Publié le 30 Novembre 2024
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Le lendemain matin, Joséphine se prépare pour aller prendre le petit déjeuner servi dans le salon. Tout en cherchant la tenue adéquate, elle se remémore la fin de la soirée de la veille, passée en compagnie de Marco Morassi autour d’une (ou deux ?) coupe de champagne. La conversation s’est terminée tard et la jeune femme a l’esprit quelque peu dans le brouillard ce matin.
« Marco est un homme vraiment charmant, passionné et passionnant ». La voilà prête à quitter sa cabine quand soudain elle entend des voix résonner dans le couloir. Les sons qui lui parviennent sont stridents et angoissants. « Que se passe-t-il ? » se demande Joséphine, étonnée d’un tel brouhaha dans un train aussi select. Elle entrebâille la porte de sa cabine. Les voix se font plus fortes. Celle d’un homme plus particulièrement, des cris et des lamentations, vociférés avec un accent chantant qu’elle reconnait sans difficulté. «Monsieur Morassi ?? » murmure -t-elle avec une inquiétude grandissante. « Que lui est-il donc arrivé ? Quand nous nous sommes quittés hier soir il était jovial et détendu. » Pour en savoir davantage, elle ouvre grand la porte juste au moment où passe une jeune femme aussi désemparée qu’elle. Leurs regards interrogatifs se croisent. Après s’être saluées, elles se dirigent ensemble vers la cabine d’où viennent les cris. Joséphine et Cécile pressent le pas sans dire un mot. La première a bien compris que Marco Morassi est en détresse et les paroles qu’elle distingue de mieux en mieux le lui confirment : « Mon violon ! Mon violon ! Disparu ! Son étui est vide ! »
Cécile semble déconcertée mais Joséphine devine dans ces yeux bleus une étincelle de curiosité. « Elle doit être fan de romans policiers » remarque la jeune femme, qui, elle, ne l’est pas du tout. Ces dernières années, ce sont plutôt les livres scientifiques et médicaux qui ont été ses compagnons de lecture.
Catastrophée par cette mauvaise nouvelle, elle se souvient que Marco s’est confié longuement à elle hier soir concernant le précieux instrument de musique. Il lui a notamment fait savoir que son violon est une pièce rare, un Stradivarius, dont la valeur est considérable.
Joséphine se sent envahie d’une double inquiétude. Elle devine l’immense perte pour Marco mais une autre émotion se mêle à sa compassion. Qui savait, à part elle, que Monsieur Morassi voyageait avec cet objet rare valant une fortune ? Allait-elle être suspectée pour ce vol ? Elle chasse rapidement cette pensée qu’elle juge absurde mais qui ne le sera sans doute pas pour les enquêteurs. Cécile la voyant blêmir et chanceler, lui prend amicalement le bras. « Je vous assure, Cécile, que je n’y suis pour rien ! » Et Cécile la croit, tout en se disant que le voleur, ou la voleuse, se trouve pourtant bien parmi les voyageurs.
Soudain le train freine et finit par s’arrêter en plein campagne. « Les enquêteurs auraient-ils déjà été prévenus ? ».
Joséphine a besoin d’un café là tout de suite pour retrouver un esprit clair. Arrivée au salon où les tables du petit déjeuner sont dressées, elle aperçoit Marc de Verneuil, qui l’invite à s’assoir à sa table, visiblement informé de la disparition du Stradivarius. Les conversations dans la salle sont animées. « Quelle catastrophe ce vol ! », « Mais enfin ce n’est pas sérieux de voyager avec un tel trésor dans ses bagages ! », « Monsieur Morassi a passé beaucoup de temps hier soir en compagnie de la jeune femme rousse… ».
Les craintes de Joséphine s’amplifient, elle avale son café, salue poliment Marc de Verneuil et se lève. Besoin de changer d’atmosphère.
« Cécile, je vais rejoindre Cécile, le seul moyen de me disculper rapidement, c’est de trouver le coupable. Cécile a surement déjà une idée pour mener l’enquête sans attendre qu’un fameux Hercule ou l’un de ses collègues débarque. »
Publié le 30 Novembre 2024
Je regarde le paysage, il change en fonction de l'approche des villes. Les petites routes de campagne s'agitent de véhicules divers, tracteurs, voitures, la vie est là, j'entends battre son cœur. Le rythme de la locomotive ralentit, on dirait qu'elle s'essouffle. Nous devons arriver à Milan dans quelques minutes. Un arrêt prévu.
