Publié le 6 Février 2024

 
Ce matin, Léa et Albert ont décidé de se rendre à Cimiez, au Musée Matisse. Ils apprécient ce peintre et la diversité de ses œuvres.
Voilà « Tempête à Nice ».

 

Ce tableau date de la jeunesse de Matisse. Il a su représenter un Nice très sombre, tourmenté, un Nice que l’on peut rarement observer. En se plongeant dans ce tableau, on peut presque sentir les bourrasques de vent faire frissonner les palmiers, pousser les nuages menaçants, ou peut-être tenter d’arracher le parapluie des promeneurs. La Prom’ sous la tempête est bien différente de la Prom estivale connue des touristes, éclatante de lumière…

 

Devant « la Sieste », Léa a presque envie de bailler, et de se pelotonner dans le fauteuil, afin de laisser la nonchalance et le sommeil l’envahir devant la fenêtre ouverte ; c’est bon de se plonger dans une sieste, pour se détendre et se reposer. Maintenant qu’elle vit à Nice, elle comprend qu’on fasse la sieste dans le midi lorsqu’on a le temps, c’est si agréable…Ce tableau est empreint de calme et de douceur…

 

 

 

 

Albert s’arrête devant « Nature morte aux grenades », attiré par les couleurs vives et la simplicité du dessin, presque à la manière d’un collage. Comme le fait remarquer Albert à Léa, les palmiers doivent être importants pour Matisse, puisqu’ils sont présents dans les trois tableaux qui ont retenu leur attention ce jour. C’est vraiment un des symboles de la Côte d’Azur.

 
 
 
 
 
La visite du Musée Matisse s’achève, Léa et Albert sont, comme toujours, satisfaits de leur sortie culturelle. Ils partent en discutant de leur prochaine destination. Peut-être le Musée d’Art Naïf ?
Annie TIBERIO
 
 

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Rédigé par Annie

Publié dans #Patrimoine & Méditerranée

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Publié le 6 Février 2024

La petite ville italienne de Dolce Acqua vient de prêter à la Ville de Nice une œuvre de Ludovico Brea « Sainte Dévote ».On peut admirer de nombreuses œuvres de ce peintre Niçois dans les églises ou les chapelles des Alpes-Maritimes. Le rétable que nous avons sous les yeux rassemble, comme souvent pour ce peintre, plusieurs portraits de personnages religieux. Le personnage principal, nettement plus grand que les autres, représente Sainte Dévote, Sainte patronne de Monaco. Sa robe semble confectionnée dans une dentelle précieuse couleur or, et elle porte une élégante cape rouge. Ses longs cheveux bouclés couvrent ses épaules.

Elle tient une plume d’oie dans sa main droite, et un livre ou un manuscrit dans sa main gauche. Dévote, née en Corse à la fin du troisième siècle, est connue en tant que vierge et martyre. Ses riches vêtements et les objets qu’elle tient semblent démontrer qu’elle appartient à une famille aristocrate. Les deux autres saintes représentées ont le même style de vêtements et tiennent aussi une plume d’oie. Peut-être est-ce la palme des martyres ?  Celle de gauche tient une tour, je ne connais pas son identité ; celle de droite, dont les seins sont arrachés, est vraisemblablement sainte Marthe, vierge et martyre. En haut, le personnage de gauche est difficile à identifier. Celui de droite pourrait représenter Saint Marc, qui est souvent accompagné d’un lion : on aperçoit la tête de l’animal…Entre ces deux hommes, on voit la Vierge Marie tenant Jésus sur ses genoux, après la crucifixion. C’est une Piéta. Le visage des femmes dégage un sentiment de paix et une certaine douceur, qui peuvent être apaisants pour les croyants.

Ludovico Bréa fait partie des peintres Primitifs Niçois, aux quinzième et seizième siècles, qui ont peint de nombreux rétables.
Annie TIBERIO

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Rédigé par Annie

Publié dans #Patrimoine & Méditerranée

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Publié le 6 Février 2024

 
« Mon Dieu toi qui as fait le monde donne-moi une réponse à ce mystère ».
Il resta là un moment, entouré par le silence, lorsqu'il entendit son ami qui s'approchait faisant crisser les pierres du chemin.
Alors Jonathan se leva et, comme un somnambule, il se dirigea vers le sommet de la montagne. Traversant une porte lumineuse encadrée par deux grandes colonnes de pierre rappelant les colonnes d'Hercule.
 
