La lumière s'apaise, le bruit s'évade et part en voyage vers d'autres contrées.
La douceur des couleurs à l'approche de la lune, qui sort du néant, illumine le décor.
La barrière vient de fermer, les touristes ont battu des ailes comme des oiseaux craintifs.
Tu enjambes la porte en bois, sourire aux lèvres, et poses la plante du pied sur le sable ocre, comme un bain de paillettes tièdes.. l'empreinte s'enfonce avec jubilation, tu observes tes orteils recouverts de granules orangés, la marque éphémère d'un passage sur terre.
Au loin le grincement d'une nuée de cigales, vigiles aux aguets, compagnes d'escapade.
Tu avances lentement, grimpes pieds nus les monticules au camaïeu ocre jaune.
Un far west provençal dans la douceur du soir, sans cowboy de pacotille ni violence incongrue.
Le silence te ronge, te noie, comme une anesthésie, infusion sereine et régulière.
Tu nages dans le sable, tes pupilles ingurgitent les tons crème, café chaud, marron tiède, jaune désert.. les grains se collent à ta paume, tu les malaxes, les frottes un peu, les regardes s'envoler, particules magiques tirées de ton chapeau.
Les cigales se faufilent à nouveau vers tes oreilles, curieuses ou inquiètes, elles entonnent une mélopée rugueuse et saccadée. Tu rêves…
Bouche entrouverte, tu t'enfonces dans le sable comme au fond de gorges chaudes, l'Ardèche, le Verdon, tu sens les vagues te submerger, te goûter, tu ouvres une brèche et te fraies un passage, tout ton corps se libère en nageant sans fin, sans frein, tu t'épuises à garder les yeux ouverts et t'enfoncer encore.
Les vagues te lèchent, te distillent un baume tendre et vaporeux, tu ruisselles, tes lèvres s'offrent à la lumière, tes pieds vagabondent, hésitent, savourent le délice moite, onctueux, tu plonges les yeux fermés, un désert d'eau sableuse, tu ne sais plus, tu oublies tout, c'est si loin.. le kayak suivait son cours, s'enfonçait dans les gorges, tes yeux loin derrière s'immisçant dans les flots… Une piqûre.. la peau te brûle, tu t'es assoupi au creux des dunes sableuses. Le noir t'enveloppe. Ouf… tu suffoquais presque. Drôle de rêve.
Tu reprends vie, les nuages bousculent le ciel, tes oreilles vibrent, un grondement au loin..
Il faut reprendre pied.
Le sentier débouche sur les roches du Roussillon. Elles se dressent en contrebas comme un rempart teinté de sang. Quelle terrible bataille ont-elles connu pour en garder cette couleur corail ? Mon imagination file aussitôt vers des chevaliers en armure, des épées magiques, des ruines de vieux châteaux. Rouges, ocres, verticales, acérées, les roches me racontent une histoire qui n'a pas eu lieu et moi, immobile, je me perds à la contempler.
La forêt ajoute au mystère en encerclant de vert profond ces merveilles vermillon, aussi hautes que les arbres. Couleurs, contrastes, beauté... Je m'assois pour mieux m'en imprégner.
Un vent léger court sur les cimes, court sur mes bras nus, rafraîchit ma nuque en sueur. Il m'apporte le parfum mauve des lavandes, celui plus sucré des genêts fleuris. J'en aurais presque le goût sur la langue... Mes papilles frétillent... les insectes du coin aussi. Le silence bourdonne... Parfois, de la forêt, les trilles virtuoses d'un invisible oiseau s'envolent vers un ciel à l'azur parfait.
Mais mon horizon, cerné par le bord de mon chapeau de paille, me ramène sans cesse à ces roches rouges, au garde-à-vous, sentinelles éternelles du passé de la Terre, et moi, je m'émerveille...
Comme cet enfant semble malheureux ! Que lui est-il arrivé ? Qu’a-t-il fait pour qu’on le punisse, pour que sa maîtresse d’école l’envoie au coin ? Il doit avoir à peine neuf ou dix ans… A cet âge-là, a-t-il vraiment fait quelque chose d’assez grave pour qu’un adulte lui interdise de bouger ou de s’exprimer ? Il a l’air de compter avec ses doigts, peut-être à cinquante ou à cent aura-t-il le droit de retourner jouer avec ses copains dans la cour, au lieu de rester enfermé en classe pendant la récréation, sous le regard sévère de l’institutrice, Mademoiselle Lambert. Elle l’a envoyé au coin parce que ce n’est pas la première fois que Roméo n’a pas fait les devoirs indiqués dans son cahier de textes, deux exercices de maths, et une fable de La Fontaine à apprendre par cœur. Il avait le week-end pour cela, la maîtresse ne comprend pas qu’il n’ait rien fait. Cet enfant respire la tristesse, elle le voit bien. Elle se sent obligée de le punir parce qu’il ne lui donne pas la raison de son attitude, si elle lui demande pourquoi il n’a rien fait, Roméo se ferme, baisse la tête et prend un air malheureux. Si Mademoiselle Lambert s’écoutait, elle le prendrait dans ses bras pour le consoler, cet enfant à l’air si fragile ! Il retrouverait vite le sourire. Mais non, elle doit se montrer sévère, sinon elle perdrait son autorité devant sa classe.