Marc de Verneuil, se dirige vers moi avec un grand sourire. Certainement le plaisir de me retrouver.
Il cherche mon regard, je reste aimable, souriante mais sans plus. Je suis libre et désire bien le rester pour l'instant, d'autant plus qu'après ce voyage, je suis appelée à voyager dans le monde, cela compliquerait mes projets. Je ne suis pas de l'avis de mon père qui désire que je m'enferme déjà, dans un mariage. Je prends mon temps, et cela viendra au moment voulu. Je veux vivre librement. Marc de Verneuil est un compagnon agréable. J'apprécie pas de pression.
Nous parlons, plaisantons et partageons un bon moment, nos anecdotes. Cela me rend très heureuse.
Je reconnais que Marc est très charmant, il est paisible. Le côtoyer c'est un long fleuve tranquille.
Le train s'arrête avec une brusque secousse, je tombe dans ses bras. Il me retient. on rit.
Au bout du couloir, j'aperçois le jeune homme aux yeux de braise, sortir de sa cabine en courant, sauter sur le quai et rejoindre un homme bien mis, beaucoup plus âgé. Ils s'éloignent rapidement par la porte de la Gare. Je reste un instant perplexe !
- où va-t-il?
- acheter des revues, des cigarettes ?
- où bien sont périple est terminé ?
Le va et vient de nouveaux voyageurs me fait penser à des colonies de fourmis, qui s'agitent dans tous les sens.
Quelques minutes plus tard, en pleine conversation très animée avec Marc, je vois par la fenêtre le beau brun , je me dis :
- Mon instinct ne m'a pas trompée !
Il rejoint sa cabine.
La journée s'est écoulée plutôt agréablement, chacun a trouvé une distraction.
L'homme aux yeux de braise, ne se joint pas très souvent au groupe. Aussi, je n'ai jamais pu jusque là, faire la conversation avec lui. Je décide de trouver une occasion pour le côtoyer d'un peu plus près et d'en savoir un peu plus sur lui. Je suis curieuse !!
A cet instant, Marco Morassi vient vers nous avec le sourire qui accentue sa fossette à son regard et nous annonce à haute voix, que demain il prévoit après le diner, un concert de son répertoire pour nous distraire, mais aussi, lui permettre de répéter les morceaux de musique, qu'il doit jouer à Vienne. Il ne peut le faire dans sa cabine, cela gênerait certains voyageurs.
Marc de Verneuil est apostrophé par Joséphine Castala, qui déploie beaucoup d'énergie, de manières extravagantes pour attirer l'attention de Marc. Celui-ci prend plaisir à la saluer gentiment mais reste un peu figé. Je croise son regard, elle me fusille avec ses yeux verts.
Nous nous dirigeons tous les deux au salon, et là un brouhaha, des voix, des cris nous surprennent, on se regarde !
- Qu'arrive-t-il ? un accident ?
Madame Howood nous dit :
- il paraît qu'il y a eu un vol dans le coffre des objets précieux
- Ah bon! qu'a-t-on volé ?
- Le violon de Monsieur Morassi, il est dans tous ses états
Avec Marc on est stupéfait, qui a bien pu faire cela. Le voleur est-il parmi nous ?
Cette atmosphère jette un froid sur l'ensemble des voyageurs. Mon père est un peu fébrile, car dans son coffre, sa mallette est remplie de diamants.
Pour l'instant le commandant nous empêche d'approcher du lieu, qui a été clôturé par un ruban "ne pas franchir" afin de ne pas polluer les empreintes.
On nous demande de ne pas quitter le train, dans l'attente de la venue des gendarmes.
C'est une drôle d'histoire !!!
On ne s'attendait pas à vivre une histoire pareille.
Publié le 30 Novembre 2024
Pierre avait ressenti beaucoup d’empathie pour Mathilda lorsqu’il l’avait vue bouleversée par la disparition de son enfant. Il avait essayé de la réconforter, ce qui lui avait coûté beaucoup d’énergie. Il se sentait maintenant extrêmement fatigué par toutes les émotions qui l’avaient submergé. Il avait absolument besoin d’aller se reposer un moment, afin de réfléchir tranquillement et de faire le tri dans toutes les pensées qui lui venaient en vrac. Il se savait de santé fragile, et son médecin lui recommandait d’éviter, dans la mesure du possible, les grosses émotions… Plus facile à dire qu’à faire ! Arrivé dans sa cabine, il s’allongea tout habillé sur son lit, les yeux au plafond. Quelle matinée ! D’abord, une rencontre inattendue avec le petit garçon, puis avec sa mère, qu’il avait portée autrefois sur les fonds baptismaux, alors qu’il avait dix-huit ans.
