Tu te souviens, Gaïa, quand nous étions amis ?
nous n'avions rien que toi, et nous étions heureux,
avec tes montagnes, tes plaines, tes colibris,
tes douces campagnes, tes matins glorieux.
Tu te souviens, Gaïa, tu étais lors si belle,
malgré bien des tracas, nos vies valaient la peine,
en dehors de nos bagnes et de nos jeux cruels,
tu nous offrais cocagne, tu étais notre reine.
Mais nous nous sommes crus rois, nous taillant la part belle,
sans prendre soin de toi, ni même de nos frères,
c'est ainsi qu'un beau jour, transformée en poubelle,
tu sortis tes vautours, nous fit voir la poussière,
tes forêts dévastées, saisons déboussolées,
tes cieux empoisonnés, l'agonie de tes sols,
la folie du profit, de tout lui sacrifier,
le délire de nos vies dans nos mégalopoles.
Il fallut faire des lois, changer nos habitudes
nous protéger de toi comme d'une ennemie,
nous cacher dans nos tours, hurlant de solitude,
interdits de séjour pour t'avoir tant trahie.
Tu te souviens, Gaïa, quand nous étions amis ?
qu'avons-nous fait de toi, nous étions si heureux,
avec tes océans, tes mers, tes champs fleuris,
tes poissons, tes rivières, tes printemps généreux.
Tu te souviens, Gaïa, tu étais lors si belle,
mais nous n'avons fait cas des trésors dans tes veines,
tes jardins de cocagne, tes promesses, ton miel
au jeu de qui perd gagne, c'est toi qui seras reine.