Allait-il trouver au-delà de ce passage la réponse à sa question ?.
Le sablier du temps s'était-il arrêté ?
Jonathan ne le sut pas, la voix de son ami résonnait dans sa tête
  • Ça va réveille-toi
  • C'est moi ton ami
Enfin doucement, il ouvrit les yeux et il sut !
Que le monde son monde ne pouvait exister sans amour ni amitié.
La montagne lui avait parlé en lui montrant sa blessure, ce bloc de neige et de pierres était un appel au secours, il devait la protéger de la folie des hommes.
 

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Rédigé par Bernard

Publié dans #Ecrire sur des photos

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Publié le 4 Février 2024

 

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Atelier 1 :
L’incipit
 
Sujet :
Choisissez une image et commencez une histoire en soignant votre incipit. Attention, terminez votre texte de façon ouverte car votre histoire n’est pas finie. La suite au prochain numéro !
LA NOUVELLE EN PHOTOS : atelier 1
LA NOUVELLE EN PHOTOS : atelier 1

LES TEXTES

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Rédigé par Atelier Ecriture

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Publié le 3 Février 2024

 
Lou Ray
 
En troupeau, au jour d’aujourd’hui,
Tout le monde est de sortie.
Fini l’enfermement dans cette salle
et nos idées chauffées blanc sale.
 
Dans ce pré d’élevage, à cheval sur les mots,
chacun fait le gros dos, un lourd fardeau.
Quand certaines ruminent
D’autres, en aparté, fulminent.
 
La Mado, l’avion, elle l’a pris,
une petite valise et vive Tahiti,
Laissant là les écrits fumants
Incendier l’atelier de leurs gaz hilarants.
 
Elle reviendra tard dans l’envie,
quand nos nuées de vieilles mouches
auront brisé leurs ailes, saint Nitouche,
le long des écrits plumetis.
 
Marginaux, on broute toujours la consigne
pour ne garder que la racine.
On le vœux, l’herbe sous le pied,
malgré les affaires, entre nous mal lavées,
jamais ne nous sera coupée.
 
Dany-L
 

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Rédigé par Dany-L

Publié dans #Ecrire sur des photos

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Publié le 3 Février 2024

INCIPIT

Lecteur, cette aventure est littéralement impensée, aussi je passe par le mot pour l'inventer

 
Me voilà confondue avec une image ; cette image m'a choisie...
... Elle est intéressante sur un plan formel, plastique ; Étant neutre d'émotions envers elle je ne saurais la regarder autrement car elle attend que je la signifie et la renseigne. Donc cette image interpelle d'autres fonctionnalités chez moi... Mon esprit d'observation un peu particulier, ou le goût de l'étrange...
 
Le signifiant, La photo, l'Image, description ;
 
La photo est traversée de souffles contraires qui dessinent en filigranes les lignes directives du lieu. Dans un espace sombre un avant-plan vertical noir, au delà du sombre un mur gris que troue un fenestron repeint en blanc au bout duquel un cadre de fenêtre mal peint saigne d'un bleu sali ! Disons qu'un intérêt vital se trouverait derrière la vitre dépolie (ou serait-ce une image collée ), où une forme humaine délavée de bleu dans la lumière blafarde se signale. A cet instant précis, l'avant-plan personnage vertical noir réagit ; Un regard échangé entre eux deux, et une conversation muette et intense circule en accéléré, une connexion s'établit en un message codé. Urgence ou bien Interrogatoire ?
 
-Je vois, tu parles, je réponds, car je me re-connais... cette image est signifiée.
 
Transpercés comme par une lame en ces nanosecondes qui durent des siècles ces deux humains, au regard de ces paramètres improbables ont la conscience brutale de partager la même pensée !
 
Mais laquelle ?
 

