Publié le 31 Juillet 2024
Si vous saviez ! Si vous saviez, chère Angélique, combien j’ai souffert de ma timidité, hier, alors que vous m’aviez ouvert la porte de votre intimité et que mon cœur n’a pas su s’y faufiler. Je vous écoutais me raconter les instants de votre vie, vos joies et vos angoisses. Vous me confessiez votre peur de rencontrer l’amour. Vous attendiez de moi des mots, des phrases de réconfort, le reflet de mes sentiments, la déclaration que vos yeux m’encourageaient à vous offrir, et je restais muet, paralysé par la force de votre présence.
Alors que nous prenions le thé, j’admirais vos mains si fines et si délicates. Je ne vous entendais plus, je jalousais la tasse de porcelaine. Vos doigts caressaient doucement la anse et vos lèvres embrassaient voluptueusement le bord de ce objet que je commençais à haïr. Oui ! J’étais jaloux et j’aurais donné Mille ans de ma vie pour que vos mains et vos lèvres se promènent sur mon corps. Je sais que beaucoup de mes hivers ont précédé les vôtres, mais l‘amour que je vous porte effacera ces décennies.
Fleur de printemps, accordez-moi le bonheur de vous revoir. J’ai hâte de me jeter à vos pieds et de me montrer sur un jour nouveau. J’embrasse le bas de votre robe respectueusement. Croyez en mes sentiments les plus forts. Vous ne manquerez de rien. Mes biens s’honoreront de faire de vous la plus belle femme de Paris.
EGO ! Celui qui ne vit plus en votre absence.
Angélique replia la lettre, la froissa et la jeta au panier. Quel Con ! Il a regardé mes mains au lieu de mes fesses. Un type pareil n’est pas normal. Si, au moins, il s’était pointé avec un écrin à bijoux j’aurais réfléchi, mais il est venu avec un petit bouquet de marguerites et un paquet de bonbons. Franchement ! Il doit me prendre pour une gamine. Non, vraiment, il ne fait pas le poids. Voyons le suivant... Il s’appelle Armand de la Genevriére. Il dit habiter un hôtel particulier... Par contre, il ne dit pas où. Il ne dit pas non plus son âge. Danger ! Encore un vieux beau qui veut exhiber une jeunesse à son bras, fier d’avoir pu se l’offrir. Ah la la ! On ne peut faire confiance à personne. Encore moins aux hommes. Mais bon ! L’avenir n’appartenant aux feignasses, mettons nous au travail.
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