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Publié le 3 Mars 2024

Julie repensait encore au dernier mot de Paul. Alors qu'il se préparait à prendre le train, il lui avait promis le mariage dès la fin de la guerre. Elle ne devait le durer pas longtemps, tout le monde le disait, de toute façon, la France ne perdait pas une autre guerre contre les Allemands après la défaite de 1870.

Son Paul si beau dans son uniforme de lieutenant lui avait adressé un baiser dans la foule des appelés et le bruit de la locomotive.

Depuis elle attendait de ses nouvelles six mois déjà la guerre sans lisait allégresse du début se transformer peu à peu en peur dans la population.

Mets le pays manquait de bras aussi Julie du tel comme tant d'autres prendre le chemin de l'usine pour remplacer les hommes partis à la guerre

autour d'elle Certaines avaient reçu de sinistres courriers leur annonçant la mort au champ d'honneur d'un mari, d'un fils, d'un père.

Julie est inquiète, mais ne dit-on pas, pas de nouvelles, bonne nouvelle.

Mais où était-il son Paul, on disait que l'armée avait dû creuser des tranchées, car la guerre s'annonçait plus longue que prévue et l'hiver arrivait.

Certains, revenus en permission, évoquèrent la boue, le froid, les rats qui galopaient partout, le bruit incessant des canons, les camarades blessés. Elle repensait au moment joyeux partagé, le

canotage sur la Seine les mots dans le de Paul lorsqu'il l'amenait danser dans une de ses guinguettes le long de la rivière.

Elle mettait alors sa robe verte avec de la dentelle au bas des manches et autour du corsage. C'était la préférée de Paul et la voilà partie pour un dimanche au bord de l'eau.

De temps en temps, elle la sortait de son armoire pour se rappeler et se dire que tout cela avait bel et bien existé.

En attendant, elle avait apporté un bouquet à la Madone, elle en était sûre, elle recevrait bientôt des noms du courrier de son bien-aimé, mais ce qu'à la fin le sachant blessé.

Déjà la Madone avait su la protéger, jamais, il ne ressemblerait à ces pauvres jeunes hommes défigurés par la guerre et qui plus tard porteraient un masque pour éviter de provoquer la peur autour d'eux.

Non, elle était persuadée, grâce à son amour et ses prières, elle saurait ramener l'esprit de son bien-aimé des ténèbres où il était.

Pourtant, le médecin ne la réussira pas, tant de soldats ont été atteints du même mal par les traumatismes profonds et pour le moment, les guerres, c'était très rare.

Ne perdant pas espoir, Julie lui parler d'une petite ferme nichée dans la campagne et loin de tout. Elle appartenait à sa marraine qui accepté de se les héberger, la colline du lieu serait peut-être fait oublier à Paul les tracas de la guerre pour ne pas l'inquiéter, le psychiatre l'EN.

À l'arrivée à la gare, infirmier acceptable de les accompagner, bientôt, elle vit sa marraine sur le bord du chemin, elle se jeta à son cou, enfin, elle pouvait laisser libre cours à son chagrin. Devant elle se tenir une petite maison en bois entourée de champ, le vent charriait des échos d'oiseaux débordement d'insectes, même l'air s'était radouci, le printemps commençait à pointer son nez, de minuscules fleurs sauvages émaillaient le paysage de leur couleur vive.

Il semblait à Julie que ce lieu s'était fait une beauté pour l'accueillir dans ses bras toute seule se pose tendrement sur ses épaules, elle n'était plus seule quand elle se retourna qu'elle ne fut pas sa stupéfaction d'apercevoir une esquisse de sourire sur les lèvres de Paul mon Dieu merci ma Madone cette fois, elle en était sûre, Paul était sauvé.

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Rédigé par Brigitte

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Publié le 3 Mars 2024

Mais qui est-il ?

Mais qui est-il ? D’où vient-il ? Affublé d’un accoutrement hors du commun, son attitude porte à confusion. Agressif ? Prêt à se défendre, je m’interroge car cet individu mystérieux m’interpelle.  Cette photo, trouvée parmi celles de famille ne peut pas être un personnage de fiction. Au dos, une date « juillet 87 » ! En examinant plus attentivement, les traits de son visage ne me paraissent pas totalement inconnus.  J’ai l’impression d’avoir déjà vu ce regard sombre et dur à la fois.  Quant à ses vêtements, en parti déchirés, dévoilent un corps assez musclé. Dans cette boite remplie à ras bord, je fouille, je retourne tous les documents pour chercher un indice mais rien…..

 

Cinéma

Une nouvelle photo m’interpelle ! Une tout autre époque ! Sûrement les années 30 du temps d’Al Capone. Messieurs et dames sont affublés d’un chapeau, beaucoup plus élégant tout de même. Néanmoins j’avoue ne pas trouver le point commun entre ces deux images datées du même jour. Je flotte dans le flou artistique le plus total. Réveille-toi et cherche, ne dit-on pas qui cherche trouve ? Comment accéder à des archives sur les évènements passés ? Internet au secours. L’écran défile année par année pour s’immobiliser sur 1987. Quelle chance ! Parmi les animations de juillet s’affiche « la semaine du cinéma » à tarif réduit. Deux séances dans la même journée. Mais oui bien sûr, suis-je bête ça ne pouvait n’être que ça !

Le masque

Intriguée par les raisons qui ont pu motiver à conserver ces photos aussi longtemps, je poursuis mes recherches. Sur l’étagère, juste derrière moi, un carton, plus volumineux, sur lequel on peut lire « ne pas toucher ». Bien évidemment je suis troublée mais surtout curieuse. Après tout je suis seule, allons y. Et me voilà debout sur une chaise brinquebalante les bras en l’air essayant de braver l’interdit. Visiblement perché bien plus haut que ce que je ne pensais, j’ai du mal à atteindre le colis. Je me hisse sur la pointe des pieds en étirant mon bras à en faire craquer mes os. Mes doigts gesticulent nerveusement dans tous les sens, cherchant un angle d’attaque pour le faire basculer. Quand j’arrive enfin à l’empoigner, des effluves de poussière ancienne me chatouillent les narines et me font éternuer. Sûrement emballé depuis le siècle dernier ! A l’intérieur, quelques petits paquets soigneusement enveloppés d’un papier de soie. D’une main j’entrouvre fébrilement le premier et, sous le bruissement soyeux de l’emballage, l’objet se dévoile.

Un masque ! Bizarre ! Aurait-il un lien quelconque avec l’un des deux films ou serait-ce seulement le souvenir d’un voyage lointain ? J’effleure ce mystérieux visage aux contours vieillis par le temps.  Un ovale presque parfait qui semble raconter une histoire vécue. Je m’approche comme s’il devait me susurrer quelques secrets. Je savoure cette découverte et je me surprends à caresser ce visage orné d’éclats de céramique vernis disposés en quinconce. Cette mosaïque, qui évoque les créations artistiques du parc GUËL à Barcelone, me fascine.  Diapré de vert et de jaune en contrastes, ces couleurs reflètent l’intensité de la lumière naturelle. Au travers de ses yeux béants, surlignés de sourcils affinés, je perçois une certaine tristesse.

 

Mon index frôle l’arrête de ce nez aquilin paré de deux demi-sphères qui lui confèrent un modelé plus harmonieux. Son sourire, figé, me téléporte à Rome devant la « Bocca della Verità », masque de marbre qui trône dans le pronaos de la Basilique de Santa Maria in Cosmedin depuis 1632. Selon la légende cette bouche pouvait mordre la main des menteurs !

Je me souviens de mon hésitation avant d’y insérer craintivement la mienne et le frisson ressenti le long de mon échine, j’en trésaille encore. Les images de mon escapade romaine défilent lorsque, perdue dans mes pensées, je discerne soudain le faible cliquetis d’une clé dans la serrure.  Je sursaute au grincement de la porte qui s’ouvre et, d’un bond, je m’active pour éclipser toute trace de mon infraction. L’aventure se termine mais, ce n’est que partie remise, il me faudra poursuivre mes investigations rocambolesques.

Tante Lise

De retour plus vite que prévu de sa virée urbaine, les pas de tante Lise résonnent dans le hall. Les fines aiguilles de ses talons hauts martèlent le sol. Sûrement de nouveaux escarpins ! Soudain le timbre dynamique de sa voix m’interpelle.
  • Hélène ?
De crainte qu’elle ne me devine, je frémis et, de ma voix peu audible, je m’efforce de lui répondre en essayant de rester naturelle.
  • Oui ! je suis dans le bureau
  • Par ce temps ? Je pensais te trouver dehors. Tu devrais t’y installer, je viens te rejoindre avec deux tasses de ton arabica préféré
L’intonation employée dévoile, à coup sûr, que sa chasse aux trésors citadine a été fructueuse. Sa jovialité me met toutefois mal à l’aise et, ne souhaitant nullement la contrarier, je m’exécute en hâte.
 
Éblouie par la clarté qui me gifle violemment, le contraste saisissant me fait cligner des yeux. Une imposante glycine, envahit pompeusement la pergola. Ses lourdes grappes gorgées de lumière retombent en cascades. Du mauve au pourpre, les pétales exhibent leur camaïeu à la manière d’un peintre impressionniste. Au travers de son treillis feuillu, le soleil, retenu prisonnier, filtre quelques faisceaux de feu. Véritable havre de paix, où il fait bon lézarder, cette tonnelle est propice au farniente.
 
