Publié le 29 Septembre 2019

Enfin ! C’est fou le monde qu’il y a aujourd’hui à la cinémathèque ! Arrivée bien en avance, j’ai trouvé une file d’attente considérable et piétiné un bon moment devant les portes. Heureusement, il ne fait pas froid et j’ai aperçu quelques personnes de connaissance..

Ça y est, c’est l’instant magique de l’entrée, toujours renouvelé, chaque fois différent. Il flotte une vague odeur de camphre, peut-être un produit pour nettoyer ou éliminer les miasmes de la séance précédente.

Tout le monde se bouscule pour avoir la meilleure place. Une dame me marche sur le pied. J’émets un petit cri inaudible, elle continue sa progression, elle est déjà loin.

Claquement des fauteuils dont les ressorts semblent fatigués. La salle bruisse de mille conversations chuchotées. Mais beaucoup semblent happés par leur téléphone, yeux baissés, pouces agiles, tous ces rectangles lumineux forment comme des guirlandes.

En rangeant le mien, je trouve au fond de la poche du sac un caramel oublié. Petite madeleine des séances de l’enfance où l’ouvreuse, son panier accroché autour du cou, clamait « Bonbons, esquimaux, chocolats glacés ! » et où nous entamions les négociations. J’adorais regarder les publicités et obligeais mes parents à m’attendre, mi-agacés, mi-moqueurs, jusqu’au début de la séance suivante pour les voir encore une fois. Je déguste le bonbon un peu mou, le fais fondre lentement, cette douceur sucrée me régale, mes dents n’en raffolent pas.

Tout le monde semble avoir réussi à trouver une place, enfin. Les conversations peu à peu s’effilochent, les bruits sont plus étouffés, les téléphones rangés. On se prépare, on se met en condition. Les gens devant moi continuent de parler tandis que les lumières s’éteignent. Vont-ils se taire ? Je lâche un discret « chuuut » qui se veut, pour l’instant, amical.

Ici, pas de publicité et le film démarre à l’heure pile. Je me cale dans mon fauteuil, pas de chignon haut ni de couvre-chef imposant devant, je vais pouvoir m’appuyer sur le velours un peu râpeux du dossier. Mon voisin sent la transpiration, ou le corps pas très bien lavé. Il va falloir supporter car il n’y a plus la moindre place libre et je n’ai pas de pince-nez.

Heureusement, dès que la séance va commencer, comme à chaque fois, j’oublierai tout et plongerai tête la première dans le film. Une heure quarante de bonheur.

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Rédigé par Monique

Publié dans #Cinéma

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Publié le 29 Septembre 2019

Enfin ! C’est fou le monde qu’il y a aujourd’hui à la cinémathèque ! Arrivée bien en avance, j’ai trouvé une file d’attente considérable et piétiné un bon moment devant les portes. Heureusement, il ne fait pas froid et j’ai aperçu quelques personnes de connaissance..

Ça y est, c’est l’instant magique de l’entrée, toujours renouvelé, chaque fois différent. Il flotte une vague odeur de camphre, peut-être un produit pour nettoyer ou éliminer les miasmes de la séance précédente.

Tout le monde se bouscule pour avoir la meilleure place. Une dame me marche sur le pied. J’émets un petit cri inaudible, elle continue sa progression, elle est déjà loin.

Claquement des fauteuils dont les ressorts semblent fatigués. La salle bruisse de mille conversations chuchotées. Mais beaucoup semblent happés par leur téléphone, yeux baissés, pouces agiles, tous ces rectangles lumineux forment comme des guirlandes.

En rangeant le mien, je trouve au fond de la poche du sac un caramel oublié. Petite madeleine des séances de l’enfance où l’ouvreuse, son panier accroché autour du cou, clamait « Bonbons, esquimaux, chocolats glacés ! » et où nous entamions les négociations. J’adorais regarder les publicités et obligeais mes parents à m’attendre, mi-agacés, mi-moqueurs, jusqu’au début de la séance suivante pour les voir encore une fois. Je déguste le bonbon un peu mou, le fais fondre lentement, cette douceur sucrée me régale, mes dents n’en raffolent pas.

Tout le monde semble avoir réussi à trouver une place, enfin. Les conversations peu à peu s’effilochent, les bruits sont plus étouffés, les téléphones rangés. On se prépare, on se met en condition. Les gens devant moi continuent de parler tandis que les lumières s’éteignent. Vont-ils se taire ? Je lâche un discret « chuuut » qui se veut, pour l’instant, amical.

