Publié le 31 Mai 2025

 

Amoureuse  : Ma définition

 

Baiser : Ah le baiser ! C'est par là que l'on aime et par là que l'on désaime. Le goût n'est plus le même

 

Carabistouille : Pris la main dans le pot de confiture, l'enfant raconte des balivernes, calembredaines et des carabistouilles. Sans connaître ces mots d'antan

 

Divers : C'est un fait mais il me concerne et plus rien ne relève de l'anecdote. Je vis un temps de bascule

 

Elégance : A appliquer en toutes circonstances. Pas toujours facile

 

Faustine : Ou le bel été. Celui qu'elle me permettra de vivre en 2025

 

Gauche  : Je suis orpheline d'une cité engloutie et ne veux déposer mon bulletin dans une urne funéraire

 

Haricots : Un moment de poésie au cœur d'un cauchemar éveillé « L'arbre aux haricots » de Barbara Kingslover

 

Insomnie : Redouter la nuit et ne savoir qu'attendre, angoissée, la naissance du jour

 

Jus de citron : Acidité réjouissante d'un esprit moqueur

 

Kodak : Les pubs géniales et les joyeux lutins de Jean Paul Goude

 

Légéreté : ou la futilité. J'opte pour la légèreté, une arme face aux coups durs

 

Memento mori : Souviens-toi que tu es mortel et vis pleinement chaque minute de ta vie

 

Nenni : Force et douceur d'un NON

 

Optimisme : Un verre à moitié plein recèle des richesses insoupçonnées

 

Pessimisme : Un verre à moitié vide sait-il encore ce qu'est la soif ?

 

Quotidien : Le quotidien hospitalier rassurant et inquiétant comme une prison. En-dehors de la Vie du dehors

 

Racines : Défaut de transmission. A réparer

 

Sensualité : Sens endormis, mise en veille de la vie. Sens interdits

 

Taratata : Comme mon héroine Scarlett O'Hara, je sais que je m'en sortirai

 

Ultracrépidarianisme : Ils ont fleuri au temps du Covid tous ces ignorants qui s'improvisaient savants

 

Vivante : Je suis vivante ? Je vibre au soleil, au vent aux étoiles de mer et du ciel. Gracias

 

Wagon restaurant : Dans un train de luxe, l'évasion en technicolor

 

Xanadu : Ce lieu de luxe de grande beauté et de contentement à chercher en soi

 

Yin /Yang : Je ne choisis pas. Je suis la somme des énergies

 

Zazou : Excentrique par nature, un goût pour le jazz et la contreculture en dégustant un zouzou. C'est chic et so zazou

 

Odile

 

 

 

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Rédigé par Odile

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Publié le 31 Mai 2025

Une pécore vit à Cannes pendant le festival

Une star qui lui sembla être son égale

Seulement Elle n'était pas connue

Pas de projos ni de photos, même de nu

Elle décide à tout prix de faire le buzz

Fait de son corps une œuvre hideuse

Couche avec un célèbre paparazzi

Lui demandant : « Ai-je réussi ? »

« Pour nos ébats je ne dis pas

Mais pour les marches, n'y songez pas

Notre apprentie sûre de son talent

Se faufile dans tous les événements

En peau de bête, du Godard déclamant

Elle interpelle toutes les stars

Se fait jeter, se retrouve seule dans un bar

Se saôule, délire et puis décide que y'en a marre

Elle finit sans toit ni loi

Dans le caniveau le lendemain on la trouva

 

Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages

De la phrase d'Andy Warhol ils ont fait leur adage

Tous veulent leur quart d'heure de célébrité

de milliers de fans être aimés et adulés

Devenir riches...Et puis crever

 

Odile

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Rédigé par Odile

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Publié le 31 Mai 2025

 

Atelier :
Accumulations, énumérations, gradations
 
Sujet :
Choisir un personnage urbain : pharmacien, caissier, fleuriste, clochard, coiffeur, postier, banquier, policier, commerçant, etc., personnage que vous pouvez mettre au féminin, bien sûr !
Raconter un moment de sa vie, une anecdote dans laquelle vous utiliserez des énumérations, ou des accumulations, ou des gradations, ou les trois si vous voulez.

