affection, amitié. J’ai conservé, au fond de ma mémoire, le faste d’un passé impérial, lu au fil des pages de ce précieux carnet.
J’ai soigneusement rangé, dans une malle, les souvenirs achetés dans chacun des pays, des albums-photos, des lettres et des recueils de poésie, une de mes passions.
Tous ces trésors qui laisseront une trace, après mon envol vers les étoiles.
Dès demain, je pourrai choisir de partir pour de nouvelles aventures. Mais j’ai envie de faire une pause.
J’écoute ma petite voix intérieure. Je sens que mon cœur bat au rythme de l’Amour que je porte à mes proches. La richesse est là, tout près de moi.
 

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Publié le 18 Février 2023

 

LE TRAIN DE WALLRICH

Perdu dès 1942 après avoir été abandonné lors d'un bombardement sur la ligne de front en Alsace, les Allemands qui devaient me convoyer jusqu'à Berlin furent anéantis. Les combats d'une rare violence persistaient dans cette région. Plusieurs bataillons allemands ou alliés se trouvèrent face à face, avançant ou reculant jusqu'à la retraite de l'armée d’Hitler. Le train, oublié d'abord, disparut comme par enchantement. 1943, des mercenaires bien renseignés volèrent tous les trésors entassés dans les wagons. Après plusieurs jours d'errance nous nous retrouvâmes dans les Alpes-Maritimes, enfouis dans une grotte d'une proche colline. Des travaux de terrassement furent entrepris pour pouvoir nous enfouir, puis la grotte fut murée. Des années plus tard, une bande de jeunes munis d'une corde essayèrent de pénétrer à l'intérieur. Ce devait être des amateurs car ils n'étaient pas équipés pour cette aventure. Après cet échec ils ne revinrent pas. Ils sont tout de même arrivés près du but car on nomma cet endroit : grotte des "grattas pignatas".

NICE

Quittant les grottes, nous avons fait une halte au bistrot du coin pour boire une limonade. Le patron, après nous avoir écouté, nous indiqua d'autres lieux à explorer sans danger. Le dimanche suivant nous partîmes de la place du port pour une ballade jusqu'à l'embouchure du Var. Après une génuflexion et un signe de croix sur les marches de l'église, nous nous dirigeons vers le monument aux morts. Édifice construit dans les années 1924 pour honorer les morts de la guerre 14/18. Édifié en pierres blanches au bas de la colline du Château, toutes les commémorations se font à cet endroit. Face à lui, à droite de la digue, un emplacement réservé pour les bennes qui viennent déverser dans la mer les ordures ménagères de la ville. J'ai assisté une fois, ébahi, à cette manœuvre. Nous empruntons la rue Rauba Capeu, le virage du même nom. Nous longeons les maisons basses du quai des États-Unis car l’accès aux terrasses est fermé. A notre gauche la mer évidemment, les bains de la police, la plage des Ponchettes ou les pêcheurs tractent les pointus sur les galets. L'Opéra Plage face à l'arrière du bâtiment, plus loin Beau Rivage puis l'embouchure du Paillon. A quelques pas, le merveilleux casino de la Jetée construit en 1882, et démoli par les Allemands avant la débâcle. Début de la promenade des Anglais avec le Rhul, grand hôtel, plus loin le Palais de la Méditerranée, suivi par le Négresco, limite de la ville. Quelques petites villas jusqu'à Magnan, des îlots d'habitations comme Carras, Ferber, les collines avec les orangers, citronniers. La route se rétrécit, une rangée de pins parasols est plantée en séparation d'un aéroport avant l’embouchure du Var. Un virage serré à droite, et en bordure du fleuve, un hippodrome.