Le souvenir de la petite fille qu’il avait vue grandir lui revint. Il la revoyait faire ses premiers pas, plus tard prendre son parrain par la main pour l’emmener voir son chat, parfois se coller contre lui pour se faire câliner… Au fil des ans, il l’avait vue changer. Le bébé s’était transformé en une jolie petite fille. Il se rappelait ses grands yeux verts, ses longs cheveux blonds tressés avec amour par sa maman, ses taches de rousseur, son visage rond au sourire ravageur, sa silhouette un peu dodue, tout en elle évoquait déjà la douceur et la féminité. Il ne l’avait plus vue depuis l’âge de dix ans, et aujourd’hui il avait eu face à lui une magnifique jeune femme, qui verrait bientôt la grave maladie dont elle souffrait interrompre le cours de sa vie. Les yeux de Pierre se remplirent de larmes : la vie n’était pas juste. A peine retrouvée, il perdrait sa filleule probablement dans quelques mois… Et son petit garçon au si grand cœur, qui voulait ramener en cadeau l’instrument de musique trouvé par hasard à son grand-père Turc ! Quelle générosité dans cette famille !
Soudain, deux coups secs frappés à la porte de la cabine firent sursauter Pierre et interrompirent sa rêverie. Revenu à la réalité du moment, il alla ouvrir la porte et se trouva devant un homme entre deux âges qui lui était totalement inconnu. Le visiteur se présenta, comme étant Hercule Poirot, détective, fortement intéressé par les deux évènements intervenus ce matin dans l’Orient- Express. D’un coup d’œil rapide, Pierre enregistra les caractéristiques propres au nouveau-venu : un homme de taille moyenne, au visage ouvert, aux yeux pétillants, à l’imperméable couleur mastic propre aux détectives privés, à une vieille serviette au cuir usé, une pipe éteinte à la bouche.
En quelques mots, Hercule Poirot lui résuma les deux affaires qui l’avaient attiré là, après qu’il soit monté dans le train pour Paris en même temps que les policiers Roumains : le vol du Stradivarius au célèbre Chef d’Orchestre Herbert Von Poulen, et le probable enlèvement d’un enfant Turc. Le commissaire de police connaissait le célèbre détective et avait immédiatement partagé ce qu’il savait avec lui, en espérant qu’il l’aiderait dans l’enquête. Afin que les choses soient claires entre eux, Pierre révéla à son interlocuteur les liens personnels qui le rapprochaient de la maman de l’enfant disparu. Et, par la même occasion, il lui révéla que l’enfant venait d’être retrouvé ainsi que le violon ! M. Poirot fut interloqué, personne n’avait pris le temps de l’informer de l’heureux dénouement simultané des deux affaires… Il prononça alors une phrase pleine de sagesse que Pierre garda longtemps en mémoire : « L’impossible ne peut se produire, donc l’impossible doit devenir possible malgré les apparences… »
Sur ces paroles, les deux hommes se serrèrent la main en se quittant, presque amis désormais.
Publié le 29 Novembre 2024
Avec une série de secousses, le convoi s'ébranle. Deux hommes se mettent à la fenêtre pour regarder le quai interminable dont les lumières paraissent glisser lentement devant eux. L'Orient-Express vient d'entamer ce long voyage de trois jours à travers l'Europe.
Vingt et une heure, un dernier regard sur la berge de fer qui s’éloigne de plus en plus vite et je me dirige vers ma cabine. Je ne suis pas la seule à déambuler dans le couloir de ce convoi de légende. Les voyageurs vont et viennent à la recherche de leur couchette. Tapis pourpre et or, boiserie en ébène, huisserie en cuivre rutilant, tout traduit l’opulence. Quarante ans se sont écoulés depuis mon premier voyage, et je suis là, prête à revivre une belle aventure. J’ai hâte de prendre place. Alors que je déambule, valise à la main, cédant quelque fois le passage à certains plus ou moins pressés, une lithographie m’interpelle. Je m’arrête un instant pour admirer « la baie de Douarnenez ». L’œuvre très connue d’Eugène BOUDIN m’a toujours fait rêver. Les voiliers, la mer qui se trémousse sous un ciel légèrement tourmenté. Soudain sollicitée, je me retourne :
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Magnifique ! vous aimez ?
