J'ai eu beau courir, le tram ne m'a pas attendue. Le prochain étant annoncé dans six minutes autant " s'asseoir " et " prendre du soleil "... Trop de soleil alors je " ferme les yeux ".
En aveugle seule l'ouïe est à l'affût, " j'écoute la rue ". C'est vrai qu'on ne l'écoute jamais assez même si on l'entend ! " Ici ou ailleurs " les bruits sont-ils identiques ? Non, forcément, les décors, les acteurs, les contextes sont différents. Je ferme les yeux et m'interroge :
" que se passe-t-il " ? En fait des sons se superposent, " rien ne se perd " car je suis concentrée ; certains sens en sommeil, les autres en éveil, " tout est dans ma tête " et les bruits anodins d’arrière plan résonnent comme uniques en cet instant : le beau, le laid n'existent plus, " tout est poésie "...
Un roulement sur les rails, voici le tram ; dommage " je me sens libre ici ".
Je ne vais tout de même pas " changer d'avis " ?
Le séant en déséquilibre sur ces sellettes glacées, inconfortables où l'on ne risque pas de passer la nuit... bref ! " No comment ".
Je monte donc dans le tram et m'assieds.
Des enfants au milieu de la rame font les agrès sur les barres d'appui ; ils se défoulent ; ils ont raison après tout, " jouer c'est vivre" et ils ont l'air de le savoir ; ils découvriront bien assez tôt que " le temps glisse entre nos doigts " d'adultes.
À travers la fenêtre, la ville défile, les passants surgissent et s'évaporent ; le centre-ville grouille, les badauds s'agglutinent et les touristes, même en niçois, comprennent que " aqui Nissa la Bella " essaie d'être fidèle à son soleil pesant.
" Savoir prendre son temps ", la chaleur paralysant la hâte ; même ces automates - " sculptures vivantes "- tout d'argent vêtus nous y invitent par leur spectacle..
Pourquoi vouloir changer le monde, " change the word " comme disent les Saxons ? C'est une lourde tâche et il fait trop chaud pour réfléchir. À chacun de choisir " d'être libre et vrai " ; il suffit de jeter son dévolu sur l'endroit où poser ses bagages et se dire " j'ai raison d'être " là où je suis, sinon il faut partir " découvrir autre chose "...
Un coup de frein et un homme corpulent s'affale sur moi. Me voilà tirée de ma léthargie : c'est ce qui s'appelle passer " du rêve à la réalité " et quelle réalité ! En plus il baragouine des mots que je ne comprends pas ! Bon après tout " aven dreit a la lenga nostra ", il doit s'excuser (du moins je préfère le croire).
En somme " une vérité chasse l'autre "... Heureusement j'allais descendre. Je me fraye un passage jusqu'à la sortie, mais là, une femme fermement accolée à la porte ne daigne pas se pousser.
Irritée je me hisse à son oreille et lui entonne un " vous attendez la gloire ou le tram ? " Sûr que les écouteurs ont fait barrage à mes pardon, excusez-moi .
Enfin elle se pousse, il était temps le tram allait repartir.
On n'est pas louis d'or on ne peut pas plaire à tout le monde ! Ma devise " Amic di cadun, amic di degun ". Il faut se concentrer sur ses amitiés comme sur les sons si l'on veut en extraire le meilleur.
C'est dire si " j'aime la vie" ..
C'est décidé " aujourd'hui je prends mon temps " puisque " lou tems passa passa lou ben " comme dit Ben !
En fait j'ai trouvé à travers ce mini périple, en distance, mais grand en ascension mentale matière à noircir des pages entières mais de là à prétendre que " j'attends l'impossible "...
À défaut d'attendre la gloire, j'attends le tram...
Letizia