Elle ne doit pas faire de différence entre ses élèves, même si elle sent que Roméo est un peu différent des autres. Il y a là des enfants de commerçants du village, la fille du boucher et le fils de l’épicier, les deux jumeaux du pharmacien, les autres sont presque tous enfants d’agriculteurs. Dans l’ensemble, elle constate que les parents surveillent les devoirs des enfants. Le père de Roméo est agriculteur, mais elle ne le connaît pas, et elle n’a jamais vu non plus sa maman. C’est son premier poste, à Mademoiselle Lambert, elle fait de son mieux, mais elle se pose parfois des questions sur l’attitude à adopter. Ce n’est pas facile, une classe unique de la maternelle au CM2, même si elle n’a que quinze élèves. Roméo est un enfant intelligent, c’est certain, il lève le doigt lorsque la maîtresse interroge sa classe, il est très bon en lecture, mais il semble parfois préoccupé, comme s’il avait de gros soucis. Roméo est vraiment un mystère pour son institutrice.
Drame dans la vie de Roméo
« ça y est, ma punition est finie, je retourne en récréation ».
Le sourire ne revient pas sur le visage de l’enfant. Il est préoccupé par sa vie, si compliquée. « On va voir Maman dimanche avec Papa. Elle va dans la cour avec des copains et des copines, elle m’a envoyé une photo.
J’ai bien regardé, mais on ne voit pas Tata Marie sur la photo. Nous on voit maman dans la prison, pas dehors. Mais pas Tata Marie. C’était mieux avant. Elle vivait chez nous, elle était très gentille, surtout avec Papa. On l’a plus vue depuis que Maman avait pris le fusil de papa et lui avait tiré dessus, Papa m’avait dit qu’elles jouaient aux cow–boys et aux Indiens, comme moi avec mes cousins. C’est pas le Cherif qui est venu la chercher pour l’emmener en prison, c’est les policiers, c’est pareil. La voisine m’avait fait rentrer chez elle, je sais pas où est allée Tata Maria, et depuis je l’ai plus vue. J’avais que quatre ans, Papa m’a dit qu’il m’expliquerait plus tard, quand je serai grand. Je suis grand, j’ai neuf ans, Papa m’a pas expliqué. »
L’enfant ne joue pas avec les autres pendant la récréation, il est toujours dans ses pensées. Il se revoit dans la grande maison d’autrefois, lorsqu’il avait deux femmes pour s’occuper de lui, sa maman, si jolie et si douce, et sa jeune sœur Marie. Tata Marie jouait à la maman avec lui, elle s’occupait de la maison pendant que sa vraie Maman travaillait à la ville. Son Papa, lui, était toujours là, ils étaient dans une grande ferme avec plein d’animaux : des vaches, des poules, c’était le travail de Papa. « Elle m’aimait beaucoup, ma Tata, elle ressemblait à Mademoiselle Lambert, avec ses cheveux noirs, mais elle me mettait pas au coin. Mon Papa riait beaucoup avec Tata Marie. Depuis qu’on a déménagé, il ne rit pas souvent, il travaille sans arrêt, et il n’a pas beaucoup de temps pour s’occuper de moi. Je me débrouille seul, comme un grand, j’aimerais bien que Papa m’explique…. »
Un si joli tableau
Roméo, souvent seul à la maison, s’invente des jeux. Depuis leur déménagement, son père a entassé des objets ramenés de son ancien foyer, pour lesquels il n’a pas encore trouvé d’emplacement idéal. C’est vrai qu’il n’a pas beaucoup de temps pour s’occuper de la décoration de leur nouvelle maison. Il essaie de passer son peu de temps libre avec son fils.