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Comment ne pas apprécier ?
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Marie-Judith DUPIN, désolée de vous interpeler de manière fort cavalière mais je suis fan de l’impressionnisme et, paradoxalement, de l’abstrait également. Bizarre me direz-vous ?
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Pas forcément, quelle qu’elle soit une œuvre d’art est source d’émotion. Je sais de quoi je parle, c’est mon métier, enfin, je dirais plutôt une passion. Sarah De HALBRON, enchantée.
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Affublée d’un sac à dos, cette jeune femme, qui ne semble pas coller au luxe qui nous entoure, est somme toute fort sympathique. Deux générations nous séparent, pourtant, en quelques secondes, l’art pictural nous a réunies. Une discussion amicale s’en suit sur les peintres et leurs œuvres. Juste avant de nous quitter, elle lance :
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Heureusement qu’il ne s’agit pas de l’original…
Devant mon air étonné, elle poursuit :
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Nous venons d’entamer notre fabuleux périple et déjà la police est en alerte ! Il parait que le Stradivarius du Chef d’orchestre a disparu, envolé ! De toute évidence il ne peut pas être bien loin, le train ne s’est pas arrêté, il sera facile de le retrouver.
Tandis que nous prenons congé, je ressens comme un malaise. Brusquement ce corridor m’oppresse et les lumières tamisées, qui auparavant traduisaient une atmosphère intime, s’avèrent maintenant angoissantes. Instinctivement je presse contre moi mon sac à main comme si on devait me l’arracher. Diffusée par haut-parleur centralisé, l’information de Marie-Judith DUPIN est confirmée par le contrôleur qui nous conseille de regagner rapidement nos places et qui nous annonce les contrôles en cours. Pendant le court trajet pour rallier mon antre tous les visages me paraissent suspects. Numéro 47, ça y est, j’y suis…..
Je souhaitais une chambre similaire à celle d’antan et, une fois la porte ouverte, force est de constater que l’atmosphère est empreinte de la même élégance intemporelle. Cloisons en bois précieux, tête de lit incrustée de perles, de nacre et de bronze, drap en soie, salle de bain parée de marbre, ma suite murmure le même raffinement que celle d’autrefois. Pour m’octroyer un brin de repos et oublier l’épisode du larcin, je me love voluptueusement dans ce sofa moelleux accolé à la fenêtre. Je contemple ce qui m’entoure lorsqu’un fumet de poisson, qui exhale ses effluves jusqu’à mon compartiment, me caresse délicatement les narines et m’extirpe de mon extase. Cette ambroisie ressuscite quelques vieux souvenirs que je croyais définitivement blottis au fond de ma mémoire. Les yeux mi-clos, je hume cet arôme suave qui me propulse, involontairement, en ce jour merveilleux où….
Le cœur serré, envahie d’une émotion intense, ma vie défile et se rembobine en accéléré pour finir en arrêt sur image.
Vendredi 14 mai 1937, 11h55. Je me souviens précisément de la date dans les moindres détails. Père, très précis quant au respect horaire des repas, tapotait à ma porte, me priant de le rejoindre dans le wagon restaurant. Nous devions fêter mes vingt ans à bord de ce monstre légendaire et j’étais impatiente de découvrir la surprise qui m’attendait. Vêtue d’un tailleur de couleur taupe, bottines à talons bordeaux, sac et gants assortis, je coiffais ma tête de cet élégant chapeau sur lequel trônaient, à l’avant de la calotte, deux petites plumes d’autruche rouges. Dans l’allée centrale luxueusement décoré, je me hâtais, toute émoustillée. Dans ma précipitation, je faillis heurter un couple d’un âge certain. L’espace, faiblement éclairé, était étroit mais intime à la fois. Affublé d’un haut de forme et veste queue de pie, Monsieur cédait galamment le passage à Madame. Sa robe de velours pourpre, cintrée à la taille, lui assurait l’élégance d’une grande dame. Je m’écartais poliment pour libérer l’accès tout en m’abstenant d’effleurer cette panne qui paraissait douce et soyeuse. Entrée dans la salle je fus éblouie. Prévue pour le confort et l’élégance, la voiture restaurant me sembla spectaculaire. Lumière tamisée, verres en cristal, couverts en argent, tables nappées, cet