Ici, pas de publicité et le film démarre à l’heure pile. Je me cale dans mon fauteuil, pas de chignon haut ni de couvre-chef imposant devant, je vais pouvoir m’appuyer sur le velours un peu râpeux du dossier. Mon voisin sent la transpiration, ou le corps pas très bien lavé. Il va falloir supporter car il n’y a plus la moindre place libre et je n’ai pas de pince-nez.

Heureusement, dès que la séance va commencer, comme à chaque fois, j’oublierai tout et plongerai tête la première dans le film. Une heure quarante de bonheur.

 

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Rédigé par Monique

Publié dans #Cinéma

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Publié le 26 Septembre 2019

Depuis que moi, Jean Gabin, je suis au paradis des acteurs, j'ai pu vérifier que la terre est ronde comme je le disais dans une de mes chansons sans trop y croire. Aujourd'hui un nuage de poussières semble vouloir nous ébouriffer les cheveux mais peine perdue car comme vous vous en doutez, nous n’en n'avons plus.  

Au loin j'aperçois Fernandel qui passe son temps à rechercher son accent de Marseille et à prier Notre Dame de la Garde. Son leitmotiv : 

« La justice c’est comme la Sainte Vierge. Si on ne la voit pas de temps en temps, le doute s’installe »

Il semble avoir beaucoup de respect pour les femmes et aime répéter

« Dans la vie, il faut toujours être gentil avec les femmes même avec la sienne. »

Moi aussi je me suis intéressé aux belles femmes dans ma jeunesse j'ai eu du succès auprès d'elles ; par contre le fuyais celles à la tête dure et la fesse molle. 

Voilà Simone avec son chat : 

- Bonjour Simone
- Bonjour Jean. Polnareff avait raison quand il chantait « on ira tous au paradis".
 

L'autre jour j’ai aperçu Jean Blier sans flingue qui marmonnait :

"Un pigeon, c'est plus con qu'un dauphin, d'accord, mais    ça vole « .

Je lui ai répondu  en plaisantant :

 « Vois comme Dieu fait bien les choses quelquefois ».

- Est-ce que quelqu’un sait ce que Dieu va faire de nous ? a demandé Yves Montand ?

- Le sait-il lui-même, a ricané Blier ?

 - Qu’importe, on a l’éternité devant nous ! Qui vivra verra, a ironisé Jean.  

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Rédigé par Françoise M.

Publié dans #Cinéma

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Publié le 24 Septembre 2019

Gabin bichonne ses roses dans sa serre du paradis, Blier arrive avec une bouteille de Saint-Emilion sous le bras.

Blier : -Tu t’es recyclé dans les roses, tu vieilli mal mon vieux !

Silence de Gabin…

-Il me gonfle celui-là. Il ne voit pas que je tutoie le bonheur. Plus de stress, plus de rendez-vous, plus d’obligation, plus rien quoi ! Et lui qui vient me chercher avec sa tête de canard !

Tiens, ça me fait penser que lorsqu’on a une tête de canard, des ailes de canard et des pattes de canard, c’est qu’on est un canard. C’est vrai aussi pour les couillons !

Blier : -Alors tu ne réponds pas ?

Gabin : - Ecoute, on n’apporte pas de saucisses lorsqu’on se rend à Francfort !

Tu as regardé sous mes plantes ? Une cave à faire pâlir un ours polaire !

Blier se rend compte qu’il s’est fait moucher une fois de plus… même ici. Il déambule parmi les végétaux sans répondre.

Gabin : Tu boudes ? Et bien je vais te dire : Quand on n’a pas de personnel pour garder ses conneries et bien on s’empêche !

Blier sort de la serre et croise Audiard.

-Ah vous êtes là vous aussi ? Décidément vous vous êtes tous reconvertis aux feuillages !

Audiard ne répond pas et s’éloigne.

Gabin cogne à la vitre de la serre et fait signe à Blier de revenir. Les deux acteurs se retrouvent face à face.

Gabin : Tu sais, j’ai dit ça sans réfléchir. Il ne faut pas s’énerver. Il vaut mieux partir la tête basse que les pieds devant, ça suffit d’une fois.

Blier : Pourquoi je m’énerverai ? Monsieur joue les lointains, mais je peux très bien lui claquer la gueule au monsieur et sans m’énerver, ça ne sera pas la première fois.