Roméo, heureusement, a une imagination débordante, ce qui lui permet de ne pas trop souffrir de sa solitude. Ce matin, il est monté au grenier, parce qu’il avait remarqué dans un coin un tableau entreposé recouvert de toiles d’araignées. Avec un balai trouvé sur place, il a débarrassé la peinture de son décor de soie, tout en surveillant les deux araignées qui se sont enfuies sous la caresse du balai. Roméo, qui a été élevé dans une ferme, n’est pas impressionné par les insectes et autres bestioles de toutes sortes. De la main, il essuie la poussière qui masque le dessin, et découvre l’étrange tableau : une fenêtre ouverte sur un paysage marin, des arbres qui balancent leurs branches, il sent presque le vent dans les feuillages… Des petits voiliers naviguent au premier plan sur une mer aussi bleue que le ciel, et, à l’arrière, un transistor géant, les pieds dans l’eau…
Roméo ne comprend pas très bien ce que fait ce poste de radio dans l’eau, c’est peut-être quelqu’un qui l’a jeté. Roméo sait bien qu’il ne faut pas se débarrasser des objets inutiles dans la nature, il faut les emmener à la déchetterie. La maîtresse leur avait fait faire une sortie éducative en début d’année, elle avait emmené tout son petit monde au bord de la rivière dans un endroit un peu isolé, et les enfants avaient constaté que des gens avaient jeté dans l’eau des objets inattendus : une machine à laver, un vélo tout rouillé, des pneus de voitures, beaucoup de bouteilles en plastique et en verre, et d’autres choses indéfinissables. Mademoiselle Lambert avait distribué des gants en plastique et des sacs poubelles à ses élèves, et ils avaient nettoyé les bords de la rivière en enlevant les petits objets à leur portée. Ils avaient séparé le verre et le plastique des autres détritus. Un monsieur était venu avec sa camionnette prendre les sacs pour la déchetterie. Et le lendemain, Monsieur le Maire était venu apporter des biscuits et des bonbons pour les enfants. Ils avaient été félicités, et on avait pris des photos. On avait bien profité de ces moments agréables.
Mais ce transistor, là, c’était bizarre… et soudain, sous les yeux ébahis de Roméo, le poste de radio se transforme en paquebot. L’antenne devient une grande cheminée qui se met à fumer, le bateau possède des hublots, et des ponts sur lesquels les passagers se promènent. Il entend les conversations et les cris de joie des enfants embarqués pour aller en Corse. Aller en Corse, comme l’avait fait sa Tata Marie, elle avait débarqué à Calvi, elle avait montré des photos à Roméo. Là, sur le Transistor-Bateau, Roméo aperçoit sa maîtresse et les élèves de son école. Il est heureux, il va enfin faire un voyage, il en rêvait depuis longtemps. En regardant le bateau plus attentivement, Roméo va constater que le capitaine, à l’avant du bateau, n’est autre que son Papa, et le Second, avec cette belle casquette, mais oui, c’est Maman ! Plus de prison, plus de visite encadrée par les Gardiens pour aller la voir : tous sont libres, heureux, sur cette mer si bleue et si calme !
Une partie de pêche
Soudain, un bruit de moteur ramène Roméo à l’instant présent. Il sort de son rêve éveillé, secoue la tête avec nostalgie, cligne plusieurs fois des yeux lorsqu’il se rend compte qu’il est toujours dans le grenier poussiéreux, face au tableau qui l’a emmené naviguer sur la mer.
Son papa, qui a passé la journée à couper le blé avec la moissonneuse-batteuse prêtée par la coopérative agricole, vient de rentrer et a besoin de se détendre. Il cherche son fils. Roméo entend ses appels : « Viens, fiston, je t’emmène pêcher au lac , on a au moins une heure devant nous avant la tombée de la nuit ! »
Ça n’arrive pas si souvent que Papa lui propose une activité commune. Roméo, excité, dégringole l’escalier et saute dans les bras de son père. Le matériel est toujours prêt pour une partie de pêche- surprise.
Encombrés de cannes et de paniers, les deux complices longent le petit bois qui mène au bord du lac. Roméo, arrivé le premier, doit attendre que son père lui prépare la canne et accroche un appât. L’enfant a vérifié d’un coup d’œil que les truites sont bien au rendez-vous, leur belle robe argentée flottant dans l’eau claire. Roméo aime penser que ces demoiselles sont là pour lui, que l’une d’elle va se précipiter sur la mouche artificielle qui va danser devant ses yeux. Comme les autres fois, les deux pêcheurs vont faire un concours : qui va sortir de l’eau la plus grosse truite ? L’eau clapote doucement, c’est comme une agréable mélodie qui accompagne le déclin du jour. Dans moins d’une heure, la nuit sera tombée, enveloppant de silence la nature au repos. On est bien, dans le calme et la quiétude du crépuscule… Après une bataille acharnée, l’homme a sorti de l’eau deux truites moyennes, tandis que l’enfant n’a pêché qu’un seul poisson, qui dépasse de deux doigts ceux du père. Roméo a gagné ! Un sourire de triomphe illumine son visage, il est heureux !
