Le refrain s'immisce et bourdonne au gré d'une foulée fantasque..
Réfractaire, facétieux, il semble animé d'une vie propre. Et m'accompagne Allegro tout au long du jour. À la source, souvent, le dernier morceau entendu à la radio. Ou peut-être celui qui m'a marquée, qui s'est incrusté sans vraie concertation. Les oreilles, porte d'entrée d'un chemin parallèle, comme une partition qui s'écrit en sourdine et inonde le cerveau, des vibrations volubiles et volages dont j'aimerais parfois baisser l'intensité.
La musique, reine des émotions.
Un son beau oui comme Bowie, icône glam rock des jeunes années. La transe contagieuse d'une star androgyne à paillettes, cheveux rouges et yeux dépareillés cernés de bleu, costume extraterrestre pour Space Oddity.. plus qu'une voix, une incarnation vibrante d'un voyage vers l'étrange. Une ode à la différence. L'envolée de
guitare, la boucle du synthétiseur, les accords du piano.. une virée stridente qui chavire les pupilles.
En écho au chanteur lyrique Klaus Nomi et son cold song.. une voix à la tessiture hors du commun, de basse à contre ténor, un look extraterrestre au nœud pap, pour un style New Age expérimental.. un frisson durable et inquiétant à la fois.
Ou bien un style plus minimaliste comme Agnès Obel ou Cat Power, timbre diaphane pour une symphonie d'émotions, un pont entre folk, rock, et classique.. une voix qui emporte au plus profond. Un papillon sur l'épaule. Une touche de harpe pour lever les yeux au ciel.
Ou encore la voix éraillée, rugueuse, fissurée, imbibée d'alcool et de drogue, de l'égérie pop rock Marianne Faithfull, qui scande plus qu'elle ne chante, des poèmes et hommages aux amis disparus. Comme Patti Smith, une voix grave et vibrante par-delà les nuages.
Et tant d'autres qui fouillent les tripes par des arrangements feutrés, rythmés, évocateurs, une voix haute et lascive, tel le trip hop de Portishead.
Des émotions figées dans la mémoire, les années qui passent. Les concerts en plein air des années psychédéliques aux allures échevelées, Genesis, Yes, ou Pink Floyd, dont les vibrations sonores sont un bain de jouvence.
Comme quelques hits anciens, tel que I will survive de Gloria Gaynor, isn't she lovely de Stevie Wonder ou encore all by myself D'Eric Carmen, qui transportent et chavirent dans les boîtes enfumées des eighties.
Et puis les clips déjantés de Sir Elton John, entre I'm still standing et candle in the wind... Icône de la pop musique internationale, d'une culture musicale impressionnante, inoubliable enchantement.
Sans oublier L’homme à la tête de chou.
Gainsbourg forever, qui s'est largement inspiré de la musique classique, Brahms, Chopin, Dvorak, pour composer de splendides morceaux, sensuels et mélodieux, parfois en duo, hommage aux femmes.
Gainsbourg chante rauque, à faible registre, il murmure et soupire tel un fumeur ivre et sans souffle, en accord avec une posture, une mimique. Les mots d'un esprit prolifique et provocateur. Des chuchotements inoubliables sur rythme cadencé. Un émoi condensé..
Après l'audition viennent les partitions.
Le chœur et ses adeptes.
Une période entre le sacré et le profane. Musique de films, et grands compositeurs classiques.
L'Ave verum de Mozart emporte le cœur et l'esprit au-delà des mots.
L'orgue apporte la touche solennelle. Le cantique de Fauré, mélodie vibrante où se chevauchent les différents pupitres en harmonie.
L'émotion ressentie lors de l'interprétation du Requiem de Fauré dans une petite église de l'arrière-pays niçois. Voire même en récitant un deprofundis lors d'un hommage plus intime.
Une petite musique qui reste longtemps au fond du cœur et des entrailles..
Du côté des films, la série James Bond propose des bandes son intéressantes, comme "Skyfall", interprété par Adèle, difficile à égaler pour notre chœur.. ou le chaleureux we have all the time in the world chanté à l'origine par Louis Armstrong..
Suivant les injonctions du chef de chœur, chaque choriste tente de suivre le tempo et l'intensité désirés, passant du murmure au carillon, du chuintement à la clameur, et même.. du rire aux larmes.
Les émotions vivent et s'envolent au gré du répertoire. Au bout du souffle.
En guise de final, notre maestro peut nous interpréter un arrangement du morceau culte de Miles Davis "so what" sur son saxophone alto. Jazz modal Bebop pour clôturer en beauté une séance, avec battements de cœur à l'unisson.
À propos du jazz.. une voix chaude et rocailleuse qui m'a fait vibrer sans commune mesure, celle de Amy Winehouse, fabuleuse britannique à la choucroute caractéristique.
Une palette vocale mezzo soprano ("Back to Black") pouvant couvrir trois octaves, entre jazz, blues, et soul, une ampleur et une présence incroyables.. un frisson durable et nostalgique.
Inspirée par le jazz et la musique indienne, la musique minimaliste revient vers une tonalité répétitive, une autre émotion, moins mélodieuse, plus cérébrale. Avec John Cage ou Philippe Glass comme représentants majeurs.
La musique adoucit les mœurs.
Pour finir, bien sûr.. la musique, l'art du silence.
Le silence est une vraie note. Pas de musique sans le silence, la pause. Simon et Garfunkel l'ont bien chanté dans les années 60 (the sound of silence). Et John Lennon avec Yoko Ono, en forme d'hommage vibrant (two minutes silence).
La musique, le silence du silence.