Rêve éveillé
Publié le 24 Avril 2024
De ce petit hôtel restaurant de l'avenue Jean Médecin, j'ouvre tous les soirs la fenêtre de la cuisine où je travaille. J'ouvre juste assez pour voir les lumières de la rue. Bizarre ces points, ces tirets; Monsieur m'a dit que c'était trop compliqué à comprendre pour moi. Je suis sûre qu'il n'y comprend rien lui-même. Ça doit être un grand artiste qui a créé ça !
En faisant la vaisselle, je commence comme d'habitude mon rêve éveillé tout en regardant attentivement les illuminations bleues.
Et comme d'habitude, je commence ma prière : "Sainte Marie, mère de Dieu…". C'est l'heure où elle descend la Vierge Marie, elle m'enveloppe de son manteau azur. Elle est là pour me protéger, m'apprendre à aimer et à voir autrement ce qui m'entoure. Elle me tire et m'emmène très très haut vers le ciel turquoise.
Elle fait une pause et me montre notre planète bleue. Mes yeux sont écarquillés. Quelle merveille! Elle me redescend tout doucement. Nous survolons le désert. Là où vivent les Touaregs. Ils nous regardent passer. On ne voit que leurs yeux doux qui sortent du chèche indigo.
Puis, elle me balade au-dessus des superbes dunes en direction du magnifique océan marine.
Mon cœur fond de tendresse en voyant la belle baleine bleue sauter, plonger et ressauter à nouveau en m'aspergeant d'eau.
Au loin, on entend une chanson douce :"Je te dirai les mots qui rendent les gens heureux…".
Réveil soudain. La porte s'ouvre violemment ; "Alors, toujours en train de rêvasser au lieu de bosser ! Tu en veux des bleus sur ta peau de black?". Grand éclat de rire de méchant patron.
Là, je remonte loin, loin du temps de mes arrières, arrières, arrières grands-parents. Dans le champ de coton bleu du reflet du ciel, Les chants langoureux et prenants du gospel commencent.
Puis là une pointe, une douleur au cœur. Toujours ce blues qui revient !