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LES VILLAGES
 
Tel un kangourou, je fais un bond des années 1950 à un nouveau siècle. De mes randonnées à vélo me reviennent des sensations que je croyais oubliées. Aujourd'hui je vous amène de Nice nord à Gairaut. Je laisse sur ma droite les deux kilomètres le long du canal. Lorsque les vannes sont ouvertes l'eau s'écoule lentement, prenant son temps, sinuant en couple avec le chemin prisé par des promeneurs ou autres sportifs adeptes de courses à pieds.
Coté nord des arbres d’essences différentes le bordent. Selon la saison, ce sont des pins qui bourgeonnent sans bruit. Les aboiements de chiens troublent un peu ce moment agréable où l'on assiste au lever du soleil sur la Méditerranée. Coté est du canal quelques figuiers hésitent à s'éveiller car les saisons sont chamboulées. Les mûres noires des buissons sèchent avant leur maturité à cause de la sécheresse. Les plaqueminiers le vivent mieux. Si les kakis sont de petits calibres, ils sont délicieux. Les couper en deux et mordre à pleines dents dans cette chair orange est un pur bonheur pour le palais.
Je me suis égaré, je voulais vous amener voir les chutes d’eau de la cascade de Gairaut et l'église avec son cimetière où est enterré l'ancien maire de Nice, Mr Jacques Médecin. Nous y reviendrons par beau temps car aujourd'hui la pluie menace. Je continue ma grimpette sur une route sinueuse qui m'amène à Aspremont, charmant village qui domine la plaine du Var, et carrefour de plusieurs petites routes. La pluie menace mais nous avons le temps d'arriver à Saint-Blaise. Dominant le village, un moulin à huile construit au 18ème siècle, restauré en l'an 2002, pour permettre les visites. Mais mon but est surtout la charmante chapelle à l'entrée du village. Que des bonnes ondes, un havre de paix.
Un temps de recueillement et direction Levens où nous débouchons sur le grand pré. Qu'elle est ma surprise quand je reconnais mon âne Cadichon qui m'avait accompagné il y a quelques années dans certaines péripéties ! Je vous amène en haut du village où une piscine dominante a été construite dans les années 1950 alors qu'elles étaient très rares dans les villas qui commençaient à se bâtir.
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RESSENTIMENT
 
Nice, ville de carnaval ! Mais que reste-t-il du carnaval populaire, grotesque volontairement, créé pour les Niçois du peuple, personnages rustiques. Je ne suis pas contre le progrès, le changement. J'ai assisté au fil des ans à son évolution, les cavalcades ont disparu mais les chars sont devenus des œuvres d'art. Les grands panneaux noirs ont encerclé de plus en plus la place Masséna au pied de laquelle ont poussé des gradins pour touristes fortunés. De fête populaire le carnaval est devenu interdit aux Niçois. Les anciens n'y vont plus. Les plus jeunes s'essaient à resquiller, mais impossible, les forces de l'ordre encerclent tout le parcours du défilé.
Malheureusement, un certain soir de 14 juillet, ils étaient ailleurs. Oui, la ville s’embellit, la promenade du Paillon est une réussite, le changement s'accélère. On démolit des théâtres construits quelques années auparavant. On plante de la verdure le long des trottoirs pour compenser tant soit peu le bétonnage de l'ouest de la ville.
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Ils sont venus à Nice pour voir et entendre le carnaval. Ils ont payé cher pour des places dans les tribunes. La musique envahit la place Masséna bien avant le défilé. Des bruits haut perchés, des sons d'instruments inqualifiables dans ce brouhaha. Évidemment chaque char, chaque groupe a son orchestre. Les oreilles morflent, car peut-on encore nommer musique cet entrelacement de sons d'instruments différents qui ne jouent pas le même morceau. Heureusement il y a les lumières vives, violentes, les couleurs chamarrées des personnages plus que grimées qui circulent en se faufilant entre les chars. Le roi du carnaval est magnifique, habillé richement de vêtements multicolores, animé par une machinerie invisible mais efficace, il salue ses sujets du haut de son trône.
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Relisant mes deux derniers essais sur le carnaval, je m'aperçois que je n'ai pu m’empêcher de critiquer. La critique, mon gros défaut. Sachant que le carnaval va être plébiscité, je me plais à souligner les envers du décor. Si les jeunes de mon époque ont connu l'après-midi des plâtres, l'évolution des grimaces en sourires, la construction des chars et les groupes en œuvres d'art laissent un peu dubitatif. Le but et la finalité de ces festivités est tout autre qu'à l'origine.
Mercredi 15 février je suis allé sur la place Masséna pour admirer les deux chars du roi et de la reine. Bravo aux carnavaliers. Je suis reparti par le boulevard Jean Jaurès. A nouveau ces panneaux noirs que j'exècre. Même pas quelques miettes pour le peuple. Les Niçois qui le peuvent se sont exilés vers les stations de skis qui en ont fait leurs choux gras.
 