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Rédigé par Marie-Thérèse

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Publié le 3 Février 2024

Personnage : SVETLANA
Sexe : féminin
Age : 35 ans
Traits physiques : plantureuse, dynamique, sportive, femme d’affaire, brune aux yeux verts
Traits psychologiques, caractère : curiosité intellectuelle, tolérante et généreuse, ouverture d’esprit sur les cultures , passionnée, spontanée, pleine d’humour
Métier : professeur de philosophie
Epoque : années 70 et 90
 
Objet : une bague
Age : des décennies
Valeur : précieuse (en or, sertie de rubis), bijou de famille
Lieu où il se trouve : dans une boite à bijoux
A quoi il sert : était la bague de fiançailles d’une ancêtre
Caractéristiques : beaucoup portée, devenue très fine, pierres toujours serties sauf une
Epoque : passé (fin 19ème /début 20ème siècle)
____________________________________
 
Svetlana s’étira comme un chat dans les premiers rayons du soleil. Son corps magnifique refusait de se lever ce matin, pourtant une journée de travail l’attendait. Enseigner la philosophie à des élèves de terminale scientifique était toujours une épreuve de force. Heureusement son humour savait réveiller les plus récalcitrants.
Elle pensait encore à sa soirée avec Hubert. Il avait su être passionné, lui parlant de son métier d’anthropologue et des nombreuses cultures qu’il avait côtoyées.
Heureusement Jean était en voyage d’affaires, elle pouvait profiter de sa soirée en célibataire. Evidemment ce fut grandiose, champagne, foie gras, caviar, mignardises et elle termine la soirée dans ses bras. Tout à coup un détail lui revient en mémoire. Elle avait pris une douche chez lui et avait enlevé la bague de la grand-mère de Jean, qu’elle ne quittait jamais. Elle n’était plus à son doigt. Mais où l’avait-elle mise ?
A ce moment-là, elle entendit les clefs tourner dans la serrure. Son mari revenait déjà ! Elle devait lui cacher à tout prix la perte du bijou. Aussi elle se précipita vers lui et l’embrassa avec fougue. Il lui prit alors les mains avec amour et s’aperçut de l’absence de la bague. Devant le regard furieux de son mari, Svetlana se mit à pleurer, arguant qu’elle l’avait cherchée et ne la retrouvait plus. Cela ne calma pas son conjoint. Elle devait retrouver à tout prix ce bijou, seul vestige de la richesse de la famille. Svetlana courut se préparer, elle allait être encore en retard.
A ce moment-là, le téléphone de Svetlana sonna. Jean s’en empara. C’était Hubert qui la prévenait, lui disant qu’il avait retrouvé la bague.

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Rédigé par Brigitte

Publié dans #Divers

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Publié le 3 Février 2024

 
17 h 02 ! Une gare assourdissante !
 
Mon train s’apprête à partir et quand Olga rentrera chez nous, je serais déjà très loin.
Très loin de cette ville, très loin d’elle, très loin de tout. Rester, je ne le pouvais plus.
 
 
Cela faisait des jours, des semaines, des mois que ce besoin de retrouver une destination inconnue me malmenait l’esprit : je n’en dormais plus.
 
17 h 06 ! Nouvelle annonce dans les hauts parleurs pour un départ imminent.
Au même instant, à quelques minutes de là, Olga arrive devant notre immeuble en fouillant dans son sac à la recherche de son trousseau de clés. Elle imagine sans doute nos retrouvailles quotidiennes de son retour de travail. Mais une fois la porte d’entrée passée, ce sera un appartement vide et silencieux qui l’attendra.
 
17 h 08 ! Je me cale au fond de mon siège en skaï, ma joue collée sur la vitre froide et terne de mon wagon.
Je me cache à la vue de tous ces anonymes qui partagent mon voyage. Et le convoi donne un premier à-coup, un deuxième et la marche amorce son mouvement lancinant.
Je commence une autre étape dans mon existence, qui s’apparente, j’en conviens, à une sorte de fuite, mais rester devenait compliqué, comme dans cette chanson qui dit que partir c’est laisser un peu de son âme, partir c’est laisser un peu de son cœur, partir c’est quitter une femme. Ça me ressemble étrangement.
 
