Publié le 30 Mars 2017

LES ANIMAUX

Le recueil MéditerraNice, sur le thème du patrimoine niçois et Méditerranée étant bouclé et en attente d'impression, l'atelier s'est choisi un nouveau thème : LES ANIMAUX.

 

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Les ateliers :

 

Quelques textes ci-dessous :

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Publié dans #Les animaux

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Publié le 29 Mars 2017

Marre d'être enfermé dans cette cage dorée, il y fait un peu trop chaud. Et puis l'isolement lui pèse à présent. L'immobilisme aussi. Autrefois, il adorait se promener dans les steppes arides, lézarder sous le soleil, se rouler en boule parfois.

Il a connu la vie en communauté, excitante, tant d'émotions en commun, une même avidité pour une cible alléchante, une proie convoitée par lui et ses alliés. Il veut retrouver ce désir, cette vibration. Il va s'évader.

Il se glisse tranquillement hors des parois de verre, rampe silencieusement, se faufile doucement hors des murs, direction la nature.

Humer l'air et ses fragrances, s'ouvrir à de nouveaux horizons. Quel plaisir ! Mais où aller maintenant ?

Il se dirige un peu au hasard, le long du trottoir déserté à cette heure tardive. Le vent le fait frémir un peu. Un véhicule spacieux et coloré attire son regard, comme un jouet jeté là pour lui. Il s'y infiltre malicieusement, usant du conduit d'aération; puis décide d'une petite sieste.

Claire rentre du travail. Une journée pénible, harassante même, la chef de service sur son dos, une vraie plaie. Elle va enfin pouvoir se relaxer, soirée musicale en vue, un concert classique, comme elle les aime dans sa ville natale, Bordeaux.

La clé dans la serrure. Il fait nuit maintenant. Elle s'installe pesamment, laisse tomber ses affaires sur le siège passager. Ouf ! un regard vers le rétro, une mèche de travers, bon ! c'est parti... La clé au tableau de bord, contact.. mais qu'est-ce que ? qu'est-ce que je vois, ces yeux dans le noir... je.. je rêve ? qu'est-ce qui m'arrive ?

Les yeux se rapprochent, suivis langoureusement d’un long corps sinueux qui rampe en silence, se coule hors de la gaine d'aération.

Claire, muette, se fige littéralement. La tête du boa vient se poser amoureusement sur ses genoux, ses yeux la fixent avec convoitise.

 

 

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Rédigé par Nadine

Publié dans #Les animaux

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Publié le 27 Mars 2017

Dans le barillet sept balles.

Je sais que nous partirons ensemble.

 

Partie, pourquoi ? Rupture, déchirure, souffrance atroce. Au ventre, un nœud de viscères qui s’entremêlent, se serrent. Les jambes flageolent, semblent ne plus vouloir porter ce corps, obéissent quand même. Les mains surtout qui bloblotent, ni de peur, ni de froid mais de l’immense vide laissé dans la poitrine. Idée fixe, récurrente, ineffaçable, dépression obsessionnelle.

 

Collé au tronc d’un arbre un homme. Dans l’ombre portée du soleil couchant ils ne font qu’un. Le regard vague sur l’avenue bordée d’orangers, droite, vide, triste mois de mai pense-t-il. Dans sa tête, une ritournelle.

Mai, mai, la vie mai

Mai, mai, la vie…

Un chien erre, s’approche, hume un vieux papier, enfourne son museau dans une poubelle, tourne autour de l’arbre, lève la patte.

  • Pas sur mes baskets, sale cabot !

D’un shoot magistral l’inconnu le renvoie à quelques pas de là.

  • Kaï, kaï ! Affolé le bâtard gémit, s’enfuit, boite bas.

Le silence revient. La brise du soir susurre dans le feuillage une douce mélodie, assèche la sueur, calme les mauvaises humeurs.

Au loin, le moteur d’une moto monte en régime. L’homme contre l'arbre se détache quelques secondes puis semble reprendre appui avant de s'immobiliser totalement. Une Yamaha noire surgit du carrefour. L’inconnu s’agenouille, tend son bras. Le moteur vrombit. Bruit assourdissant. Silence absolu.

Quatre balles chargées dans le barillet.

 

  • Bonjour Juliette !

  • Bonjour Commissaire.

  • Qu’a produit notre belle humanité cette nuit ?

  • Rien de bien particulier Commissaire, la routine. J’ai une femme qui a égorgé son mari avec une bonne excuse.

  • Dites-moi ?

  • Il la tabassait régulièrement, coup de poing, coup de pied. Après quoi il la brusquait et la soumettait.

  • Holà, du sexe, encore du sexe.

  • Pas du tout ou alors bien enfoui quelque part au plus profond de son cerveau. Non, il la forçait à faire le ménage, à laver le linge et même à repasser ses chemises. Vous vous rendez compte ?

  • Pas très galant, effectivement, mais de là à le tuer, pauvre bougre. Nous avons les aveux de cette gente dame ?