Je m’abandonne doucement lorsque, visiblement réjouie par son lèche vitrines, tante Lise surgit, souriante et détendue. Elle dépose, sur la table en fer forgé, quelques friandises et deux tasses d’un nectar liquoreux dont la note épicée nous enveloppe de son arôme.
  • Mais que faisais-tu tapie dans ce coin assombri ?
Quelque peu troublée, je rétorque :
  • Je voyageais tante. Mon esprit vagabondait au-delà des frontières et, empreinte de liberté, le monde m’appartenait. Mais dis-moi ma tante, toi qui as pas mal bourlingué, y-a-t-il une contrée qui t’a marquée plus qu’une autre ?
  • Ho oui ! A cette époque, fascinée par les grands espaces j’avais opté pour le pays de l’Oncle Sam. Avec quelques années en moins, la fougue d’un pur-sang et l’audace de la jeunesse en plus, me voilà partie sac sur le dos pour vivre la grande aventure. Un voyage inoubliable tant par les beautés des paysages que par le côté mystique et irréel de ce périple !
  • Raconte ma tante, je suis impatience et tout ouïe

Mue par l’occasion de revivre un souvenir mémorable, elle bondit, s’engouffre dans l’entrée et en ressort, quelques secondes plus tard, armée de deux sous-verres format A5. Dans le premier, l’incontournable archétype d’une identité urbaine new-yorkaise, les fameux gratte-ciels. Dans la brume bleutée d’un soleil couchant, ces géants étirent leur svelte et élégante silhouette pour s’agripper à une lune naissante à peine perceptible.

 

Sur le second, ce qui illustre le mieux la forêt canadienne. Il ne manque rien, la cabane en bois, un rideau de majestueux séquoias en arrière-plan et un sentier que l’on hésiterait à emprunter tant l’afforestation était dense. Je masque ma surprise en découvrant que sur les deux, en bas à droite, est gravé sur le verre « juillet 87 » ! Je n’en crois pas mes yeux. Le mystère s’épaissit et je crains de n’avoir aucun levier pour amorcer une discussion sur mes trouvailles de la boite qui m’était apparemment illicite. Devant mon air ahuri et inquisiteur, tante Lise, confortablement installée dans un transat, entame son histoire.

 
Tout a commencé l’été de l’année 1987. Trois semaines de congé pour réaliser mon rêve, celui de fouler le sol du pays le plus convoité au monde, les États-Unis. Passeport, VISA et billet d’embarquement en main, me voilà dans l’avion direction Denver. J ‘appréhendais quelque peu les dix heures de vol qui m’attendaient ce qui n’échappa pas à mon voisin de siège. L’homme, d’une trentaine d’années, avait de grands yeux noirs, le sourcil en bataille et un nez tombant sur la fameuse moustache Chevron popularisée par Tom Selleck dans la série Magnum. D’apparence posée, il avait néanmoins un je ne sais quoi qui me gênait.
  • Respirez à fond, me dit-il, ça va passer
Qu’est-ce qui allait passer ? Ma claustrophobie ? Certes pas. Mais de quoi se mêlait-il ? Encore quelqu’un qui violait mon espace intime.
  • Faisant mine d’acquiescer, je décrochais un sourire poli mais plus que discret en espérant qu’il m’oublierait pendant la suite de notre périple. Par chance, dans les longs courriers, la diffusion de films permettait d’annihiler l’angoisse. Avec l’incontournable Harrison Ford dans « Indiana Jones et le temple perdu » et les « Incorruptibles », sorti le mois précédent, le temps de la traversée fut largement réduit. Alors qu’Elliot Ness et son équipe réussissaient presque à démanteler le réseau de contrebande d’Al Capone à Chicago, l’appareil amorçait la descente. A la sortie de l’aéroport je hélai un taxi. Il fila à la vitesse de l’éclair, longea une haie de maisons Victoriennes, traversa Larimer Square avant de me déposer devant l’hôtel. Au soleil couchant la ravoure embrasait le ciel de sa couleur flamboyante tandis que, par contraste, un voile opaque habillait de noir la silhouette élancée des édifices de la ville. Il était tard et, à la lueur des réverbères, je me hâtai en quête d’une taverne, histoire de me rassasier. Attablée au Roos Down, je dégustais, béatement, une de leurs spécialités en me réjouissant de ce qui m’attendait dès le lendemain. À Denver le 4 juillet, c’est la liesse. Depuis 1776 cette fête nationale commémore, en grande pompe, l’indépendance des États-Unis vis à vis de la Grande Bretagne et, ce jour-là, un festival de feux d’artifice m’attendait. Des étincelles aux nuances éclatantes déchiraient le ciel dans un vacarme assourdissant. Les déflagrations se succédaient à un rythme effréné. Les vibrations étaient perceptibles tandis qu’une fumée âcre inondait peu à peu les spectateurs. Une mise en scène bien synchronisée rehaussée d’une musique appropriée qui illustrait parfaitement chaque paysage de feu. Un spectacle pyrotechnique époustouflant qui valait vraiment le détour. Les jours suivants ont été marqués par des visites à travers la ville tout aussi intéressantes et par une excursion au Rocky Mountain National Park. Une incroyable randonnée dans une partie du parc national. Un décor grandiose où la nature est encore sauvage. La faune y est abondante et la flore luxuriante. J’ai même eu la chance d’observer un mouflon savourant à pleines dents une éclosion de fleurs sauvages. Mais je n’ose te raconter ce qui m’a le plus marquée.
Devant mon expression quémandant la suite des évènements, tante Lise reprend son souffle et poursuit le récit de son épopée :
  • La promesse d’une aventure effrayante me fit réserver une excursion insolite. Une péripétie à vivre à Capitol Hill, l’un des plus anciens quartiers de Denver. Au programme, les sites hantés de Molly Brown House, Patterson Inn et le manoir Peabody-Whitehead. À dix-huit heures précises, prête pour le grand frisson, je rejoignais le guide et le petit groupe d’adeptes au paranormal. Craquements, courants d’air suspects, éclairage vacillant, le vécu de ces trois lieux mystiques nous propulsait inexorablement dans le fantasmagorique. Dans une lumière tamisée, nous avancions en cercle à l’affût de tout élément suspect, bruit, odeur. Nous étions pratiquement convaincus que ces étranges phénomènes émanaient d’une mise en scène parfaitement bien huilée. Malgré tout, nos regards balayaient craintivement le moindre interstice. Cela dit, le lieu qui me fit le plus vibrer fut la maison de Molly Brown, la survivante du Titanic. Cette ancienne demeure, coincée entre deux lignées d’arbres dépouillés, paraissait sinistre et suffocante. L’allée, étroite et raide, débouchait sur un perron soutenu par d’énormes poutres cramoisies. Un environnement poignant. Deux énormes lions de marbre, terni par le temps, encadraient l’entrée. Crocs saillants prêts à mordre, ces molosses agressifs m’auraient presque dissuadée d’entrer. Dès l’ouverture, un grincement sinistre dévoila l’ambiance traumatisante qui m’attendait. J’avançai prudemment dans le hall. Un mobilier d’époque imposant trônait dans le salon. Entretenus à la cire d’abeille, je reconnaissais cette douce odeur d’amande amère d’antan. Tableaux et bibelots occupaient l’espace et, là, posé sur le coin de la table, un masque. Je m’interrogeais sur sa provenance lorsque la porte se referma brusquement et me fit sursauter. Personne derrière moi, bizarre, sûrement un courant d’air ! Quelque peu impressionnée, j’accélérai le pas pour rejoindre notre accompagnateur. Il expliquait qu’une ancêtre de Molly, soupçonnée d’adultère, y aurait été emmurée par son époux. jusqu’à ce que mort s’en suive. Pour seule compagnie, il lui avait accordé une fiole de jasmin, parfum qu’elle affectionnait tout particulièrement et qui ne la quittait jamais. Depuis, elle hantait cet endroit lugubre. Des faits macabres qui, sur le champ, me glacèrent le sang. Tout en me persuadant que tout n’était que fiction et trucages pour rassasier des touristes en quête d’émotions fortes, je rasais les murs précipitamment pour regagner l’hôtel. Une douche bien chaude et une frugale collation plus tard, je m’abandonnais dans les bras de Morphée.
  • Que se passe-t-il, ma tante ? Tu as, soudain, l’air déconfit
Malgré la pâleur de son visage qui traduisait un mal être, tante Lise poursuivit :
  • Il était trois heures du matin lorsqu’une secousse hypnique me réveilla brutalement ! Une puissante senteur de jasmin se diffusait lentement dans la chambre. Incapable d’expliquer cet étrange phénomène, l’angoisse s’installait peu à peu. Ma gorge était serrée, mes membres rivés. Tout en scrutant minutieusement l’espace, je respirais à peine. L’impression de sentir sa présence m’oppressait. Les images d’une jeune femme en panique tournaient en boucle dans ma tête et m’empêchaient de réfléchir. Mon mental était en berne et j’essayais de contourner la peur en attribuant mon imagination débordante au récit funèbre de la veille. Le visage à demi enfoui sous les draps, je cherchais une logique mais, la fatigue aidant, je finis par m’endormir.
  • Très excitant, cela dit inutile de tergiverser. Face à une telle violence, ton imagination a fantasmé.
  • Attends, la suite est plus oppressante et mystérieuse que tu ne le crois… Te rappelles tu du masque déposé sur le coin de la table dans la maison de Molly ?
Je n’osais imaginer une quelconque relation entre le masque présent dans la maison de Molly et celui, ici, emballé dans le carton. Avant que je ne lui réponde, tante Lise se hisse, disparait précipitamment pour réapparaitre, quelques minutes plus tard, le fameux masque à la main en argumentant :
  • De crainte de me retrouver à l‘asile, flanquée d’une étiquette de schizophrène, tu es la seule personne au courant de cette aventure et je te dispense de toute réflexion
Un malaise pesant s’installe et me laisse bouche bée. Est-ce une fiction montée de toute pièce pour me faire comprendre à sa manière qu’elle a deviné mes exploits pendant son absence ? J’en doute. A-t-elle réellement vécu une expérience paranormale ? Difficile à croire. Pourtant les articles traitant de ce sujet sont nombreux. Télépathies, communiquer avec les défunts, sorties de corps, ovnis, esprits de l’au-delà autant de points cabalistiques qui restent inexpliqués. Le surnaturel passionne universitaires et chercheurs de fantômes tandis que les psychiatres ne jugent pas mais écoutent. Bouleversée, j’évoque un rendez-vous oublié pour prendre congé en promettant néanmoins de revenir le week-end prochain. Un affectueux baiser puis, debout dans l’entrée, je jette un dernier regard sur les deux cadres que tante Lise avait remis en place lorsque je flaire une odeur que je reconnais. Du jasmin !
 