18 h 12 ! On a déjà dépassé les limites de la métropole et ses frontières limitrophes. On roule à grande vitesse et le paysage défile en un ruban multicolore et abstrait. Parfois, à l’approche de certaines agglomérations, il ralentit et je distingue des habitations aux pièces éclairées, ainsi que les silhouettes furtives qui les peuplent. Je me mets alors à imaginer les histoires qu’elles détiennent, la trame qu’elles vivent. Ces personnes sont-elles heureuses ?
Dans la poche intérieure de mon blouson, mon téléphone vibre de nouveau. Je sais que c’est elle. Pour l’instant, je ne pourrais pas, je ne saurais pas trouver les mots justes pour mon départ et ma présence dans ce train. Je sais que je me montre injuste envers elle, elle n’y est pour rien, car tout est de ma faute. Comment pourrais-je lui expliquer que je la quitte alors que je l’aime, que je pars malgré tout cet amour.
Oui, je pourrais la rassurer, lui dire que c’est juste un mauvais moment que je vais revenir. Juste la nécessité de retrouver le fil de mon histoire, tout ce qui nous réunit, elle et moi depuis tout ce temps. J’ai paumé quelque chose, je ne sais pas où, ni quand, et c’est pour cela que je m’éloigne de plus en plus, avec ce train, ce destin, projeté sur cette trajectoire en diagonale.
 
18 h 35, il est temps de dormir un peu.

 

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Rédigé par Jean-Michel

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Publié le 2 Février 2024

 

Deux sujets au choix... ou pas... Vous pouvez faire les deux, bien sûr !

1 – Une fête traditionnelle niçoise racontée par elle-même ou par un objet qui en fait partie
Les Mai, le festin des cougourdons, la fête de la Saint Pierre, Carnaval, etc... racontée par un objet qui en fait partie comme :
- un pointu du port, le port lui-même, etc... pour la Saint-Pierre.
- un cougourdon, un petadou, etc... pour le fête des Cougourdons.
- la capeline d’une danseuse niçoise, le mât de cocagne, etc... pour les Mai.
- une grosse tête, un char, etc... pour Carnaval.
… ou par la fête elle-même !
 
2 – Raconter une fête niçoise
Placez un personnage dans une fête niçoise : les Mai, le festin des cougourdons, la fête de la Saint Pierre, Carnaval, etc... en décrivant quelques scènes.
Vous pouvez garder le même personnage qu'à l'atelier 1 et faire le lien avec votre précédent texte, ou bien faire un texte indépendant du premier. C'est comme vous voulez.

