Publié le 29 Mai 2024

 

José B...

 

Il a troqué les plaines fleuries contre un building en verre glacé. Et la combinaison pour un veston cosy. Le regard perçant, sourire moqueur sous une moustache fournie.
Le pas débonnaire et décidé, il monte l'escalator, son assistant et une stagiaire sur les talons.
Sa pipe en main, il sourit. Objet sculpté qui lui tient lieu de mascotte.
Il rêve.. la ferme rustique en pierre de taille, baignée dans la brume ardente du Larzac, au soleil couchant.
Le ciel de feu avant la guerre, celle du camembert et des produits chimiques.
Une guerre de cris contre une colonisation qui ne dit pas son nom.


Lui… un Gaulois moustachu au franc-parler, la lutte commune avec ses amis fiers et rageurs, durs à la tâche…. Sauver les champs, les bêtes, la vie rurale, garder un mode de vie âpre et discret. Nourrir le monde.
La vie comme un combat. Les échauffourés contre l'uniforme et la pensée unique. Le long chemin entre les champs de fleurs et les micros, les caméras. Les marches à gravir, les actions en justice, les succès, les échecs, la colère médiatisée, les séjours en prison.
Il est arrivé.
Bruxelles, 5e niveau du Parlement européen. Obtenir les documents nécessaires, contacter les membres de l'Office de Lutte Anti Fraude.
Il s'installe au bureau, entouré par ses acolytes. Il est un caillou dans les chaussures vernies de ses collègues députés.
Il veut la clarté d'un fonctionnement démocratique au sein des institutions.
Et dénoncer les lobbies au sein des commissions. Résister au temps qui use.
C'est l'heure du rendez-vous avec les Suédois, de mèche avec Philippe Morris.

Des yeux... et des tuyaux

Un dédale de tuyaux qui courent autour du lit, une débauche d'écrans aux lumières flashy, un arc-en-ciel de graphiques et de courbes au chevet des tubulures. Qui donc actionne les robinets ?
Ils sont flux et reflux au gré des humeurs, un débit joyeux, limpide, quand surgit la Boule Noire. Celle qui fait bloc, s'insurge et s'insinue.

 

Une résistance obscure au cours majestueux du liquide.
La vie en suspens.
Les yeux s'écarquillent en silence, bleus comme l'azur qui se voile sans savoir, sans vouloir, le jeu du mouvement perpétuel, aller-retour, ouvert-fermé, un jeu dangereux.
Le robinet se coince, hasard ou malveillance, usure des jointures, la rouille qui déboule, obstrue le futur.
Le tuyau s'alanguit, gémit doucement, s'aplatit sans un mot sous le poids des années.
Où vont donc les tuyaux ?
Il s'isole, vérifie ses outils.
Oublier les réseaux, revenir à la peau, le derme tenu, charnu, si fragile et subtil à la fois.
La peau, une caresse éphémère du vent, et le tuyau revit. Ou bien se replie timoré au plus profond du moi.
Les écrans se gaussent d'un semblant de pouvoir. Le vert titube le bleu sursaute le rouge s'assoupit. La nuit s'endort et lui revit. Il rêve les yeux ouverts.
La porte est close et l'espace confiné. Un air de déjà-vu.
La boule tourne, ne veut pas stopper. Le hasard et la nécessité. La chambre aseptisée. Tous les coups sont permis, il s'agit d'une vie.
Le labeur les yeux fermés, un sourire généreux.
Il faut bouger, faire des mains et des pieds, vêtir l'armure du soldat augmenté, le casque du scaphandrier, se rêver araignée ou bien drone argenté dans le ciel étoilé.
La puissance du réseau, des synapses en alerte. Les mots invisibles qui jaillissent de l'iris, un regard perforant qui retrousse les sourcils.
Tu vas y arriver… la source au plus profond.. le maître des écluses ou des veines trop polluées. Le flux en souffrance n'attend que ton clin d'œil, une pulsion écarlate, un souffle éperdu qui exclut les intrus.
La main se creuse, l'œil aux abois. La balle au rebond est dans ton camp. La lunette vise le ciel et la galaxie.
Tes yeux mobiles au milieu des tuyaux. Tu rêves, tu souris.

