Sur le thème LES ANIMAUX, le narrateur et le point de vue...
SUJET D'ÉCRITURE :
- la rencontre d'un poisson et d'un ver de terre accroché à son hameçon
- la rencontre d'un lion et d'une gazelle le soir au point d'eau
- la rencontre d'un loup et d'un mouton dans le Mercantour
- la rencontre d'un chat et d'un chien devant le panier de l'un que l'autre s'apprête à investir
1) en narrateur externe, focalisation externe
2) en narrateur externe, avec le point de vue (focalisation interne) d'un des animaux
3) en narrateur externe, avec le point de vue (focalisation interne) de l'autre animal.
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LE POISSON ET LE VER DE TERRE
L’eau se troubla, agitée par l’irruption d’une ligne, d’un hameçon au bout duquel se tortillait un ver de terre. Il gigota un moment puis, s’immobilisa. Un poisson louvoyait entre les algues, les picorait, disparaissait parfois derrière un rocher pour réapparaître un peu plus loin. Il vira soudain de cap, fila d’un trait vers l’hameçon, gueule ouverte et referma sa bouche… sur l’eau juste devant le ver de terre. Quelques bulles s’échappèrent de ses ouïes, puis délicatement, il saisit le ver de terre entre ses lèvres, le décrocha de l’hameçon et le ramena à la surface, tout près du rivage. Le ver de terre accosta et s’enfuit.
L’eau se troubla, agitée par l’irruption d’une ligne, d’un hameçon au bout duquel se tortillait un ver de terre. Il gigota un moment puis, s’immobilisa. Un poisson louvoyait entre les algues et se régalait de verdure. Il appréciait particulièrement celle cachée derrière les rochers, plus tendre lui semblait-il. Une odeur inconnue vint interrompre son festin. Il vira de cap, remonta la piste, aperçut le ver de terre suspendu à son hameçon. Intrigué, il fila vers lui, la gueule grande ouverte d’étonnement. Quand il réalisa qu’il allait gober l’inconnu, il referme la bouche juste à temps. Pile devant le pauvre petit ver ! Il s’en était fallu de peu… Il salua le visiteur par quelques bulles de bienvenue. Le ver ne lui répondit pas. Le poisson n’en conçut aucune amertume, il pensait que la petite bête devait être tétanisée de peur. Le pauvre ne pouvait savoir qu’il avait affaire à un poisson végétarien, rempli d’empathie pour la gent animale, et de surcroît, très malin ! Il analysa le situation, émit quelques bulles de réflexion. Quand il eut compris de quoi il retournait, il décrocha délicatement le ver et l’accompagna en douceur jusqu’à la surface, le regarda s’enfuir sur le terre ferme, heureux de l’avoir sauvé.
L’eau se troubla, agitée par l’irruption d’une ligne, d’un hameçon au bout duquel se tortillait un ver de terre. Le pauvre était complètement affolé et tentait vainement de se dégager quand il aperçut un poisson qui nageait dans les algues au-dessous de lui. Il s’immobilisa alors pour ne pas l’attirer, en souhaitant de toutes ses forces devenir invisible. Mais le poisson vira de bord. Horrifié, il le vit foncer sur lui gueule ouverte. Le ver de terre faillit s’évanouir d’épouvante, mais, au moment où il allait être englouti, le poisson referma sa bouche juste devant lui, l’enveloppant de bulles. Décontenancé, terrifié, choqué, le ver de terre ne bougeait plus. Faire le mort en attendant de l’être pour de bon ! Le poisson s’approcha, le saisit entre ses lèvres, délicatement, et le décrocha. Le ver de terre, atterré, attendit le gobage final, mais contre toute attente, ce ne fut pas le cas. Le poisson le pilota en douceur jusqu’à la surface. Le ver de terre comprit alors qu’il avait affaire à un ami ; il en aurait eu les larmes aux yeux s’il n’était pas déjà immergé. Il remercia le poisson de toutes ses petites forces de ver de terre, douta que ce dernier ait compris le message, et s’enfuit à tire-ventre sur la terre ferme.