  • Oui, sans difficulté, une logorrhée.

  • Très bien, une affaire vite réglée, quelques points facilement gagnés pour ma promotion... et la vôtre bien entendu. Quoi d’autre ?

  • Un ivrogne, une dispute entre voisins, un accident de moto avenue des Fleurs.

  • Grave l’accident ?

  • Mortel, un homme de quarante ans !

  • Il a choisi la bonne avenue. Pour les fleurs, c’est fait ! Juliette, que diriez-vous d’un café ?

 

Réveil en sueur, présence palpable, sa voix, je l’entendais me dire ces mots d’amour que j’guette à chaque instant. Et puis rien, les bruits de la nuit. Rêve, mon ami, tu m’as trahi !

Profiter d’être éveillé pour allumer l’ordinateur, guetter un hypothétique email de repentance. Bouger, ne pas laisser la phobie phagocyter mes neurones, me bouffer tripes et boyaux.

 

Une grande bâtisse carrée, jaune délavée, deux étages au milieu d’un parc complanté de cyprès, de chênes-lièges, près du jardin d’hiver un mimosa. Une large allée bordée de platanes conduit au majestueux portail. Partout des fleurs en massifs odorants.

  • Bouge-toi un peu, je vais être en retard.

  • Faux, tu es déjà en retard !

  • Où as-tu posé les clefs de la voiture.

  • Comme d’habitude… sous le frigo ! À leur place sur la commode de l’entrée évidemment. Parfois tu es un peu lourd. Tiens voilà ta chemise, ta cravate, tes chaussettes, pour vous servir Monseigneur ?

  • Ah ! J’oubliais, embrasse-moi, tu es mon porte-bonheur.

Pierre court à sa Jeep Cherokee, démarre en trombe, pile à l’entrée, accélère dès les grilles à peine entrebâillées, s’engage sur la route de Tourtoure. Septuagénaire à la tignasse blanche, artiste reconnu dans sa région, homme de décision, il adore cette petite route où il libère son plaisir de conduire vite, de maîtriser la machine. Limitation de vitesse ? Il ne connaît pas. Une fois, les gendarmes l’ont arrêté. Toujours souriant, très aimable, reconnaître avoir tort, oui, oui, mais sitôt libre il a téléphoné à qui de droit et n’a plus jamais entendu parler de cet incident. Petit privilège d’un édile local.

Un virage à droite pris à soixante kilomètres heure fait couiner les pneus, un gauche sans freiner, la longue ligne droite avant un quatre-vingt-dix gauche sur le pont, adrénaline maximum. Pierre s’effondre sur son volant, fait un tout droit, explose la rambarde du pont. Le bolide chute cinquante mètres, roule, tourneboule, s’enflamme.

Trois balles chargées dans le barillet.

 

  • Juliette ! Il faut que je prenne l’habitude de t’appeler brigadier, mais tu es si belle.

  • le temps des amours ancillaires ? Révolu Commissaire, du moins dans la police. Appelez-moi comme vous le voulez. Pour autant ne rêvez pas mon mari s’en charge parfaitement.

  • La vie est dure pour les vieux briscards blanchis sous le harnais. Que me proposez-vous aujourd’hui, quelles nouvelles affriolantes allez-vous m’annoncer ?

  • Un père de famille agressé au volant de sa voiture. L’agresseur interpellé soutient qu’il ne roulait pas suffisamment vite.

  • La civilisation en marche.

  • Une tentative d’enlèvement à la sortie de l’école. Une mère de famille a bloqué le véhicule du présumé pédophile contre le trottoir. Ce qui a permis à la mère d’ouvrir la portière et de récupérer sa fillette.

  • On a arrêté le suspect ?

  • Non, le conducteur d’une berline gris clair, nous le recherchons activement.

  • Si vous n’avez pas plus d’éléments, vous pouvez arrêter les recherches. Inutile de gaspiller notre énergie et l’argent des contribuables.

  • Et puis et puis ?

  • Le médecin légiste nous informe que le motard décédé avenue des Fleurs, a été victime d’un assassinat par balle de revolver, en plein front. Le rapport du labo indique qu’il s’agit d’un Smith & Wesson modèle 586-S calibre 357 magnum.

  • Ça se complique. D’autres indices ?

  • Non, pas pour le moment.

  • Lancez tout le toutim, antécédents, enquêtes de voisinage, etc. Sait-on jamais ? Juliette, un petit café ?

 

Trop égocentrique, tu ne lâches rien, ne donnes jamais rien mais te nourris de l’autre. Une fois que tu les as vidés de leur substantifique moelle tu jettes mari, enfants, amants comme kleenex à l’automne. Tu abandonnes chacun à ses obsessions, oppressions, angoisses, à ses drogues pour tenter de fuir, à la mort pour en finir.

 

Au faîte d’une tombe, en équilibre sur une croix, un homme, chapeauté panama, chaussé de lunettes noires, observe l’autre côté du mur. Un jardin du midi, confusion de senteurs et de couleurs, plus loin un élégant mas provençal, tout au fond le village de Marecul collé à la montagne.