Louis NARDI
 

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Rédigé par Louis

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Publié le 18 Février 2023

 
INDESTRUCTIBLE
 
« Élégant, gigantesque, robuste, indestructible, Rome a-t-il construit une œuvre pareille ? »
C'est ce qu'a déclaré Cléopâtre lorsqu'elle m'a présenté à César. C'est la seule fois où j'ai cru apercevoir un semblant de sourire sur son visage. Je m'en rappelle encore. Je suis le phare d'Alexandrie construit en 300 avant JC. Voilà seize siècles que j'existe.
Je ne suis pas encore une des merveilles du monde, mais tout le monde m'admire.
Il faut dire que les dieux se sont penchées sur mon berceau. Le plus grand mathématicien jusqu'à aujourd'hui, Euclide, a mis en application son postulat de géométrie tout en guidant l'architecte dans ma construction. Équilibre, inébranlable, proportions sans failles pour les trois étages...
Bon ! J'arrête il vaut peut-être mieux vous raconter mon histoire !
Le soleil se lève dans la douceur de l'orient lumineux. Les pierres s'animent...
Les meilleures pierres de granit d’Égypte, les clavetages en plomb fondu les plus judicieux pour assembler ce mastodonte.
Un premier étage carré, pyramidal de soixante-dix mètres de hauteur.
Une rampe intérieure accessible aux hommes et aux bêtes pour approvisionner en papyrus, herbes sèches, huile de combustion le deuxième étage octogonal de trente-quatre mètres où tout est transporté à dos d'hommes vers le troisième étage cylindrique. Et là brûle le feu permanent, de jour comme de nuit, visible cinquante lieues à la ronde.
Cent trente cinq mètres de hauteur, vous vous rendez compte du jamais vu !*
Il faut dire que la côte ici est plutôt plate, rectiligne, parfois même elle se confond avec un mirage, mais les récifs tranchants, immergés sont bien là pour rappeler qu'il ne faut pas la longer mais bien s'en éloigner.
Tous les capitaines de navires savent depuis des siècles qu'il faut rester en mer jusqu'à ce qu'ils m'aperçoivent. Alors il faut naviguer face à mon repère, manœuvrer à quatre-vingt dix degrés et se diriger vers ma lueur salvatrice.
Combien de cris de joie ai-je entendus lorsqu'ils franchissent la passe de l’îlot de Pharos où l'on m'a construit et apportent toutes sortes d'offrandes à la statue gigantesque de Ptolémée pour le remercier de sa bienveillance.
Finis les dangers, les angoisses. Je suis là sous la protection de Zeus pour apporter espoir et salut aux navigateurs.
Je suis une légende vivante. Les tempêtes de Méditerranée, ciel noir, coups de tonnerre, éclairs, déferlantes, Poséidon sait bien qu'il y aura toujours LE phare d'Alexandrie pour guider ces malheureux à bon port !
Encore une journée passée avec le bonheur d'entendre les clameurs de l'équipage de ce « nave onerariae » chargée de marchandises passer le goulet de Pharos.
Le soleil se couche dans le rougeoiement de quelques nuages épars. Les vaguelettes s'alanguissent le long du quai nord. Le vent de la mer arrive avec son murmure caractéristique. La nuit s'installe, calme. Un air d'éternité...
Un grondement sourd venu d'on ne sait d'où s'installe, s'amplifie. Les vaguelettes s'agitent… frétillent... Sur le quai nord des fissures apparaissent… Quelques clavettes en plomb fondu s'échappent… Ptolémée vacille. Nous sommes en 1303...
* Il faudra attendre des siècles avant qu'un gratte ciel de New-York le surpasse avec le « Singer Building » et ses 187 mètres. Construit en 1908 et démoli en 1968 !
VOL DE COLOMBES
 