Gabin : Ah toi tu n’as pas changé, la tête toujours aussi prêt du bonnet !

Blier : Toi par contre toujours aussi fêlé !

Gabin : Heureux soient les fêlés car ils laissent passer la lumière !

Ils se regardent tous les deux et éclatent de rire.

 

Gabin : Alors tu nous le fait goûter ton liquide ?

Le bouchon saute, les verres se remplissent et se vident aussitôt. Gabin recrache ce qu’il vient de tester.

-Pouah ! Il est bouchonné ton brouille-ménage. Tu nous as trompés avec l’enveloppe mais l’ivresse ne sera pas au rendez-vous !

L’œil brillant, le sourcil en bataille Gabin lève son verre vide et se laisse aller.

-Depuis Jésus avec Judas jusqu’à Napoléon attendant Grouchy à Waterloo, toutes les grandes affaires qui ont foiré étaient basées sur la confiance !

Par la fenêtre Audiard silencieux les écoute :

-Mince alors, je n’ai plus rien à leur apprendre à ces deux là !

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Rédigé par Atelier Ecriture

Publié dans #Cinéma

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Publié le 24 Septembre 2019

Lui est entre les deux, installé en sénilité tranquille, après deux AVC successifs.

Il rêve de l'autre monde.

L'autre est là-haut depuis un bail, la gouaille joviale, rêvant de machine à vapeur et de belles pépées..

La scène se passe entre deux nuages noircis d'une fumée épaisse, sortie d'entre les rails..

 

Lui

Dis-moi ... ça se passe bien là-haut ?

Ça bouge un peu au moins ?

 

L'autre

C'est un peu comme en bas, en plus léger.. ça manque de poulettes.. ou alors c'est mes

yeux qui travaillent du chapeau, mais bon..

Ah tiens...V' la Marilyn.. quelle girouette celle-là.. mais une girouette plutôt Gironde, non ?

 

Marilyn

Mets la un peu en sourdine, Jeannot..​ dans la vie, faut être gentil avec les femmes... Même avec la sienne !

 

Lui

Marilyn ? Tu vois Marilyn ? Il y a des bouches de métro aussi ?

 

L'autre

Ah ça.. des bouches il y en a plein.. ça cause à tour de bras.. j'en ai le tournis..​ Si la connerie n'est pas remboursée par la sécu, ils vont tous finir sur la paille.. ​ ou au mitard !

Quant au métro.. c'est pas Paname ici, moi je vois plutôt la bataille du rail.. plein les mirettes, les yeux explosés, la fumée comme un maquillage..

 

Lui

Tu rigoles ? La fumette ? C'est plus de notre âge.. quoique.. ça me secouerait un peu les

neurones, comme au temps de mes cascades..

 

Marilyn

Des cascades ? Où ça une cascade ? Et qui parle de bijoux ? Hum… Quelle couleur la cascade? Elle brille comment ?

 

L'autre

Quelle idiote celle-là, ou plutôt..quelle actrice ! En parlant bijoux, tu te sers encore des tiens, enfin je veux dire.. ceux de famille, comme ils disent.. dans ton EHPAD du cinoche, là en bas ?

 

Marilyn

Vous êtes pitoyables.. des histrions sur le retour, grave... et l'émotion, vous en faites quoi ?

Les yeux qui pétillent et tu la voix qui frémit.. ça vous dit quelque chose ?

 

L'autre

Calmos, la pin-up.. tu sais bien qu'on se la joue encore un peu, même là-haut..​ et les cons ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît..

Toi en bas, JP, j'ai dans l'idée que tu t'emmerdes un peu, pas vrai ? La retraite dorée, c'est pas ton truc ?

 

Lui

C'est ça...c'est ça..​ plus tu as de pognon, moins t'as de principes.. ​ sans parler des impôts !

 

Je crois que je m'égare un peu.. peut-être raté la gare de triage.. ou une intox au CO2..

 

Maryline s'agite, Lui s'impatiente, L'autre rêve encore..

 

Et moi.. je suis limite..sur la taille des nuages qui s'effilochent au cours du temps.. Ils sont tellement bavards qu'ils m'ont fait zapper les phrases de transition.. mais bon.. Honneur au cinoche et au rêve, aux grandes gueules, d'amour ou d'aventure..

Aux belles images imprégnées dans nos têtes !