Il est temps de prendre le chemin du retour, accompagnés de quelques papillons de nuit , et des lanternes des lucioles qui éclairent le sentier jusqu’à leur foyer. Le cri de la chouette et le hululement du hibou rythment par moments leur courte promenade. Les pêcheurs marchent sans parler, sans troubler les moments de silence lorsque les oiseaux de nuit se taisent. Tous les deux ont la même pensée : c’est un peu triste cette petite maison où personne ne les attend ! Roméo a rêvé une nuit que Mlle Lambert était venue habiter chez eux, et qu’ils étaient tous les deux heureux de cette chaude présence féminine. Ce serait la personne idéale pour remplacer Maman, elle est si gentille Mlle Lambert. D’ailleurs, Papa a prévenu Roméo que sa vraie Maman ne rentrerait que lorsqu’il sera adulte, jusque là il leur faudra se débrouiller tout seuls. L’enfant pense que ce serait une bonne idée. Les adultes sont si compliqués, Roméo a trouvé cette solution, qu’est-ce qu’on attend pour la proposer à Mlle Lambert ?
Choisissez une image et terminer votre histoire en employant l’écriture émotionnelle pour raconter le paysage. Et votre « nouvelle-photos » est finie ! Bravo !
Soudain, un bruit de moteur ramène Roméo à l’instant présent. Il sort de son rêve éveillé, secoue la tête avec nostalgie, cligne plusieurs fois des yeux lorsqu’il se rend compte qu’il est toujours dans le grenier poussiéreux, face au tableau qui l’a emmené naviguer sur la mer.
Son papa, qui a passé la journée à couper le blé avec la moissonneuse-batteuse prêtée par la coopérative agricole, vient de rentrer et a besoin de se détendre. Il cherche son fils. Roméo entend ses appels : « Viens, fiston, je t’emmène pêcher au lac , on a au moins une heure devant nous avant la tombée de la nuit ! »
Ça n’arrive pas si souvent que Papa lui propose une activité commune. Roméo, excité, dégringole l’escalier et saute dans les bras de son père. Le matériel est toujours prêt pour une partie de pêche- surprise.
Encombrés de cannes et de paniers, les deux complices longent le petit bois qui mène au bord du lac. Roméo, arrivé le premier, doit attendre que son père lui prépare la canne et accroche un appât. L’enfant a vérifié d’un coup d’œil que les truites sont bien au rendez-vous, leur belle robe argentée flottant dans l’eau claire. Roméo aime penser que ces demoiselles sont là pour lui, que l’une d’elle va se précipiter sur la mouche artificielle qui va danser devant ses yeux. Comme les autres fois, les deux pêcheurs vont faire un concours : qui va sortir de l’eau la plus grosse truite ? L’eau clapote doucement, c’est comme une agréable mélodie qui accompagne le déclin du jour. Dans moins d’une heure, la nuit sera tombée, enveloppant de silence la nature au repos. On est bien, dans le calme et la quiétude du crépuscule… Après une bataille acharnée, l’homme a sorti de l’eau deux truites moyennes, tandis que l’enfant n’a pêché qu’un seul poisson, qui dépasse de deux doigts ceux du père. Roméo a gagné ! Un sourire de triomphe illumine son visage, il est heureux !
Il est temps de prendre le chemin du retour, accompagnés de quelques papillons de nuit , et des lanternes des lucioles qui éclairent le sentier jusqu’à leur foyer. Le cri de la chouette et le hululement du hibou rythment par moments leur courte promenade. Les pêcheurs marchent sans parler, sans troubler les moments de silence lorsque les oiseaux de nuit se taisent. Tous les deux ont la même pensée : c’est un peu triste cette petite maison où personne ne les attend ! Roméo a rêvé une nuit que Mlle Lambert était venue habiter chez eux, et qu’ils étaient tous les deux heureux de cette chaude présence féminine. Ce serait la personne idéale pour remplacer Maman, elle est si gentille Mlle Lambert. D’ailleurs, Papa a prévenu Roméo que sa vraie Maman ne rentrerait que lorsqu’il sera adulte, jusque là il leur faudra se débrouiller tout seuls. L’enfant pense que ce serait une bonne idée. Les adultes sont si compliqués, Roméo a trouvé cette solution, qu’est-ce qu’on attend pour la proposer à Mlle Lambert ?
Il a troqué les plaines fleuries contre un building en verre glacé. Et la combinaison pour un veston cosy. Le regard perçant, sourire moqueur sous une moustache fournie.
Le pas débonnaire et décidé, il monte l'escalator, son assistant et une stagiaire sur les talons.
Sa pipe en main, il sourit. Objet sculpté qui lui tient lieu de mascotte.
Il rêve.. la ferme rustique en pierre de taille, baignée dans la brume ardente du Larzac, au soleil couchant.
Le ciel de feu avant la guerre, celle du camembert et des produits chimiques.
Une guerre de cris contre une colonisation qui ne dit pas son nom.
Lui… un Gaulois moustachu au franc-parler, la lutte commune avec ses amis fiers et rageurs, durs à la tâche…. Sauver les champs, les bêtes, la vie rurale, garder un mode de vie âpre et discret. Nourrir le monde.