Christiane
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Rédigé par Christiane

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Publié le 3 Mars 2024

De retour plus vite que prévu de sa virée urbaine, les pas de tante Lise résonnent dans le hall. Les fines aiguilles de ses talons hauts martèlent le sol. Sûrement de nouveaux escarpins ! Soudain le timbre dynamique de sa voix m’interpelle.
  • Hélène ?
De crainte qu’elle ne me devine, je frémis et, de ma voix peu audible, je m’efforce de lui répondre en essayant de rester naturelle.
  • Oui ! je suis dans le bureau
  • Par ce temps ? Je pensais te trouver dehors. Tu devrais t’y installer, je viens te rejoindre avec deux tasses de ton arabica préféré
L’intonation employée dévoile, à coup sûr, que sa chasse aux trésors citadine a été fructueuse. Sa jovialité me met toutefois mal à l’aise et, ne souhaitant nullement la contrarier, je m’exécute en hâte.
 
Éblouie par la clarté qui me gifle violemment, le contraste saisissant me fait cligner des yeux. Une imposante glycine, envahit pompeusement la pergola. Ses lourdes grappes gorgées de lumière retombent en cascades. Du mauve au pourpre, les pétales exhibent leur camaïeu à la manière d’un peintre impressionniste. Au travers de son treillis feuillu, le soleil, retenu prisonnier, filtre quelques faisceaux de feu. Véritable havre de paix, où il fait bon lézarder, cette tonnelle est propice au farniente.
 
Je m’abandonne doucement lorsque, visiblement réjouie par son lèche vitrines, tante Lise surgit, souriante et détendue. Elle dépose, sur la table en fer forgé, quelques friandises et deux tasses d’un nectar liquoreux dont la note épicée nous enveloppe de son arôme.
  • Mais que faisais-tu tapie dans ce coin assombri ?
Quelque peu troublée, je rétorque :
  • Je voyageais tante. Mon esprit vagabondait au-delà des frontières et, empreinte de liberté, le monde m’appartenait. Mais dis-moi ma tante, toi qui as pas mal bourlingué, y-a-t-il une contrée qui t’a marquée plus qu’une autre ?
  • Ho oui ! A cette époque, fascinée par les grands espaces j’avais opté pour le pays de l’Oncle Sam. Avec quelques années en moins, la fougue d’un pur-sang et l’audace de la jeunesse en plus, me voilà partie sac sur le dos pour vivre la grande aventure. Un voyage inoubliable tant par les beautés des paysages que par le côté mystique et irréel de ce périple !
  • Raconte ma tante, je suis impatience et tout ouïe

Mue par l’occasion de revivre un souvenir mémorable, elle bondit, s’engouffre dans l’entrée et en ressort, quelques secondes plus tard, armée de deux sous-verres format A5. Dans le premier, l’incontournable archétype d’une identité urbaine new-yorkaise, les fameux gratte-ciels. Dans la brume bleutée d’un soleil couchant, ces géants étirent leur svelte et élégante silhouette pour s’agripper à une lune naissante à peine perceptible.

 

Sur le second, ce qui illustre le mieux la forêt canadienne. Il ne manque rien, la cabane en bois, un rideau de majestueux séquoias en arrière-plan et un sentier que l’on hésiterait à emprunter tant l’afforestation était dense. Je masque ma surprise en découvrant que sur les deux, en bas à droite, est gravé sur le verre « juillet 87 » ! Je n’en crois pas mes yeux. Le mystère s’épaissit et je crains de n’avoir aucun levier pour amorcer une discussion sur mes trouvailles de la boite qui m’était apparemment illicite. Devant mon air ahuri et inquisiteur, tante Lise, confortablement installée dans un transat, entame son histoire.

 
Tout a commencé l’été de l’année 1987. Trois semaines de congé pour réaliser mon rêve, celui de fouler le sol du pays le plus convoité au monde, les États-Unis. Passeport, VISA et billet d’embarquement en main, me voilà dans l’avion direction Denver. J ‘appréhendais quelque peu les dix heures de vol qui m’attendaient ce qui n’échappa pas à mon voisin de siège. L’homme, d’une trentaine d’années, avait de grands yeux noirs, le sourcil en bataille et un nez tombant sur la fameuse moustache Chevron popularisée par Tom Selleck dans la série Magnum. D’apparence posée, il avait néanmoins un je ne sais quoi qui me gênait.
  • Respirez à fond, me dit-il, ça va passer
Qu’est-ce qui allait passer ? Ma claustrophobie ? Certes pas. Mais de quoi se mêlait-il ? Encore quelqu’un qui violait mon espace intime.
  • Faisant mine d’acquiescer, je décrochais un sourire poli mais plus que discret en espérant qu’il m’oublierait pendant la suite de notre périple. Par chance, dans les longs courriers, la diffusion de films permettait d’annihiler l’angoisse. Avec l’incontournable Harrison Ford dans « Indiana Jones et le temple perdu » et les « Incorruptibles », sorti le mois précédent, le temps de la traversée fut largement réduit. Alors qu’Elliot Ness et son équipe réussissaient presque à démanteler le réseau de contrebande d’Al Capone à Chicago, l’appareil amorçait la descente. A la sortie de l’aéroport je hélai un taxi. Il fila à la vitesse de l’éclair, longea une haie de maisons Victoriennes, traversa Larimer Square avant de me déposer devant l’hôtel. Au soleil couchant la ravoure embrasait le ciel de sa couleur flamboyante tandis que, par contraste, un voile opaque habillait de noir la silhouette élancée des édifices de la ville. Il était tard et, à la lueur des réverbères, je me hâtai en quête d’une taverne, histoire de me rassasier. Attablée au Roos Down, je dégustais, béatement, une de leurs spécialités en me réjouissant de ce qui m’attendait dès le lendemain. À Denver le 4 juillet, c’est la liesse. Depuis 1776 cette fête nationale commémore, en grande pompe, l’indépendance des États-Unis vis à vis de la Grande Bretagne et, ce jour-là, un festival de feux d’artifice m’attendait. Des étincelles aux nuances éclatantes déchiraient le ciel dans un vacarme assourdissant. Les déflagrations se succédaient à un rythme effréné. Les vibrations étaient perceptibles tandis qu’une fumée âcre inondait peu à peu les spectateurs. Une mise en scène bien synchronisée rehaussée d’une musique appropriée qui illustrait parfaitement chaque paysage de feu. Un spectacle pyrotechnique époustouflant qui valait vraiment le détour. Les jours suivants ont été marqués par des visites à travers la ville tout aussi intéressantes et par une excursion au Rocky Mountain National Park. Une incroyable randonnée dans une partie du parc national. Un décor grandiose où la nature est encore sauvage. La faune y est abondante et la flore luxuriante. J’ai même eu la chance d’observer un mouflon savourant à pleines dents une éclosion de fleurs sauvages. Mais je n’ose te raconter ce qui m’a le plus marquée.
Devant mon expression quémandant la suite des évènements, tante Lise reprend son souffle et poursuit le récit de son épopée :
  • La promesse d’une aventure effrayante me fit réserver une excursion insolite. Une péripétie à vivre à Capitol Hill, l’un des plus anciens quartiers de Denver. Au programme, les sites hantés de Molly Brown House, Patterson Inn et le manoir Peabody-Whitehead. À dix-huit heures précises, prête pour le grand frisson, je rejoignais le guide et le petit groupe d’adeptes au paranormal. Craquements, courants d’air suspects, éclairage vacillant, le vécu de ces trois lieux mystiques nous propulsait inexorablement dans le fantasmagorique. Dans une lumière tamisée, nous avancions en cercle à l’affût de tout élément suspect, bruit, odeur. Nous étions pratiquement convaincus que ces étranges phénomènes émanaient d’une mise en scène parfaitement bien huilée. Malgré tout, nos regards balayaient craintivement le moindre interstice. Cela dit, le lieu qui me fit le plus vibrer fut la maison de Molly Brown, la survivante du Titanic. Cette ancienne demeure, coincée entre deux lignées d’arbres dépouillés, paraissait sinistre et suffocante. L’allée, étroite et raide, débouchait sur un perron soutenu par d’énormes poutres cramoisies. Un environnement poignant. Deux énormes lions de marbre, terni par le temps, encadraient l’entrée. Crocs saillants prêts à mordre, ces molosses agressifs m’auraient presque dissuadée d’entrer. Dès l’ouverture, un grincement sinistre dévoila l’ambiance traumatisante qui m’attendait. J’avançai prudemment dans le hall. Un mobilier d’époque imposant trônait dans le salon. Entretenus à la cire d’abeille, je reconnaissais cette douce odeur d’amande amère d’antan. Tableaux et bibelots occupaient l’espace et, là, posé sur le coin de la table, un masque. Je m’interrogeais sur sa provenance lorsque la porte se referma brusquement et me fit sursauter. Personne derrière moi, bizarre, sûrement un courant d’air ! Quelque peu impressionnée, j’accélérai le pas pour rejoindre notre accompagnateur. Il expliquait qu’une ancêtre de Molly, soupçonnée d’adultère, y aurait été emmurée par son époux. jusqu’à ce que mort s’en suive. Pour seule compagnie, il lui avait accordé une fiole de jasmin, parfum qu’elle affectionnait tout particulièrement et qui ne la quittait jamais. Depuis, elle hantait cet endroit lugubre. Des faits macabres qui, sur le champ, me glacèrent le sang. Tout en me persuadant que tout n’était que fiction et trucages pour rassasier des touristes en quête d’émotions fortes, je rasais les murs précipitamment pour regagner l’hôtel. Une douche bien chaude et une frugale collation plus tard, je m’abandonnais dans les bras de Morphée.
  • Que se passe-t-il, ma tante ? Tu as, soudain, l’air déconfit
Malgré la pâleur de son visage qui traduisait un mal être, tante Lise poursuivit :
  • Il était trois heures du matin lorsqu’une secousse hypnique me réveilla brutalement ! Une puissante senteur de jasmin se diffusait lentement dans la chambre. Incapable d’expliquer cet étrange phénomène, l’angoisse s’installait peu à peu. Ma gorge était serrée, mes membres rivés. Tout en scrutant minutieusement l’espace, je respirais à peine. L’impression de sentir sa présence m’oppressait. Les images d’une jeune femme en panique tournaient en boucle dans ma tête et m’empêchaient de réfléchir. Mon mental était en berne et j’essayais de contourner la peur en attribuant mon imagination débordante au récit funèbre de la veille. Le visage à demi enfoui sous les draps, je cherchais une logique mais, la fatigue aidant, je finis par m’endormir.
  • Très excitant, cela dit inutile de tergiverser. Face à une telle violence, ton imagination a fantasmé.
  • Attends, la suite est plus oppressante et mystérieuse que tu ne le crois… Te rappelles tu du masque déposé sur le coin de la table dans la maison de Molly ?
Je n’osais imaginer une quelconque relation entre le masque présent dans la maison de Molly et celui, ici, emballé dans le carton. Avant que je ne lui réponde, tante Lise se hisse, disparait précipitamment pour réapparaitre, quelques minutes plus tard, le fameux masque à la main en argumentant :
  • De crainte de me retrouver à l‘asile, flanquée d’une étiquette de schizophrène, tu es la seule personne au courant de cette aventure et je te dispense de toute réflexion
Un malaise pesant s’installe et me laisse bouche bée. Est-ce une fiction montée de toute pièce pour me faire comprendre à sa manière qu’elle a deviné mes exploits pendant son absence ? J’en doute. A-t-elle réellement vécu une expérience paranormale ? Difficile à croire. Pourtant les articles traitant de ce sujet sont nombreux. Télépathies, communiquer avec les défunts, sorties de corps, ovnis, esprits de l’au-delà autant de points cabalistiques qui restent inexpliqués. Le surnaturel passionne universitaires et chercheurs de fantômes tandis que les psychiatres ne jugent pas mais écoutent. Bouleversée, j’évoque un rendez-vous oublié pour prendre congé en promettant néanmoins de revenir le week-end prochain. Un affectueux baiser puis, debout dans l’entrée, je jette un dernier regard sur les deux cadres que tante Lise avait remis en place lorsque je flaire une odeur que je reconnais. Du jasmin !