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Rédigé par Atelier Ecriture

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Publié le 31 Mai 2025

 
Marie prit sa fille par la main pour traverser la rue et se rendre à la Poste, de l’autre côté de la chaussée... Sitôt parvenue sur le trottoir, Anaïs se dégagea de l’étreinte maternelle et partit en sautillant vers la Poste, à cinquante mètres de là. Marie la laissa faire, à six ans elle avait besoin d’un peu d’indépendance. De loin, la jeune femme aperçut, comme elle s’y attendait, le clochard habituel assis devant la porte d’entrée, un gobelet en carton devant lui. Anaïs s’arrêta devant l’homme qu’elle voyait pour la première fois, et engagea la conversation. Marie, qui s’approchait, entendit :
  • Pourquoi t’es assis sur le trottoir ?
  • Parce que je n’ai pas de chaise !
  • C’est sale par terre !
La fillette regardait d’un œil inquisiteur l’homme et le sol cimenté autour de lui. Elle devait réfléchir, parce qu’elle resta quelques instants sans rien dire, ce qui était plutôt rare.
L’homme l’observait, un gentil sourire édenté sur son visage marqué par sa vie difficile, un visage rouge, gonflé, des yeux globuleux, larmoyants, une barbe de plusieurs jours, des cheveux gras fâchés avec le peigne. Marie, qui s’était arrêtée cinq mètres derrière Anaïs, s’activa au distributeur de billets ; pour se donner une contenance, elle tira un relevé de la Banque Postale et fit mine de l’étudier, tout en surveillant sa fille et le clochard. Elle craignait qu’Anaïs ne prononce des paroles blessantes pour l’homme, elle qui n’avait probablement pas idée de la situation sociale de l’individu. Elle risquait de faire des remarques sur ce qui était étalé sur le sol : une couverture sale, une bouteille de vin largement entamée, une sacoche en tissu d’une couleur indéfinissable bourrée sans doute du peu de linge qu’il possédait, et le fameux gobelet dans lequel deux ou trois pièces de monnaie se chevauchaient.
Marie entendit soudain la voix de la fillette :
  • Je m’appelle Anaïs, et toi ?
  • Moi, c’est Nanar…
  • Pourquoi t’es là, Nanar ?
  • Parce que je n’ai pas de maison, et que je demande aux gens qui passent une pièce pour m’acheter à manger !
  • Maman, tu me donnes une pièce pour mon nouveau copain Nanar ?
Anaïs s’était approchée de sa mère pour quémander, c’était sans doute sa première rencontre avec un sans domicile fixe, mais rien ne l’étonnait. Marie fut émue par la réaction de générosité de son enfant, qui acceptait d’emblée cet homme comme « nouveau copain » ; elle n’avait pas l’air d’avoir remarqué ses vêtements pleins de taches, sa tenue débraillée, ses pieds gonflés.
Marie eut honte de ne pas avoir donné d’elle-même une ou deux pièces à l’homme sans que sa fille la sollicite. Elle pensa : « Mon Dieu, dans quel monde sommes-nous pour que nous nous sentions indifférents au malheur des autres ? Pourquoi la vie actuelle nous rend-elle si égoïstes ? » Elle plongea la main dans son porte-monnaie et mis un billet de cinq euros dans la menotte d’Anaïs, qui lui répliqua : « C’est pas un billet qu’il veut, Nanar, c’est une pièce ! »
D’un air dubitatif, Anaïs plia soigneusement le billet et le déposa avec application dans le gobelet  en faisant un grand sourire –édenté lui aussi- à Nanar.
Marie se promit d’expliquer dès que possible à Anaïs les difficultés que toute personne peut rencontrer dans sa vie, et la dégringolade sociale qui risque d’en découler…
Ce matin-là, la jeune maman se sentit très fière de sa fille et de la compassion que lui avait inspirée le malheureux.
Adulte, Anaïs serait une belle personne, Marie le sentait…
 
Annie
 

 