La vie comme un combat. Les échauffourés contre l'uniforme et la pensée unique. Le long chemin entre les champs de fleurs et les micros, les caméras. Les marches à gravir, les actions en justice, les succès, les échecs, la colère médiatisée, les séjours en prison. Il est arrivé. Bruxelles, 5e niveau du Parlement européen. Obtenir les documents nécessaires, contacter les membres de l'Office de Lutte Anti Fraude.
Il s'installe au bureau, entouré par ses acolytes. Il est un caillou dans les chaussures vernies de ses collègues députés.
Il veut la clarté d'un fonctionnement démocratique au sein des institutions.
Et dénoncer les lobbies au sein des commissions. Résister au temps qui use.
C'est l'heure du rendez-vous avec les Suédois, de mèche avec Philippe Morris.
Des yeux... et des tuyaux
Un dédale de tuyaux qui courent autour du lit, une débauche d'écrans aux lumières flashy, un arc-en-ciel de graphiques et de courbes au chevet des tubulures. Qui donc actionne les robinets ?
Ils sont flux et reflux au gré des humeurs, un débit joyeux, limpide, quand surgit la Boule Noire. Celle qui fait bloc, s'insurge et s'insinue.
Une résistance obscure au cours majestueux du liquide.
La vie en suspens.
Les yeux s'écarquillent en silence, bleus comme l'azur qui se voile sans savoir, sans vouloir, le jeu du mouvement perpétuel, aller-retour, ouvert-fermé, un jeu dangereux.
Le robinet se coince, hasard ou malveillance, usure des jointures, la rouille qui déboule, obstrue le futur.
Le tuyau s'alanguit, gémit doucement, s'aplatit sans un mot sous le poids des années.
Où vont donc les tuyaux ?
Il s'isole, vérifie ses outils.
Oublier les réseaux, revenir à la peau, le derme tenu, charnu, si fragile et subtil à la fois.
La peau, une caresse éphémère du vent, et le tuyau revit. Ou bien se replie timoré au plus profond du moi.
Les écrans se gaussent d'un semblant de pouvoir. Le vert titube le bleu sursaute le rouge s'assoupit. La nuit s'endort et lui revit. Il rêve les yeux ouverts.
La porte est close et l'espace confiné. Un air de déjà-vu.
La boule tourne, ne veut pas stopper. Le hasard et la nécessité. La chambre aseptisée. Tous les coups sont permis, il s'agit d'une vie.
Le labeur les yeux fermés, un sourire généreux.
Il faut bouger, faire des mains et des pieds, vêtir l'armure du soldat augmenté, le casque du scaphandrier, se rêver araignée ou bien drone argenté dans le ciel étoilé.
La puissance du réseau, des synapses en alerte. Les mots invisibles qui jaillissent de l'iris, un regard perforant qui retrousse les sourcils.
Tu vas y arriver… la source au plus profond.. le maître des écluses ou des veines trop polluées. Le flux en souffrance n'attend que ton clin d'œil, une pulsion écarlate, un souffle éperdu qui exclut les intrus.
La main se creuse, l'œil aux abois. La balle au rebond est dans ton camp. La lunette vise le ciel et la galaxie.
Tes yeux mobiles au milieu des tuyaux. Tu rêves, tu souris.
Le pont
Un pont-bascule entre deux mondes verticaux. L'éclat métallique d'un ciel soucieux, qui se mire dans le fleuve parsemé de voiles nonchalantes.
Un flux à sens unique, comme une inquiétude à franchir l'obstacle éphémère, lunatique.
Un arbre esseulé pointe son âme vers la cime… des tours comme des ruches assoupies où rien ne se butine.
Le fleuve, seule note de vie, celle qui bouge et fait bouger, une pulsion sereine et silencieuse,
dernier espoir d'un monde en souffrance.
Une sirène assourdie, plainte monocorde, le temps qui passe ou s'accélère.
L'un qui grimpe l'escalier, pipe au bec et sourire rageur, un rêve éternel et fragile au creux des lèvres. Le fil de sa vie, une voix grave et obstinée qui chante le besoin d'une nature à taille humaine. Comme un oxymore vivant au sein de ces tours visant le ciel.
L'autre est cloîtré sur un lit de misère, cœur blessé, main offerte, les yeux azur en prière immobile.
Le flux, un pont…. Joindre des rives incertaines, houleuses et volatiles.
La sirène incessante, le chemin comme un but, trouver la voie de l'ouverture.
Les rives de pierre, de terre et de verre, érigées en une gloire éphémère.
Le pont se lève, vaincu, laisse passer les guerriers aquatiques, fixe les rives opposées, comme un automate au sourire figé qui refuse de choisir.
Plus tard apaisé, il pourra consentir à rejoindre les rives, un choix encore fragile, franchir le Styx sous une lune noire, ramer, ramer, ramer encore.
Se battre bien sûr, retrouver le fil d'Ariane qui fait rugir le sang dans les artères.
L'un monte les marches en souriant, son pouls pulse au gré de ses pas. Il va convaincre, il veut gagner.