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Rédigé par Nadine

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Publié le 24 Septembre 2019

J'ai rendez vous avec lui, un grand Barbouze, l'air renfrogné, une gueule de con, m'a-t-on dit !! Bon, bon sympa la description !!

Le mot de passe : Un pigeon, c'est plus con qu'un dauphin, d'accord, mais ça vole !!

Ça fait une plombe que j'attends, faudrait qu' il se magne !!

-  Bonjour, moi c'est Arletty, vous m'attendiez, dit une petite voix en minaudant, une superbe rousse aux yeux verts.

-  Eh bien, c'est à dire oui, non, j'attends un ami.

Mon Dieu, qu'est ce que je fais !!

-  LINO n'a pas pu venir, un cas d'extrême urgence, on peut dire ça comme ça, vous voyez !

A vrai dire je ne vois rien du tout, (et le mot de passe), je vais bigophoner au PACHA, il me dira quoi faire.

-  Un instant je dois passer un coup de fil, permettez !

Cette situation est louche, une phrase me revient : Les ordres sont les suivants, on courtise, on séduit, on enlève et en cas d'urgence, on épouse. Oui mais enfin, y a rien à voir avec la situation.

-  PACHA, c'est moi

-  Oui, je sais un contre temps, il t'a envoyé sa blonde!

-  Non elle est rousse, ARLETTY!

-  Ah bon, fait gaffe, laisse tomber et rentre : Il vaut mieux s'en aller la tête que les pieds devant.

-  Alors, beau brun qu'est ce qu'on fait !!

-  Vous je ne sais pas, moi je rentre, la journée est terminée.

Quand on mettra les cons sur orbite, t'a pas fini de tourner .!!

-  Qu'est ce qu'elle dit la gamine ? Répète !!

-  Je dis qu'un pigeon, c'est plus con, patati, patata.... tu m'suis, c'était un test, t'es reçu, bravo !!! T’énerve pas !

Il a peut être une gueule de con LINO, mais il est prudent, tu vois le genre !!!

- Mais pourquoi j' m'énerverais, je peux très bien lui claquer la gueule sans m'énerver.

-  Surprise, c'était pour la camera cachée du Paradis !!!!!!!

- Je ne suis pas contre les excuses, je suis même prêt à en recevoir.

 

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Rédigé par Dominique

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Publié le 24 Septembre 2019

Coupez, coupez !!

 

Devant moi, des caméras, des éclairages puissants, un décor XVIIIe et un metteur en scène furieux !

 

D’où vous sortez, vous ! Qu’est-ce que vous fichez sur le plateau ?

 

Si je le savais… ! Je regardais tranquillement un épisode de la série Dix pour cent quand un rayon de lune m’a propulsée à travers l’écran, pile au milieu de la scène d’amour entre Joey Starr et Julie Gayet.

 

Mais bougez-vous, andouille ! beugle-t-il. En tongs, slip et T shirt dans un film historique !! Et une crème glacée qui dégouline sur le décor ! Vous êtes virée !!! Ouste !

 

 

Bon sang, c’est vrai que je suis en slip ! Et mon cornetto chocolat-menthe coule le long de mon avant-bras jusqu’à mon coude avant de s’écraser sur le tapis de la châtelaine. La honte absolue ! Je suis incapable de bouger. Julie Gayet, marquise compatissante, vient à mon secours. Elle me prend le bras, évite les coulures de glace, me pilote en douceur hors du plateau.

 

Vous êtes une figurante ? me demande gentiment Gabriel, l’agent artistique. Je ne vous ai jamais vue… Nouvelle ?

 

Et moi, toujours aussi cruche, la cervelle bouillie, aucun mot, aucun embryon de pensée rationnelle. Bouche close, agrippée à mon cornetto ramolli.

 

Donnez-moi ça.

 

 

Une costumière déplie mes doigts, ôte de ma main la glace ou ce qu’il en reste pour la jeter dans une corbeille. Elle revient vers moi avec une boîte de mouchoirs en papier.

 

Essuyez-vous. Je vais chercher de quoi vous habiller.

 

Bonne idée ! Retrouver ma dignité me permettra, j’espère, de retrouver la parole et la faculté de penser.

 

C’est ainsi que dix minutes plus tard, ficelée dans un costume de servante Renaissance, je commence à analyser la situation et les personnages qui m’entourent.