Le pont

Un pont-bascule entre deux mondes verticaux. L'éclat métallique d'un ciel soucieux, qui se mire dans le fleuve parsemé de voiles nonchalantes.
Un flux à sens unique, comme une inquiétude à franchir l'obstacle éphémère, lunatique.
Un arbre esseulé pointe son âme vers la cime… des tours comme des ruches assoupies où rien ne se butine.


Le fleuve, seule note de vie, celle qui bouge et fait bouger, une pulsion sereine et silencieuse,
dernier espoir d'un monde en souffrance.
Une sirène assourdie, plainte monocorde, le temps qui passe ou s'accélère.
L'un qui grimpe l'escalier, pipe au bec et sourire rageur, un rêve éternel et fragile au creux des lèvres. Le fil de sa vie, une voix grave et obstinée qui chante le besoin d'une nature à taille humaine. Comme un oxymore vivant au sein de ces tours visant le ciel.
L'autre est cloîtré sur un lit de misère, cœur blessé, main offerte, les yeux azur en prière immobile.
Le flux, un pont…. Joindre des rives incertaines, houleuses et volatiles.
La sirène incessante, le chemin comme un but, trouver la voie de l'ouverture.
Les rives de pierre, de terre et de verre, érigées en une gloire éphémère.
Le pont se lève, vaincu, laisse passer les guerriers aquatiques, fixe les rives opposées, comme un automate au sourire figé qui refuse de choisir.
Plus tard apaisé, il pourra consentir à rejoindre les rives, un choix encore fragile, franchir le Styx sous une lune noire, ramer, ramer, ramer encore.
Se battre bien sûr, retrouver le fil d'Ariane qui fait rugir le sang dans les artères.
L'un monte les marches en souriant, son pouls pulse au gré de ses pas. Il va convaincre, il veut gagner.
L'autre ferme le point, serre les lèvres et reprend peu à peu le contrôle du battement, le contrôle de son corps, une enveloppe étale qui veut retrouver vie.
Le pont dérive, se brise vers le ciel, un insecte géant qui frémit, bat des ailes, secoue son corps mou, lévite et suffoque, refuse les adieux.
Un fleuve de vie où s'agitent des fourmis indolentes, un ballet majestueux, incestueux, une rupture en un élan joyeux.

 

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Rédigé par Nadine

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Publié le 29 Mai 2024

Un dédale de tuyaux qui courent autour du lit, une débauche d'écrans aux lumières flashy, un arc-en-ciel de graphiques et de courbes au chevet des tubulures. Qui donc actionne les robinets ?
Ils sont flux et reflux au gré des humeurs, un débit joyeux, limpide, quand surgit la Boule Noire. Celle qui fait bloc, s'insurge et s'insinue.

 

Une résistance obscure au cours majestueux du liquide.
La vie en suspens.
Les yeux s'écarquillent en silence, bleus comme l'azur qui se voile sans savoir, sans vouloir, le jeu du mouvement perpétuel, aller-retour, ouvert-fermé, un jeu dangereux.
Le robinet se coince, hasard ou malveillance, usure des jointures, la rouille qui déboule, obstrue le futur.
Le tuyau s'alanguit, gémit doucement, s'aplatit sans un mot sous le poids des années.
Où vont donc les tuyaux ?
Il s'isole, vérifie ses outils.
Oublier les réseaux, revenir à la peau, le derme tenu, charnu, si fragile et subtil à la fois.
La peau, une caresse éphémère du vent, et le tuyau revit. Ou bien se replie timoré au plus profond du moi.
Les écrans se gaussent d'un semblant de pouvoir. Le vert titube le bleu sursaute le rouge s'assoupit. La nuit s'endort et lui revit. Il rêve les yeux ouverts.
La porte est close et l'espace confiné. Un air de déjà-vu.
La boule tourne, ne veut pas stopper. Le hasard et la nécessité. La chambre aseptisée. Tous les coups sont permis, il s'agit d'une vie.
Le labeur les yeux fermés, un sourire généreux.
Il faut bouger, faire des mains et des pieds, vêtir l'armure du soldat augmenté, le casque du scaphandrier, se rêver araignée ou bien drone argenté dans le ciel étoilé.
La puissance du réseau, des synapses en alerte. Les mots invisibles qui jaillissent de l'iris, un regard perforant qui retrousse les sourcils.
Tu vas y arriver… la source au plus profond.. le maître des écluses ou des veines trop polluées. Le flux en souffrance n'attend que ton clin d'œil, une pulsion écarlate, un souffle éperdu qui exclut les intrus.
La main se creuse, l'œil aux abois. La balle au rebond est dans ton camp. La lunette vise le ciel et la galaxie.
Tes yeux mobiles au milieu des tuyaux. Tu rêves, tu souris.