L'autre ferme le point, serre les lèvres et reprend peu à peu le contrôle du battement, le contrôle de son corps, une enveloppe étale qui veut retrouver vie.
Le pont dérive, se brise vers le ciel, un insecte géant qui frémit, bat des ailes, secoue son corps mou, lévite et suffoque, refuse les adieux.
Un fleuve de vie où s'agitent des fourmis indolentes, un ballet majestueux, incestueux, une rupture en un élan joyeux.
Un dédale de tuyaux qui courent autour du lit, une débauche d'écrans aux lumières flashy, un arc-en-ciel de graphiques et de courbes au chevet des tubulures. Qui donc actionne les robinets ?
Ils sont flux et reflux au gré des humeurs, un débit joyeux, limpide, quand surgit la Boule Noire. Celle qui fait bloc, s'insurge et s'insinue.
Une résistance obscure au cours majestueux du liquide.
La vie en suspens.
Les yeux s'écarquillent en silence, bleus comme l'azur qui se voile sans savoir, sans vouloir, le jeu du mouvement perpétuel, aller-retour, ouvert-fermé, un jeu dangereux.
Le robinet se coince, hasard ou malveillance, usure des jointures, la rouille qui déboule, obstrue le futur.
Le tuyau s'alanguit, gémit doucement, s'aplatit sans un mot sous le poids des années.
Où vont donc les tuyaux ?
Il s'isole, vérifie ses outils.
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La peau, une caresse éphémère du vent, et le tuyau revit. Ou bien se replie timoré au plus profond du moi.
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La porte est close et l'espace confiné. Un air de déjà-vu.
La boule tourne, ne veut pas stopper. Le hasard et la nécessité. La chambre aseptisée. Tous les coups sont permis, il s'agit d'une vie.
Le labeur les yeux fermés, un sourire généreux.
Il faut bouger, faire des mains et des pieds, vêtir l'armure du soldat augmenté, le casque du scaphandrier, se rêver araignée ou bien drone argenté dans le ciel étoilé.
La puissance du réseau, des synapses en alerte. Les mots invisibles qui jaillissent de l'iris, un regard perforant qui retrousse les sourcils.
Tu vas y arriver… la source au plus profond.. le maître des écluses ou des veines trop polluées. Le flux en souffrance n'attend que ton clin d'œil, une pulsion écarlate, un souffle éperdu qui exclut les intrus.
La main se creuse, l'œil aux abois. La balle au rebond est dans ton camp. La lunette vise le ciel et la galaxie.
Tes yeux mobiles au milieu des tuyaux. Tu rêves, tu souris.
Un pont-bascule entre deux mondes verticaux. L'éclat métallique d'un ciel soucieux, qui se mire dans le fleuve parsemé de voiles nonchalantes.
Un flux à sens unique, comme une inquiétude à franchir l'obstacle éphémère, lunatique.
Un arbre esseulé pointe son âme vers la cime… des tours comme des ruches assoupies où rien ne se butine.
Le fleuve, seule note de vie, celle qui bouge et fait bouger, une pulsion sereine et silencieuse,
dernier espoir d'un monde en souffrance.
Une sirène assourdie, plainte monocorde, le temps qui passe ou s'accélère.
L'un qui grimpe l'escalier, pipe au bec et sourire rageur, un rêve éternel et fragile au creux des lèvres. Le fil de sa vie, une voix grave et obstinée qui chante le besoin d'une nature à taille humaine. Comme un oxymore vivant au sein de ces tours visant le ciel.
L'autre est cloîtré sur un lit de misère, cœur blessé, main offerte, les yeux azur en prière immobile.
Le flux, un pont…. Joindre des rives incertaines, houleuses et volatiles.
La sirène incessante, le chemin comme un but, trouver la voie de l'ouverture.
Les rives de pierre, de terre et de verre, érigées en une gloire éphémère.
Le pont se lève, vaincu, laisse passer les guerriers aquatiques, fixe les rives opposées, comme un automate au sourire figé qui refuse de choisir.
Plus tard apaisé, il pourra consentir à rejoindre les rives, un choix encore fragile, franchir le Styx sous une lune noire, ramer, ramer, ramer encore.
Se battre bien sûr, retrouver le fil d'Ariane qui fait rugir le sang dans les artères.
L'un monte les marches en souriant, son pouls pulse au gré de ses pas. Il va convaincre, il veut gagner.
L'autre ferme le point, serre les lèvres et reprend peu à peu le contrôle du battement, le contrôle de son corps, une enveloppe étale qui veut retrouver vie.
Le pont dérive, se brise vers le ciel, un insecte géant qui frémit, bat des ailes, secoue son corps mou, lévite et suffoque, refuse les adieux.
Un fleuve de vie où s'agitent des fourmis indolentes, un ballet majestueux, incestueux, une rupture en un élan joyeux.