ensemble glorifiait la richesse. Père, déjà installé, me fit signe de m’approcher, ce que je fis. D’un geste assuré, il héla le Maître d’hôtel. Véritable livre ouvert sur la gastronomie française il réveilla nos papilles. Nous options pour un filet de Saint-Pierre sur crème de fenouil aux baies de rose sublimé par un sancerre sur lie. Peu de temps après, le Chef de brigade, veste d’un blanc maculé, épaulettes dorées, pantalon noir, surgit du fond du wagon, plateau à la main. Grand, mince, il portait avec prestance la tenue exigée mais, les yeux rivés sur le petit paquet doré, négligemment dissimulé sur un coin de la table, je ne lui portais aucune attention particulière. Mon visage irradiait. Père m’accorda un sourire complice qui semblait dire « patience ». Lorsqu’une voix claire et douce annonça :
« Mademoiselle, Monsieur, Alexis pour vous servir, bon appétit »,
Sa voix me fit tourner la tête, nos regards se croisèrent et la béatitude opéra. Lorsqu’il présenta le plat, il frôla ma main. Un frisson envahit mon échine jusqu’à en trembler de la tête aux pieds. Terrassée par mes sentiments soudains, visiblement partagés, nous voilà figés telle une statue en bronze de Rodin. Je n’osais bouger de crainte que mes mouvements désordonnés n’alertent Père. Yeux dans les yeux, nous étions dans un état second. J’avais l’impression de flotter au-dessus des convives. Soudain le silence. Ambiance musicale, murmure de conversations cessèrent, seul un bourdonnement d’oreilles m’étourdissait. Je me noyais littéralement dans le bleu profond de ses yeux.
Publié le 29 Novembre 2024
Marco se lève avec élégance, effleurant légèrement le dossier de sa chaise avant d’aider Joséphine à se lever. Sa main reste suspendue prête à guider la sienne. Il sent alors la chaleur de sa paume qui lui provoque un frisson. Ils traversent le wagon sous les regards curieux et envieux. Marco se laisse enivrer par le parfum de Joséphine. A chaque pas il a l’impression de créer une partition secrète qu’il composera pour elle, ce soir, avec son violon.
Le salon est un écrin feutré. Les fauteuils capitonnés de velours vert invitent à la confidence. Il repère un coin intime loin de ces trois individus, affublés de kilts écossais qui dénotent dans ce coin enchanteur. Une horloge ancienne égrène doucement le temps sous les notes du pianiste. Ce murmure mélodieux ajoute une touche de raffinement.
Ils s’assoient l’un face à l’autre, Joséphine ajustant avec grâce les plis de sa robe. Marco fait signe au serveur :
- Champagne s’il vous plaît, le meilleur pour fêter cette rencontre.
Après ces délicieux échanges, grisée par les bulles euphorisantes, Joséphine éprouve une lassitude. Elle demande à Marco de la raccompagner, ce qu’il fait en parfait gentleman.
Alors qu’il regagne sa cabine, un détail attire son attention. Une enveloppe cachetée de cire est déposée sur la table. Intrigué il l’ouvre avec précaution. Une seule phrase, toujours la même écriture, il lit :
- La musique est un dialogue. Patience ! Vous trouverez la clé.
Marco sourit frustré mais fasciné. Son admiratrice aime jouer avec le suspens. En repliant la lettre, il remarque quelque chose d’étrange, un vide oppressant. Là où il avait rangé son stradivarius dans son étui, il ne reste plus qu’un espace froid, déconcertant. Le souffle coupé, il cherche frénétiquement cet objet précieux. Il ouvre les placards, fouille les moindres espaces, mais rien. Une profonde angoisse l’envahit. Son violon, un chef d’œuvre vieux de plusieurs générations, objet indispensable de sa vie, a disparu.
Effondré, il s’assoit. Une feuille de papier froissée attire son attention. Il devient livide, il s’agit bien d’une de ses partitions ; une sonate pour violon de Jean- Sébastien Bach.
Au bas de la page une annotation manuscrite le laisse sans voix.
- Chaque instrument à une histoire. Fouillez dans votre passé et il vous mènera à moi.
Marco fixe les mots avec rage. Le vol n’est pas un simple larcin, c’est un jeu savamment orchestré.
Publié le 29 Novembre 2024
Le bal, cette soirée mémorable dans un tourbillon de couleurs et de robes d'un autre temps.
Mon nouvel ami, ne me quitte plus....
La première nuit dans ma cabine, cocooning de satin et de couvertures douillettes.
Je m'endors rapidement avec la cadence doucereuse du train.