 

 

La costumière et Julie Gayet me sourient, bienveillantes ; Joey Starr me lance un clin d’œil amusé et sympathique ; Gabriel m’interroge de ses bons yeux de gentil, Andréa, l’agent de Joey Starr dans la série, nous a rejoints et m’examine avec curiosité. Il y a de quoi, j’en conviens !

 

Je ne sais pas comment je suis arrivée là, dis-je. Je regardais cet épisode, chez moi, sur mon canapé en mangeant une glace et je me suis retrouvée ici. Je suis passée à travers la télé sur un rayon de lune. Je voudrais bien repartir chez moi et voir comment finit la série… Comment faire ?

Le train ou l’avion, me répond Joey Starr.

C’est impossible, dit Julie Gayet, tu sais bien qu’on n’est pas réels, on est diffusés. Si ça se trouve, je suis en train de me regarder chez moi.

Tu crois que cette scène est dans l’épisode ? demande Andréa

On nous aurait concocté un peu de science-fiction ? Une visiteuse trans-TV ? suggère Gabriel… C’était pas au scénario ça ?

Pas à ma connaissance, grogne le metteur en scène.

 

Il m’observe depuis un moment.

 

Levez-vous, avancez un peu, là, dans la lumière… Hmmm… Pas idiot cette idée de visiteuse trans-TV… Refaites-moi ça en costume. On va refaire la scène du baiser, vous apparaîtrez d’un coup entre la marquise et son valet. Ok ? Allez, tout le monde en place…

 

 

Je n’ai pas eu le temps de protester que l’on me pousse vers le plateau. Je panique… Moteur… Action !

Le valet Joey s’avance vers marquise Julie, Gabriel me pousse vers eux, je fais un pas, heurte un rayon de lune et me retrouve sur mon canapé, déguisée en servante. A la télé, les visages éberlués de Julie Gayet, Joey Starr, Andréa et Gabriel cherchent à percer l’écran de mon téléviseur… et le metteur en scène fulmine !

 

 

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Rédigé par Mado

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Publié le 24 Septembre 2019

Dans le salon de coiffure, Jean Rochefort, confortablement installé au bac, tête renversée en arrière, se délecte. Il est Le Mari de la coiffeuse, et, à ce titre, bénéficie d’un traitement de faveur : shampoing agrémenté de massages crâniens des plus agréables. Jean, béat, sourit aux anges. Son épouse aux doigts de fée sait si bien le délasser… Il n’en a jamais assez… La plénitude du bien-être l’amène à la Vérité suprême : le bonheur est soluble dans le shampoing !

 

C’est dans cet instant de grâce absolue que tout explose. Un crissement aigu suivi d’un fracas de tôles froissées le propulse instantanément en position verticale, toute mousse dégoulinante. Dehors, juste en face le salon de coiffure, une collision entre une limousine et une 2CV. Il ne reste pas grand-chose de cette dernière. Capot, ailes, moteur, tout est par terre, éparpillé façon puzzle, comme dirait Raoul, l’ami Blier, l’un des Tontons flingueurs. Ne reste que le siège du conducteur sur lequel Bourvil, hébété, le volant dans les mains, s’écrie :

Elle va marcher beaucoup moins bien, forcément !

Ah ! Le Corniaud ! Il a vraiment la gueule de l’emploi, ce Bourvil ! Et Léopold Saroyan-Louis de Funès qui vocifère… quelle affaire ! Cela pourrait tourner vinaigre, mais une apparition calme tout le monde ! Une magnifique jeune femme blonde, moulée dans une robe noire, dos nu jusqu’aux fesses. Mireille d’Arc passe, s’éloigne, élégante, sensuelle, suivie par Le grand Blond avec une chaussure noire, Pierrot lunaire, Pierre Richard. De Funès et Bourvil lui emboîtent le pas. Jean Rochefort, lui, préfère la béatitude du salon de coiffure. Il se rassied pour le rinçage. L’eau s’écoule, douce, sous les mains caressantes de madame.

 

L’image de la belle blonde s’estompe, disparaît d’un coup quand la porte du salon claque comme celle d’un saloon. Un autre grand blond, un cowboy, chapeau enfoncé jusqu’aux yeux, colt à la ceinture et pardessus poussiéreux entre.

Bonjour. C’est pour une coupe, Monsieur... ?

Mon nom est Personne, dit-il.

Il ajoute :

Quand tu vas chez le barbier, assure-toi que sous son tablier il y ait toujours un homme du métier.