Sous la véranda les locataires braillent :

  • Martine, à quel endroit veux-tu installer la table ?

  • Sous le pommier, nous serons protégés du soleil.

  • Du soleil peut-être mais pas de la concupiscence.

  • Concupiscence ? Quelle concupiscence ?

  • Marier Printemps et vin rosé va nous inciter à croquer la pomme, à la débauche si tu préfères !

  • T’as qu’à croire ! En attendant dépêche-toi de poser cette table et de mettre le couvert. Déjà onze heures et quart, tu lambines. Après quoi tu remontes le vin de la cave et le mets au réfrigérateur. Tu fonces à Marecul chez le boulanger, pains et gâteaux, n’oublie pas le boucher, côtes de porc et d’agneau. Pense aussi à prendre des cigarettes…

  • Hé, oh, tu es sûr que c’est tout parce que s’il me reste un moment je peux tailler la haie, non ?

Obéissant Arty installe la table, place les chaises, met la table et se prépare à sortir. Quand il ouvre la porte d’entrée, un bruit de tonnerre, il s’effondre.

  • Arty quel bruit ! A quoi joues-tu ? Mais tu es tombé, tu saignes, ce trou c’est quoi ? Mais parle, regarde-moi, mais, mais tu es… il est… mort !

Martine désemparée tourne, vire, se penche, se relève, s’approche, tapote les joues, recule, regarde à l’extérieur, décide d’appeler, la police, non le voisin d’abord, il saura quoi faire. Martine se précipite, passe le pas de la porte. Une nouvelle détonation elle s’écroule à son tour foudroyée.

Une balle, une seule, chargée dans le barillet.

 

  • Patron, les affaires reprennent.

  • Qu’est-ce à dire belle Juliette ?

  • Double meurtre à Marecul !

  • Oh nom de Zeus, allons-y Brigadier. Avons-nous des détails ?

  • Peu encore, deux corps gisent entassés sur le perron d’une villa située près du cimetière. Chacun avec un joli trou de balle en plein front.

  • Près du cimetière, ils sont presque arrivés. En plein front ? Ne m’avez-vous pas dit la même chose à propos du motard de l’avenue des Fleurs ?

  • Exact, et je peux également vous le dire à propos de l’homme accidenté sur la départementale 2268.

 

Tous feux clignotants, sirène hurlante, la voiture sort à vitesse grand vé de la cour du commissariat.

  • Vous ne m’en avez pas parlé de celui-là.

  • Pas eu le temps. L’info est toute fraîche. Il s’agit aussi d’un Smith & Wesson modèle 586-S calibre 357 magnum.

  • Deux meurtres signés du même auteur. A-t-on fait des analyses ADN ?

  • Oui, aucun rapport. Sauf que le septuagénaire vivait avec la mère du motard, dame Monique Dubihant. J’ai envoyé une voiture pour la protéger.

  • Bon réflexe, probable que nous n’ayons pas encore atteint le point culminant.

Devant la maison, noël avant l’heure. Une dizaine de véhicules clignotent en bleu et blanc. Juliette se gare comme elle peut, ajoutant sa touche à ce tintamarre lumineux.

  • C’est coquet chez ces gens !

  • Bonjour Commissaire, Capitaine Ernelon, gendarmerie Nationale, puis-je vous présenter Madame Martine Dubihant et son concubin Monsieur Arty Stepfrum. Tous deux sont décédés d’une balle de gros calibre en plein front.

  • Un Smith & Wesson modèle 586-S calibre 357 magnum.

  • Vous suivez, déjà ?

  • Nous avons l’entrée d’une piste, deux meurtres répertoriés, nous cherchons la sortie.

  • Aucune effraction constatée pour l’instant, le vol ne semble pas non plus être le mobile de ce double crime.

  • Capitaine vous avez dit Martine Dubihant ? Juliette, heu Brigadier vérifiez immédiatement s’il existe un lien de parenté avec la Monique dont vous m’avez parlé.

  • Ne doutez pas de l’efficacité de la gendarmerie Commissaire, nous l’avons déjà fait et… elles sont sœurs.

  • Eh bé, il ne fait pas bon être concubin dans cette famille.

  • Fils non plus a priori.

  • D’accord, d’accord, qui vit encore dans cette belle famille, père, mère, oncles, tantes, enfants, petits-enfants ? En clair qui doit-on mettre rapidement sous protection.

  • À l’heure actuelle, il devrait rester outre Monique Dubihant, son ex-mari, sa fille Natalie.

  • Retrouvez au plus vite l’ex-mari et la fille, mettez-les sous protection. Ces crimes sont prémédités, bien organisés, exécutés sans émotion. Quelle rancœur, quelle rancune peut motiver l’auteur d’une telle barbarie ?

  • Je n’ai pas de réponse commissaire.

  • Merci brigadier je n’en attendais pas moins de vous. Un café Capitaine ? Brigadier, le sucre.