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Publié le 29 Mai 2024

 

Un pont-bascule entre deux mondes verticaux. L'éclat métallique d'un ciel soucieux, qui se mire dans le fleuve parsemé de voiles nonchalantes.
Un flux à sens unique, comme une inquiétude à franchir l'obstacle éphémère, lunatique.
Un arbre esseulé pointe son âme vers la cime… des tours comme des ruches assoupies où rien ne se butine.


Le fleuve, seule note de vie, celle qui bouge et fait bouger, une pulsion sereine et silencieuse,
dernier espoir d'un monde en souffrance.
Une sirène assourdie, plainte monocorde, le temps qui passe ou s'accélère.
L'un qui grimpe l'escalier, pipe au bec et sourire rageur, un rêve éternel et fragile au creux des lèvres. Le fil de sa vie, une voix grave et obstinée qui chante le besoin d'une nature à taille humaine. Comme un oxymore vivant au sein de ces tours visant le ciel.
L'autre est cloîtré sur un lit de misère, cœur blessé, main offerte, les yeux azur en prière immobile.
Le flux, un pont…. Joindre des rives incertaines, houleuses et volatiles.
La sirène incessante, le chemin comme un but, trouver la voie de l'ouverture.
Les rives de pierre, de terre et de verre, érigées en une gloire éphémère.
Le pont se lève, vaincu, laisse passer les guerriers aquatiques, fixe les rives opposées, comme un automate au sourire figé qui refuse de choisir.
Plus tard apaisé, il pourra consentir à rejoindre les rives, un choix encore fragile, franchir le Styx sous une lune noire, ramer, ramer, ramer encore.
Se battre bien sûr, retrouver le fil d'Ariane qui fait rugir le sang dans les artères.
L'un monte les marches en souriant, son pouls pulse au gré de ses pas. Il va convaincre, il veut gagner.
L'autre ferme le point, serre les lèvres et reprend peu à peu le contrôle du battement, le contrôle de son corps, une enveloppe étale qui veut retrouver vie.
Le pont dérive, se brise vers le ciel, un insecte géant qui frémit, bat des ailes, secoue son corps mou, lévite et suffoque, refuse les adieux.
Un fleuve de vie où s'agitent des fourmis indolentes, un ballet majestueux, incestueux, une rupture en un élan joyeux.

 

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Rédigé par Nadine

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Publié le 29 Mai 2024

 

L’atelier d’écriture
Ils sont là dans l’attente du sujet,
Le lundi c’est une aventure
Ecrire c’est se dévoiler
 
Comme des étudiants passant le BAC.
Ils stressent ils se rappellent les auteurs Baudelaire, Mauriac
Et sur la page blanche de leur cahier
Ils griffonnent des onomatopées
 
Mado joue avec les mots Anaphore, Acrostiche
Pour nous c’est comme si elle parlait yiddish
Le monde littéraire
S’entoure de mystère
 
Et pourtant chacun sur sa page
Ecrit en raturant la marge
Véronique, Brigitte, Marie-thé
Et Mireille se laissent souvent aller
 
