LES MOTS

Publié le 30 Mars 2018

Voyage artificiel

 

Allongé la sur le sofa

je voyage mais je ne pars pas

seule la fumée m'emporte

mon esprit claque la porte

derrière ma réalité

a chaque bouffée

mon regard se trouble

les images se dédoublent

la lumière du sodium

déchire les volutes de l'opium

je deviens Rimbaud, Baudelaire

dans la chambre par terre

j'écris des poèmes sur le paradis

si proche et si loin d'ici

tout n'est qu'illusion

mes mots mes phrases

ne sont que confusions

dans ce monde où mon esprit s'embrase

je me promène en solitaire

je choisis seul mon itinéraire

ma raison suit les ronds de fumée

qui obstruent mon ciel étoilé

pas de photos souvenirs

ce n'est juste qu'un aller retour

artificiel et sans avenir

allongé la juste pour un tour

je voyage mais je ne pars pas

***

Mes mots me transportent, m’entraînent le long des lignes de mon cahier, s'arrêtant ça et là, juste le temps d'une hésitation, d'une virgule ou d'un point. A la recherche d'un itinéraire, dans l'agenda de mon imaginaire, ils se laissent emporter au gré d'une conjugaison, présent futur et presque-parfait. Au singulier, il voyage en solitaire. Il ne va pas très loin à peine au delà de la marge, même avec quelques adjectifs, on arrive vite à notre objectif.

Mais lorsqu'ils se regroupent et forment des phrases, remplissent des pages, l'aventure est là pour demain. Poésie, le monde s'ouvre au voyage même pour une simple nouvelle. Laissez-vous sur le roman fleuve vous laisser emporter sur la barque qui doucement dérive entre les rives écrites à l'encre bleue.

Le virtuel devient réel, et tous nos sens sont en éveil, l'odorat sensible au parfum du papier qui se distille au gré du léger courant d'air des feuilles que l'on tourne en humectant notre doigt. Les yeux fermés, le livre devient agence de voyage et sur chaque page, les mots écrits par d'autres se transforment en images qui se projettent sur l'écran blanc de notre imagination. La musique des mots retentit à nos oreilles transformant notre salon en auditorium ou les violons rivalisent avec les cuivres selon la conjugaison des verbes.

Le voyage est éphémère le temps d'une lecture mais il reste gravé au fond de notre être et le soir venu dans l'ombre de la nuit au plus profond de nos rêves nous feuilletons l'album de nos souvenirs.

Qui le matin venu s'estompe dans la clarté du jour. Alors nous reprenons le chemin de notre livre pour ramasser tout du long les ingrédients qui font de notre imaginaire un catalogue de nos expéditions nocturnes.

Ces voyages irréels tout au fond de notre lit, un soir nous partons en croisière toutes voiles dehors,. Les mots s’amoncellent sur une lettre se transforment, se métamorphosent et nous entraînent dans un périple qui va au delà de la nuit. Je me laisse porter par mes poèmes comme Rimbaud sur son bateau ivre je fais face à la tempête de mes pensées qui se refusent de quitter le quai pour une simple randonnée. Laissez moi finir mon livre de ces conjugaisons je veux, je m'enivre ma tête tourne les mots :

 

Ils se bousculent dans la tête

Préparent questions et requêtes

Ils sont forts et éloquents

Discours pour convaincre les gens

 

Ils sont timides et réservés

Fleur bleue pour le bien aimé

Ils sont hésitants, peu sur de soi

Pour l'éternel maladroit

 

Ils sont rustres avec accent

Pour le monde paysan

Ils sont pointus et raffinés

Pour le snob un peu pincé

 

Ils sont compliqués à souhait

Pour le docteur et son caducée

Ils sont souvent estropiés

Pour les gens toujours pressés

 

Ils perdent leur patriotisme

Au profit de l'anglicisme

Ils sont souvent inventés

Par les auteurs de publicité

 

Ils sont tout de suite appropriés

Lorsqu'ils font de l'effet

Ils ont beaucoup d'esprit

Dans les histoires les récits

 

On leur donne toujours raison

Quelque soit la façon

Il suffit de le crier très haut

Et d'avoir le dernier MOT

 

Billet qui nous emmène juste un instant faire un tour pour oublier que le temps tourne, tourne sur la route du cadran.

***

Les mots m’entraînent et je me pose mille questions.

 

A quoi sert de voyager solitaire

emportant au fond de ses poches ses soucis

Laisse sur la table ton bréviaire

là, ici

 

change les affres de ton âme

embarque pour partir prends les rames

sur le fleuve jaune qui t'emporte

ferme la porte

 

Sort doucement de ta solitude

oubli d'un coup toutes tes habitudes

Emmène que le meilleur de ton toi

tu seras roi

 

A quoi sert de partir en voyage

si l'on emporte qu'un simple bagage

celui de notre moi pas très sage

qui nous fait souffrir

 

Abandonne sur le bord de la route

tes préoccupations tes ennuis tes doutes

ouvre grand tes yeux vers un nouveau monde

La terre est ronde

 

Emporte juste pour passer le temps, ton cahier d'écolier. Tu écriras à l'encre bleue tes histoires de voyage qui un jour feront rêver celui qui te lira.