Je relis le texte sur le phare d'Alexandrie, merveille du monde qui n'existe plus, et je me dis que des merveilles du monde qui existent il y en a encore.
L’Italie toute entière ressemble à un musée à ciel ouvert, c’est bien connu.
Firenze, Cremona, Gubbio, Venezia, Roma et son Colisée...
Je potasse l'Italie, la vraie, celle de l’empire, celle de la ville éternelle, celle des ruines, des colonnes tronquées, des arcs de triomphe. Celle des hommes aussi mais figés dans le marbre, prenant des postures autoritaires, comme celle des femmes vêtues de draperies sensuelles pour l’éternité.
C'est décidé nous irons à Rome.
Nous y arrivons en traversant une série de vallons et collines. Le soleil est déjà haut pour cette heure matinale. L'air est doux. La lumière intense. Brouhaha anarchique d'une grande ville du Sud. Tri-porteurs pétaradants zigzaguant d'un bord de la route vers l'autre. Les marques sur la chaussée étant le dernier souci de tout le monde !
De grandes artères et soudain il apparaît impressionnant, majestueux gigantesque... colossal.
J'imagine très bien quelle a dû être la sensation des Romains à l'époque de sa construction. Le Colisée est face à nous. Prouesse d'architecture. Génie des architectes romains. Les arcades encore parfaites, malgré les dégradations du temps, se superposent sur quatre étages, imposantes, majestueuses Elles abritent toujours couloirs, escaliers, gradins. Les sous-sols rivalisent d'ingénuité avec cages et monte-charge actionnés par cordes et poulies qui amenaient directement dans l'arène centrale les animaux sauvages face au Secutor, Gladiateur avec glaive, casque, bouclier long et jambières ou Rétiaire avec filet, trident, casque et poignard, quand ils ne s'opposaient pas l'un face à l'autre. Un pouce vers le haut ou vers le bas et une vie était sauvée ou pas face à des milliers de spectateurs. Du sang. Beaucoup de sang. C'est ce qui plaisait à l'époque. On peut critiquer, bien sûr, ces mœurs heureusement disparues. N'oublions pas aussi ces premiers chrétiens suppliciés mais dont l’extrême dénuement a été reconnu plus tard.
Mais les blocs de travertin ayant servis à la construction de cet ensemble reflètent, encore, la splendeur de la Rome antique et on ne peut qu'en être admiratif.
Le rayonnement du Colisée a dépassé les frontières de la « mare nostrum ». Le cinéma a fait le reste. Il est maintenant connu dans le monde entier.
Fellini Roma, Vacances Romaines et tant d'autres. Pour ma part je préférerais la fontaine de Trevi de La Dolce Vita mais la vedette qui s'impose, c'est l’œuvre millénaire...
Tout près, les cloches de l'église Santa Maria di Loretto s'égrennent, diffusant comme un parfum de tranquillité après tant d'agitation.
Là-haut, tout là-haut sur ces arcades qui ont traversé 2000 ans, un vol de colombes se pose à la recherche d'une goutte d'eau.
La voilà la merveille que je cherche.
L'AVENTURE
 