Le cri est sorti sans qu'il l'ait voulu. Un cri englouti dans le vacarme de la tempête.
Pierre, cramponné à la structure de son bateau, se bat pour sa survie. Déséquilibré par le tangage affolé du voilier, il est tombé, s'est raccroché à ce qu'il a pu. Allongé sur une structure métallique, il s’agrippe des pieds, des jambes, des mains. La pluie l'aveugle, le vent le frappe, la mer mugit sous lui. Le voilier roule et ballotte, incontrôlable. A tâtons, il trouve un cordage qu'il tire vers lui de toutes ses forces dans l'espoir de manœuvrer la voile devenue folle.
Ne pas lâcher, surtout !
Il serre la barre d'acier entre ses jambes, s'arrime d'une main pendant que l'autre tracte ce fichu cordage qui lui résiste. La voile claque sous les bourrasques. Il ne parviendra pas à la vaincre, il le sait. Le vent est trop fort et lui, pas assez. Alors, il opte pour une autre solution : s'encorder pour ne pas laisser une lame furieuse l'emporter. Péniblement, le cœur battant d'angoisse de tout perdre à la moindre erreur, il réussit à enrouler la corde autour de son corps et l'attache solidement, du moins, il l'espère. A présent, ficelé comme un saucisson, il attend.
Le ciel est aussi noir que la mer, la tempête hurle, le bateau craque et gémit. Vaincu, Pierre pose sa tête sur la barre métallique glacée, ferme les yeux, acceptant ce qui viendra...
Le désert
... Moteur... ? ... bateau...
Le bourdonnement d'une mouche traverse la conscience de Pierre.
La tempête... la tempête...
Doucement, il émerge, réalise qu'il est au chaud, au sec.
La mouche continue son vol vrombissant.
C'est ça, le moteur... mouche à moteur...
La réalité s’immisce dans ses sensations. A peu près réveillé, il ouvre les yeux. Au-dessus de lui, le toit d'une tente. A côté de lui, une femme voilée, dont il n'aperçoit que le regard sombre, lui tend un mug fumant.
Il s'assied à demi et avale le thé à la menthe le plus délicieux, le plus réconfortant qu'il ait jamais goûté. Cela finit de le réveiller.
Il explore son environnement. Par l'entrée ouverte de la tente, il distingue des hommes en djellaba, turban sur la tête, devant une montagne de roches arides.
Hommes du désert... comment... refaire le film... la tempête, au large de la Sardaigne... Aurais-je dérivé jusqu'au Maghreb ?
Pierre se tourne vers la femme, mais elle s'éclipse. Un homme entre, s'adresse à lui dans un français parfait :
- Bonjour, je suis Salah.
- Bonjour, je suis... je suis....
Terreur dans les yeux de Pierre. Son nom s'est envolé, emporté par les bourrasques furieuses.
- Tu ne sais plus qui tu es ? demande Salah.
- ...
Salah sourit, compatissant :
- Je vais te raconter où on t'as trouvé. On passait par la côte pour s'approvisionner en vivres et médicaments avant de repartir dans le désert. On a vu ton bateau échoué, fracassé. Tu étais inconscient, attaché par un cordage, bien mal en point, mais vivant. On t'a emmené avec nous, on t'a soigné. On a fouillé ton bateau, on n'a pas trouvé tes papiers d'identité. On a supposé que tu étais français à cause d'un journal dans la cale.
J'ai fait mes études en France, je suis médecin. mais je préfère la vie nomade à la routine d'un cabinet en ville. Je suis bien ici, avec les miens. Repose-toi, la mémoire te reviendra.
Pierre, épuisé, désemparé, se rendort aussitôt d'un sommeil sans rêve.
Les jours passent, il reprend des forces, participe à la vie du groupe, mais sa mémoire n'est pas revenue.
Sensation terrible que d'être sans passé, sans famille, sans ami, sans nom. Enfin, pas tout à fait sans nom : Salah l'a surnommé Yamal, espoir en arabe.
Bien besoin de yamal... Je ne sais plus où j'habite, au sens littéral de terme...
Car, il a tout perdu. Il n'a aucune idée d'où il vient, où il vivait, pourquoi il était seul sur un bateau. Rien, il ne sait plus rien. Il ne sait pas non plus ce qu'il va devenir. Rester avec ces gens qu'il commence à connaître et qu'il apprécie...? Se rendre dans une ambassade, expliquer son cas, avec toutes les complications qui ne vont pas manquer de lui tomber dessus...? Etait-il un honnête homme, un truand...?
Ses souvenirs s'arrêtent à la tempête, au bateau fou, au vent furieux, aux embruns glacés, à la corde qui l'a sauvé. Avant, rien.
Peut-être est-ce l'occasion de recommencer, ou plutôt, de commencer une vie, vierge de passé, riche d'avenir ? Une vie anonyme et nomade, camouflée sous une djellaba et un turban, dans les sables du désert...?