Les mots les phrases
Parfois avec emphase
Louis et Dominique
Déclament d’une manière poétique
 
Elisabeth et Josiane
Jouent de Cyrano le rôle de Roxane
Alors que Bernard
Laisse sa plume trainer au hasard
 
Même Jean Michel Andreis
Signe et persiste
Que les cours de Mado
Règlent tous nos maux
 
Ghislaine et Donna
Fleurs de là-bas
Qui nous rappellent que le Maroc et l’Algérie
Sont tout près d’ici
 
Sans oublier Fernand qui nous entraine
Dans les ruelles malsaines
Où se trament des histoires
Dignes d’être écrite dans un grimoire
 
Christiane et son ordinateur
Qui ne sait pas écrire avec un stylo
Pourtant elle en écrit des mots
En partant avant l’heure
 
Heureusement il y a Arlette
Elle doute de tout même d’être
Qui nous rappelle comme dit le poète
Que les mots il faut les connaitre
 
Oolala j’ai oublié notre Dany nationale
Elle qui cuisine des recettes avec ses mots
C’est notre cerise sur le gâteau
Ses écrits restent dans les annales
 
L’atelier d’écriture du lundi
C’est notre havre de paix
A tous les temps et ce n’est pas interdit
On peut conjuguer entre nous le verbe aimer
Sans jamais se lasser
 
_____________________
 

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Rédigé par Bernard

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Publié le 29 Mai 2024

La tempête

 

 

- Aaahh !

Le cri est sorti sans qu'il l'ait voulu. Un cri englouti dans le vacarme de la tempête.

 

Pierre, cramponné à la structure de son bateau, se bat pour sa survie. Déséquilibré par le tangage affolé du voilier, il est tombé, s'est raccroché à ce qu'il a pu. Allongé sur une structure métallique, il s’agrippe des pieds, des jambes, des mains. La pluie l'aveugle, le vent le frappe, la mer mugit sous lui. Le voilier roule et ballotte, incontrôlable. A tâtons, il trouve un cordage qu'il tire vers lui de toutes ses forces dans l'espoir de manœuvrer la voile devenue folle.

Ne pas lâcher, surtout !

Il serre la barre d'acier entre ses jambes, s'arrime d'une main pendant que l'autre tracte ce fichu cordage qui lui résiste. La voile claque sous les bourrasques. Il ne parviendra pas à la vaincre, il le sait. Le vent est trop fort et lui, pas assez. Alors, il opte pour une autre solution : s'encorder pour ne pas laisser une lame furieuse l'emporter. Péniblement, le cœur battant d'angoisse de tout perdre à la moindre erreur, il réussit à enrouler la corde autour de son corps et l'attache solidement, du moins, il l'espère. A présent, ficelé comme un saucisson, il attend.

Le ciel est aussi noir que la mer, la tempête hurle, le bateau craque et gémit. Vaincu, Pierre pose sa tête sur la barre métallique glacée, ferme les yeux, acceptant ce qui viendra...

Le désert

 
... Moteur... ? ... bateau...
Le bourdonnement d'une mouche traverse la conscience de Pierre.
La tempête... la tempête...
Doucement, il émerge, réalise qu'il est au chaud, au sec.
La mouche continue son vol vrombissant.
C'est ça, le moteur... mouche à moteur...
La réalité s’immisce dans ses sensations. A peu près réveillé, il ouvre les yeux. Au-dessus de lui, le toit d'une tente. A côté de lui, une femme voilée, dont il n'aperçoit que le regard sombre, lui tend un mug fumant.
 