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Rédigé par Christiane

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Publié le 29 Février 2024

Julien, cuisinier

Je me pose un instant, afin de respirer à pleins poumons dans la fraîcheur du petit matin. Je ferme la porte du restaurant, monte l'escalier pour aller me reposer quelques heures avant de prendre la route pour rejoindre le lieu prestigieux, élégant et mystique où se déroule le fameux concours « du meilleur ouvrier de France à Paris ».

La nuit a été longue, j'ai passé des heures de recherches à élaborer un plat ambitieux, plein de surprises pour le Jury, afin de les étonner, de surprendre leurs papilles.
Moi, Julien, jeune cuisinier d'un village de province, dans la campagne ardéchoise, j'ai enfin eu l'audace de me présenter à ce concours où je vais côtoyer une certaine élite de la cuisine française. Des frissons envahissent mon corps, rien que d'y penser.
 
De tout jeune, je suis tombé dans les casseroles, comme l'on dit souvent dans le milieu, en observant mes grands-parents cuisiner du matin au soir pour les ouvriers agricoles du coin.
A l'époque, ils étaient très nombreux. Le restaurant était toujours plein, parfois même il fallait rajouter des tables.
Mes grands-parents tournoyaient leur vie entre le jardin et les casseroles. A eux d'eux, ils avaient réussi un savoir-faire inégalé à l'époque du "bon et du beau" dans l'assiette, dans toute la région. Le matin au petit déjeuner, les odeurs de viande, poisson, herbes diverses chatouillaient déjà mes narines. Mon petit déjeuner était toujours très copieux, œuf coque, tartine de pain fait avec la bonne farine du moulin à côté de chez nous, le beurre à la baratte étalé en couche épaisse, les fruits frais du verger, le lait de Suzanne de la ferme en face.
J'étais prêt pour faire le long chemin qui menait à mon école.
Sur la route, souvent des images me revenaient à l'esprit, les couleurs de tous ces ingrédients virevoltaient devant mes yeux.
Mes parents et grands-parents m'ont appris sans jamais me le dire, le goût de l'effort, de la rigueur et du mérite. Je le vivais chaque seconde.
A l'âge de 14 ans, j'ai passé le concours pour intégrer le lycée hôtelier, c'était un choix évident. J'ai grandi et appris cet univers de tout petit, je me glissais souvent entre les tables et j'écoutais les conversations des clients, vanter la cuisine qu'ils dégustaient tous les jours. J'étais très fier. J'avais le sentiment que c'était moi qui  avait cuisiné.
Aussi avec le temps, je suis devenu compétiteur et j'y ai vu un moyen de me surpasser. J'ai commencé à faire des petits défis personnels, des concours amateurs, afin de me confronter aux plus performants du moment.
Je m'en sortais pas trop mal, cela me rendait heureux. J'ai réalisé des stages dans des grandes maisons, cela m'a permis de faire mes armes et parfaire mes connaissances du haut métier..
Me voilà enfin prêt pour gravir un échelon de taille.
Je reste un brin songeur, est-ce que je vais pouvoir franchir ce pas de géant ?
Le jour du concours est arrivé, la salle était en ébullition, brouhaha, musique, la foule.
Le temps est resté suspendu pendant trois heures données pour réaliser notre sujet.
La sueur a trouvé son chemin, le long de nos échines.
Enfin le gong a sonné, tout est terminé.
Je brille avec mon étoile, comme un joli arbre de Noël.
Rires et pleurs accompagnent cet exploit bien mérité. J'ai 28 ans

L'homme solitaire

L'étoile incrustée sur la plaque de cuivre, suivie de mon nom brille. Les clients, satisfaits de mon succès, m'ont fait l'honneur de remplir les tables blanches de mon restaurant. Seront-ils plus indulgents avec mes plats, si je vais les saluer ?

A 14 heures, je décide d'aller les remercier chaleureusement. Je remarque alors, à la table du fond, un homme seul lisant son journal.
Il ne déjeune pas, bizarre ?
 
 
 
Je me dirige vers la chef de rang, lui pose la question : elle me dit que ce monsieur, insiste pour être servi lorsque tous les clients seront partis. Cela est gênant en cuisine. Qu'a-t-il derrière la tête celui-là ?
Je décide d'aller voir ce monsieur, il me dit clairement :
- Je ne peux déjeuner s'il y a du monde autour de moi.
Je souris, je prends cela pour un caprice, je tourne les talons. N'est pas bien ce client, il lui manque la lumière à plusieurs étages... il y a des personnes vraiment « barjo »...
Je retourne en cuisine pour savoir les ingrédients qui restent afin de lui concocter un plat satisfaisant. Je donne des ordres à ma brigade, puis je descends au jardin pour vérifier si le dispositif d'arrosage s'est déclenché. Je vaque dans les allées de légumes et fleurs comestibles. Je remonte en cuisine, je range quelques instruments, je parle un moment avec Pierre, mon premier commis. A ce moment là, tout le personnel est parti faire une pose et revient à 18 heures pour le service du soir.
 
Ce matin je me sens heureux et léger, la tension est retombée. Je me suis levé avec une mer de nuages dans le ciel, et subitement le soleil fait son apparition. Tu dois baisser les stores, sinon il va faire trop chaud..
Je me rends près des fenêtres, me retourne et vois le fantaisiste bonhomme assis sans bouger ; je m'approche et lui dis :
- Le plat vous a plu ?
Il ne répond pas, je lui tape délicatement sur le bras, et là, son haut du corps part en avant et s'affaisse dans son assiette.
Je panique, je tâte son pouls. Il est mort !!!
Je ne sais pas quoi faire... j'hésite un instant et appelle les gendarmes.
Après quelques minutes qui m'ont semblé des heures, les gendarmes arrivent et constatent le décès soudain de l'individu.
Pourquoi est-il venu dans ce village ?
 
Je réalise alors que mon univers s'écroule. Mon commerce est fermé jusqu'à nouvel ordre, suivant les avancées de l'enquête.
Les rumeurs au village commencent à enfler. Les réseaux sociaux se déchaînent je suis perdu, humilié, triste et fatigué.
Cet homme est venu perdre la vie chez moi pourquoi ? Crise cardiaque, ou bien rupture d'anévrisme, ou alors, il s'est empoisonné,.
Personne n'a rien vu, ni entendu.
C'est un mystère !!
Quelques instants plus tard, le légiste à découvert dans son cou, la trace d'une piqûre.
Alors, ce n'est plus une crise cardiaque, mais un homicide... My God !! Quelle catastrophe !
Les gens commencent à faire circuler le bruit qu'il a été empoisonné , dans mon restaurant.
C'est ma perte, la disparition de mon étoile, après tant de travail acharné réduit à néant.

Un homme sans histoire

La nuit venue, je monte me coucher au fond de mon lit et réfléchis à ce qui m'arrive.
Cependant, il ne faut pas que j'oublie, malgré le désastre qui me submerge, la commande du mariage de la fille du Maire, qui aura lieu samedi prochain. Je m'étais engagé avant le concours de l'étoile, il faut que j'honore cela dans les meilleures conditions. Il y va de ma réputation.
Aussi, je planche dès mon réveil sur une pièce montée exceptionnelle.

Je dessine un socle, fait d'un biscuit très fin et moelleux, vanillé, entre chaque socle une compote de fruits rouge bien murs de purée de fraises parfumées. De chaque côté des cercles, une guirlande de petites roses en boutons, munies de deux feuilles vertes en pâtes d'amande . Elle monte en tournoyant autour du gâteau jusqu'au sommet, où elle rejoint le couple bras dessus, bras dessous, dans leur beau costume.