Un coup de fil de Marc m'avait surpris.
-Vous êtes toujours en vacances en Italie ?
-Oui, oui, nous sommes à Rome et on n'arrêterait pas il y a tant de choses à voir !
-A Rome ? Nous arrivons demain à Ancône avec « L'aventure ». On vous attend. On rejoindrait Venise par l'Adriatique, et on visiterait la Sérénissime en canoë, ça vous tente ?
Je me suis laissé séduire par ce voyage hors du commun, proposé avec tant de conviction par mon ami Marc.
-« il faut toujours viser la lune car en cas d'échec on atteint les étoiles »
Toi alors avec tes phrases... Tu la sors d'où celle-là ?
-Peu importe, alors, on vous attend ?
Nous venons d’arriver à Venise avec « L’Aventure », voilier de onze mètres, piloté par Marc et amarré au petit port de l’île San Giorgio Maggiore, face à San Marco. Deux canoës à fond plat et l’annexe à moteur du voilier sont mis à l'eau et vont assurer l’intendance du périple.
En face, la place Saint Marc avec encore quelques lumières et ses gondoles amarrées qui se balancent mollement. Derrière, la Chiesa delle Zitelle et son jardin chargé de fleurs et de pergolas croulantes sous les vignes. A gauche le Grand canal et sa perspective jusqu’au « Ponte de l’Accademia ». A droite la lagune avec l’échappée vers la « Punta-Sabbioni » et le Lido. Les oiseaux se réveillent… Leurs chants se superposent… C’est le cœur de l’aube. Nous débutons notre odyssée !
Le voyage vers Dorsoduro et la « Dogana-della-Salute » est plutôt difficile. La traversée du canal San Marco très dangereuse car très fréquentée. Vaporetti, motoscafi, motonave, Riva-taxi circulent dans tous les sens, agitent l'eau du canal, ronflent, éclaboussent, nous bousculent. Les pilotes Vénitiens ont le sens de l’esquive dans ce qui semble être une anarchie de navigation. Des bacs à deux pontons relevés, du type transport sur le Mississippi, véhiculent voitures et camions du port de Venise vers le Lido avec force coups de Klaxons. Cette apparition me rappelle le film Show Boat de la MGM en 1951.
Décidément, ici tout retient le souffle !
Les deux canoës sont à la remorque de l’annexe à moteur de « L’Aventure » et suivent la riva degli-Schiavoni. Passent face au Palazzo Danieli, fameux hôtel cinq étoiles aux sols en marqueterie de marbre, aux salons avec tapisseries murales et lustres en cristal. Le Harry’s bar près des Giardini Reali, rendu immortel par Ernest Hemingway (Mais quel bar cet écrivain n’a-t-il pas fréquenté ?). Le Palazzo Ducale apparaît avec ses colonnes en marbre sur deux niveaux, lumineuses, imposantes. Puis, est atteint le « passage protégé » recherché où traversent ces longues gondoles avec passagers debout. Nous l'empruntons prudemment derrière les Traghetti. Le grand canal est remonté jusqu’au ponte dell’Accademia. Musique par-ci, brouhaha par là, rires, craquement des marches en bois du pont, nous ne savons plus vers où regarder. Ici la densité de palais et de musées est impressionnante. Nous sommes surveillés par Véronèse, Bellini, Tiepolo, Tintoretto, Ernst, Calder.
Paola qui connaît le grand canal comme sa poche décrit chaque palais rencontré : Palazzo Gritti, transformé en luxueux hôtel avec ses parquets en chêne clair et acajou, ses chambres aux moquettes épaisses. Rio dell’albero, canal d’accès à la Fenice pour élégantes et élégants (arriver à la Fenice, le jour d’un concert, par la façade sur le Rio dell’albero est ici un must !) Palazzo Barbaro qui abrita Monet et sa bibliothèque en ronce de noyer éclairée par des fanaux de trirèmes vénitiennes du dix-huitième siècle. Un peu plus haut, l’ambassade d’Allemagne où ont été tournés les différents épisodes de la série TV « Commissaire Brunetti ». Je regarde défiler les fenêtres de tous ces palais. Je rêve lorsqu’un grand lustre apparaît au travers d'une fenêtre à serliennes dans l’ombre un salon élégant. On ne perçoit aucun son, mais mon imagination entend les conversations, la musique, les verres de cristal qui tintent, l’explosion des bouchons de champagne…