LES TEXTES

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Rédigé par Atelier Ecriture

Publié dans #Patrimoine & Méditerranée

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Publié le 2 Février 2024

      
            Le jour où j’ai appris que j’avais été sélectionné pour participer à la bataille des fleurs dans le cadre du Carnaval de Nice, un sentiment de joie indescriptible s’empara de moi. Je n’étais plus moi-même. J’étais extrêmement fier de moi ; de manière à ce que, depuis l’annonce de cette nouvelle, j’ai adopté une attitude hautaine envers les autres fleurs. Je ne calculais même plus celles qui n’avaient pas été sélectionnées dont certaines étaient mes bonnes anciennes amies, toujours là pour moi à écouter mes confidences quand ça n’allait pas bien. Que je le regrette maintenant ! J’aurais pu au moins leur dire au revoir avant d’être cueilli. Mais, mon esprit était plutôt préoccupé par le fait d’imaginer les humains que je serai amené à croiser.
Je savais que les jours suivants seraient chargés au niveau des rencontres. Je serai beaucoup déplacé et passé d’une main à l’autre. J’espérais que les gens seraient tous gentils avec moi. Avec le Carnaval, je serai en tout cas entre les mains des professionnels qui sauraient m’entretenir. « Mais, si un jour, après la fête, je tombe entre les mains d’une personne qui n’a rien à faire de moi et me jette dans une poubelle ? » « Si je tombe sur les touristes qui m’amènent dans leur chambre d’hôtel. Puis, le moment de la rentrée arrivée, m’abandonnent là-bas ? » « J’aimerais que la personne qui me possède prenne bien soin de moi et le plus longtemps possible. ». Bref, à force d’être obsédé par toutes ces appréhensions, je n’ai pas réussi à fermer l’œil pendant la nuit précédant la bataille des fleurs. Mais, je n’arrêtais pas de me répéter que malgré mon manque de sommeil, il fallait que je fasse bonne mine devant les spectateurs. Ça augmenterait aussi les chances pour que quelqu’un de bien s’empare de moi.
Le jour J est finalement arrivé. Nous étions très nombreuses à être transportées dans un endroit que je ne connaissais pas du tout. Puis, à être déposées sur les chars. J’avais le cœur palpitant. Pour moi qui n’avais pas quitté mes racines terrestres de toute sa vie, tous ces déplacements étaient secouants.
Alors que notre char était en cours de chargement par un homme d’une quarantaine d’année, une jeune femme nous a rejoint. Elle était très grande et d’une beauté divine ; magnifiquement habillée, coiffée, maquillée et sentait très bon. Bref, elle avait plus l’air d’appartenir à notre espèce qu’à celle humaine : une fleur géante pour tout résumer. En plus, elle était gentille et souriante. J’ai été rassuré. On serait bien traité tant qu’on serait entre ses mains !
A peine arrivée, elle nous a jeté un regard. Puis s’est adressée à l’homme qui chargeait le char : « Je vois que vous préparez nos stars pour leur défilé de tout à l’heure ? ». Alors, là, j’ai senti que mon cœur aller carrément arrêter de battre : « On est des stars qui vont défiler ! ». Cette phrase résonnait sans cesse dans ma tête et je me demandais ce qui allait se passer si je ne serai pas à la hauteur. Soudain, elle s’est emparée de moi et m’a senti. Elle devait entendre mon battement du cœur et être mouillée par ma sueur, c’est sûr. Mais, elle n’a rien dit. Tant mieux ! Ça m’aurait embarrassé devant tout ce monde.
Ses bras étaient chaleureux et réconfortants. Je ne pouvais qualifier le sentiment qu’elle me procurait que de maternel. Pendant les minutes qui ont suivi, j’étais hanté par l’envie qu’elle m’adopte. Comment je pourrais y parvenir ? Je pourrais profiter de mon humidité pour glisser de la main de la personne qui me déposerait dans le char et tomber par terre. Mais, je me suis dit que cela n’arrangerait pas les choses. Je risquerais de rester abandonné et de finir jeté quelque part.
Notre char avait été chargé et avait pris la direction du lieu du spectacle. « Je sais ce que je vais faire : je me contracterai les muscles au maximum. La jeune femme du char qui me verra tellement crispé, se rendra compte de mon manque d’affection et m’adoptera. »
Notre défilé a enfin commencé. Les spectateurs nous ont accueillies par les applaudissements et des acclamations. Je m’étais préparé à plusieurs passages. Je pensais pouvoir examiner les spectateurs, choisir ma famille idéale et m’imaginer installé quelque part dans l’une de leurs pièces.
Pourtant, la réalité était tout autre. J’ai été très vite fixé sur mon sort : à peine le défilé commencé, la jeune femme du char s’est emparé de moi sans même me regarder et m’a impitoyablement jeté en direction du public. En l’espace d’une seconde, je me suis trouvé dans les mains d’un des spectateurs, accompagné de son épouse et d’une dame d’une soixantaine d’année.
Pendant les premières minutes de mon arrivée chez mes nouveaux propriétaires, j’avais la gorge serrée et mes yeux fixaient le sol. Le fait de me trouver dans ce nouvel environnement m’avait brusqué. Puis, j’ai lentement levé ma tête pour regarder le spectacle.
Je voyais des espèces autres que les humains et les fleurs pavaner entre les chars de fleurs. Que faisaient toutes ces méduses et créatures fabuleuses géantes en plein milieu de la bataille des fleurs ? Comment ont-elles pu pénétrer dans les lieux ? J’espère qu’elles ne sont pas affamées au moins. Sinon, ça va être l’hécatombe !
Chez les autres groupes, ça criait, ça parlait et ça rigolait. Mais, mes propriétaires étaient plutôt calmes. Ça parlait peu et ça ne rigolait pas. Je commençais à m’ennuyer et surtout, à me sentir embarrassé par ma passivité. Si j’étais là, n’était-ce pas parce que j’avais une mission à accomplir ?
Les jets de fleurs poursuivaient leurs cours. D’autres fleurs me rejoignaient progressivement. Au début, je rêvais à ce qu’on soit nombreuses pour avoir un peu de compagnie, et puis, nous pouvions peut-être mieux accomplir nos missions à plusieurs qu’en solitaire. Pourtant, à la fin du spectacle, lorsque les fleurs restantes étaient offertes au public, j’aspirais plus à ce que notre nombre reste limité pour qu’on puisse bien s’occuper de chacune d’entre nous. Finalement, la fête s’est terminée et on s’apprêtait à rentrer avec mes nouveaux propriétaires et cinq autres fleurs lorsque nous avons entendu une voix : « Elle est partout cette Carole ! ». Elle s’adressait bien à la dame qui accompagnait mes propriétaires.
Carole les taquinait : « Alors, bien remis de la défaite d’hier ? ». « Allez-y, réjouissez-en avant qu’on vous défonce mercredi ! ».
Carole explique à ses amis que ces personnes sont ses partenaires de jeu de pétanque avec qui une belle amitié était en train de se former.
J’avais un mauvais pressentiment par rapport à mon futur logement. J’aurais été plus rassuré d’être adopté par l’un de ces gens que de me trouver chez mes propriétaires. Après avoir échangé quelques banalités avec Carole et ses amis, nous nous sommes enfin mis en route pour rentrer.
Mes propriétaires séjournaient dans un hôtel à proximité du lieu de spectacle. Une fois rentré, ils nous ont jetées, les autres fleurs et moi sur une table sans même daigner nous mettre dans un récipient. Puis, nous ont totalement ignorées pendant le reste de leur séjour. Mon cauchemar s’était réalisé !
 