 

Ce soir une nuit sans lune, noire à ne pas voir le bout de sa chaussure. Le policier de garde ne se cache pas particulièrement, fume comme un pompier. Il est certain de surveiller la seule entrée du bastidon. Quel métier !

La chambre est éteinte depuis un bon bout de temps. N’est-ce pas le moment ?

 

  • Je sais que c’est toi. Est-ce mon tour ?

  • Pourquoi te tuerais-je. À propos de tuerie, le père de tes enfants est mort, seule la puanteur permettra de le découvrir, ça peut prendre du temps, il n’était pas épais. Nathalie aussi est trépassée, peut-être sauvera-t-on le chien mais avec ce que je lui ai donné ce n’est pas un coup sûr. Je ne voulais pas qu’il dévore le corps. Trop cruel tu ne crois pas ?

  • Pourquoi tant de haine, pourquoi tant de morts ?

  • Je pourrais te répondre que par égoïsme, égocentrisme, tu as commis des fautes irréparables sans même savoir lesquels, sans même t’en rendre compte. Te répondre que pour vivre tes plaisirs, tu as générée beaucoup de souffrances. Te répondre que les bonnes questions tu les poses aujourd’hui, trop tard. Nul ne revient sur son passé, toi non plus.

L’homme pose son doigt sur la gâchette.

  • Ton tour est venu de connaître l’ultime peine. J’ai choisi de te plonger dans la solitude, de te faire vivre le deuil des seuls personne que tu aimais. Demain tes remords t’obséderont, demain tes regrets t’oppresseront, demain à l’angoisse permanente tu supplieras la mort.

 

L’homme dirige le Smith & Wesson modèle 586-S calibre 357 magnum, pose son doigt sur la gâchette, dans sa tête, une ritournelle.

Mai, mai, la vie mai

Mai, mai, la vie…

Dans le barillet, je suis la septième balle, j’ai toujours su que nous partirions ensemble.

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Rédigé par Hervé

Publié dans #Policier

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Publié le 25 Mars 2017

Suite à l'atelier "Nouvelle littéraire", une mini-nouvelle à partir du titre :

 

MONDE SOUS-MARIN

 

La voiture arrive au terme du chemin caillouteux. S’arrête dans un nuage de poussière. Les pins ondulent lentement sous la brise. Bertrand et Virginie entament une descente chahutée vers la crique. Le sentier se perd parmi les lentisques et les genêts. Virginie est soucieuse :

-Tu penses qu’il sera là ?

-Mais évidement ! Comment voudrais-tu qu’il ne soit pas là ?

Les mouettes glissent sans bruit, inclinant bizarrement leurs têtes vers ces intrus et continuent leurs vols majestueux. La mer s’aperçoit en contrebas.

-Tu sais, plus j’y pense et plus je me dis qu’on aurait dû lui envoyer un signe. Je ne sais pas, on aurait peut-être pu laisser quelque chose hier ?

-Tu en as de bonnes toi ! Le prévenir, laisser quelque chose hier et pourquoi pas un SMS aussi ! Tu n’as pas oublié qu’il aime surtout sa liberté ! Tu es bien placée pour le savoir non ?

-Oui je sais ! Mais il est peut être blessé ?

-Ecoute, c’est toi qui lui as proposé cette vie ! Il avait l’air d’être d’accord. Pourquoi toujours imaginer le pire ?

La descente s’achève. La plage est atteinte. Un coup d’œil circulaire sur le sable et sur la mer : rien ! Personne ! Les pieds brûlent. Ils se déshabillent, se glissent dans l’eau. Virginie nage la tête sous la surface, les cheveux épars. Les vaguelettes la caresse, la submerge ; Après tout elle a donné le maximum.

Soudain une brûlure intense aux jambes et à l’épaule. Elle se sent envahie par une semi paralysie, prends conscience qu’elle a du mal à surnager, se sent couler. Bertrand parti dans une autre direction ne s’en rends pas compte. Elle voudrait crier, n’y arrive pas. Elle reprend son souffle et aperçoit une forme sombre qui s’approche, la pousse vers le rivage, la soutien. Elle pense :

-Ah ! Merci Bertrand, je n’ai pas vu ces méduses. Attention à toi !

Lui, se rappelle cette blessure profonde, ce mauvais coup d’hélice. Cette sensation de s’en aller loin, très loin …Puis cette main chaleureuse qui l’a recueilli, transporté au centre océanographique, soigné, choyé, remis à l’eau ici. Le dauphin chéri de Virginie est au rendez-vous …

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Rédigé par Gérald

Publié dans #Les animaux

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Publié le 25 Mars 2017

Tu es vraiment le plus fort. Le plus habile. Adulé, chéri par tout un peuple, qui apprécie ton élégance, tu déclenches l’enthousiasme admiratif à chacune de tes apparitions. Oui, je sais ! Certains sont d’un avis contraire, mais les entend-on ? Sont-ils représentatifs de l’âme de ce peuple fier ? De cette tradition qui remonte à la nuit des temps ?