Passé le ponte dell’Accademia, le rio San Barnaba conduit au petit marché du même nom où accostent des bateaux à fond plat croulant sous des monticules de fruits et légumes. Station obligatoire, immersion dans un monde de cris, de vacarmes, d'interpellations amusées, de parfums de fleurs, de fumet de cafés, d’épices. Régal des yeux face aux contrastes de couleurs des étals de poissons. Harangue des vendeurs de cœurs d’artichauts (carciofo), cette denrée si prisée et si fragile. On apprendra de la vendeuse, très cultivée, que Federico Fellini qui détestait Casanova, lui fit dire que son cœur d’artichaut était en réalité un cœur de castrat (un cuore di castraura). Pas fait pour les voyageurs pressés. Personne ne se bouscule, en permanence des scusi, scusi avec le sourire.
On s'éloigne un peu à regret. Le rio de San-Trovaso conduit au dernier chantier naval artisanal de conception et de réparation des gondoles.
Une visite des ateliers avec Stefano, le responsable du site, nous révèle la particularité des gondoles plus longues d’un côté que de l’autre. Cette dissymétrie, nous explique-t-il, est équilibrée par le poids du gondolier. Paola et Vincent s’intéressent particulièrement à cette pièce qui supporte et guide la rame du gondolier (la forcola) et qui leur épargnerait tant d’efforts. Je caresse ce bois lisse, doux, arrondi à souhaits, sensuel. Stefano nous conseille de partager son repas à une trattoria (un bacaro) du quartier autour d’un risotto « come fatto a casa » et d’une (voir plusieurs) bouteilles de Soave, ce vin sur treille de Vénétie à l'odeur délicate et au goût si harmonieux (s'en méfier). C’est ici que nous apprendrons l’histoire curieuse de la Marquise Farsetti très appréciée pour sa générosité par les habitants du quartier. Nièce du patriarche Farsetti, richissime négociant à l’aube du dix-neuvième siècle, cette marquise devait être l’originale de la famille. Ses manières « Poco curante » de l’époque l’avaient conduite à créer « una mensa dei poveri » avec l’aide du sacristain de la paroisse. Très pieuse, chaque fois qu’elle passait devant une église, elle se signait cinq fois. Au front, pour les pensées condamnables, sur la bouche pour les paroles déplacées, sur le cœur pour les sentiments inavouables, à l’ongle du pouce pour les gestes coupables puis un signe de croix grand comme un campanile sur tout le buste.
Voilà qu’elle sembla mourir d’un infarctus à son domicile (en fait son cœur s’était arrêté brusquement). Le sacristain qui lui lisait la bible pensa que sa dernière heure était arrivé et essaya d’en profiter pour lui dérober une très belle bague à son doigt… Impensable ! La Marquise se réveilla tout aussi brusquement. Le sacristain se mit à crier et à se signer. Elle, pensa que ce « miracle » était dû aux prières de son protégé, aussi fut -il largement récompensé.. à vie… Nous en rions tous copieusement …
Le départ fut plutôt laborieux… Le soave peut être ?
Une autre merveille ?
...
DU SOUFFLE AU PATRIMOINE
Quel voyage !
Notre coucou descend à la vitesse grand V vers l'aéroport de Lukla au Népal. Une heure entre Katmandou et Lukla nous évite 12 heures de marche et nous propulse à 2400 mètres d'altitude.
Les pneus crissent sur l'asphalte et déjà les rétro-moteurs s'enclenchent avec une série de coups de freins qui nous chahutent pas mal. Ouf ! Enfin stoppés. La piste de 500 mètres inclinée à 12 % a été entièrement absorbée.
Notre guide nous attend avec mules et matériel pour rejoindre le village de Solukumbu dans la vallée du Sagarmatha à plus de 5000 mètres d'altitude.
 