Il s'assied à demi et avale le thé à la menthe le plus délicieux, le plus réconfortant qu'il ait jamais goûté. Cela finit de le réveiller.
Il explore son environnement. Par l'entrée ouverte de la tente, il distingue des hommes en djellaba, turban sur la tête, devant une montagne de roches arides.
Hommes du désert... comment... refaire le film... la tempête, au large de la Sardaigne... Aurais-je dérivé jusqu'au Maghreb ?
Pierre se tourne vers la femme, mais elle s'éclipse. Un homme entre, s'adresse à lui dans un français parfait :
- Bonjour, je suis Salah.
- Bonjour, je suis... je suis....
Terreur dans les yeux de Pierre. Son nom s'est envolé, emporté par les bourrasques furieuses.
- Tu ne sais plus qui tu es ? demande Salah.
- ...
Salah sourit, compatissant :
- Je vais te raconter où on t'as trouvé. On passait par la côte pour s'approvisionner en vivres et médicaments avant de repartir dans le désert. On a vu ton bateau échoué, fracassé. Tu étais inconscient, attaché par un cordage, bien mal en point, mais vivant. On t'a emmené avec nous, on t'a soigné. On a fouillé ton bateau, on n'a pas trouvé tes papiers d'identité. On a supposé que tu étais français à cause d'un journal dans la cale.
J'ai fait mes études en France, je suis médecin. mais je préfère la vie nomade à la routine d'un cabinet en ville. Je suis bien ici, avec les miens. Repose-toi, la mémoire te reviendra.
 
Pierre, épuisé, désemparé, se rendort aussitôt d'un sommeil sans rêve.
Les jours passent, il reprend des forces, participe à la vie du groupe, mais sa mémoire n'est pas revenue.
Sensation terrible que d'être sans passé, sans famille, sans ami, sans nom. Enfin, pas tout à fait sans nom : Salah l'a surnommé Yamal, espoir en arabe.
Bien besoin de yamal... Je ne sais plus où j'habite, au sens littéral de terme...
Car, il a tout perdu. Il n'a aucune idée d'où il vient, où il vivait, pourquoi il était seul sur un bateau. Rien, il ne sait plus rien. Il ne sait pas non plus ce qu'il va devenir. Rester avec ces gens qu'il commence à connaître et qu'il apprécie...? Se rendre dans une ambassade, expliquer son cas, avec toutes les complications qui ne vont pas manquer de lui tomber dessus...? Etait-il un honnête homme, un truand...?
Ses souvenirs s'arrêtent à la tempête, au bateau fou, au vent furieux, aux embruns glacés, à la corde qui l'a sauvé. Avant, rien.
 
Peut-être est-ce l'occasion de recommencer, ou plutôt, de commencer une vie, vierge de passé, riche d'avenir ? Une vie anonyme et nomade, camouflée sous une djellaba et un turban, dans les sables du désert...?

Les marmites

 
 
 
Pierre observe les deux marmites. Deux marmites en terre claire, rondes et profondes, avec deux oreilles en guise de poignée. Deux marmites toutes simples, mais si délicates, pourtant. Elles misent sur leurs couvercles pour sublimer leur beauté.
 
 
 
 
La première fait la belle, coiffée d'un chapeau d'argile en forme de dôme à fines rainures concentriques, traversées par trois bandes vertes, improbable triangle aux cotés arrondis, lui-même coupé d'un trait noir en trois brins, autre triangle déformé, pour venir encercler et attirer le regard sur son petit chignon en forme de coupelle, arboré fièrement en son sommet.
 
Elle le nargue, le provoque... Pierre ne saurait le définir, mais ce dont il est sûr, c'est que cet objet lui rappelle quelque chose qui se refuse à émerger. La deuxième marmite sera-elle plus conciliante...? Pierre la détaille : même forme, même dimension, juste le couvercle qui change. Ici, des bandes vertes, roses, des traits noirs partent de dessous la coupelle sommitale pour déborder sur le rebord de la marmite. Marmite qui reste tout autant hermétique que sa sœur.
 
L'épouse de Salah les utilise pour faire mijoter le repas du soir. A demi enterrées, entourées de braises, les marmites murmurent, chuchotent, clapotent, chacune racontant à l'autre ses secrets de cuisson en laissant échapper, par moment, un petit sifflement odorant, diablement appétissant.
 