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Rédigé par Annie

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Publié le 29 Mai 2025

 
Un jour un tradeur
Invita son cousin le laboureur
D’une façon très officielle
A un dîner aux chandelles,
Dans un restau bien branché
Situé pas loin du marais.
C’était un lieu à la mode
Où se côtoyaient stars et snobs.
Les cocktails étaient nombreux
Et les petits fours fameux.
On passa bientôt à table,
Le service était impeccable.
Rien ne manquait au festin,
Ni les mets délicats, ni le vin.
Mais quelqu’un troubla la fête,
Une personne avec une drôle de tête.
A la porte de la salle,
Ils entendirent une explosion.
Le tradeur détale,
Son cousin perd les pédales
Et le suit par précaution.
C’est un attentat ? Non une fausse alerte,
Juste une chute d’un plateau de crevettes.
Et le tradeur de dire
Achevons notre repas.
Tu veux rire ?
Le cousin se leva.
« Demain je t’invite à la ferme,
Tu mangeras bien et sain
Dans un environnement serein.
Tu verras, c’est ça l’Auvergne
Adieu le bon restau de Paris,
La tranquillité n’a pas de prix »
 
Brigitte S.
 
 

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Rédigé par Brigitte S

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Publié le 28 Mai 2025

D'un geste élégant, la pharmacienne glisse une mèche de cheveux échappée de son chignon derrière son oreille. C'est bien la seule fantaisie qu'elle s'autorise, sans doute malgré elle. Sa mise, son maintien sont impeccables, sa blouse blanche parfaitement repassée, ses ongles soignés vernis d'un rose discret, son visage fin lissé par un fond de teint hâlé, sa bouche bien dessinée par un rouge à lèvres pourpre.
Tout est net, propre, aseptisé chez elle. Tout inspire confiance aux clients de la pharmacie. Son âge, la cinquantaine environ, lui donne maturité et expérience. Ses cheveux blonds, attachés sur sa nuque, laissent son front altier dégagé. Derrière ses lunettes à monture dorée, ses yeux bleus, alertes, observent un jeune garçon hésitant.
Madame Michaud - c'est son nom - sourit. Elle a compris ce que cherche le p'tit gars. Elle a vu son regard repérer le rayon convoité. Elle s'amuse encore un moment en laissant le garçon empêtré tourner autour de l'étagère, puis, compatissante, elle plaque sur son visage son plus beau sourire et va l'aborder :
- Bonjour, je peux vous aider ? demande-t-elle, l’œil plein de rire contenu.
- Heu... je...
Le garçon rougit, son regard s'affole. Il semble perdu.
Quatorze, quinze ans, pas plus, pense la pharmacienne. C'est rare d'avoir affaire à un ado aussi peu sûr de lui... Les jeunes du quartier sont beaucoup plus dégourdis d'habitude.
Le garçon l'émeut. La douceur remplace l'amusement dans son regard.
Elle vient à son secours :
- Peut-être est-ce ceci que vous voulez ? dit-elle en saisissant une boite de préservatifs.
- Oui, murmure le garçon écarlate.
- Il y a plusieurs tailles, vous savez : small, medium ou large, et même XS ou XL. Laquelle vous faut-il ?
Le visage du garçon rougit de plus belle, vire au brun violine.
- Je ne sais pas, balbutie-t-il, des larmes dans la voix.
- Je vois. Venez, j'ai un échantillonnage pour les cas difficiles... et les premières fois... C'est le cas, n'est-ce pas ?
- Oui, répond-il, un peu ragaillardi par la gentillesse de Madame Michaud.
Derrière le comptoir, la belle pharmacienne cache un tiroir dédié aux jeunes amours. Elle en sort quelques préservatifs de diverses tailles qu'elle donne aux garçons ou aux filles inexpérimentés.
- Tenez, vous essayez et vous reviendrez acheter celui qui vous convient le mieux.
Le jeune homme la remercie d'un regard soulagé.
Madame Michaud est vraiment une belle personne.
 