Ah ! Désolée, vous vous trompez de film, d’époque et de pays, lui répond la coiffeuse en souriant.

Terence Hill salue d’un coup d’index sur le bord de son chapeau et repart vers l’Ouest sauvage. La rue devant le salon de coiffure, s’est transformée en piste de terre, l’autobus en diligence à chevaux, le supermarché en maison de bois comme dans les westerns.

 

Jean Rochefort se frotte les yeux, le mirage disparaît, la rue reprend sa place, un vélo-solex passe, piloté par un homme en pardessus, chapeau sur tête, pipe à la bouche, parapluie dans une sacoche latérale. Sur le porte-bagage, un enfant joyeux s’écrie :

Mon Oncle !

Et Jacques Tati bifurque vers le vieux Paris…

 

Le Mari de la coiffeuse semble déboussolé. Trop d’interférences dans son histoire ! Sûrement que l’idiote qui tape ce texte sans queue ni tête s’amuse et s’immisce dans sa fiction !

Son regard transperce l’écran, il m’interpelle :

Hé toi ! Paraît que les cons ça ose tout. C’est même à ça qu’on mes reconnaît ! Arrête de polluer mon film avec tes âneries, sors d’ici.

 

Il a raison. Laissons Les Tontons flingueurs flinguer, Mon Oncle s’amuser, Mon nom est Personne s’identifier, Le grand Blond avec une chaussure noire se chausser, Le Corniaud se faire bananer, Le Mari de la coiffeuse se faire coiffer.

 

Je m’éclipse sur la pointe des pieds, derrière l’écran de mon PC, derrière la page de mon cahier...

 

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Rédigé par Mado

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Publié le 24 Septembre 2019

Un jour de sieste, de farniente, vous savez, une de ces journées d’été somnolentes, rêvassantes, où la réalité se dilue et s’échappe vers ailleurs, un jour, donc, je me suis retrouvée en Amazonie dans une tribu vivant en pleine nature. Des gosses à moitié nus m’ont entourée et soudain, ils se sont mis à chanter et à danser. Alors j’ai sorti mon smartphone, je les ai filmés.

Ils ont voulu savoir ce qui se passait dans cette petite boîte ; je leur ai montré le film, les questions ont afflué :

Comment t’as fait ça ? Tu nous as mis dans une boîte ? Pourquoi ? Tu vas nous emporter avec toi ? Tu vas nous voler notre âme ?

Mais non, ne faites pas tout ce cinéma, ce n’est qu’un film !

C’est quoi un film ? C’est quoi le cinéma ?

Alors là ! Comment expliquer le cinéma à des enfants qui n’en ont jamais vu ? D’ailleurs qu’est-ce que le cinéma ? J’ai fini par leur répondre ceci :

Le cinéma, c’est le moyen qu’ont inventé les hommes pour capturer ce qui se passe, les choses, la vie, le mouvement, un spectacle comme vos chants et vos danses, afin de les conserver, les revoir plus tard, les montrer à ceux qui n’étaient pas là pour les regarder en vrai. C’est comme une copie de la nature, un peu comme quand vous faites un dessin, mais avec le mouvement en plus. Mais ça sert surtout à raconter des histoires. Des gens, que l’on appelle acteurs, font semblant de vivre cette histoire comme si c’était vrai et la caméra filme, garde toutes les images de cette histoire pour aller ensuite la raconter à tous ceux qui veulent la voir et l’entendre.

Des histoires comment ? Pourquoi faire ?

Toutes sortes d’histoires : des drôles, des tristes, des qui font peur, d’autres qui font réfléchir. On apprend toujours quelque chose au cinéma.

Raconte ce qui te fait rire au cinéma.

Plein de choses, les Marx Brothers par exemple, avec la scène du miroir – ah, c’est vrai ! Vous ne connaissez pas le miroir… C’est comme quand on se regarde dans l’eau, c’est un reflet de soi-même. Dans cette scène, il n’y a pas de miroir mais deux personnages identiques qui font les mêmes gestes face à face. Au fur et à mesure de la scène, il y a des décalages, des différences, ça devient très drôle.