La robe de la mariée s'étale sur toute la surface étroite du biscuit.
Au bas, tout autour, un joli ornement très fin de sucre couleur argenté en roulé boulé, forme une dentelle. Et pour finir le gâteau, je pense mettre des sphères en chocolat gaufrette, brodées en sucre. Pour la présentation, sous le support, un tissu d'étamine blanc ondule en vagues voluptueuses, piqué d'étoiles.
 
 
Demain à la première heure, je présenterai à Monsieur le Maire, mon esquisse pour obtenir son approbation, et me mettre au travail. Malgré cette affaire incroyable.
 
Mon esprit est en transit à cette situation extravagante. Les gendarmes ne laissent rien filtrer. Aussi après réflexion, je termine cette dernière commande et décide de prendre quelques jours de vacances et de poursuivre l'enquête, car j'ai le sentiment que cette sale affaire à un lien avec ma famille.
Je compte descendre vers la Méditerranée au soleil, tout en gardant contact avec mon meilleur ami. Il est journaliste à la « Voix du matin » et me fera parvenir des renseignements au fil de ces recherches.
Un matin, il m'appelle et me dit :
– J'ai son identité, il s'appelle : Mr Jérôme RICARDO 44 ans comptable, il vit chez sa mère, Mme Christiane RICARDO contrôleuse aérienne habite à Marseille.
 
Ce nom ne me dit rien !
Me voilà parti pour Marseille. Je reste prudent, car les gendarmes continuent leurs investigations. Ils n'aimeraient pas me trouver dans leurs pattes.
Après avoir interrogé le voisinage, j'apprends que Madame Ricardo est décédée il y a six mois d'un cancer, le fils n'est plus à cette adresse, aux dernières nouvelles il était très affligé par la perte de sa maman, dont il était très proche. Personne ne l'a jamais plus revu.
Un matin mon ami, m'apprend que mon père a été emmené par les gendarmes, pour être interrogé. Je suis stupéfait ! Ma mère est effondrée !
Il faut que je rentre très vite, elle est perdue car mon père est diabétique et à le cœur malade. Il doit suivre un traitement sérieux.
 
Sitôt arrivé, j'appelle mon avocat, les choses se mettent rapidement en place.
Les questions se bousculent dans ma tête et restent pour l'instant sans réponse.
L'autopsie nous en dira plus.
– Pourquoi les gendarmes s'acharnent-ils sur mon père ?
Un homme sans histoire, il n'a jamais fait parler de lui. Je ne comprends rien.
48 heures après mon père a été relâché. Nous pensions qu'il aurait désiré nous dire quelques détails, mais non rien !
Le vide, l'abîme !!!!!!!!!!
Il reste muré dans le silence, prostré dans sa chambre les yeux fixés dans le vague. Il a subi un gros choc. Ma mère est silencieuse.
– Mais pour quelle raison a-t-il été interrogé ?
Il n'était pas là au moment des faits.
Mystère …
Il a été relâché pour cause «  pas assez d'éléments ».
Son avocat a démontré qu'il n'était pas dangereux pour la société, malgré l'accusation, sa maladie a joué un grand rôle pour sa mise en liberté surveillée. L'enquête continue.
– Que s'est-il passé ?
– Connaît-il cet homme ?
– A-t-il été mêlé à une escroquerie ?
Ma mère se tait......

La romance a brisé l'étoile

L'avocat me donne rendez-vous pour le lendemain dimanche, vu l'urgence, à sa propriété à Aubenas.
Le château est grand et majestueux, la grande allée, bordée de magnolias grandifolia, distille un parfum envoûtant. Les allées secondaires sont recouvertes de magnifiques rosiers et rhododendrons, ainsi que de splendides hortensias, qui donnent une harmonie de teintes pastel.
Je suis un peu en avance, je prends un café à la brasserie de la place, lorsque un homme m 'interpelle : « Julien ! », je me retourne et aperçois « Joël » le meilleur copain de mon père, qui est comme un frère pour lui.
On déjeunait souvent avec lui « chez Marius » sous la tonnelle couvertes de grappes de raisins dorés dont les grains craquaient sous le soleil.
– Tu es le fils d'Henry ? Tu lui ressembles toujours autant.
Il me dit :
– Je suis au courant de ce qui lui arrive, je suis très triste, mais je le comprends.
– Vous comprenez quoi ?
– Ah tu n'es pas au courant. ?
– Au courant de quoi ?
– Alors je ne te dis rien, je ne veux pas le trahir.
– Joël, dites-moi ce que vous savez, cela l'aidera.
– Tu sais, ton père a été un homme meurtri dans sa jeunesse, ses parents étaient des
religieux fanatiques, ils l'ont brisé. Ils fréquentaient une sorte de secte.
– Ah bon ! Je ne savais pas
– Lorsqu'il a rencontré ta mère, ça été sa renaissance pour lui, ils se sont aimés et mariés en 1977. Tes parents étaient très heureux. Ils baignaient dans une atmosphère simple, harmonieuse, joyeuse. Quelques années après ton père a dû descendre à Nice pour parfaire ses examens d'expert comptable pendant six mois. Ton père et ta maman étaient très malheureux d'être séparés.
A l'hôtel où il était descendu, il a fait la connaissance d'une jolie femme. Tous les jours à table, ils se retrouvaient pour déjeuner. Un soir le patron a réuni tous ses clients pour fêter « le vin nouveau ». Ils avaient tous bien bu, et ton père a succombé à cette femme. Pour rien au monde, il n'aurait laissé ta mère. C'était son oxygène, son équilibre. Il ne s'autorisait même pas d'y penser.
Plus tard au hasard de ses déplacements pour son travail, il revoyait cette jeune femme.
Un jour elle lui avoua avoir eu un enfant de lui. Il était fier et heureux. Car ta mère à cette époque menait un combat pour avoir des enfants. Aussi, il garda le silence c'était son secret.
Il l'aimait ce petit, il recevait des photos de lui, il ne l'a jamais laissé tomber. Mais au fil du temps, les visites se sont effilochées, ils ne les a jamais plus revus.
– Ah bon !! Plus jamais ?
– Non.
– Je ne sais rien de tout ça, j'étais souvent avec mes grands-parents, c'est peut-être pour cela que je ne suis pas au courant de tout ce fourbi.
– Le jour du drame ton père m'a téléphoné en pleurs, il m'a expliqué que ta mère lui a
demandé de passer au restaurant prendre les nappes sales, et voilà que ce Monsieur l'interpelle et lui dit :
– Tu me reconnais pas ?
Aussitôt, il remarque sur sa joue le même grain de beauté que lui. La situation lui a sauté au visage. Il a vu rouge.
Ton frère lui dit :
– Tu me présentes à ta femme et ton fils, je n'ai plus de famille, ma mère est morte. Je
suis seul maintenant.
Là ton père a perdu pied, il n'a pas réfléchi, il a pris sa seringue dans sa poche et l'a piqué avec son insuline pour son diabète. Tu sais, il ne voulait pas le tuer, il a perdu la raison.
– Quelle histoire, mon père est devenu fou !
– Tu sais Julien, ton père t'a écrit une lettre.
 
Je rentre chez moi, je cherche dans le tiroir aperçois l'enveloppe froissée, je l'ouvre
et lis :
Mon Cher fils
Lorsque tu liras cette lettre, je serais ailleurs, aussi il faut que je t'avoue, que tu as un grand-frère que j'ai caché à tout le monde, ainsi qu'à ta maman. Je n'ai pas voulu lui faire du mal ; mon cœur a saigné par manque de sagesse. Ce petit je l'ai aimé, mais de loin, je n'ai pas eu le courage d'affronter le regard de ta mère. J'ai souffert de ne pas l'avoir vu grandir. Je le côtoyais de temps en temps, mais plus tard, ils se sont éloignés de moi.
Je ne te demande pas de me pardonner, mais d’essayer de comprendre mes faiblesses. Je t'aime et espère que tu seras plus honnête que moi. Je pensais protéger ta mère mais j'ai eu tort. C'est sans doute moi que je protégeais.
Aujourd'hui je me noie dans mon chagrin.
Ai-je commis le pire ?
 
Va-t-il tenir le coup, lorsqu'il réalisera qu'il a tué son fils, me dis-je.
Je sors du cellier bouleversé, je croise le regard de ma mère dans le couloir, et là j'ai su quelle savait...
Elle aussi a choisi le silence et la solitude.
Peut-on un jour se sortir de cette sombre histoire d'amour ?
 