 
Mado
 
 

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Rédigé par Mado

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Publié le 25 Mai 2025

En trois ateliers, une petite nouvelle basée sur des photos

 

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Rédigé par Atelier Ecriture

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Publié le 25 Mai 2025

À marée basse, casquette sur la tête et seau en main, alors que bon nombre de pêcheurs amateurs scrutent l'estran pour y dénicher toutes sortes de coquillages, je me surprends à rechercher l’impensable : une bouteille à la mer ! Le message jouissif d’une personne perdue de vue ? La détresse d’une âme au bout du rouleau ? Peut-être la missive de cet être cher que l’on n’oubliera jamais et que l’on sent à nos côtés ! Et voici que mon esprit vagabonde bien au-delà des frontières du réel. Tout en fermant les yeux, bercée par le ressac des vaguelettes qui lèchent goulument la grève, j’hume avec ferveur l’embrun qui m’enveloppe. Charmée par une douce musique, qui paraît surgir du fond de l’océan, mes pensées s’envolent…

Tandis que le soleil se joue de cette immensité d’un bleu saphir, l’océan m’invite à partager un voyage aussi merveilleux que mystérieux. Me laissant doucement glisser dans une épopée onirique, me voilà plongée dans « Il était une fois, la Pangée ». Si elle régna sur la terre en Maître absolu durant des millénaires, agressée, torturée jusqu’à se fracturer, elle céda, épuisée, son trône à la Planète bleue. S’en suivit l’univers des sirènes et, avec lui, les mythes les plus fous. Longue chevelure, corps de rêve, yeux enrôleurs, sourire magique, leur beauté fascinait. Terribles séductrices, leur chant envoûtant ensorcelait les marins.

L’aubade, qui s’intensifie, ressemble peu à peu à une plainte, un mal-être. De cette plage, coincée entre deux énormes rochers, apparait une tour à demi submergée par les flots. Fière d’exister à moins de cinquante mètres du rivage, elle semble défier tout nageur de l’approcher. Soudain, sortie de nulle part, une jeune femme agrippée à l’un de ces flancs, le buste hors de l’eau. Pensant qu’il s’agit vraisemblablement d’une crampe, je reste sur le qui-vive, prête à bondir pour lui porter secours. Devant son immobilisme insistant, je me jette à l’eau pour la rejoindre. Au fur et à mesure de mon avancée, l’intensité s’amplifie à en devenir assourdissant. Arrivée à quelques brasses d’elle, je découvre, ébahie, un être mystique, une sirène ! A ce moment précis, la musique cesse net pour faire place à un monologue quelque peu angoissant :

  • Je m‘appelle Véra, fille cadette de Poséidon. En te parlant je brave tous les interdits mais le temps presse et je me dois de t’alerter. L’océan, abris d’une vaste biodiversité, s’appauvrit, souffre, pourtant la vie et notre survie commence ici. Sache qu’ici-bas la pollution plastique menace de nombreuses espèces marines. Certaines se coincent dans les filets d’autres confondent déchets et nourriture ce qui provoque intoxication et mort. Depuis des décennies l’océan n’est plus le synonyme de paradis mais celui de l’enfer. Les eaux se réchauffent de manière inquiétante aussi, passant outre la foudre punitive de mon père, j’émets un appel d’urgence, à toi de transmettre cette alerte à tes congénères.

Sans attendre une quelconque réaction, d’un revers de sa queue, Vera s’enfonce dans les eaux profondes et disparait.

Le hurlement d’un téléphone, diffusant un rock endiablé, me ramène à la réalité. Remise de mes émotions, mon regard se tourne vers la tour. Elle est toujours là mais aucune présence à son bord. Est-ce un rêve ou un cauchemar ? J’avoue y perdre un peu mon latin. Force est de constater que mon imagination est galopante. Toutefois si cette histoire relève en partie de l’utopie, mes élucubrations me transportent dans un monde bien réel, celui qu’il nous faut sauver sans tarder.

Ainsi immergée dans mon délire... Je jette ma bouteille à la mer !

Christiane

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Rédigé par Christiane

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Publié le 23 Mai 2025

L'exode

Le silence était pesant, lourd en émotion. A l’affût du moindre bruissement de feuilles, Jeanne était là, muette, tapis dans l’ombre. Son regard scrutait les moindres recoins de cette épaisse forêt. La pénombre commençait à étendre son voile obscur métamorphosant les résineux en silhouettes sinistres et angoissantes. Les yeux remplis de larmes, Jeanne songeait…

 

Partir, ne pas se retourner, tout abandonner et fuir l’horreur d’une guerre sans pitié. 