 

***

Il faut viser la lune, car même en cas d'échec on atterrit dans les étoiles. Les mots, porte ouverte aux rêves dans la nuit s'écrivent sur les rayons de lune qui filtrent à travers mes volets.

Un hibou hulule

une chanson qui effraie

mon moi intérieur

 

Tout au fond de mon lit sous la couette je me sécurise. Je pense au monde extérieur qui s'assombrit éclairé par quelques étoiles. Ponctuation du ciel aux couleurs sombres mes phrases s'intercalent sur cette page éphémère. Derrière mes paupières, le livre de ma nuit s'ouvre doucement.

 

La tête lourde

Sur l'oreiller de plume

part en voyage

 

Les volets claquent au dehors, la pluie joue du balafon sur les tuiles, le vent l'accompagne par un sifflement strident. Je me laisse aller, je m'enfonce dans ce monde irréel. Je sombre dans un inconscient avec comme tout bagage, les vers du poème de Rimbaud.

 

Le silence dort

La parole s'en est allée

le rêve m’entraîne

 

J'emprunte les chemins qui me font découvrir des paysages merveilleux. Films qui se projettent sur l'écran blanc de mes nuits. Ma respiration donne le rythme à mes images, je suis bien, je ne veux pas me réveiller.

 

Le jour se lève

Le soleil joue avec moi

je dois m'arrêter

 

***

Le jour se lève

Le soleil joue avec moi

je dois m'arrêter

 

De rêver, de me laisser porter par les mots qui se bousculent dans ma tête. Le mieux c'est de me perdre, entre le jour et la nuit ou les rêves font place aux surprises de se retrouver là. Pourtant, c'est alors que le voyage commence, mon regard retrouve le livre qui, dans son écrin de cuir, m'ouvre les portes vers le voyage interrompu par le rayon de lumière qui est venu éblouir l'écran blanc de ma nuit.

 

Voyage en solitaire

sur la musique des vers

Sur le chemin au hasard

je me laisse aller je m'égare

bercé par les mots de Baudelaire

de Rimbaud deux contestataires

je me perds au détour d'une page

emporté par une rage

de lire sans m'arrêter

les mots que j'ai peur d'oublier

qu'il est doux de partir

juste dans la tête quelques sourires

les yeux grands ouverts

je lis à haute voix leurs vers

qui m’entraînent dans un tourbillon

vol nuptial d'un papillon

qui vient un instant éphémère

mourir à la lumière

le jour emporte mes rêves

juste le temps d'une trêve

je prends doucement rendez-vous

ce soir mes mots je suis à vous

***

je prends doucement rendez-vous

ce soir mes mots je suis à vous

 

 

Comme un voyageur, je vois je cherche je me refuse d'être un simple touriste à qui on fait voir le monde à travers une loupe qui grossit et estompe la beauté.

 

Je préfère laisser les mots s'envoler

et le vent emporter mes phrases

je regarde le soleil se coucher

je conserve en moi ce moment d'extase

 

Je m'endors emporté par le bruit des vagues. Ma lecture m'accompagne au delà du soir, je suis un voyageur je vois les doux paysages de mon imaginaire.

 

Demain je serais peut être loin

de ce livre j'en aurais écrit le point

emporté par son parfum en devenir ivre

je refuse que quelqu'un puisse me suivre.

 

Au-delà du temps demain sera un autre jour pour de nouvelles aventures dans ce monde de la littérature, pourtant.

 

Ce matin je me suis réveillé

Pas très bien un peu angoissé

Je n’avais plus de mots ni de phrases

Mon cerveau était vide table rase

 

Un vent de panique en moi s’est levé

Pas possible je suis en train de rêver

Cette nuit quelqu’un est venu me voler

Voyelles consonnes et verbes conjugués

 

A qui j’allais pouvoir porter plainte

Pourra-t-on les retrouver

Les mots n’ont pas d’empreinte

Ils sont parfois si légers

 

Il fallait que je me débrouille

Je mis au point un plan d’attaque

Surtout il ne fallait pas que je craque

Dans les moindres recoins je farfouille

 

Devant moi le vide le néant

Je commençais à perdre courage

J’aurais pu trouver une image

Qui m’aurait dit prends le temps

 

Quand sur une étagère

Tout au fond de mon cerveau

Quelques lettres sous un peu de poussière

J’ai essayé de faire un mot

 

Quatre voyelles trois consonnes

Rien mon esprit se chiffonne

De colère je les ai jetés

Et devant mes yeux émerveillés

 

Elles s’étaient dans l’ordre rangé

Je pouvais lire sans problème

J E T’A I M E

Mes lettres je vous avais retrouvées

Ce soir je vais à nouveau voyager

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Rédigé par Bernard

Publié dans #Voyage

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