La fête de l'été dans la vallée du Sagarmatha, au pied de l'Everest est classée au patrimoine mondial de l'immatériel pour ses rituels nous avaient dit nos amis et on avait eu la faiblesse d'accepter sans se douter de ce qu'il nous attendait.
La marche, je devrai dire l'ascension, commence et déjà le premier pont suspendu d'une largeur de deux mètres, avec cordages et platelage en aluminium, qui se balance au dessus de gorges impressionnantes. Un Sherpa hors d'âge veille sur son entretien toute la journée et il ne faut pas oublier de laisser une participation. Espérons que les Dieux seront de notre côté. On s'engage les yeux à moitié fermés et lorsqu'on les ouvre c'est pour découvrir un convoi de yacks chargés en sens inverse ? Ah non ! C'était pas prévu au programme ça ! On se plaque contre les filets faisant office de garde corps, on se croise et… on rejoint la terre ferme.
Tout ça va durer six jours dans des paysages somptueux. Partout des drapeaux constitués de lanières rouge, blanc, bleu, jaune, vert qui flottent au vent omniprésent. Un ciel d'un bleu azuréen. Un vent qui, ici, est tout un symbole et représente le souffle des anciens.
Le chemin d'accès à la vallée de Sagarmatha également classé premier itinéraire culturel du Népal et patrimoine de l’humanité, longe rivières tumultueuses, bois épars, vallées profondément encaissées. Nous apercevons de très nombreux trekkers en groupe ou isolés, cheminant avec sacs à dos, chaussures de rechange suspendus au sac, pèlerine imperméable, chapeau vissé sur la tête et l'inévitable guide avec son yack.
Étapes de 10 heures par jour nous permettant de nous habituer peu à peu à l'altitude par larges chemins ou sentiers étroits et rocailleux. Ici deux murets de pierres sèches protègent parcimonieusement du vent et toujours en ligne de mire les montagnes de cristal.
Traverser ces étendues sous la domination au loin des plus de 8000 mètres a quelque-chose d'irréel. Arriver à un col, trempés de sueur, mesurer songeur l’effort qu’il faudra encore accomplir pour terminer la journée. Bizarrement la fatigue disparaît face à tant de beauté.
Et puis... Le village est atteint.
L'accueil des étrangers chaleureux. Nous nous installons à notre maison du thé.
Le soleil se couche. Les plus de 8000 mètres au loin flamboient du pied au sommet, comme illuminés de l’intérieur, tandis que la vallée se teinte de violet, puis les couleurs s’effacent. Les montagnes s’éteignent.
Le ciel bleu devient rose. La voûte noire s’impose comme chaque nuit avant que les étoiles ne viennent s’installer et éclairer l'Annapurna, le Sagarmatha, l'Everest.
Nous sommes réveillés le lendemain par des danses avec groupes de femmes en costumes traditionnels rouges et noirs, sous une pluie de pétales de fleurs. Les rouleaux de drapeaux de couleurs décorent maisons, temples, murets, flottent au vent. Toujours les cinq couleurs. Il y en a pour tout le monde : le ciel, l'air, le feu, la terre, l'eau. Personne n'est oublié. Tout le monde est remercié. Les cylindres de prières sont entraînés de droite vers la gauche, par une foule recueillie et diffusent à l'attention des Dieux des paroles bienveillantes. Nous suivons le mouvement. Voilà qu'un son puissant nous surprend. Les dung-chen, ces longues trompes de plus de trois mètres avec extrémités recourbés ne peuvent s'adresser qu'à l'au-delà. Les danses sont rythmées par ces sonorités dominatrices.
La fête continue, elle durera plusieurs jours. Je comprends que le vent qui agite tous ces drapeaux, les tenues des danseuses, le souffle de ces instruments sous le regard des géants de notre terre, se soient transformé en patrimoine mondial.
Nous rejoignons notre maison du thé...
 