Salah, assis à même le sol à côté de Pierre, sourit :
- Elles n'ont rien d'arabe ces marmites, hein ?
Pierre acquiesce :
- Elles m'interpellent... je les connais, mais je ne sais pas d'où... Et tu as raison, elles n'ont rien d'arabe. D'où viennent-elles ?
- Je ne sais pas, elles sont là depuis mon enfance. Je les ai toujours vues.
Pensif, Pierre secoue la tête.
- Je les connais, ces marmites...
 
Un souvenir est là, tout près... Il rôde, cherche une issue... surgit : donabé !
- Donabé, donabé, c'est donabé. Note, Salah, avant qu'il m'échappe. Donabé.
La tête entre les mains, Pierre s’accroche à ce mot, le décortique, le pénètre pour accéder au cœur de sa mémoire perdue. Donabé...
Soudain, le flash : marmites japonaises dans la cuisine de sa grand-mère. Lui enfant, les vacances chez Mamie... un chalet à la montagne... les marmites sur le poêle et les mijotés de Mamie qui sentaient bon. Et puis, un jnour, Mamie n'est plus là, le chalet non plus.
- Ce sont les marmites de ma grand-mère. En tout cas, ce sont les mêmes. Des marmites japonaises appelées donabé.
 
Salah regarde Pierre, du bonheur dans les yeux.
- Yamal, tu réalises que tu viens de retrouver un souvenir ? Comment s'appelait ta grand-mère ?
- Ça, je ne le sais pas encore, répond Pierre, mais ça viendra... peut-être... yamal....

Le village

Ils ont marché pendant plusieurs jours, bivouaquant la nuit pour repartir à l'aube. Au crépuscule du soir, ils arrivent enfin à destination.

En passant le dernier col, le village apparaît, paisible, au bord de l'eau. Paré d'ocre, d'or, de lumière, il se blottit contre des collines douces et vallonnées qui l'entourent et le protègent comme une mère.

Au-dessus de lui, dans ce bleu splendide que prend le ciel quand il voit approcher la nuit, s'étire un voile rose, comme pour le couvrir de tendresse.

Harmonieux, rassemblé  sur lui-même, le bourg s'étage en bâtisses de pierres de différentes hauteurs. Des arbres bordent son rempart, d'autres se cachent derrière ses murs, ne laissant apparaître que leurs crinières, touffes vert sombre qui dépassent par-ci, par-là. A ses pieds, la mer lisse reflète l'or et l'azur des pierres et du ciel. Un minaret blond, coiffé d'un dôme élégant, veille sur le village.

C'est l'heure sereine, juste avant la nuit, l'heure de silence, quand le temps prend des airs d'éternité. Et la beauté dilate le cœur.

Yamal en a les yeux qui piquent. Ce pays l'habite, son choix est fait. C'est avec ces femmes et ces hommes qu'il veut vivre désormais. Même si sa mémoire semble revenir, parfois. Des images fugaces le traversent par moment... L'autre jour, en franchissant un passage délicat dans la montagne, une pierre a roulé.

- Pierre ! a-t-il crié pour prévenir les autres. Pierre, pierre, pierre... en écho dans la vallée... en écho dans sa tête quand sa grand-mère l'appelait... Pierre... son prénom ? Sans doute, mais aujourd'hui, il préfère Yamal, son nouveau nom de baptême.

A ses côtés, Salah, son frère, le guide vers un avenir lumineux.

_____________________

 

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Rédigé par Mado

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Publié le 29 Mai 2024

Ils ont marché pendant plusieurs jours, bivouaquant la nuit pour repartir à l'aube. Au crépuscule du soir, ils arrivent enfin à destination.

En passant le dernier col, le village apparaît, paisible, au bord de l'eau. Paré d'ocre, d'or, de lumière, il se blottit contre des collines douces et vallonnées qui l'entourent et le protègent comme une mère.

Au-dessus de lui, dans ce bleu splendide que prend le ciel quand il voit approcher la nuit, s'étire un voile rose, comme pour le couvrir de tendresse.