Nous nous affaiblissions de plus en plus. Une ambiance morbide régnait. J’ai vainement fait quelques tentatives pour faire de l’animation : aucun signe de sympathie ne se manifestait de la part des autres fleurs. Au fil des jours, elles ont succombé l’une après l’autre. Pour ma part, bien que mon état de santé ait été extrêmement dégradé, j’ai réussi à survire. Je ne saurais pas vous dire mon secret. Peut-être une force intérieure, quelque chose dans mon inconscient qui me rappelait de cesse que la vie m’avait encore réservé de belles surprises.
Du dernier jour passé à l’hôtel, j’ai le vague souvenir d’avoir entendu le bruit des roulettes de valises et la voix de Carole qui disait :« Celle-ci est encore en forme… Mimosa… Ouverture… Harmonie… » Puis, je me suis évanoui.
A mon réveil, je me suis vu confortablement logé dans un vase élaboré en cristal ornant la table basse d’une salle à manger. J’étais bien chez Carole : j’ai reconnu sa voix qui chantait : «….Et nous vivrons toi et moi… Sur ton île aux mimosas… ».
Carole me consacrait beaucoup de temps et prenait gentiment soin de moi. Mon sentiment de confiance envers l’espèce humaine, qui avait complètement disparu, commençait à faire son retour. Je me rétablissais de mes carences au fur et à mesure des jours qui passait.
Un mercredi soir, après sa partie de pétanque, Carole est rentrée accompagnée de ses partenaires de jeu. Elle les avait invités pour l’apéritif. Dès leur entrée, elle m’a pointé du doigt en disant « Voici le seul rescapé du carnaval ».
L’un des invités a répondu :« Il est joli ». Puis, un autre a ajouté : « Il va parfaitement avec ta déco ». Carole a demandé : « Je me demande comment faire pour le faire vivre le plus longtemps possible » et ses amis l’on rassurée : « Ne t’inquiète pas, on te l’expliquera ».
C’était la délivrance. Tous mes chagrins se sont effacés en l’espace de quelques seconds.
Pendant les jours qui ont suivi, Bernard, l’un des partenaires de la pétanque de Carole, appelait régulièrement celle-ci pour demander de mes nouvelles. A chaque fois, je l’entendais donner des astuces pour mieux m’entretenir. De son côté, Carole appliquait minutieusement toutes les astuces.
Ça fait tellement du bien de se sentir bichonné. Je ne m’étais jamais senti si radieux. Aujourd’hui, je peux prétendre être la plus heureuse des fleurs. A mon tour de commander à mes soleils d’apporter lumière et réconfort à mes anges gardiens.
 

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Rédigé par Fatemeh

Publié dans #Patrimoine & Méditerranée

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