De petits coups à ma porte, me réveillent, dans un demi-sommeil j'ouvre un œil, attends quelques minutes, referme les yeux, puis d'autres petites frappes se font plus intenses et urgentes.
Demandant qui est là, j'entends une voix assurée me commandant d'ouvrir.
Hercule POIROT se tient devant moi, en costume, l'air inquiet pour ma personne.
- Chère madame excusez mon insistance, mais on vient de m'informer qu'un vol vient d'être commis dans le train, l'agent de sécurité a été attiré par deux individus vêtus de noir, tels des rats d'hôtel, se faufilant discrètement...
- Mais qu'a-t-ton dérobé, lui demandais-je, intriguée?
- Apparemment Monsieur MORASSI, violoniste de renom, cherchant le sommeil comme à son habitude, entreprend d'ouvrir l'étui de son Stradivarius, caresser son trésor, cela lui suffit à retomber dans les bras de Morphée, et oh malédiction, le violon a disparu, d’où cette effervescence, tout le personnel est en ébullition.
L'agent de sécurité, faisant appel à moi, ordonne une fouille complète des cabines, un questionnaire sur d'éventuels comportements, cela ne sera pas une délation, mais l'enjeu du délit est important.
Hier, je vous ai vue converser avec deux charmantes personnes qui, après recherches, n'ont pas de cabines, qu'en dites vous !
Ma réponse à cette remarque conforte la réaction de ces individus lors de notre croisement dans le couloir !
A cet instant Benjamin, les yeux à moitié ouverts, les cheveux hirsutes, passe la tête, inquiet, me regardant avec un doux sourire amical.
Intervenant auprès d'Hercule POIROT, Benjamin relate son entrevue avec le violoniste au bar la veille au soir, échangeant le souvenir de mon voyage dans la ville romantique de Venise, mon italien n'étant pas si lointain.
Après quelques verres, Monsieur MORASSI m'a avoué être ruiné, ce voyage mythique se réalisant sur ses derniers écus...
Publié le 28 Novembre 2024
Consignes
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Établir la fiche de votre personnage
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Commencez votre voyage avec cet incipit volé, en partie, à Agatha Christie :
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Avec une série de secousses, le convoi s'ébranla. Les deux hommes se mirent à la fenêtre pour regarder le quai interminable dont les lumières paraissaient glisser lentement devant eux. L'Orient-Express venait d'entamer son long voyage de trois jours à travers l'Europe.... et poursuivez avec votre personnage.
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Créer une ambiance : votre personnage rencontre un ou plusieurs personnages. Racontez la rencontre, les circonstances, repas, escale, etc. Et créer une ambiance de l’endroit où s’est produite cette rencontre
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Fiche personnage
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État civil :
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Sarah De HALBRON
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Née à Varsovie le 14 mai 1917
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Fille unique de Jarod et Sofia De HALBRON, riches négociateurs d’art
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Caractéristiques physiques :
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Blonde, les yeux couleur noisette éclairent son doux visage. Ses cheveux bouclés, mi- longs sont toujours ramenés en chignon
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Avec 1m70, 60 Kg et une taille 40, Sarah est élégante Toujours souriante, douce, aimable
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Traits de caractère :
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Sérieuse, appliquée, discrète
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Respectueuse des contraintes familiales
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Toujours souriante, douce, aimable et respectueuse
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Très proche de sa famille, son père, sa mère
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Avec elle on se sent bien, on peut lui faire confiance ce qui a toujours été un atout dans son métier puisqu’elle a toujours travaillé très dur dans l’entreprise familiale pour réussir et s’imposer dans ce créneau particulièrement masculin. Elle s’est même spécialisée dans l’expertise et à même d’estimer la valeur de chaque œuvre d’art, c’est elle qui en fixe le prix d’achat ou de vente . pour Sarah, ce n’est pas un « travail » mais une passion
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Objets auxquels elle tient tout particulièrement :
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Une barrette de nacre blanche surmontée d’une saphir, offert pour ses 20 ans. Elle ne la quittera jamais car elle représente le symbole d’un amour interdit
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2 tableaux : « la baie de Douarnenez » d’Eugène BOUDIN, précurseur de l’impressionnisme et « le pont des Concarneau » de Józef PANKIEWICZ, l’un des premiers impressionnistes et symbolistes polonais. Ces œuvres ont une valeur inestimable mais elle avait eu la chance de les acquérir pour une somme beaucoup plus raisonnable lors d’une vente aux enchères où peu d’amateurs s’étaient présentés
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Préférences vestimentaires :
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Jupe longue à mi cheville, veste cintrée et bottines lacées à talons bottiers est sa tenue hivernale préférée tandis que, pour l’été, robe fluide et escarpins
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Toujours assortir ses tenues avec gants, chaussures et sac en cuir de même couleur sans oublier le chapeau
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Loisirs :
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La lecture de romans et d’ouvrages qui touchent de près ou de loin à l’art pictural. Sa préférence ? Le mouvement impressionniste, Boudin, Pankiewicz, Monet, Degas, Renoir.