Ton talent à te sortir des passes les plus difficiles, libère les passions, étouffe tes opposants qui finissent par dire : oui le talent, certes, mais pourquoi toujours une fin tragique pour le perdant ?

Demain pour cette belle étrangère qui t’a séduit, tu vas te surpasser, l’éblouir.

Attention, t’ont prévenu tes picadors, cet Islero de l’élevage Miura est vicieux. Il a une âme de prédateur. C’est un fauve à l’état brut ! Toi tu es resté de marbre. Des fauves, tu en as combattu combien ? Cent ? deux-cent ? Trois-cent ? Tu as toujours l’œil aiguisé qui anticipe la trajectoire, qui ôte ton corps offert à un fauve sûr de lui et berné à la dernière seconde. Tes esquives déclenchent l’émeute dans les gradins. Il peut s’enrouler autour de toi, te renifler, te chercher, tes Tercios, Véronique, Faenas ont toujours autorité sur sa force brutale. La bête s’arrête alors langue pendante, tête baissée, souffle court. Mais comment ? Il est toujours là celui-là ?

Toi, tu lui tournes le dos. Ta démarche ondulante, ta cape sous le bras soulève les foules. Les Aficionados se déchaînent. Les humbles te jettent leurs casquettes, les belles une fleur. Le spectacle peut continuer, ainsi en a décidé le maître des lieux. Tu dois aller jusqu'à l’affrontement décisif. Tu sais cela, tu attends cela ! La foule retient son souffle. Le risque pour toi est si mince. On connaît ta bravoure. Tu possède tellement bien ton métier. Le fauve attend, tête toujours basse. Tu te retournes brusquement. Tu lui fais face. Tu dégage ton épée cachée dans un pli de ta cape. Tu fonces. Les mouchoirs blancs sont sortis des poches pour te saluer plus tard, comme une forêt de jasmins. Les applaudissements sont retenus, suspendus à ton action. La bête immobile soulève brusquement sa tête. Sa corne te transperce la jambe, la fémorale est touchée. Tu t’effondres. Islero s’éloigne titubant sous une envolée de capes multicolores. L’épée tremble dans son flanc. Contre la barrière en bois du Callejon, le taureau tombe à genoux. Une immense clameur de tout un peuple triste s’élève des arènes, franchit les gradins et s’envole au loin vers les quartiers populaires. La belle étrangère est déçue. Elle serre la tige de sa rose rouge jusqu’au sang. Nous sommes en Andalousie, à Linarès pour la corrida de l’été. Le torero est mort …

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Rédigé par Gérald

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Publié le 25 Mars 2017

Accoudé au parapet du belvédère, mon regard est attiré par je ne sais quelle intuition vers un vol tournoyant de cigognes. Elles finissent par se poser sur un plateau aménagé ici au sommet des pylônes électriques. Ces grandes voyageuses ne se laissent pas approcher. Malgré leur bonhomie et leur facilité à se construire un abri, on ne les sent pas apprivoisées. Elles veillent jalousement sur leur liberté. Sauf peut-être sur ces champs de l’Algarve, qu’elles reconnaissent Dieu sait comment, où, après un vol de plusieurs heures depuis la lointaine Afrique, fatigue aidant, elles se posent, se laissant approcher par quelques paysannes qui leur apportent eau et nourriture. Ici fières et hautaines, elles ne fréquentent que les hauteurs et les champs déserts. Pourquoi ? Je ne le sais pas !

Au pied d’un de ce pylône, un petit enclos cultivé avec quelques poules qui sentent réveiller en elles, je ne sais quel appel sauvage. Elles, préoccupées habituellement par la capture d’un ver, dont l’assaut le plus vertigineux est la bordure de jardin ou le nichoir du poulailler, les voilà qui lèvent la tête vers ces seigneurs des airs et se mettent à battre des ailes, à rêver d’horizons inconnus. La proximité de ces consœurs si agiles leur fait chavirer la raison. Ces cigognes qui côtoient l’homme mais s’en tiennent toujours à distance m’ont toujours fait rêver. Je n’ai pas souvenir de cigognes domestiquées. Elles qui connaissent les courants ascendants, les vents d’altitude qui portent sans forcer, elles qui, par je ne sais quelle intuition, ont la mémoire des territoires traversés, des mares où il faut descendre pour boire et se reposer, ne jettent pas un regard vers ces volatiles nourris au pied du pylône.

 

Un jour dans le silence de l’automne finissant, les seigneurs des airs s’élèveront à l’heure qu’elles auront choisie, comme un voilier prend le large avec la marée descendante. Elles formeront en altitude, par je ne sais quelle magie, ces équipes en triangles si reconnaissables et leur géographie mémorisée les guidera vers les côtes d’Afrique pour passer l’hiver. La poule lèvera le bec, attirée par ce froissement d’ailes, inclinera la tête sur un côté puis sur l’autre. Essayera de comprendre ce qui se passe là-haut, mais, dépassée par l’évènement, plongera sur ce grain de maïs et oubliera ses ailes inutiles. Je ne sais pas pourquoi, mais j’aime les cigognes et leur liberté.

