Publié le 29 Septembre 2020
Rêve des femmes de Kirstine Nangala Brown
Le vieil autobus s’essouffle, son moteur gémit. A travers la vitre le paysage défile.
Le chemin à rayures blanches et bleues serpente au milieu des dunes, des dunes concentriques, colorées, qui s’aplatissent dans un tapis sur lequel un lézard à rayures blanches et bleues, à dix pattes, sans queue ni tête, se tortille. Le tapis s’anime, bouillonne, fait des bulles, je brûle.
Le feu du soleil irradie le lézard pétrifié. Ses pattes s’allongent, ma tête explose.
Une grand-mère attrape le tapis. Dans ses mains, il devient couverture au crochet pendant qu’elle crochète à toute vitesse et crée de nouveaux soleils ; le lézard a un fil à la patte, moi aussi.
Je me débats, je tombe au centre d’un soleil-planète à anneaux. Encerclée, je tourne sur un disque bleu, saute sur un disque rouge, sur un jaune, change de manège. La musique de la fête fait exploser des bulles, libère un arc-en-ciel multicolore.
Un grand personnage tout maigre, à rayures blanches et bleues, m’attrape, me fait danser de ses dix bras. La valse tourbillonne, le lézard fait un clin d’œil. La grand-mère le chasse, elle cherche son crochet. La pelote de laine se dévide, le personnage à rayures blanches et bleues se détricote, je tombe dans une pelote de laine, ressort sur le chemin à rayures blanches et bleues qui serpente au milieu des dunes…
Le vieil autobus tressaille, moi aussi, réveillée en sursaut. A travers la vitre le paysage défile….