« Aurons-nous la force de tenir jusqu’au bout ? »
Insensible au froid humide qui mordait son visage, elle surveillait scrupuleusement les alentours. Sa mission, repérer tout mouvement suspect et donner l’alerte.
 
Un simple baluchon sur l’épaule et Jeanne avait rejoint le groupe. Ils savaient que s’évader d’une ville envahie par un ennemi assoiffé de sang frôlerait la tragédie mais avaient-ils le choix ? Elle se remémorait… La nuit était noire et aucune nouvelle du passeur. Soudain le vrombissement d’un véhicule. Mitraillettes en mains, les allemands étaient prêts à tirer au moindre frémissement. Tapis contre le fossé, envahis d’une frayeur insoutenable, nous n’osions bouger. Jeanne, pourtant athée, se surprit à s’adresser au tout puissant :
« A l’aube nous reprendrons la route, que Dieu soit avec nous ! »
Un bruit la fit sursauter, immobile, elle tendit l’oreille. Ses yeux, habitués à sonder l’obscurité, fouiller l’espace. Rien ne remuait. Tout à coup un lapin de garenne, jaillissant d’un fourré, la rassura.
« Mais serons-nous à l’abri ce soir ? »
Sceptique, Jeanne craignait le pire. Bientôt le jour se pointera à l’horizon, il faudra braver toutes les difficultés et être prêts pour les affronter ?

La peur guide nos pas

Aux premières lueurs du soleil, chacun s’affairait pour ramasser leurs affaires. Baluchon sur le dos, le groupe se mit en route sans tarder. Ils avaient rendez-vous à la tombée de la nuit mais, partir tôt était la seule alternative, une longue marche les attendait. Le passeur avait admis de les sortir de l’enfer moyennant 1000 francs par personne. Cher certes, mais avaient-ils le choix ?

 

Voir leurs économies se volatiliser était le prix à payer pour s’évader. Sarah, tête baissée, épiait discrètement son père du coin de l’œil. La veille, Jarod avait fait un malaise les obligeant à ralentir puis à faire une pause. Érine, sa femme, les traits tirés, le soutenait. Ce couple fusionnel avait accepté de tout sacrifier pour sauver leur fille unique. Rester là-bas aurait été un suicide collectif et, malgré les menaces, la fuite était l’ultime solution.

Aujourd’hui, rattraper le retard tout en avançant avec prudence était vital. Le chemin le plus dense de la forêt fut choisi, l’idée : se cacher, se mettre à l’abri en cas de mauvaise rencontre. A l’orée du bois, un sentier à découvert. L’objectif : le traverser rapidement pour ne pas dévoiler de présence. Ori, les fit passer un par un. Droit au milieu de la voie, son regard scrutait minutieusement les environs. De l’autre côté, d’épais fourrés et épineux les attendaient. Leur progression devenait laborieuse. Le corps couvert de griffures, le visage marqué par la douleur, ils avançaient, pas à pas… De temps à autre, Ori, improvisé chef de file, se retournait et, d’un geste sec, leur faisait signe d’accélérer. La traversée du ruisseau fût une étape pénible à surmonter. Une pente vertigineuse, des rhizomes apparents, Sarah glissa pour finir sa course dans l’eau. Trempée jusqu’aux os, elle laissa échapper un sanglot étouffé. Livide, mâchoires contractées, elle frissonnait. Le froid ? la peur ? Les deux à la fois ? Impossible de le définir ! Ori tendit la main pour la relever puis, amoureusement, enveloppa ses épaules avec sa vareuse. Sarah esquissa un sourire timide en guise de remerciement. Ils levèrent le camp mais Jarod traînait les pieds. Butant sur une souche apparente, Érine, toujours présente à ses côtés, tituba pour se redresser aussitôt. Leurs mouvements alanguis traduisaient une fatigue évidente. Dans cette futaie, où brindilles et bois mort jonchaient l’humus, il était difficile d’éviter les ornières. Ils arpentaient la piste, dos courbé, se frayant un passage sous les longues branches qui ployaient parfois jusqu’au sol. De temps à autre, parmi ces chênes séculaires, une trouée laissait jaillir la lumière et un souffle de vie.
 