Arlette
__________________________________________
 

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Publié le 29 Février 2024

L'avocat me donne rendez-vous pour le lendemain dimanche, vu l'urgence, à sa propriété à Aubenas.
Le château est grand et majestueux, la grande allée, bordée de magnolias grandifolia, distille un parfum envoûtant. Les allées secondaires sont recouvertes de magnifiques rosiers et rhododendrons, ainsi que de splendides hortensias, qui donnent une harmonie de teintes pastel.
Je suis un peu en avance, je prends un café à la brasserie de la place, lorsque un homme m 'interpelle : « Julien ! », je me retourne et aperçois « Joël » le meilleur copain de mon père, qui est comme un frère pour lui.
On déjeunait souvent avec lui « chez Marius » sous la tonnelle couvertes de grappes de raisins dorés dont les grains craquaient sous le soleil.
– Tu es le fils d'Henry ? Tu lui ressembles toujours autant.
Il me dit :
– Je suis au courant de ce qui lui arrive, je suis très triste, mais je le comprends.
– Vous comprenez quoi ?
– Ah tu n'es pas au courant. ?
– Au courant de quoi ?
– Alors je ne te dis rien, je ne veux pas le trahir.
– Joël, dites-moi ce que vous savez, cela l'aidera.
– Tu sais, ton père a été un homme meurtri dans sa jeunesse, ses parents étaient des
religieux fanatiques, ils l'ont brisé. Ils fréquentaient une sorte de secte.
– Ah bon ! Je ne savais pas
– Lorsqu'il a rencontré ta mère, ça été sa renaissance pour lui, ils se sont aimés et mariés en 1977. Tes parents étaient très heureux. Ils baignaient dans une atmosphère simple, harmonieuse, joyeuse. Quelques années après ton père a dû descendre à Nice pour parfaire ses examens d'expert comptable pendant six mois. Ton père et ta maman étaient très malheureux d'être séparés.
A l'hôtel où il était descendu, il a fait la connaissance d'une jolie femme. Tous les jours à table, ils se retrouvaient pour déjeuner. Un soir le patron a réuni tous ses clients pour fêter « le vin nouveau ». Ils avaient tous bien bu, et ton père a succombé à cette femme. Pour rien au monde, il n'aurait laissé ta mère. C'était son oxygène, son équilibre. Il ne s'autorisait même pas d'y penser.
Plus tard au hasard de ses déplacements pour son travail, il revoyait cette jeune femme.
Un jour elle lui avoua avoir eu un enfant de lui. Il était fier et heureux. Car ta mère à cette époque menait un combat pour avoir des enfants. Aussi, il garda le silence c'était son secret.
Il l'aimait ce petit, il recevait des photos de lui, il ne l'a jamais laissé tomber. Mais au fil du temps, les visites se sont effilochées, ils ne les a jamais plus revus.
– Ah bon !! Plus jamais ?
– Non.
– Je ne sais rien de tout ça, j'étais souvent avec mes grands-parents, c'est peut-être pour cela que je ne suis pas au courant de tout ce fourbi.
– Le jour du drame ton père m'a téléphoné en pleurs, il m'a expliqué que ta mère lui a
demandé de passer au restaurant prendre les nappes sales, et voilà que ce Monsieur l'interpelle et lui dit :
– Tu me reconnais pas ?
Aussitôt, il remarque sur sa joue le même grain de beauté que lui. La situation lui a sauté au visage. Il a vu rouge.
Ton frère lui dit :
– Tu me présentes à ta femme et ton fils, je n'ai plus de famille, ma mère est morte. Je
suis seul maintenant.
Là ton père a perdu pied, il n'a pas réfléchi, il a pris sa seringue dans sa poche et l'a piqué avec son insuline pour son diabète. Tu sais, il ne voulait pas le tuer, il a perdu la raison.
– Quelle histoire, mon père est devenu fou !
– Tu sais Julien, ton père t'a écrit une lettre.
 
Je rentre chez moi, je cherche dans le tiroir aperçois l'enveloppe froissée, je l'ouvre
et lis :
Mon Cher fils
Lorsque tu liras cette lettre, je serais ailleurs, aussi il faut que je t'avoue, que tu as un grand-frère que j'ai caché à tout le monde, ainsi qu'à ta maman. Je n'ai pas voulu lui faire du mal ; mon cœur a saigné par manque de sagesse. Ce petit je l'ai aimé, mais de loin, je n'ai pas eu le courage d'affronter le regard de ta mère. J'ai souffert de ne pas l'avoir vu grandir. Je le côtoyais de temps en temps, mais plus tard, ils se sont éloignés de moi.
Je ne te demande pas de me pardonner, mais d’essayer de comprendre mes faiblesses. Je t'aime et espère que tu seras plus honnête que moi. Je pensais protéger ta mère mais j'ai eu tort. C'est sans doute moi que je protégeais.
Aujourd'hui je me noie dans mon chagrin.
Ai-je commis le pire ?
 
Va-t-il tenir le coup, lorsqu'il réalisera qu'il a tué son fils, me dis-je.
Je sors du cellier bouleversé, je croise le regard de ma mère dans le couloir, et là j'ai su quelle savait...
Elle aussi a choisi le silence et la solitude.
Peut-on un jour se sortir de cette sombre histoire d'amour ?
 

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Publié le 27 Février 2024

 

AndreÏ

1980 dans un orphelinat d'Europe de l'est, Andreï subissait sa énième punition.

Ce garçonnet de huit ans au joli visage, clair de peau, les cheveux en broussaille, yeux marrons bordés de longs cils avait commis un grave délit aux yeux du directeur.
Cet  homme froid, austère et cruel exerçait ses pleins pouvoirs sur des enfants terrorisés sauf Andreî, abandonné dès la naissance. 
Ce gamin faisait tout pour se faire remarquer et exister quitte à que ce soit aux travers les punitions.
Aujourd'hui il avait osé ricaner devant le directeur et après avoir reçu une paires de claques et un tirage d'oreilles bien douloureux, il devait rester au coin pendant deux longues heures sans bouger en gardant les mains croisées derrière le dos.
Ce petit être cabossé par la vie dès sa naissance allait il devenir un homme insensible et violent ou, grâce à la résilience, un être sensible et  aimant.
Andreî ne se posait jamais ce genre de question sur son avenir et se contentait d'avancer, de rester fier sans jamais au grand jamais verser une seule larme bien qu'il souffrait terriblement en son for intérieur d'une extrême solitude et d'un immense manque d'amour et de tendresse.
 

 

En jouant au dur, il se forgeait une carapace qui l'empêchait de sombrer et plus il s'endurcissait, plus le directeur le détestait et le lui faisait savoir par des coups de plus en plus violents et des punitions de plus en plus dures...

Porte des Lilas

 

Vingt ans ont passé et, après des études inintéressantes à ses yeux, Andreî devenu plombier décile d'aller vivre à Paris où la demande est importante et grâce à son ancien patron, a trouvé un remplacement. Il arrive avec son modeste bagage gare de l'Est et se retrouve complètement perdu au milieu de la foule.

 

"Whaou tous ces gens, des blancs, des noirs, des jaunes, des moches, des beaux, des bien habillés, d'autres pas"
Il va acheter des tickets de métro et au guichet demande un plan et un itinéraire en baragouinant quelques rares mots de français connus.
"Comment je vais faire pour arriver chez moi après avoir passé ma vie dans un village de 2000 âmes"...
Andreï s'engouffre dans les entrailles de Paris et doit, coûte que coûte, arriver porte des Lilas dans le petit meublé loué.
"J'y crois pas ça schlingue à Paris et on ne voit rien de la ville"
Les gens courent dans tous les sens, se bousculent, mais il sait qu'il va y arriver en demandant encore et encore son chemin.
Il se retrouve porte des Lilas, prends l'escalator et se retrouve à l'air libre face juste à côté de son logement.
Il est beau avec son magnifique sourire, il est heureux comme jamais et il veut croire en sa chance après avoir déjà beaucoup trop  souffert dans son enfance.
"J'vais bosser, faire la bringue, danser et bien trouver une ou deux jolies Parisiennes pour sortir avec moi"
Il arrive chez lui, respire profondément et s'allonge  tout habillé sur son petit canapé lit inconfortable mais qu'importe...

L'escarpin

Après quelques jours pour se familiariser avec le quartier et ses nouveaux collègues de travail, Andreï accepte avec joie une virée à "la bohème du tertre", célèbre cabaret de Montmartre.
Ils dînent dans une ambiance festive. Le restaurant est déjà archi plein quand son regard se porte sur le pied d'une femme.
L'escarpin au talon aiguille transparent, vertigineux, haut de douze centimètres, supporte une voûte plantaire en cuir argenté et le dessus de la sandale est orné d'une large bande de cuir tressé qui maintien le joli pied en place.
L'arrière du stiletto remonte sur le talon avec  une fine fermeture éclair permettant de mettre et retirer le soulier.
Un bracelet rond en cuir argent, tressé finement est cousu à coté de la fermeture et magnifie le soulier avec grâce.
Andreï n'a jamais vu rien de tel et il est hypnotisé par cette vision d'une élégance extrême.
Son regard intense remonte sur la jambe, la robe, les bras de l'inconnue qui le regarde amusée en souriant.
Il la fixe lui aussi néanmoins un peu honteux puis, prenant son courage à deux mains, l'invite à boire une coupe de champagne car, parait il  les Parisiennes boivent uniquement cette boisson.
Elle accepte l'invitation en se déplaçant légèrement sur ses deux magnifiques escarpins qui lui fait tourner la tête !!

Une si longue route

De fil en aiguille ils firent connaissance, elle citadine sûre d'elle, extravertie et joyeuse et lui, jeune homme cabossé par la vie, un brin timide, un brin rêveur, inquiet souvent, courageux certes désireux de se construire une nouvelle vie, à Paris pourquoi pas, bien qu'il ne maitrisait pas la langue mais qu'importe, quand on est jeune, on à tant de ressources.
Elle possédait son havre de paix dans la campagne normande et ils y partirent quelques jours pour mieux se découvrir loin de la capitale et de sa foule constamment en ébullition.
Ils prirent le train à la gare Montparnasse et atterrirent dans un bled de quatre pelés, un tondu, avant qu'elle ne récupère, garée dans un coin du parking désert, sa vielle guimbarde juste bonne pour les chemins de terre et les nids de poule. Cela les firent hurler de rire, cette voiture d'un autre temps, qui cahotait dans les sentiers entourés d'arbres certainement centenaires.
Au bout de quelques minutes, ils arrivèrent près de la maison entourée de bosquets et de grands champs.
L'herbe était verte et si épaisse quand ils sortirent du véhicule qu'ils crurent qu'elle s'élançait vers eux pour leur souhaiter la bienvenue. Les rafales de vent envoyaient un doux chant mélodieux et enveloppaient les deux amoureux d'une caresse odorante et sensuelle. La longère un peu délabrée semblait les attendre depuis fort longtemps, ses volets vermoulus claquaient au rythme des bourrasques et semblaient dire :"il est temps de rentrer car la nuit épaisse, noire et inquiétante ne va pas tarder".
La cheminée remplie de bois craquait à mesure que le feu se consumait et envoyait des ombres comme des images sur les murs. C'était calme, reposant, inquiétant peut-être, mais ils étaient heureux loin de tout, dans un autre univers et cette douce quiétude était comme un baume sur le cœur, une douce promesse d'un avenir plus radieux pour Andreï  qui ferma les yeux un court instant pour se recueillir sur ce moment de grâce...
 