Les marmites
Pierre observe les deux marmites. Deux marmites en terre claire, rondes et profondes, avec deux oreilles en guise de poignée. Deux marmites toutes simples, mais si délicates, pourtant. Elles misent sur leurs couvercles pour sublimer leur beauté.
La première fait la belle, coiffée d'un chapeau d'argile en forme de dôme à fines rainures concentriques, traversées par trois bandes vertes, improbable triangle aux cotés arrondis, lui-même coupé d'un trait noir en trois brins, autre triangle déformé, pour venir encercler et attirer le regard sur son petit chignon en forme de coupelle, arboré fièrement en son sommet.
Elle le nargue, le provoque... Pierre ne saurait le définir, mais ce dont il est sûr, c'est que cet objet lui rappelle quelque chose qui se refuse à émerger. La deuxième marmite sera-elle plus conciliante...? Pierre la détaille : même forme, même dimension, juste le couvercle qui change. Ici, des bandes vertes, roses, des traits noirs partent de dessous la coupelle sommitale pour déborder sur le rebord de la marmite. Marmite qui reste tout autant hermétique que sa sœur.
L'épouse de Salah les utilise pour faire mijoter le repas du soir. A demi enterrées, entourées de braises, les marmites murmurent, chuchotent, clapotent, chacune racontant à l'autre ses secrets de cuisson en laissant échapper, par moment, un petit sifflement odorant, diablement appétissant.
Salah, assis à même le sol à côté de Pierre, sourit :
- Elles n'ont rien d'arabe ces marmites, hein ?
Pierre acquiesce :
- Elles m'interpellent... je les connais, mais je ne sais pas d'où... Et tu as raison, elles n'ont rien d'arabe. D'où viennent-elles ?
- Je ne sais pas, elles sont là depuis mon enfance. Je les ai toujours vues.
Pensif, Pierre secoue la tête.
- Je les connais, ces marmites...
Un souvenir est là, tout près... Il rôde, cherche une issue... surgit : donabé !
- Donabé, donabé, c'est donabé. Note, Salah, avant qu'il m'échappe. Donabé.
La tête entre les mains, Pierre s’accroche à ce mot, le décortique, le pénètre pour accéder au cœur de sa mémoire perdue. Donabé...
Soudain, le flash : marmites japonaises dans la cuisine de sa grand-mère. Lui enfant, les vacances chez Mamie... un chalet à la montagne... les marmites sur le poêle et les mijotés de Mamie qui sentaient bon. Et puis, un jnour, Mamie n'est plus là, le chalet non plus.
- Ce sont les marmites de ma grand-mère. En tout cas, ce sont les mêmes. Des marmites japonaises appelées donabé.
Salah regarde Pierre, du bonheur dans les yeux.
- Yamal, tu réalises que tu viens de retrouver un souvenir ? Comment s'appelait ta grand-mère ?
- Ça, je ne le sais pas encore, répond Pierre, mais ça viendra... peut-être... yamal....
Le village
Ils ont marché pendant plusieurs jours, bivouaquant la nuit pour repartir à l'aube. Au crépuscule du soir, ils arrivent enfin à destination.
En passant le dernier col, le village apparaît, paisible, au bord de l'eau. Paré d'ocre, d'or, de lumière, il se blottit contre des collines douces et vallonnées qui l'entourent et le protègent comme une mère.
Au-dessus de lui, dans ce bleu splendide que prend le ciel quand il voit approcher la nuit, s'étire un voile rose, comme pour le couvrir de tendresse.
Harmonieux, rassemblé sur lui-même, le bourg s'étage en bâtisses de pierres de différentes hauteurs. Des arbres bordent son rempart, d'autres se cachent derrière ses murs, ne laissant apparaître que leurs crinières, touffes vert sombre qui dépassent par-ci, par-là. A ses pieds, la mer lisse reflète l'or et l'azur des pierres et du ciel. Un minaret blond, coiffé d'un dôme élégant, veille sur le village.
C'est l'heure sereine, juste avant la nuit, l'heure de silence, quand le temps prend des airs d'éternité. Et la beauté dilate le cœur.
Yamal en a les yeux qui piquent. Ce pays l'habite, son choix est fait. C'est avec ces femmes et ces hommes qu'il veut vivre désormais. Même si sa mémoire semble revenir, parfois. Des images fugaces le traversent par moment... L'autre jour, en franchissant un passage délicat dans la montagne, une pierre a roulé.
- Pierre ! a-t-il crié pour prévenir les autres. Pierre, pierre, pierre... en écho dans la vallée... en écho dans sa tête quand sa grand-mère l'appelait... Pierre... son prénom ? Sans doute, mais aujourd'hui, il préfère Yamal, son nouveau nom de baptême.
A ses côtés, Salah, son frère, le guide vers un avenir lumineux.