PROJET VOYAGE - Atelier n°3
Publié le 26 Mars 2018
CITATION
Il faut toujours viser la lune, car même en cas d’échec, on atterrit dans les étoiles.
Oscar Wilde
- LECTURE : HAÏBUN "RANDONNÉE PARESSEUSE" de Nicolas LEMARIN
RANDONNÉE PARESSEUSE
À fleur de paupières
un soleil trop blanc, buvard
de l'étendue bleue .
Face à la lumière je ne marche plus la tête haute. Je vais bifurquer pour rejoindre la forêt. Je me retrouve dans l'ombre d'un sous-bois.
Quelques pinceaux de soleil argentent le tronc des pins et empoussièrent le vert des chênes.
Un peu plus loin, à claire voie, je croise de grands arbres morts couchés, aux branches de craie. Je continue à découvert sur un large chemin blanc de pierres concassées.
Le métronome de mes pas, ponctué de chants d'oiseaux, orchestre mon plaisir d'avancer.
La douceur de l'air, comme la lumière, participe à mon souffle qui reçoit ce qui l'entoure sans autre attente que son rythme.
Un Coucou dresse
des barreaux de silence
jusqu'à ma hauteur
La densité du petit bonheur qui m'envahit me laisse imaginer, qu'après tout, seule compte l'avancée et que le paysage importe peu. Je cherche simplement à cautionner d'une pause contemplative cette heure calme, interminable entre les pins, sans horizon, ni perspective.
J'arrive au flanc d'un à pic dégagé.
Je m'assoie sur le talus pour mieux ressentir la vue qui incite à une jouissance pure.
Sous l'unité moussue de la forêt des palettes d'arborescences dansent autour de la géométrie des vergers.
Plus bas les aplats mauves et dorés de quelques champs jouent à saute mouton entre les sillons du soleil et les vagues d'ombres tombées du ciel.
En face, sur l'arête d'une montagne la silhouette d'un arbre se balance comme projetée sur un drap bleu.
Le ciel parle à l'âme avec son alphabet de nuages pommelés.
Oreiller d'herbes
mes cils dans les nuages
sieste heureuse
Un vol de corneilles froisse ma méditation de ses croassements aigus.
Le soleil penche à l'ouest, je dois prendre le chemin du retour.
Je commence à ressentir un léger effort. Quelques papillons existentiels commencent à butiner mon plaisir.
Je sifflote pour les disperser.
La lenteur de mon avancée m'aide à écraser l'urgence d'être et je ne sais plus si le bruit de mes pas me précède ou me suit.
Je me sens si bien que la paresse de mes ressentiments me fait sourire au chasseur que je croise.
Presque de l'empathie
pour ce chasseur qui n'a pris
qu'un bouquet de thym
***
- ÉCRITURE :
En poème ou en prose, écrire une nouvelle étape de votre voyage en tenant compte du propos de la citation.
Proposition d’écriture : Le haïbun... ou une ébauche de haïbun à glisser dans la narration.
"Le haïbun est une composition littéraire dans laquelle prose et haïku se mêlent en une brève narration poétique d’une expérience réelle ou imaginaire.
Le haïbun peut prendre souvent, mais pas exclusivement, la forme d’un récit de voyage..."
Plus d’explications ci-dessous :