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Les promenades dans la nature
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Contexte :
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En 1937, pour ses 20 ans, le père offre à Sarah un voyage dans l’Orient Express. Pour ses 60 ans, elle renouvelle l’aventure pour la dernière sortie de ce mythique train. Nous sommes le 20/5/1977 et, durant ce voyage, elle se remémore le passé et les souvenirs fusent.
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Publié le 28 Novembre 2024
Pour Baptiste le concert de Full Métal Jo pour 10 couverts en argent vient de s'achever en triomphe...
Un fumet camphré de cardamome s'insinue voluptueusement dans l'air ambiant et remet éléments et atomes à leur vraie place.
Le café turc servi avec ses loukoums ajoute une note à la satisfaction générale des convives !
Baptiste se lève et salue ses compagnons pour retrouver sa cabine où une sieste réparatrice viendra réconcilier son oreille avec ses cristaux personnels. Il est réveillé par un remue-ménage intense où se mêlent vociférations et aboiements de toutes sortes, un peu groggy il consulte Arlberg qui lui susurre :
- On a volé le violon Stradivarius du chef d'orchestre Marco Morassi ; pour ma part chéri je me contente des salières pour le sel de la vie alors...
En toute conscience, se dit Baptiste-Jean, m'ennuyant de la vie c'est ce que je ferais : je volerais ce putain de violon antique et prétentieux et le glisserais dans les bras vigoureux du QQQ pour qu'ils en raniment l'âme.
...Non-non.. il y a aussi la possibilité intelligente des performeurs de rapetisser le violon jusque dans l'étui à lunettes de cette façon ni vu ni connu je t'embrouille...
...Non-non... le chef d'orchestre mène tout le monde à la baguette, il se marre et soulève un tollé du jamais vu car il n'y a pas de stradivarius dans le train et c'est une arnaque aux assurances rondement menée sur un public un peu trop rassasié de loukoums...AH...AH
Cependant cachons nos jolies salières en argent-cristal qui commencent à s'accumuler par la faute de ce bouc un peu ouf car,
Une fouille nous pend au nez.
Publié le 28 Novembre 2024
L’heure est au petit déj. Nos trois amis très en forme, s’installent tout près du bar pour un plein de croissants de lune au beurre accompagnés exceptionnellement d’un lait de chamelle, une spécialité tout droit issue d’un élevage bio des bestiaux du conducteur de train, Mr Brune.
Arrive aussi Louis, un bel homme svelte et très élégant, il ne fait pas son âge.
QM l’a déjà rencontré. Il s’installe à leur table et il sort une panoplie de pilules, celles du matin seulement, en nous expliquant qu’il déprime depuis qu’il a donné de la langue à son chat et qu’il en est mort..
Pendant que chacun finit le fond de sa tasse, le haut-parleur annonce un arrêt de trente minutes à Zurich pour recharger la locomotive de charbon et d’eau. QM profite de la galerie marchande pour acheter un nième doudou tandis que tout ce beau monde trouve matière à compagnie et blablas, dans ce hall de gare. Une belle journée.
Pendant ce temps, dans un coin, derrière le bar, Michel de Verneuil, Mr Noël et Qi terminent leur poker. Qi a gagné sur la triche mais tant mieux, il doit rembourser son crédit pour ce voyage. N’oublions pas que nos 3 Q ont une mission à Istanbul et ne voyagent pas que pour le bling-bling.
Tantôt, il faudra être en forme pour le bal sauf qu’un petit soucis vient troubler la quiétude de cette après-midi. Une file d’attente pas possible s’est formée devant les toilettes.
Des urgence. Des borborygmes de ventre partout. Rupture momentanée du stock de papier toilette. Nos trois Q font la queue, ils se sentent indisposés. On a trouvé la cause.
Le lait de chamelle a fermenté. Mr Brune, ce soir passera un mauvais quart d’heure.