Véronique
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Rédigé par Véronique

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Publié le 27 Février 2024

 
De fil en aiguille ils firent connaissance, elle citadine sûre d'elle, extravertie et joyeuse et lui, jeune homme cabossé par la vie, un brin timide, un brin rêveur, inquiet souvent, courageux certes désireux de se construire une nouvelle vie, à Paris pourquoi pas, bien qu'il ne maitrisait pas la langue mais qu'importe, quand on est jeune, on à tant de ressources.
Elle possédait son havre de paix dans la campagne normande et ils y partirent quelques jours pour mieux se découvrir loin de la capitale et de sa foule constamment en ébullition.
Ils prirent le train à la gare Montparnasse et atterrirent dans un bled de quatre pelés, un tondu, avant qu'elle ne récupère, garée dans un coin du parking désert, sa vielle guimbarde juste bonne pour les chemins de terre et les nids de poule. Cela les firent hurler de rire, cette voiture d'un autre temps, qui cahotait dans les sentiers entourés d'arbres certainement centenaires.
Au bout de quelques minutes, ils arrivèrent près de la maison entourée de bosquets et de grands champs.
L'herbe était verte et si épaisse quand ils sortirent du véhicule qu'ils crurent qu'elle s'élançait vers eux pour leur souhaiter la bienvenue. Les rafales de vent envoyaient un doux chant mélodieux et enveloppaient les deux amoureux d'une caresse odorante et sensuelle. La longère un peu délabrée semblait les attendre depuis fort longtemps, ses volets vermoulus claquaient au rythme des bourrasques et semblaient dire :"il est temps de rentrer car la nuit épaisse, noire et inquiétante ne va pas tarder".
La cheminée remplie de bois craquait à mesure que le feu se consumait et envoyait des ombres comme des images sur les murs. C'était calme, reposant, inquiétant peut-être, mais ils étaient heureux loin de tout, dans un autre univers et cette douce quiétude était comme un baume sur le cœur, une douce promesse d'un avenir plus radieux pour Andreï  qui ferma les yeux un court instant pour se recueillir sur ce moment de grâce...
 

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Publié le 25 Février 2024

Incipit

Lecteur, cette aventure est littéralement impensée, aussi je passe par le mot pour l'inventer

Me voilà confondue avec une image ; cette image m'a choisie...
... Elle est intéressante sur un plan formel, plastique ; Étant neutre d'émotions envers elle je ne saurais la regarder autrement car elle attend que je la signifie et la renseigne. Donc cette image interpelle d'autres fonctionnalités chez moi... Mon esprit d'observation un peu particulier, ou le goût de l'étrange...
 
Le signifiant, La photo, l'Image, description ;
 
La photo est traversée de souffles contraires qui dessinent en filigranes les lignes directives du lieu. Dans un espace sombre un avant-plan vertical noir, au delà du sombre un mur gris que troue un fenestron repeint en blanc au bout duquel un cadre de fenêtre mal peint saigne d'un bleu sali ! Disons qu'un intérêt vital se trouverait derrière la vitre dépolie (ou serait-ce une image collée ), où une forme humaine délavée de bleu dans la lumière blafarde se signale. A cet instant précis, l'avant-plan personnage vertical noir réagit ; Un regard échangé entre eux deux, et une conversation muette et intense circule en accéléré, une connexion s'établit en un message codé. Urgence ou bien Interrogatoire ?
 
-Je vois, tu parles, je réponds, car je me re-connais... cette image est signifiée.
 
Transpercés comme par une lame en ces nanosecondes qui durent des siècles ces deux humains, au regard de ces paramètres improbables ont la conscience brutale de partager la même pensée !
 
Mais laquelle ?

Mérovée

 

- MEROVEE - En rêvassant Mérovée caresse le chrisme qu'il porte au cou et une onde intense lui parcourt le cerveau. Il se lève, piétine un nid de fourmis en hurlant, arrache sa tenue de travail et se quitte à l'instant même, atteint par l'acide formique il s'endort !!!

 
-Je rêve ou quoi, j'entends des bruits,cela n'a aucun sens, des gens sont en colère mais bon dieu cela fait des lustres que ça dure, que ça bugge et que ça gueule… je suis fatigué
Mérovée a un songe :
-Dans son rêve il marche, ou plutôt le monde marche pour lui car il atteint l'immobilité parfaite
-dans la rue descend en bataillon serré une armée de bouches qui n'ont plus de visage dans ce 'no-land', des bouches qui de concert vomissent en chœur une ventrée de mots de sons machinalement éructés et balancés à l'air, à la ville, à l'autorité.
-Des siècles et des siècles défilent sous ses paupières, rois, querelles intestines, parentèles toxiques qui s'étripent gaillardement depuis toujours ; et les même revendications, le même combat revient à la surface, peur, faim, quête du pouvoir et du territoire, violences, homicides, infanticides, séquestrations, chaise électrique, conflit sociétal et genré… de l'humain quoi !
-tel un essaim bourdonnant un carré de têtes noires se déploie dans un sens et puis dans un autre innovant une 'novlangue' réducteur de paroles scandées et ressassées.
-Dans son sommeil les images s'entrechoquent, la prise de Poitiers, les Sarrasins, les Burgondes et l'Austrasie, la guerre de Cent ans, Ravaillac et son bon roi de la poule au pot, le roi Soleil jouant avec Lulli encore des images, l'Esclavage et la traite des noirs, 1848, le Résorgimento Italien, la baie des cochons, le Vietnam / Vietkong et le communisme, le fascisme, Fukushi/Nagasaki, des tonnes d'images qui disent des tonnes d'histoires et la rengaine en boucle : j'ai peur, j'ai faim… famines, pestes, palu.., typhoide qui jonchent le chemin en des traces indélébiles, 1936 l'Espagne, les camps, les Afriques etc, etc, des images des histoires notre histoire
…......................................................................................................................................................
-Mérovée sous ses paupières closes entend tintinabuler le son grêle et pur d'une comptine enfantine … Il s'endort... Ils étaient trois petits enfants qui s' en allaient glaner aux champs aux champs aux champs
…......................................................................................................................................................
 
- BASSETERRE - - Hé.... un court-circuit, hé... c'est moi qui te regarde depuis mon bureau...
-c'est quoi ce court-jus ?
 
Soudain il étouffe dans le noir ; et l'humidité très vite lui suce la peau, il s'arrache le vêtement pour respirer un peu, tend les bras, trouve le mur a l'aveuglette le palpe en évalue les aspérités, les trous, le salpêtre, les moisissures, les glaviots qui dégoulinent et s'échappent de ses doigts
 
-Ça pue un max !!!
 
Une telle décomposition le prend à la gorge l'enveloppe et le tétanise ! Alors avec une rare violence il s'empare d'un manche qui traîne - pic ou merlin- ou je ne sais quoi encore et se met à cogner son mur frénétiquement, la chaux cloquée s'en échappe et dépoudre en laissant fuir son sable malodorant ; comme un piétinement de plusieurs corps en colère, à lui tout seul, Basseterre se démène rageusement, blanchi, aveuglé par les poussières et baignant dans son jus il se bouscule et atterrit dans la crasse ; il contemple son travail en souriant.

Horus

Basseterre
 
En avançant dans sa conquête du mur, Basseterre exhume de la blocaille des objets fort intéressants et insolites:une guimbarde, une poupée barbie, des pièces de monnaie en cuivre, une médaille dédiée à la sainte vierge, des bracelets en bakélite, des bagues en plastique de toutes couleurs...Des billes... une poche se détache promptement du lot avec un bruit mat il en jaillit de l'or, de l'antimoine et de la turquoise comme en un déploiement d' ailes vigoureux... sous son nez...il est tellement ému !
Subjugué et confondu il ne peut décrire ce phénomène ce bijou en l’occurrence plus...... précisément !!! dans un halo de poussières d'or il entend :
 

JE SUIS HORUS PROTECTEUR DE PHARAON CELUI QUI EST AU-DESSUS DE TOUT-

 
-Basseterre !... je t'ordonne en ces jours de Carnaval, je t'ordonne de me créer un masque d'orpiment par lequel je soufflerai à nouveau le fluide vital à la lumière de Aton-Reh......Et tout s'éteint. Alors qu'il est enfin arrivé à la pierre du mur et sur les genoux, il dégage encore la fenêtre et se jette à l'air libre de l'autre côté et il dit :
- Astre inconçu et puissant allié de Nout, suis-je en hypotypose ? Si tel n'est pas le cas, irradie mon humble personne et permet que j'offre à ta face sublime mes pauvres armes...
Ainsi il fait allégeance à Aton-Râ
Tel l'Oracle, la voix d'un historien célèbre lui parvient alors en ces mots :
 
- 'l'homme qui songe ne peut engendrer un art : ses mains sommeillent ;l'art se fait avec les mains.Elles sont l'instrument de la création mais d'abord l'organe de la connaissance'...Secoue-toi Oh... Basseterre et finis cette œuvre commencée : ce 'carré noir sur fond gris' que veut-tu en dire ?
 
enfin de l'autre côté du mur Basseterre prend de la distance et murmure tout bas : quel rapport entre ce mur et support/surface ou pop culture par exemple ???
 
Mérovée
 
Après des siècles et des siècles d'horreur, Mérovée ouvre un œil, baille les larmes aux yeux, s'étire et se lève ;
-tiens il n'y a plus de soleil... où est mon chrisme ensoleillé...Bah je le retrouverai plus tard, là je n'ai pas le temps de chercher...
-Mais que s'est-il passé ?
Il remet son vêtement et va au travail, il est l'heure...Mérovée est chef de chantier sur un site de rénovation du patrimoine
Ses potes à l'intérieur rassemblent les outils et font du net dans la pièce. On a bien travaillé ce matin, voilà un appareillage de pierres bien régulier, mur propre et convenable !
-Ça va les gars ?
- Rémi ! tu te mets sur les rejointoiements à vérifier et les ragréages au mortier sans oublier d'éponger sur l'humide...On garde le mur tel que, nous avons assez bossé dessus !
-Clotaire ! avec moi il faut dégager les sacs de gravats jusqu'au fourgon
...et c'est parti
…......................................................................................................................................................
Basseterre devient un carré noir sur fond gris car pour l'heure sa pensée a été occultée subitement...
 

