Publié le 24 Septembre 2024
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LES TEXTES
Francis
Letizia
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Un atelier d'écriture, des thèmes variés, les textes des membres de l'atelier.
Publié le 24 Septembre 2024
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LES TEXTES
Francis
Letizia
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Publié le 24 Septembre 2024
Je me nomme Josepha-Jacintha. Mon histoire se devait, avec ce prénom-là, de sortir de l'ordinaire. Nom de famille Dupont de Fiorentina. Tel quel ! Père petit entrepreneur bourguignon, mère aristocrate italienne , première d'une longue lignée à avoir contracté une impardonnable mésalliance.
Je suis née tardivement à neuf mois et neuf jours un soir de neige dans une cité médiévale, Semur-en-Auxois. J'avais pris la précaution de me couvrir de poils drus et noirs pressentant les rigueurs hivernales.
Beurk ! dit mon papa bourguignon roulant les R plus qu'à l'accoutumée. Valeria, ma mère, trop épuisée, réserva son jugement pour plus tard. Ce plus tard qui ne tarda pas à tomber comme un couperet sur mon enfance et ma prime jeunesse.
Elle refusa de m'allaiter de peur d'être contaminée par mon hirsutisme. Qui n'en était pas un, puisque dès l'âge de deux ans, s'opéra lentement mais sûrement une déforestation naturelle qui fit apparaître une peau d'une extrême blancheur, faisant ressortir des yeux et une masse de cheveux noirs corbeau. Oiseau de malheur ! Criait Valéria. Oiseau mal aimé, je me sentais.
De ma laideur, j'ai façonné, sinon une beauté, du moins une étrangeté théâtrale d'un autre siècle. Je crée des vêtements et des costumes à mon image. Et si « Jocinta De» est devenu un style, une marque de luxe mondialement connus, à 37 ans Josepha-Jacintha Dupont de Fiorentina se vit toujours en oiseau mal aimé.
Mes amitiés me tiennent chaud, mes amours passagers m'insécurisent et j'attends toujours la reconnaissance ultime, la seule qui vaille, celle de Valéria, mamma.
Valéria de Fiorentina, veuve Dupont :
Je l'ai détestée dès sa naissance. Josepha_Jacintha représentait l'aboutissement de tous mes choix malheureux. Drogue, sexe, fugues, provocations multiples. Je me suis perdue en me concentrant sur d'inutiles batailles qui se heurtaient à un mur inébranlable de conventions et rites aristocratiques. Mes parents nettoyaient toute trace de mes frasques car « nous avions un rang à tenir ». Ultime pied de nez, mon mariage avec Paul Dupont, petite entreprise florissante de fer et métaux. Prise à mon propre piège, mon goût pour la province,la routine des jours, le charme et la conversation ennuyeuse de Paul, s'est très vite émoussé. Un enfant me parut être une bonne solution de divertissement, peut-être un éveil à un amour désintéressé ? Et la voilà, la noire, la disgracieuse, l'infirme que l'on m'a mise dans les bras.
La semaine dernière, elle faisait la couverture de Vogue et de Harper's Bazar. Un interview-fleuve sur deux pages. Hier j'ai assisté à son triomphe lors du défilé printemps-été de sa nouvelle collection au château de Versailles.
Elle réussit là où j'ai échoué. C'est moi qui aurait dû recueillir applaudissements , compliments et bouquets de fleurs. Je hais son sourire doux et empreint de tristesse lorsque son regard se pose sur moi. Pourquoi triste ? De quoi se plaint-elle ? Encore une façon de me narguer.
Publié le 23 Septembre 2024
Il en est fini pour lui, il ne s'accroupira plus pour esquiver les coups de l'adversaire, il ne sautera plus en poursuivant ses attaquants.
Sa carrière émérite est désormais terminée. Il a dû se recycler et grâce à son père, astrophysicien de grand renom, Louis Hormorz, il rejoint un projet scientifique où il embarque sur Mars. Il y reste trois ans au lieu de six mois car la navette qui doit le rapatrier sur terre n'a pu décoller faute de moyens financiers, un procès contre la Nasa est en cours.
Publié le 22 Septembre 2024
Publié le 22 Septembre 2024
APPEL A TÉMOIN
Publié le 18 Septembre 2024
Jules Pompadour est né le 10 janvier 1985 à Gap d'une mère institutrice et d'un père facteur. Fils unique, choyé, il a suivi une scolarité exemplaire qui s'est terminée par un diplôme d'ingénieur environnement avec mention très bien.
Repéré par un chasseur de tête, il a été recruté dans une grande firme américaine exploitant terres et rivières africaines en matières premières, à destination de l'industrie.
Jules n'y est resté que deux ans. Son éthique est rapidement devenue incompatible avec son travail. Participer à la déforestation, à l'érosion des sols, à la pollution des rivières, insupportable pour lui, comme il l'a écrit à Paul, son ami d'enfance, qui nous a transmis cet extrait de courriel :
" ... J'ai de plus en plus de mal à bosser. Je ne peux valider ce qui se passe dans la boîte. Pour faire du fric, encore du fric, les actionnaires mettent la pression. Ils n'hésitent pas à spolier les Africains, à massacrer l'environnement, à créer de la misère. Je n'ai pas choisi ce métier pour ça. Je n'en peux plus, je pars... "
Il a démissionné, est retourné à Gap, dans la maison familiale, pour réfléchir à son devenir.
Un an plus tard, il a monté une ONG pour la sauvegarde des terres africaines. Mais les fonds manquent. L'organisation a beaucoup de mal à survivre. Jules, déterminé, continue à se battre. Il a renoncé à sa vie de cadre bien rémunéré pour mener à bien ce projet. Il vit de petits boulots, donne quelques cours de soutien à des élèves en difficulté, s'épuise en recherche de financements et mécénats.
Fatigué, les yeux cernés, les traits tirés, mais en paix avec lui-même, avec ses valeurs. Retourner à sa vie dorée d'ingénieur ? Inenvisageable ! Dans une vidéo qu'il a postée sur Internet pour faire connaitre l'ONG, il dit ceci :
" Je ne renoncerai jamais, j'irai au bout et même au-delà du bout. Mon confort de vie n'est rien au regard des enjeux en cours. "
Certains pensent qu'il rate sa vie. Il avait tout pour lui, un rang social important, des revenus conséquents, et le voilà déchu, sans un sou. Ils se trompent. Jules a choisi cette vie, il ne l'a pas subie. Il est loin d'être déchu, au contraire, il s'est élevé. Il faut beaucoup de courage pour renoncer à tout, sauf à ses valeurs.
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En complément de cette courte biographie de Jules, nous avons reçu le témoignage de Paul, son ami d'enfance :
" Jules, c'était mon copain à l'école, le meilleur élève de la classe, toujours premier. mais c'était pas un binocleux craintif qu'on pouvait embêter. Un jour, Marco, la terreur du CM2, s'est moqué de son nom : Oh, Pompadour, t'as perdu ton carrosse ? Pompadour, pompafric, pompa...
Il n'a pas eu le temps d'en dire plus. Jules lui a collé son poing dans la figure. Le Marco n'a pas demandé son reste. Jules, il sait se faire respecter. Il sait ce qu'il veut, ce qu'il veut pas et il réussit toujours à l'avoir. "
Réussira-t-il cette fois-ci à l'avoir ? L'avenir nous le dira...
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Publié le 28 Juillet 2024
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LES TEXTES
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Publié le 28 Juillet 2024
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