Harmonieux, rassemblé  sur lui-même, le bourg s'étage en bâtisses de pierres de différentes hauteurs. Des arbres bordent son rempart, d'autres se cachent derrière ses murs, ne laissant apparaître que leurs crinières, touffes vert sombre qui dépassent par-ci, par-là. A ses pieds, la mer lisse reflète l'or et l'azur des pierres et du ciel. Un minaret blond, coiffé d'un dôme élégant, veille sur le village.

C'est l'heure sereine, juste avant la nuit, l'heure de silence, quand le temps prend des airs d'éternité. Et la beauté dilate le cœur.

Yamal en a les yeux qui piquent. Ce pays l'habite, son choix est fait. C'est avec ces femmes et ces hommes qu'il veut vivre désormais. Même si sa mémoire semble revenir, parfois. Des images fugaces le traversent par moment... L'autre jour, en franchissant un passage délicat dans la montagne, une pierre a roulé.

- Pierre ! a-t-il crié pour prévenir les autres. Pierre, pierre, pierre... en écho dans la vallée... en écho dans sa tête quand sa grand-mère l'appelait... Pierre... son prénom ? Sans doute, mais aujourd'hui, il préfère Yamal, son nouveau nom de baptême.

A ses côtés, Salah, son frère, le guide vers un avenir lumineux.

 

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Publié le 29 Mai 2024

Lagune - Burano - 1990

Lagune - Burano - 1990

Atelier :
Le narrateur et le point de vue
 
Sujet :
Personnage ? Vêtement ? Immobile ? Animé ? C’est comme vous voulez. Commencez son histoire et passez la feuille à votre voisin pour qu'il poursuive… en respectant bien le narrateur et point de vue choisis précédemment !

LES TEXTES

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Pour les absents qui ont participé virtuellement, même sujet à faire tout seul...

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Publié le 29 Mai 2024

 

Jean était frigorifié sur le ponton en attendant Rose avec qui il devait discuter d'un avenir possible. Il s'était enveloppé la tête et les épaules d'une vieille couverture mitée trouvée dans le coffre de sa voiture.
 
L'heure était passée depuis longtemps mais il espérait encore. Les deux billets pour le Brésil bien au chaud dans sa poche lui rappelaient sa promesse.
 
Malgré tout le doute commençait à le tenailler. Les billets de la délivrance serviraient ils à apporter la délivrance ?
Rose, sur le pont du bateau qui fonçait vers Jean égrenait dans sa tête le temps qu'il restait avant ses retrouvailles avec Jean. La fuite, le Brésil, la liberté. Tout cela voguait à ses côtés.
 
Est-ce de la naiveté, Jean était incorrigible et pensait qu'un changement de terre pouvait redresser son destin. Sa rencontre avec Rose l'avait apaisé quelques temps mais...
 
Jean vit arriver au loin une immense forme, le bateau, cette délivrance le bonheur retrouvé, une remise en question.
Il avait fuit physiquement, mais son esprit, le visage de sa bien aimée lui réchauffait le coeur.
Ce coeur battait la chamade.
 
Ces images idylliques explosérent quand Rose sortant du bateau vers le ponton, se précipita dans ses bras. Balayé, le doute et l'angoisse. Elle était là, contre lui, pour un avenir possible.
 
Coucou. Quel beau paysage tout de même. Content de te retrouver. Je t'ai préparé des légumes à l'étouffée ça va nous réchauffer.
 
Rose le regarda interloquée, des légumes à l'étouffée alors qu'elle ne rêvait que d'être étouffée contre son corps et sentir ses mains jouer de mille caresses le concerto de la tendresse.
 
Décidément Jean et elle n'avaient pas les mêmes priorités. En plus déclara t'il les billets sont antidatés.
Elle voyait son beau rêve partir en fumée.
 
Elle pensait prendre ses jambes à son cou et fuir sans se retourner cet individu n'était pas pour elle.
 
Rose se retourna sans regarder le beau visage torturé de Jean qui ne rêvait que d'elle.
 