Chantier

Alors que Basseterre prostré sur son trou noir méditait, passe Mérovée revenu de son travail...

Ces deux-là se reconnaissent d'emblée bien qu'ils ne se soient jamais rencontrés. Leurs regards se noient dans ce fluide qui les balade depuis quelques siècles déjà et les englobe dans un même corps, là où la fuite est une qualité de survie autant qu'une hygiène mentale et autorise des débordements spacieux et temporels.
MéroBaster ne fait plus qu'une seule et même entité : ELLE   l'espace d'une nanoseconde qui dure l'éternité et dans une langue enfantée abondante et expressive l'énergie interactive circule et invente l'espace et l'environnement comme si le chantier en soi était le moteur et la condition de toute imagination et de toute création.
 
...ELLE… Mérobaster, avec sa conscience augmentée contemple non plus un mur mais ce mur géant dont les fenêtres énuclées absorbent ou recrachent à volonté dans un sonore sublime l'impassibilité du ciel, du soleil, des oiseaux qui sillonnent les espaces et les trous et le souffle dans l'air du bleu azuréen.
 
' Détruire dit-elle ' comme tel titre de roman
Ce mur est une Conscience...
 
ELLE se souvient alors, jeune, rétro pédalant dans sa mémoire, ELLE se souvient d'un petit pavillon au centre du monde réel; vestige d'un passé colonial, agrémenté d'une véranda créole, cette véranda de l'ocre et du cinabre... quelques palmiers du vert des tropiques et le silence mystérieux...
… une photo en son cœur étranger.
Dans ce lieu de souffrances et de soins où pour respirer un autre air on s'accordait un moment sur la coursive, moment de plaisir ou d'évasion que ce reste colonial évoquait car il permettait l'oubli du néant coutumier, des responsabilités, des devoirs et du temps qui passe !
 
Tel un drone survolant sa jolie ville, ELLE en découvre ses tristesses aussi, ses excavations obscènes, morbides éventrations, ses démolitions cruelles, ses béances violées, ses chantiers incertains dans l'éternel, ses citoyens lobotomisés ou désemparés et ses murs abandonnés sans amour et sans soins.. et faisant fi du béton de promoteurs mercenaires et voraces, de la guerre mondiale ainsi que du charançon féroce et sournois, ELLE pointe un doigt terriblement accusateur là là et là et là aussi laissant jaillir promptement encore et encore ici et là des bouffées de palmiers et de dattiers chargés de désirs et pleins du bruissement de mouettes cancanières et d'étourneaux bavards scandant leur refrain à tue-tête :
 
 
LA FONCTION ESSENTIELLE DE CE LIEU EST DE N'AVOIR AUCUNE FONCTION SI CE N'EST SA RAISON PROPRE D'ETRE LA , COMME L'OISEAU :
 
' La raison de l'oiseau'
 

 

 
Marie-Thérèse
__________________________________________________________
 
 

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Publié le 25 Février 2024

 

Alors que Basseterre prostré sur son trou noir méditait, passe Mérovée revenu de son travail...

Ces deux-là se reconnaissent d'emblée bien qu'ils ne se soient jamais rencontrés. Leurs regards se noient dans ce fluide qui les balade depuis quelques siècles déjà et les englobe dans un même corps, là où la fuite est une qualité de survie autant qu'une hygiène mentale et autorise des débordements spacieux et temporels.
MéroBaster ne fait plus qu'une seule et même entité : ELLE   l'espace d'une nanoseconde qui dure l'éternité et dans une langue enfantée abondante et expressive l'énergie interactive circule et invente l'espace et l'environnement comme si le chantier en soi était le moteur et la condition de toute imagination et de toute création.
 
...ELLE… Mérobaster, avec sa conscience augmentée contemple non plus un mur mais ce mur géant dont les fenêtres énuclées absorbent ou recrachent à volonté dans un sonore sublime l'impassibilité du ciel, du soleil, des oiseaux qui sillonnent les espaces et les trous et le souffle dans l'air du bleu azuréen.
 
' Détruire dit-elle ' comme tel titre de roman
Ce mur est une Conscience...
 
ELLE se souvient alors, jeune, rétro pédalant dans sa mémoire, ELLE se souvient d'un petit pavillon au centre du monde réel; vestige d'un passé colonial, agrémenté d'une véranda créole, cette véranda de l'ocre et du cinabre... quelques palmiers du vert des tropiques et le silence mystérieux...
… une photo en son cœur étranger.
Dans ce lieu de souffrances et de soins où pour respirer un autre air on s'accordait un moment sur la coursive, moment de plaisir ou d'évasion que ce reste colonial évoquait car il permettait l'oubli du néant coutumier, des responsabilités, des devoirs et du temps qui passe !
 
Tel un drone survolant sa jolie ville, ELLE en découvre ses tristesses aussi, ses excavations obscènes, morbides éventrations, ses démolitions cruelles, ses béances violées, ses chantiers incertains dans l'éternel, ses citoyens lobotomisés ou désemparés et ses murs abandonnés sans amour et sans soins.. et faisant fi du béton de promoteurs mercenaires et voraces, de la guerre mondiale ainsi que du charançon féroce et sournois, ELLE pointe un doigt terriblement accusateur là là et là et là aussi laissant jaillir promptement encore et encore ici et là des bouffées de palmiers et de dattiers chargés de désirs et pleins du bruissement de mouettes cancanières et d'étourneaux bavards scandant leur refrain à tue-tête :
 
 
LA FONCTION ESSENTIELLE DE CE LIEU EST DE N'AVOIR AUCUNE FONCTION SI CE N'EST SA RAISON PROPRE D'ETRE LA , COMME L'OISEAU :
 
' La raison de l'oiseau'
 
Marie-Thérèse
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Publié le 25 Février 2024

La course

      

   L'anxiété visible sur son visage n'augurait rien de bon pour son classement dans ce rallye. La prochaine épreuve était la descente du mont Gros sur Monaco avec arrivée au bas du mont des Mules. Les derniers classés partaient les premiers, lui étant provisoirement cinquième s'impatientait assis dans sa voiture de série. La singularité de cette course étant de conduire sa propre voiture de tous les jours. Certaines portions de route, étant surtout des lacets, étaient visibles du point de départ. Mon favori, celui de la photo, que je nommerai Antoine pour garder son anonymat, fébrile attendait son tour.

Quelques pilotes pourtant chevronnés avaient mal négocié certains lacets plus difficiles à aborder en descente qu'en course de côte. Trois, deux, un, c'est son tour de partir que j'avais anticipé.

   Je venais de m'élancer avec mon parapente, gardant une bonne distance entre lui et moi. Sachant que je le suivrais il n'était pas perturbé par ma présence dans les airs. Je pus faire quelques photos sur des passages demandant de réelles capacités de pilotage. Il perdit quelques secondes dans le mont des Mules, deux lacets successifs abordés un peu trop vite l'obligeant à ralentir pour reprendre adhérence au sol. La fin de course se fit sans encombre. Puis l'attente avec impatience, car de l'arrivée nous ne voyons pas le tracé la descente. Ayant des obligations à Nice je ne pus attendre la fin de course pour connaitre les résultats. Je le saurai dans la soirée en téléphonant à Antoine. 

La soirée de gala

Quatre jours plus tard, soirée de gala pour la remise des prix. Un photographe flache à tout va. Les photos sont visibles aussitôt. L'Une m'intéresse particulièrement. Le premier et le second a la table de la présidente. J'observe ce trio, la ravissante jeune femme ne semble pas intéresser les deux hommes à sa table. Ils se gargarisent de leurs exploits. Un temps d'observation puis elle se fige, son sourire devient sarcasme. Pourtant je savais Antoine attiré par les jolies femmes. Ce soir, seulement deuxième de la course, il semble obnubilé par le vainqueur. Je ne peux détacher mon regard de cette table.

La présidente s'aperçoit de mon intérêt. Les deux candidats sont seuls dans cette salle. Après la remise des prix ils se sauvent ensemble. Je ne suppose plus, j'agis. Je m'approche de la table de la présidente et lui propose un cocktail, son verre étant vide. Je l'interroge.

- Puis je vous poser une question ?
- Oui.
- Le saviez-vous que ces deux candidats sont homos ?  

Hypotypise

Aucune réponse. Les lumières s'éteignent. Apparait sur écran la photo de la voiture gagnante. Elle me flashe, m'hypnotise ; j'ai l'impression de la découvrir…. Pourtant ! Mais je me souviens, j'avais dû m'absenter avant le dernier départ.

Je comprends mieux sa victoire. Le nom déjà : vite a ras  des pâquerettes, l'avant surbaissé, un profilage étudié par ordinateur. Quatre portes pourtant, rare pour une voiture de course. Il est vrai que seules étaient sélectionnaient les voitures de série. L'œil est attiré par sa couleur, un mélange de jaune, d'ocre, d'orange. Vulgairement" caca d'oie". 

      Faut-il hypo typiser devant une telle voiture ? Que nenni ! hormis la couleur et sa victoire elle est passe-partout. Cette fois-ci, partie dernière, elle finit gagnante. Comme quoi ! Qu'importe la voiture, seule compte la victoire.

Auto stop

Le lendemain lundi je reprends ma deudeuche et part à l'aventure. Je pressens des frissons à la découverte d'un site inconnu.Délaissant la départementale qui ne m'inspire guère, je me retrouve dans une impasse, un lieu féerique à quelques lieux de la civilisation. Une mare dont les eaux frissonnent sous un souffle de vent venant du levant. Certains arbres d'un vert émeraude ou printanier se penchent sur ces eaux pour un bonjour matinal. Un quidam dans un carré de verdure surprend le reflet orange de son vêtement dans l'eau verte. Au deuxième plan une trouée dans l'alignement des différentes essences d'arbres se reflète en deux parties inégales blanches et brouillées. Est-ce l'heure matinale ou le besoin d'émotions, je ressens une plénitude, une joie, un repos dans mon corps et mon âme.
Le décollage d'un avion de l'aérodrome proche me remet dans la réalité de la vie.
 
Louis
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