Soudain, des coups de feu, des cris. Poings serrés, buste tendu et crispé, respiration ralentie, ils tremblaient. Dans l’entremise de deux arbres ils assistaient, impuissants, à une hécatombe. Tirant dans tous les sens, les soldats s’en donnaient à cœur joie.
 
Et la terreur gagnait du terrain lentement…
La mort n'était pas au rendez-vous
Dans cet espace confiné, les soldats déambulaient armes à la main. Leur regard raclait tous les fourrés, prêt à tirer au plus petit mouvement ou simulation de fuite. Devant ce spectacle apocalyptique, nous nous apprêtions à vivre des heures sombres. Même ceux d’entre nous qui n’y croyaient pas, priaient. Genoux à terre, meurtris par un sol rocailleux, épineux et semé d’ornières, nous restions tapis dans l’ombre. Le souffle court, le pouls accéléré, submergés par l’angoisse, nous assistions, impuissant à la cruauté d’un monde qui s’enflammait.

Soudain, parmi les pleurs et les cris de détresse, un grognement agressif ! La frayeur fut d’une rare intensité. Les yeux exorbités, nous vîmes un Schäferhund1, tenu en laisse par l’un des leurs. A cette distance, il nous était possible de sentir cette odeur âcre et nauséabonde d’un poil mouillé. La gueule tournait de notre côté, il était là, statique. Narines frémissantes, babines retroussées et vibrisses en éveil, il paraissait subodorer une présence. Pourtant il n’avait pas l’air de nous avoir repéré. 

Peut-être guettait-il le moindre geste ou ordre de ces sauvages pour nous sauter dessus. L’idée que le flair infaillible de cette race, aussi féroce que leur maître, signerait notre arrêt de mort nous paralysait. Nous étions apeurés, incapable d’accepter la réalité mais il était aisé de comprendre que la Faucheuse nous frôlait de près. 

Tout à coup, les mitraillettes se mirent à hurler l’extermination. Les balles jaillissaient de toutes parts à une cadence folle. Les yeux fermés, les mains plaquées sur les tympans, nous vécûmes les secondes les plus terrifiantes et interminables qui soient. Puis plus rien, le silence, un silence pesant, stressant. Après avoir imposé la terreur, ces meurtriers, venaient de terminer leur sale besogne. L’un d’eux, presqu’en ricanant, s’écria :
  • Es ist okay, wir gehen2

 

D’un pas cadencé les Der Feldgraue3 de la Heer4 s’éloignaient laissant, derrière eux, des cadavres et un relent métallique, fort et pénétrant…. Celle du sang de leurs victimes lâchement assassinées. Nous venions d’échapper à l’horreur. Au loin, quelques rayons d’un soleil couchant perçaient les nuages. Ce halo céleste, qui semblait nous diriger, nous incita à poursuivre dans cette direction. Épuisés, les joues ravinées par les larmes, la peur au ventre, nous reprîmes la route, plein d’espoir.

 
Là-bas, un avenir nous attendait, mais il fallait seulement y arriver …….
Christiane
 
 
1 Schäferhund : Terme allemand signifiant "chien de berger allemand".
2 C'est bon, on s'en va
3 Surnom donné aux soldats allemands à cause de la couleur grise de leur uniforme.
4 Armée de terre de la Wehrmacht. Luftwaffe (armée de l'air) et Kriegsmarine (marine).
 
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Rédigé par Christiane

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Publié le 23 Mai 2025

Atelier : animaux et lieux
Décrire une odeur et terminer par un haïku (facultatif)
 
Sujet
Choisissez une image d’animal et de paysage.
D’abord, racontez votre rencontre avec la bête, décrivez son odeur, faites avancer votre histoire, puis terminer sur la photo du paysage, paysage qui vous parle tellement qu’il peut même vous inspirer un haïku pour finir en beauté et poésie votre histoire. (Le haïku reste facultatif).
Et votre « nouvelle-photos » est finie ! Bravo !
 
 

Cliquer sur les bandes d'images pour les agrandir

Les animaux

Histoire en photos : atelier 3
Histoire en photos : atelier 3

Les paysages

Histoire en photos : atelier 3
Histoire en photos : atelier 3

 

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Rédigé par Atelier Ecriture

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