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Rédigé par Gérald

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Publié le 21 Mars 2017

Suite à l'atelier "Nouvelle littéraire", une mini-nouvelle à partir du titre :

LE PORTRAIT FATAL

Je contemplai les formes rondes rondes de la "Femme à sa toilette" de Botero, enfin... une copie... un petit tableau chiné dans une brocante qui avait trouvé sa place dans la salle de bain d'une amie chez qui je passais le week-end. La belle aux hanches pleines, de dos, nue devant son lavabo, accomplissait les mêmes gestes que moi, nue, devant mon lavabo.

Je m'approchais du tableau pour en saisir les détails quand tout a basculé. Aspirée par un drôle de courant d'air, j'ai été happée. Et me voici, debout à côté d'elle, devant son miroir. Elle a tellement été surprise qu'elle en a oublié de crier... Moi aussi... tétanisée... Puis elle a froncé le sourcil, a attrapé mon bras et débité un chapelet de phrases agressives en espagnol je crois... Je n'ai rien compris mais j'ai bien senti que je n'étais pas la bienvenue ! J'ai tenté de me sauver, en vain, me heurtant de partout sur le cadre.

Le plus étrange était de voir la salle de bain d'où je venais, ma brosse à dents abandonnée, mes affaires éparpillées. La "Femme à sa toilette" s'est retournée, a compris qu'on pouvait la voir, nue, devant son lavabo. Cela l'a paniquée et moi aussi du coup, surtout quand j'ai croisé le regard éberlué de mon amie qui venait d'entrer et qui nous a trouvées, toutes les deux, agrippées au cadre du tableau. Elle s’est approchée, a essayé d’attraper ma main, en vain. Pourvu qu’elle ne bascule pas à son tour !

Le tableau n’a pas voulu d’elle. Elle s’est enfuie – chercher du secours, a-t-elle hoqueté – et depuis, j’attends. La "Femme à sa toilette" est retournée à ses ablutions éternelles et moi, clouée comme un papillon sur une toile, je fixe sans ciller la salle de bain vide. Les saisons se succèdent à travers la fenêtre, la poussière s’amoncelle sur le lavabo, la maison s’endort dans l’oubli, me laissant figée dans mon tout petit cadre.

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Publié le 18 Mars 2017

Issus de l'atelier "LES CLICHÉS", les textes de Monique :

Clichés

 

  1. Camus ampoulé

 

Un bolide pétaradant à deux roues, conduit par un homme de taille réduite et de faible corpulence, arborant un lorgnon et un pantalon qui semblait tout droit sorti d’une aventure de Tintin, avait eu l’impudence de me doubler et de s’installer devant moi au feu tricolore. Marquant un arrêt, ce gringalet avait calé le moteur de son bruyant engin et se donnait une peine infinie pour lui donner un second souffle, mais ses efforts restaient lettre morte. Quand le feu tricolore changea de couleur pour nous laisser le passage, je le priai instamment, usant de la déférence qui m’était coutumière, de bien vouloir me céder le passage en mettant de côté son véhicule motorisé. L’individu de modeste taille était encore en proie à un vif courroux contre son moteur qui refusait obstinément de reprendre du service. Il me rétorqua in petto, montant sur ses grands chevaux et faisant fi des lois de la civilité, que je pouvais aller me faire voir chez les Grecs. Prenant mon courage à deux mains, je me mis en tête d’enjoindre ce conducteur exaspérant de respecter les règles de la plus élémentaire courtoisie et de prendre en considération l’entrave qu’il occasionnait aux véhicules qui s’efforçaient de le dépasser. Le fanfaron atrabilaire, poussé à bout par l’insondable obstination de son moteur à refuser catégoriquement de démarrer, me fit savoir que si j’émettais le souhait de le voir mettre son poing sur ma figure, c’est avec une joie sans mélange qu’il s’acquitterait de cette délicate mission. Une impudence aussi ahurissante me mit dans une colère noire et je résolus de m’extraire de ma voiture, animé d’une détermination sans faille, fermement décidé à rendre à ce matamore la monnaie de sa pièce. Mais en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, de la foule qui, comme par enchantement, commençait à former une amas compact, surgit un olibrius qui se jeta sur moi comme la vérole sur le bas clergé et usa de sa persuasion pour m’intimer l’ordre de m’abstenir de lever la main sur ce douteux personnage, au fallacieux prétexte que, chevauchant son engin à roulettes, il ne faisait pas le poids et que je serais un fieffé gredin si je m’avisais de tirer parti de la situation. J’attendis de pied ferme ce fier à bras, et pour ne rien vous cacher, il n’apparut même pas dans mon champ de vision. A la vitesse de l’éclair, le diabolique engin fit entendre son vrombissement et c’est alors que, tel un coup de massue, me fut asséné un direct du droit sur le pavillon. A peine avais-je eu le temps de reprendre mes esprits et de tourner les talons que le bolide infernal prit la poudre d’escampette.