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Publié le 28 Mai 2024

 

Il avait déposé ses vêtements sur le poteau au bout du ponton où était-il passé le lac garder son mystère Pas une ride ne venait troubler le miroir dans lequel le ciel se mirait.
 
aussi loin que porter le regard il Il n'apparaissait nulle part ni dans l'eau ni sur une débarque tranquille il semblait S'être volatilisé après s'être dévêtu
 
même dans le lac pas un trouble il semblait volatilisé avait-il plongé ou était-ce une vision un rêve soudain un bruit il réapparut sous le ponton.
 
je poussais un cri d'effroi du sang coulait d'une blessure sur son front son visage était blême ses yeux semblaient vides.
 
mais en la voyant il reprit ses esprits et un léger sourire apparut sur ses lèvres la suite lui semblait prometteuse.
 
il avait soudain envie de vivre et de respirer et l'avenir lui semblait à nouveau radieux.
 
Ces derniers jours avaient été si merveilleux il n'osait encore y croire mais il devait Vite intervenir le soigner le cajoler toute la vie était douce.
 
ils allaient tous les deux vers l'avenir radieux qu'ils allaient construire avec détermination.
 
déjà dans sa tête même encore abstraite les esquisses du futur à deux s'impliquaient peu à peu des rires des bras grands ouverts du soleil du bruit de l'allégresse.
 
de l'espoir de la lumière jour après jour, n'oublions pas que le soleil se cache derrière ces nuages alors je vais à Orly.
 
il est ressuscité ou est-ce la mémoire de son amour disparu que l'image rieuse lui renvoyée ces derniers moments de joies.
 
En tout cas ses vêtements étaient toujours là là où il les avait laissés.
 
les vêtements c'est déjà quelque chose.
 
à quoi pouvait-il servir dans ce camp de nudistes
 

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Publié le 28 Mai 2024

 

Hélène fixait l'horizon malgré le châle dont elle s'était couverte elle frissonnait dans le petit matin blême les heures s’égrenaient lentement pas de trace de Maxime.
 
Mets la confiance l'emporter sur le désespoir il avait promis et il était de parole ses yeux avaient parlé pour lui.
 
Maxime avancer D'un pas assuré il distinguait en guise d'horizon les lignes du rivage et un point encore lointain qui sans aucun doute devait être Hélène son Hélène.
 
c'est dans ces instants d'angoisse qu'il ressenti la place immense qu'elle tenait dans sa vie et il se jura de la secourir et de ne plus la tromper.
 
Hélène se souvenait des jours heureux passés avec lui mais l'angoisse d'une rechute alcoolisée et les coups de folie de la part de cet homme qu'elle aimait ou peut-être maintenant avait aimé se transformaient mais en peur de l'avenir.
 
Il s'approchait elle aurait reconnu sa silhouette et sa démarche entre mille il approchait l'air suppliant mais elle avait trop longtemps cru en ses mensonges pour lui faire à nouveau confiance.
 
Il approchait dans le soir venant et Hélène fixait l'horizon s'imaginant une histoire d'un pêcheur revenant avec des huîtres perlières et rêvait d'un collier magnifique autour du cou.
 
Le collier n'était-il pas le symbole de la soumission à cet homme dont elle ne pouvait se séparer l'amour a parfois des chemins tortueux.
 
Hélène senti en elle une force nouvelle et entendit une voix intérieure qui lui conseillait de fuir cet homme dans un élan salvateur elle s'enfuit dans la direction opposée.
 
Hélas son pied ripa et elle tomba dans l'eau.
 
Elle parvint à s'accrocher à une pile du ponton que faire maintenant nager essayer de remonter sur la terre ferme afin de prendre une décision radicale fuir
 
C'est ce qu'elle fait et elle le fit bien.
 
Elle allait dire adieu à sa vie fini les angoisses l'attente les coups quand il rentrait ivre trop longtemps elle avait été lâche mais désormais elle allait prendre sa vie en main
 

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Rédigé par Atelier Ecriture

Publié dans #Ecrire sur des photos

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