Voyage artificiel
Allongé la sur le sofa
je voyage mais je ne pars pas
seule la fumée m'emporte
mon esprit claque la porte
derrière ma réalité
a chaque bouffée
mon regard se trouble
les images se dédoublent
la lumière du sodium
déchire les volutes de l'opium
je deviens Rimbaud, Baudelaire
dans la chambre par terre
j'écris des poèmes sur le paradis
si proche et si loin d'ici
tout n'est qu'illusion
mes mots mes phrases
ne sont que confusions
dans ce monde où mon esprit s'embrase
je me promène en solitaire
je choisis seul mon itinéraire
ma raison suit les ronds de fumée
qui obstruent mon ciel étoilé
pas de photos souvenirs
ce n'est juste qu'un aller retour
artificiel et sans avenir
allongé la juste pour un tour
je voyage mais je ne pars pas
***
Mes mots me transportent, m’entraînent le long des lignes de mon cahier, s'arrêtant ça et là, juste le temps d'une hésitation, d'une virgule ou d'un point. A la recherche d'un itinéraire, dans l'agenda de mon imaginaire, ils se laissent emporter au gré d'une conjugaison, présent futur et presque-parfait. Au singulier, il voyage en solitaire. Il ne va pas très loin à peine au delà de la marge, même avec quelques adjectifs, on arrive vite à notre objectif.
Mais lorsqu'ils se regroupent et forment des phrases, remplissent des pages, l'aventure est là pour demain. Poésie, le monde s'ouvre au voyage même pour une simple nouvelle. Laissez-vous sur le roman fleuve vous laisser emporter sur la barque qui doucement dérive entre les rives écrites à l'encre bleue.
Le virtuel devient réel, et tous nos sens sont en éveil, l'odorat sensible au parfum du papier qui se distille au gré du léger courant d'air des feuilles que l'on tourne en humectant notre doigt. Les yeux fermés, le livre devient agence de voyage et sur chaque page, les mots écrits par d'autres se transforment en images qui se projettent sur l'écran blanc de notre imagination. La musique des mots retentit à nos oreilles transformant notre salon en auditorium ou les violons rivalisent avec les cuivres selon la conjugaison des verbes.
Le voyage est éphémère le temps d'une lecture mais il reste gravé au fond de notre être et le soir venu dans l'ombre de la nuit au plus profond de nos rêves nous feuilletons l'album de nos souvenirs.
Qui le matin venu s'estompe dans la clarté du jour. Alors nous reprenons le chemin de notre livre pour ramasser tout du long les ingrédients qui font de notre imaginaire un catalogue de nos expéditions nocturnes.
Ces voyages irréels tout au fond de notre lit, un soir nous partons en croisière toutes voiles dehors,. Les mots s’amoncellent sur une lettre se transforment, se métamorphosent et nous entraînent dans un périple qui va au delà de la nuit. Je me laisse porter par mes poèmes comme Rimbaud sur son bateau ivre je fais face à la tempête de mes pensées qui se refusent de quitter le quai pour une simple randonnée. Laissez moi finir mon livre de ces conjugaisons je veux, je m'enivre ma tête tourne les mots :
Ils se bousculent dans la tête
Préparent questions et requêtes
Ils sont forts et éloquents
Discours pour convaincre les gens
Ils sont timides et réservés
Fleur bleue pour le bien aimé
Ils sont hésitants, peu sur de soi
Pour l'éternel maladroit
Ils sont rustres avec accent
Pour le monde paysan
Ils sont pointus et raffinés
Pour le snob un peu pincé
Ils sont compliqués à souhait
Pour le docteur et son caducée
Ils sont souvent estropiés
Pour les gens toujours pressés
Ils perdent leur patriotisme
Au profit de l'anglicisme
Ils sont souvent inventés
Par les auteurs de publicité
Ils sont tout de suite appropriés
Lorsqu'ils font de l'effet
Ils ont beaucoup d'esprit
Dans les histoires les récits
On leur donne toujours raison
Quelque soit la façon
Il suffit de le crier très haut
Et d'avoir le dernier MOT
Billet qui nous emmène juste un instant faire un tour pour oublier que le temps tourne, tourne sur la route du cadran.
***
Les mots m’entraînent et je me pose mille questions.
A quoi sert de voyager solitaire
emportant au fond de ses poches ses soucis
Laisse sur la table ton bréviaire
là, ici
change les affres de ton âme
embarque pour partir prends les rames
sur le fleuve jaune qui t'emporte
ferme la porte
Sort doucement de ta solitude
oubli d'un coup toutes tes habitudes
Emmène que le meilleur de ton toi
tu seras roi
A quoi sert de partir en voyage
si l'on emporte qu'un simple bagage
celui de notre moi pas très sage
qui nous fait souffrir
Abandonne sur le bord de la route
tes préoccupations tes ennuis tes doutes
ouvre grand tes yeux vers un nouveau monde
La terre est ronde
Emporte juste pour passer le temps, ton cahier d'écolier. Tu écriras à l'encre bleue tes histoires de voyage qui un jour feront rêver celui qui te lira.