...
BRAZIL... BRAZILEO
 
-Mamma, je suis en retard. Aide moi à m'habiller !
-Tu devrais dire te déshabiller, Maria !
-Mamma, s'il te plaît ; Beija-flor m'attends !
 
Beija-flor c'est une des plus grandes écoles de samba de Rio, et on connaît le succès de ces écoles au carnaval de Rio. La préparation des spectacles, c'est une année de travail pour la recherche de nouveaux rythmes, de nouvelles sonorités, de nouveaux costumes.
Fernanda est descendue de sa favela entraînée par sa fille Maria. Machinalement elle pose le diadème piqué de fleurs d’Amazonie, assemble le bustier avec ses ailes d'animaux fantasmagoriques au dos et les balconnets de face qui sculptent le corps de Maria. Elle doit en convenir, la petite est douée pour la danse sous toutes les musiques.
L'orchestre débute. Tous les rythmes sont fouillés, revisités. Très vite l'envoûtement s'installe comme un parfum suave, doux qui pénètre au plus profond de l'âme.
Bossanova, Frevo, Maracatu, Forro Nordestinien et surtout l'harmonie phare : la Samba.
Un rythme très puissant s'impose. Une musique lumineuse s'installe. Aussitôt, le soleil entre à gros bouillons par les fenêtres. Pourtant à l'extérieur de la Quadra de ce quartier éloigné des lumières de Copacabana, quelques lampadaires diffusent un éclairage blafard dans la nuit Brésilienne.
La flûte coule comme une chimère dans cette forêt de fureur. L'accordéon syncopé s'envole, s'efface, s’effeuille, s'égaille. Les cuivres balancent, décollent, s’effacent, s'évanouissent comme une vague capricieuse. Les percutions. Ah ! Les percussions qui nous glissent des fourmis dans les jambes, balancent, cadencent, scandent, installent l'harmonie générale, envoûtent le corps des danseurs. Rythmes d'un autre âge. Force qui vient du passé. Triomphe de tous les obstacles : la Vie quoi !
Le corps de Maria suit, précède, intègre toutes ces influences. Elle est comme possédée. Ses hanches, ses bras, ses jambes, son torse, ses mains subliment la musique, ensorcellent les spectateurs, enivrent les ultimes réticents.
La chorégraphe du groupe lève un bras. Immédiatement la magie se tait. Le silence s'installe.
-Maria je pense que tu peux rejoindre la Sambista da Comissäo de Frente.
La Sambista da Comissäo de Frente c'est le fin du fin. C'est le groupe de danseurs qui précède le char de l'école et qui effectue, sur le thème choisi, des danses en habits de lumière. Mais il faudra répéter encore et encore, s'améliorer sans cesse si l'on veut rester en tête.
Maria a les yeux dans les étoiles.
Allez ! On reprend !
Le grand jour, je devrais dire la grande nuit arrive. Les paillettes étincellent et le corps des danseurs est plus en valeur sous les projecteurs. La tradition veut que les meilleurs passent en dernier. Sur la plage d'Ipanema, la foule est là, immense, chaloupée, déjà conquise. Indifférente, peut-être, à cette lune qui illumine la baie de Rio sous le sourire bienveillant du Corcovado.
Les Cariocas se déchaînent. Les percussions charment, hypnotisent, ensorcellent, possèdent le public. Le charme s'installe.
Le char de l'école Beija-Flor apparaît précédée de la Sambista da Comissäo de Frente. Fernanda dans les gradins ne voit que Maria. Les danseurs se démènent.
Le roulement des percussions en impose, le parfum des instruments à vent se glisse furtif, diffuse son arôme léger, aérien, englobe les jambes qui se retrouvent plus légères, les hanches qui ondulent, les mains ouvertes qui diffusent le don de ce succès. La féerie c'est ici.
La foule hurle son bonheur d'être là, vibre à chaque figure des danseurs. Maria passe devant sa mère et ne la reconnaît pas.
Fernanda se penche vers sa voisine,
-C'est Maria, ma fille, vous savez ?
Brazil… Brazileo… Je te chanterai dans mes vers,
                               Je suivrai cette fille en habits de lumière…
 
Ah ! Eternel Roberto Gil...
...
J’ÉTEINS LA LUMIÈRE
 
Je regarde par la fenêtre le soleil décliner sur la ville. La promenade s'étire. La façade du Palais de la Méditerranée est la dernière éclairée.
Mes mains entourent la tasse brûlante. Un couple de pigeons insouciants plane, ailes déployées vers cet alignement de pins là bas au loin.
Le pointu du dernier pêcheur Niçois rentre au port. Le phare de la jetée s'allume.
La lune se paye un bain de nuit. Par la fenêtre entr'ouverte les clameurs du carnaval arrivent jusqu'ici. J'éteins la lumière… et savoure mon café chaleureux...
Et s'il était ici le trésor que je cherchais aux quatre coins du monde ?
 
 
Gérald IOTTI
 
 

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Rédigé par Gérald

Publié dans #Trésors du monde

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