Il y a aussi Cary Grant dans Arsenic et vieilles dentelles qui m’a fait beaucoup rire, ainsi que les grimaces de Louis de Funes, la tête de Jean-Pierre Bacri qui sort de sa cave dans Un air de famille, la partie d’échec de Pierre Tornade contre l’officier allemand dans Mais où est donc passée la septième compagnie ?, Bernard Blier qui fait le cri du muezzin dans Le cri du cormoran le soir au-dessus des jonques, certaines scènes du film Les Tontons flingueurs, Le grand Blond à la chaussure noire... Et j’en oublie...

Et dis-nous ce qui te fait pleurer.

La scène émouvante qui me vient à l’esprit c’est celle de la fin du film La famille Bélier, quand Louane Emera chante en traduisant les paroles de la chanson en langage des signes. Il y a aussi la mort de Habib Boufares (Slimane Beiji dans le film) dans La graine et le mulet, et sûrement beaucoup d’autres grands moments très émouvants dans divers films, mais je ne sais plus...

Et ce qui te fait peur ?

J’évite les films qui font peur, mais j’en ai vu quelques-uns quand même, comme Les dents de la mer, avec ce requin sournois qui s’approche de la plage pour manger les gens, ou bien le film Rosemary’s baby avec un bébé inquiétant, Duel dans lequel un camion cherche à tuer un automobiliste, Les Oiseaux de Hitchcock, qui se rassemblent, menaçants, autour de la maison, l’ancien nazi qui torture Dustin Hoffman dans Marathon man en lui perçant les dents tout en disant :  « C’est sans danger, c’est sans danger ».

Et puis, ceux qui font réfléchir, dis-nous…

On les appelle des films engagés. Je me souviendrai toujours de Johnny va-t-en guerre qui questionne sur la guerre, sur les expériences scientifiques, sur l’acharnement thérapeutique, sur l’euthanasie… De même Z, un film qui dénonce l’État totalitaire et manipulateur, mais je n’ai plus de scènes particulières… Brazil, un film de SF avec un état totalitaire là aussi, sinistre avec la scène du tortionnaire au masque de poupon terrifiant. Dans un autre registre, La Grande Bouffe et ses scènes orgiaques, la mort de Marcello dans ses pets et sa merde, comme le paroxysme de cette civilisation qui ne mange pas pour vivre mais vit pour manger.

Beurk ! Je préfère les films qui font rire. Sais-tu que je vais faire du cinéma moi aussi ? me dit un gamin au regard malicieux.

Ah oui ? Comment t’appelles-tu ?

Mimi-Siku ! Et mon film ce sera Un Indien dans la ville. Ça t’épate hein ?

 

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Rédigé par Mado

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Publié le 24 Septembre 2019

Quand jean Rochefort arrive au Paradis des Acteurs, Bernard Blier l’accueille :

Y a comme qui dirait du beau monde. Toi aussi, t’as largué ta viande.. ?

Jean, encore tout ébahi par sa vertigineuse ascension, riposte :

Y a comme qui dirait du Audiard dans l’air… La jactance, c’est comme l’alcoolisme, ça devient une addiction.

Un art de vivre, Monsieur ! Une philosophie ! Nous, Monsieur, on tutoie les anges.

Jean fronce le sourcil… me rappelle quelque chose, ça… Ça lui revient :

Dis-donc, ça serait pas une réplique du Singe en Hiver… ? Ce sont les seigneurs de la cuite qui tutoient les anges, ce me semble…

Bernard se marre. A perdu la vie, mais pas la mémoire, le Jeannot !

Et celle-là, amateur de canassons, elle te parle ? Écoute : Aux courses, les petits tuyaux font les grandes misères. Alors ?

Sais pas, je ne joue pas aux courses, mais je peux jouer aux devinettes. Celle-ci d’après toi : Mieux vaut s’en aller la tête basse que les pieds devant.

Sais pas non plus, mais c’est con, on a fait l’inverse. Du coup, autant garder la tête haute.

Jean secoue la sienne, de tête. Nul ce dialogue. Audiard n’a pas fini de se bidonner s’il tombe dessus. Nous dirait que les cons ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît. Son regard scrute l’espace. Là-bas, les potes discutent, rigolent. Il reconnaît Ventura, Blanche, Gabin, Meurice et tous les autres. La jactance au Paradis !

Il se retourne vers Blier :

Dis, si on allait retrouver les autres, les tontons flingueurs, les caves, les barbouzes, les faisans, les pachas, les canards sauvages ?

Oui, c’est pas parce qu’on a rien à dire qu’il faut fermer sa gueule !

 

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Rédigé par Mado

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