Mais non, Mr Brune n’est pas venu au bal. Il conduira le train toute la nuit. Ce soir pas de triplette pour nos QQQ mais qu’importe, chacun s’amuse à sa façon. QM, après avoir fait danser toute la gente féminine, finit par tanguer un tango avec Louis. Qi a invité Sarah. Ils s’émoustillent sur une table qui, sous le poids des éventualités, s’écroule sur l’ambiance et ses vers de bois. QV, mal déplié sur un sofa de bienvenue, n’a plus d’yeux que pour les boutonnières de… Jeanne.
C’est à ce moment-là que Marco surgit. Il hurle, il vocifère, il jure. Son stradivarius dans son étui en croco a disparu.
Publié le 27 Novembre 2024
En attendant la fouille de sa cabine, Laurent s’installe dans un fauteuil, la corde de violon entre ses doigts, pour réfléchir aux divers éléments de cette affaire :
- un bruit mat
- un étui vide
- une corde de violon
- un violon absent
Fais marcher tes petites cellules grise… si seulement…
Il lui faudrait bien un Hercule Poirot pour l’aider à y voir clair !
A force de tourner et retourner les choses, d’élaborer des hypothèses farfelues, d’envisager des scénarios débiles, il se perd dans une brume ouatée, dans laquelle son esprit divague, flottant comme une algue entre deux eaux. C’est là, dans ce carrefour entre la conscience et l’espace-temps, qu’apparaît l’unique, le grand, l’incontournable, l’inégalé détective : Hercule Poirot !
Laurent reçoit l’apparition en plein cœur. Son ventre se tord, sa poitrine se noue, sa gorge se serre. Yeux écarquillés, sueurs froides, teint blafard, bouche ouverte, il est incapable de prononcer le moindre mot. Poirot s’en charge :
– Mon bon monsieur, vous raisonnez à l’envers. Me permettez-vous de donner mon point de vue ?
– Avec plaisir, bredouille Laurent qui peine à retrouver quelques couleurs et quelques neurones.
– Commençons par le commencement, propose Poirot. Ce bruit mat, ne serait-ce pas celui d’un étui de violon que l’on referme d’un coup sec ? Un bruit inquiet, avez-vous dit dans le texte précédent…
Hercule sourit :
– Hé oui, je lis par-dessus votre épaule. Comment croyez-vous que je sois venu jusqu’à vous ?
– Justement, je me posais la question. Je vous croyais un personnage de roman…
– Vous l’êtes aussi, mon cher !
Regard éperdu de Laurent...
– C’est impossible, je dois rêver…
– L’impossible ne peut se produire, donc l’impossible doit devenir possible, malgré les apparences, rétorque Poirot à ce pauvre Laurent en complète désintégration. Mais ne nous égarons pas. Ce bruit inquiet est en fait un bruit pressé. Pressé de s’enfuir avec un soi-disant violon.
– Un soi-disant violon ?!!
– Oui, un soi-disant violon. Ne vous fiez pas à cet agent Pelican qui perd la mémoire. Tournez-vous plutôt vers ce passager, dans la cabine d’en face, un homme perspicace, observateur, rationnel. Il a résolu le mystère : le capitonnage de l’étui ne porte aucune trace d’instrument. Flambant neuf, jamais servi ! Donc, il n’y a jamais eu de Stradivarius.
– Mais… mais… comment le savez-vous… ?
– J’enquête, j’écoute, je réfléchis.
– Certes, mais la corde, elle existe bien, elle ! Alors ?
Poirot prend son air mystérieux et malicieux.
– Oui, oui, elle existe… là, maintenant. Mais pour comprendre, changez de point de vue, mon cher. Ne vous voyez plus comme une personne réelle, mais comme un personnage dans une histoire sans queue ni tête. Alors, vous comprendrez.
Laurent, déboussolé, se prend la tête entre les mains.
– Je ne comprends rien et j’ai la migraine.
Poirot soupire. Sa moustache lustrée, impeccable, frémit, le coin de son œil se plisse, il s’amuse bien, le bougre !
– Cette corde n’est qu’un indice stupide, sans intérêt, laissé par l’auteure de cette histoire en manque d’imagination. Elle ne sert à rien, oubliez-la, explique-t-il. Quand le professeur Glorieux, l’agent Pélican si vous préférez, viendra inspecter votre cabine, elle ne sera plus là, ou il ne la verra pas. Au revoir, cher M. Delaplace, ajoute Poirot en inclinant son chapeau avant de disparaître, juste au moment où on frappe à la porte.
Le professeur Glorieux entre pour l’inspection.