 

  1. Raviver les clichés

 

  • Je caresse l’idée de partir au bout du monde.

  • Ah bon ! Et vous la caressez dans le sens du poil ?

  • Oui, autant que possible, sinon l’idée ne peut pas germer.

  • Comment ça, elle reste en terre, alors ?

  • Euh, disons qu’elle ne fait que de brèves apparitions.

  • Ah ! En quelque sorte, elle tente de se frayer un chemin dans le labyrinthe de vos pensées ?

  • C’est cela et quand je m’y abandonne corps et âme, elle suffit à me plonger dans une joie indicible.

  • Je vois et quand comptez-vous la passer au crible de la dure réalité ?

  • Je ne sais trop. Peut-être restera-t-elle à l’état d’ébauche et irradiera-t-elle ainsi de sa lumière mon paysage intérieur

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Rédigé par Monique

Publié dans #Divers

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Publié le 11 Mars 2017

Suite à l'atelier sur le personnage littéraire ...

***

Sébastien le Vigoureux est inspecteur principal au commissariat central de Villeréal, petite ville au centre profond du pays. Il a toujours eu le sentiment de mal porter son nom. Du moins physiquement. La quarantaine passée, il avait fini par assumer le fait de ne pas être une armoire à glace. Longiligne, l’élégance sobre, il avait cette nonchalance des gens du sud, un tantinet choquante, qui cachait un esprit vif. Son supérieur, le commissaire Benoît, à deux doigts de la retraite comptait beaucoup sur son inspecteur principal pour lui succéder. Les rapports avaient été diffusés en haut lieu.

Sébastien appréhendait toujours la première entrevue. Les commentaires du type

-Ah ! C’est vous ?... Sous entendu –Ah ! C’est vous qui allez résoudre cette énigme ? Il y était habitué. Comme si le fait de s’adresser à un officier de police de cent kilos de muscles rassurait forcément ?

Son visage impassible ne laissait apparaître aucune émotion, mais rien n’échappait à son regard aiguisé. Certaines fois un temps de décalage lui était nécessaire, mais très vite la mémoire des choses vues et enregistrées, doublée d’une fine psychologie, le guidait vers « ce qui aurait dû se passer ».

Évidemment, il s’en méfiait lui-même. Les pistes les plus improbables étaient explorées pour étayer son premier ressenti. En fait, c’était un grand intuitif.

-Avoir du nez dans notre métier, ça ne peut être qu’une qualité, lui rabâchait son supérieur. Encore fallait-il compléter tout cela par des preuves, n’est-ce-pas ?

Sébastien aimait la musique. La grande musique. Il était subjugué par ces enchaînements logiques de notes qui entraînent le spectateur vers une issue qu’il pressent.

Est-ce que la vie ce n’est pas un peu cela ?

Enfin, celle vécue par les victimes qui avaient souvent vécu un enchaînement, peut être malgré elles, les conduisant vers une issue que l’on pouvait déduire.

 

Sébastien, plongé dans ses réflexions, roulait dans sa voiture de fonction vers la propriété du Comte de la Courtade. Son supérieur, alerté par Mr le maire, lui-même alerté par Mr le comte pour une affaire de braconnage dans sa propriété, qualifiée « d’assassinat » par l’intéressé, avait déclenché la procédure. Sébastien comprenait mal l’empressement de sa hiérarchie. Répondre à un fait divers : « cette biche qui avait bramé toute la nuit et cette découverte au petit matin … Pas de quoi affoler les populations ! ». Mr le Comte devait être un gros contribuable, il fallait lui démontrer que la sécurité de la province s’intéressait à tout. Certainement ! Quelle autre raison sinon ?

Arrivé au château, la presse était déjà là. Ludivine le reconnut et se précipita aussitôt vers lui.

-Sébastien, je compte sur toi. L’article fera la « une » demain. Je ne nommerai pas mes sources, tu le sais !

Lui sourit et se dirige, impassible, vers un groupe de personnes constitué du Comte, du garde-champêtre et du personnel d’écurie. Il se présente.

-Ah c’est vous ! Oui, la rengaine il connaît ! Il demande à être confronté au « drame ! ».

-Vous comprenez, lui dit Mr le Comte, ces braconniers doivent être arrêtés au plus tôt. Vous vous rendez compte ? Cette biche venait de mettre au monde ce faon ! C’est inhumain pour cette pauvre bête !

Sébastien, bien qu’agacé, ne laisse rien paraître.

-Mr le Comte, peut-on se rendre à l’endroit ou cela s’est passé ?

Le garde champêtre prit l’initiative et les conduisit à la limite d’une clairière.

Sur place, il vit la chaînette sectionnée d’un piège. En écartant les fourrés, il distingua une douille neuve de 9 m/m. Bigre, une arme de guerre. Il enfila aussitôt ses gants de latex, la ramassa et la glissa dans une petite pochette.