***
Il faut viser la lune, car même en cas d'échec on atterrit dans les étoiles. Les mots, porte ouverte aux rêves dans la nuit s'écrivent sur les rayons de lune qui filtrent à travers mes volets.
Un hibou hulule
une chanson qui effraie
mon moi intérieur
Tout au fond de mon lit sous la couette je me sécurise. Je pense au monde extérieur qui s'assombrit éclairé par quelques étoiles. Ponctuation du ciel aux couleurs sombres mes phrases s'intercalent sur cette page éphémère. Derrière mes paupières, le livre de ma nuit s'ouvre doucement.
La tête lourde
Sur l'oreiller de plume
part en voyage
Les volets claquent au dehors, la pluie joue du balafon sur les tuiles, le vent l'accompagne par un sifflement strident. Je me laisse aller, je m'enfonce dans ce monde irréel. Je sombre dans un inconscient avec comme tout bagage, les vers du poème de Rimbaud.
Le silence dort
La parole s'en est allée
le rêve m’entraîne
J'emprunte les chemins qui me font découvrir des paysages merveilleux. Films qui se projettent sur l'écran blanc de mes nuits. Ma respiration donne le rythme à mes images, je suis bien, je ne veux pas me réveiller.
Le jour se lève
Le soleil joue avec moi
je dois m'arrêter
***
Le jour se lève
Le soleil joue avec moi
je dois m'arrêter
De rêver, de me laisser porter par les mots qui se bousculent dans ma tête. Le mieux c'est de me perdre, entre le jour et la nuit ou les rêves font place aux surprises de se retrouver là. Pourtant, c'est alors que le voyage commence, mon regard retrouve le livre qui, dans son écrin de cuir, m'ouvre les portes vers le voyage interrompu par le rayon de lumière qui est venu éblouir l'écran blanc de ma nuit.
Voyage en solitaire
sur la musique des vers
Sur le chemin au hasard
je me laisse aller je m'égare
bercé par les mots de Baudelaire
de Rimbaud deux contestataires
je me perds au détour d'une page
emporté par une rage
de lire sans m'arrêter
les mots que j'ai peur d'oublier
qu'il est doux de partir
juste dans la tête quelques sourires
les yeux grands ouverts
je lis à haute voix leurs vers
qui m’entraînent dans un tourbillon
vol nuptial d'un papillon
qui vient un instant éphémère
mourir à la lumière
le jour emporte mes rêves
juste le temps d'une trêve
je prends doucement rendez-vous
ce soir mes mots je suis à vous
***
je prends doucement rendez-vous
ce soir mes mots je suis à vous
Comme un voyageur, je vois je cherche je me refuse d'être un simple touriste à qui on fait voir le monde à travers une loupe qui grossit et estompe la beauté.
Je préfère laisser les mots s'envoler
et le vent emporter mes phrases
je regarde le soleil se coucher
je conserve en moi ce moment d'extase
Je m'endors emporté par le bruit des vagues. Ma lecture m'accompagne au delà du soir, je suis un voyageur je vois les doux paysages de mon imaginaire.
Demain je serais peut être loin
de ce livre j'en aurais écrit le point
emporté par son parfum en devenir ivre
je refuse que quelqu'un puisse me suivre.
Au-delà du temps demain sera un autre jour pour de nouvelles aventures dans ce monde de la littérature, pourtant.
Ce matin je me suis réveillé
Pas très bien un peu angoissé
Je n’avais plus de mots ni de phrases
Mon cerveau était vide table rase
Un vent de panique en moi s’est levé
Pas possible je suis en train de rêver
Cette nuit quelqu’un est venu me voler
Voyelles consonnes et verbes conjugués
A qui j’allais pouvoir porter plainte
Pourra-t-on les retrouver
Les mots n’ont pas d’empreinte
Ils sont parfois si légers
Il fallait que je me débrouille
Je mis au point un plan d’attaque
Surtout il ne fallait pas que je craque
Dans les moindres recoins je farfouille
Devant moi le vide le néant
Je commençais à perdre courage
J’aurais pu trouver une image
Qui m’aurait dit prends le temps
Quand sur une étagère
Tout au fond de mon cerveau
Quelques lettres sous un peu de poussière
J’ai essayé de faire un mot
Quatre voyelles trois consonnes
Rien mon esprit se chiffonne
De colère je les ai jetés
Et devant mes yeux émerveillés
Elles s’étaient dans l’ordre rangé
Je pouvais lire sans problème
J E T’A I M E
Mes lettres je vous avais retrouvées
Ce soir je vais à nouveau voyager
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