-Est-ce que quelqu’un a entendu un coup de feu ?

-Personne, répondit le comte. Avec cette biche qui bramait à fendre l’âme, que voulez-vous entendre ?

-Voyez-vous Mr le Comte, il importe plus de retrouver cette arme et l’homme qui s’en est servi que le coupable de ce braconnage.

-Qui est certainement la même personne, enchaîne le Comte.

-Peut-être, peut-être !...

Sébastien regrette aussitôt de ne pas avoir son équipe technique avec lui. Les herbes avaient été piétinées. A cet endroit, les traces éventuelles du tireur largement souillées. En élargissant son champ visuel, il remarque des herbes couchées et des marques brunes qui conduisent vers un chemin…

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Rédigé par Gérald

Publié dans #Les animaux

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Publié le 11 Mars 2017

Description sensorielle...

***

Le feu ronfle dans la cuisinière à bois. Le chaudron fume. Les oignons, comme toujours, remplissent la pièce de leurs délicates effluves. Les tomates plus fragiles ne seront rajoutées qu’en fin de cuisson.

Les poivrons, courgettes, aubergines coupés en petits dés attendent dans un plat, recouvert d’un torchon impeccable.

La poignée de la lourde porte bascule et François entre en coup de vent. Les volutes qui s’élèvent au dessus du chaudron, s’enroulent autour de la chaînette de suspente de la cheminée ; il referme la porte. Un souffle d’air froid se glisse dans le refuge.

Michel attentif à la cuisson, fait la grimace. Toujours pressé celui-là! François enchaîne déjà :

-Bon ! Dis-moi, tu es prêt ? On doit partir après le repas. J’ai préparé les skis et le temps à l’air de tourner, tu t’en es rendu compte non ?

-Oh là ! Oh là ! Du calme François ! Chaque chose en son temps. Maintenant, je prépare le repas, c’est une chose sacrée, tu as l’air de l’oublier ! Alors on se concentre sur le repas, la descente on en parlera après ! Il termine par :

-Ah, ces intellos !

-Quoi, ces intellos ! Tout ça parce que je suis toujours avec un livre ? Oui, d’accord, je …

François arrête sa phrase, il vient de se rendre compte subitement du parfum des oignons qui rissolent ! Son œil glisse vers l’assiette de légumes prêts à être cuits. Quelles belles couleurs, en effet …

Il veut renchérir sur la descente, mais le regard de Michel l’arrête net. Il plonge sa main dans le plat en attente et croque une carotte coupée, ferme, savoureuse. Il décide de s’asseoir près du foyer et surveiller les gestes de Michel tout à sa préparation.

-Tu ferais mieux de dresser la table, ça t’occuperas !

François ne se fait pas prier. Il ouvre le grand buffet, en sort une nappe à carreaux et d’un geste brusque et adroit envoie le tissu qui se dépose en douceur, comme par enchantement, sur la grande table. Il en caresse le chêne, ajuste le tissu, dépose assiettes et couverts.

Michel rajoute les légumes préparés. Avec sa cuillère en bois il tourne, goûte, rajoute un peu de thym, une demi gousse d’ail, un zeste de laurier, goûte encore, touille. Ses narines dilatées sont le baromètre de sa composition. Ses papilles le guident avec sûreté dans cette fragrance de saveurs. Une odeur trop acide, un crissement trop prononcé dans le chaudron, aussitôt, il déplace le récipient, ouvre la petite porte du foyer et remue les bûchettes. La cuisson prend forme … Enfin, le plat lui semble terminé. Il peut rajouter les feuilles de ce basilic si fragile. Le feu doux parachève la cuisson.

-Bon ! Je crois qu’on peut passer à table. La descente on pourra toujours en parler, mais si je peux me permettre : apprécie quand même ce que je vous ai préparé. Tu sais la cuisine c’est comme une belle fille qui passe prés de toi, si tu prends le temps de l’observer, de te laisser porter par ce qu’elle t’inspire, c’est une partie du bonheur que tu vis là. Cuisiner c’est un peu la même chose. Préparer, surveiller, améliorer, partager ce qu’on a créé, le mettre à disposition de ses invités c’est une autre partie du bonheur, tu comprends ça ? Et il continue, Toi tu aurais tendance a toujours anticiper, penser a autre chose, je me trompe ?

Le groupe arrive, dépose raquettes, sacs et piolets, s’installe. On parle déjà du retour. Le brouhaha s’impose.

François installé à côté de Michel ne dit plus rien. Il déguste le plat en soufflant sur sa fourchette, il apprécie vraiment, puis avec un sourire,

-Oui ! Tu as toujours une longueur d’avance sur moi ! C’est toi qui es dans le vrai, et c’est moi que tu qualifie d’intello ?

A l’extérieur, on aperçoit par la fenêtre quelques lourds flocons qui commencent à tomber.

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Rédigé par Gerald

Publié dans #Divers

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