Publié le 15 Octobre 2019

Je reste planté là. Sur cette étagère d’un brocanteur du vieux port une résurgence de ma jeunesse a accroché mon regard. Mon intérêt pour cette « chose » n’a pas échappé au vendeur.

-Il vous intéresse ? Un authentique Hollywood-Richardson 1930. Il vient des studios de la Victorine, vous savez !

Ça, je le savais ! C’était le compagnon fétiche de mon père Ernest Dubois, maître incontesté de ces sources intenses qui décident de tout !

 

L’art du cinéma, me disait mon père, est de rendre plus vrai que nature la scène que vivent les acteurs. Accompagner avec tendresse les mélos, laisser crier en pleine lumière les scènes d’action.

-Tiens, je vais te dire ! Tu te rappelles Jeanne Moreau et ses rides ?

Moi, je voyais très bien où il voulait en venir. Une photo de cette scène traîne encore dans sa collection de clichés mémorables qui résume une vie à elle seule.

Jeanne Moreau était apparue lors de cette séquence dans un clair-obscur qui la transformait en une jeune fille à la peau immaculée. Elle en avait embrassée mon père.

-Vous êtes un magicien, lui avait-elle dit.

Hollywood-Richardson n’était pas peu fier ! Voilà que tout me revenait, sans émotion, comme on sourit à un souvenir qui passe brusquement.

 

L’authentique « chose » semblait m’avoir reconnu. Il me fixait avec insistance. Peut-être encore présentes, mes empreintes sur ces formes rondes ?

Mon père me demandait souvent de l’assister dans ses réglages.

-Moins violent ! Couvre-le avec le « scène-ombré » là, à côté de toi !

Lui, sortait sa cellule Paillard et vérifiait.

-Parfait, tu as pigé !

L’environnement semblait obéir, la magie opérait. Le souci du détail juste nous conduisait à ce point crucial où l’on perdait le sens de la fiction. Je me sentais dans l’action.

-Ça fait vrai !

-Mais enfin fiston, si ça n’est pas vrai, personne n’y croira !

Est-ce qu’il savait, à cet instant, que trois ans plus tard Hollywood-Richardson allait figer la photo souvenir de mon mariage ?

 

-Vous m’écoutez ? reprenait le vendeur, une véritable pièce de collection !

-Oui, oui je m’en suis rendu compte.

-Ah, monsieur est un connaisseur !

En fait, je me demandais comment cet accessoire indispensable à une mise en scène réussie avait pu atterrir ici chez ce brocanteur ?

 

Je rêvais à ce passé si loin. A cette manière que mon père avait de me communiquer sa passion, sa façon à lui de respirer, de faire corps avec le scénario.

 

Un vieux monsieur me fixait depuis un instant.

-Je vous ai reconnu, vous êtes Bertrand Dubois ! Toujours dans les pattes d’Ernest ! Je me trompe ?

L’espace d’un éclair, je revis ce visage plus jeune, juché sur une échelle, attentif aux instructions de mon père qui pestait :

-Bon sang Antoine, plus de flou, plus de flou !

 

-Vous savez quoi ? Cet engin c’est moi qui l’ai déposé ici ! Puis s’adressant au brocanteur :

-Il n’est plus à vendre monsieur. Il a trouvé preneur et pas n’importe lequel ! Je vous l’offre Bertrand !

Je m’éloignais avec Antoine, mon paquet sous le bras.

 

Le soleil s’était couché depuis longtemps. Nous nous étions attablés à un café de la place Garibaldi. Les verres se succédaient. Antoine parlait, parlait…

-Ton père disait toujours : on ne traite pas un drame comme on aborde une comédie. Coller au plus près quoi !

Les traces laissées par cet engin reprenaient vie.

Les scènes de « Mélodie en sous-sol » défilaient dans les souvenirs de l’assistant de mon père.

-Gabin le roc, Delon le petit voyou prêt à tout, prévoir un crépuscule dramatique. La scène finale avec des centaines de billets qui remontent à la surface de la piscine du Palm-Beach, se coller à la bienveillance d’une comédie aidé par la musique bien sûr.

Je regarde ce projecteur à côté de moi et je pense à ces tours de force qu’on lui avait demandé. J’écoute Antoine qui raconte, raconte…

Plus tard, j’essayerai de mettre en lumière tout cela avec des mots…

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Rédigé par Gérald

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Publié le 15 Octobre 2019

La petite reine, vous connaissez ?? Tout le monde connaît bien sûr !!

Oui mais moi, je suis une « petite reine » améliorée, avec un petit moteur à l’avant… unique en mon genre. Un mécano de génie m’inventa pour véhiculer la jeunesse et surtout pour les jeunes filles qui ne voulaient pas se décoiffer, le casque n’était pas encore obligatoire et nous avions pratiquement toutes de magnifiques chignons super laqués. 25 km à l’heure, juste la petite griserie de la bise sur les joues, et puis il y avait le repose pieds, pour les deux pieds accolés ensemble, on n’avait jamais vu ça, les petites jeunes filles des années 60 m’adoraient, on ne parlait pas encore d’ados, juste une petite pincée de teen-agers pour faire américain.

Et comble du design, mon tout petit moteur était à l’avant et en hauteur, pour ne pas se brûler.. J’étais un petit bijou de technologie et d’économie, avec deux francs de mélange je vous baladais pendant une semaine !! C’est certain, c’était l’engin idéal pour tout le monde, plébiscité par la jeunesse et les parents…

J’étais le petit cyclo qui circulait partout, dans toutes les villes, ah ! j’oubliais de vous dire j’étais très chic, très smart, tout noir, sobre et élégant alors que toutes les mobylettes avaient des couleurs attendues : bleu, vert, beige, et qu’elles pétaradaient dans des gerbes noires au démarrage, moi, élégante, je gazouillait à peine, un petit brr,brr, la grande classe je vous dis.

Mais le succès, quelquefois, a des effets pervers et inattendus et c’est comme cela que je me suis retrouvée «star » dans un film « mon oncle », un calvaire !! Moi, qui était conçu pour promener de frêles jeunes filles, me voilà devenue la monture d’un certain Tati, Tati, quel nom ridicule, de plus ce Tati mesurait 1m90 et pesait au moins 95 kg, et le voilà en selle, il pédale un peu, allez trois tours de pédale, lâche le moteur, oui oui on lâchait le moteur, car au repos le moteur était accroché au cadran, un bijou de technologie vous dis-je !! Il fallait donc que je prenne une respiration, que je l’insuffle dans le moteur pof pof pof et hop je démarrais…rien à faire Tati n’y arrivait pas… d’abord ses jambes étaient trop longues et puis pour attraper la boule noire de la manette qui libérait le moteur il n’avait pas l’adresse, ce ne fût pas un bon souvenir, il fallut qu’un jeune accessoiriste me démarre gentiment puis le Tati m’enfourchait et hop on partait, je peux vous le dire maintenant, il a massacré cinq Vélosolex pendant le tournage !!! Pas un bon souvenir, non, non.

Pour Tati non plus ce ne fût pas un bon souvenir, et ce jour-là en bas de Montmartre, je n’en pouvais plus ; comment monter la côte ? La doublure de Tati commence à pédaler et m’emmène tout en haut, devant le manège pour enfants, Tati est là et attend lui aussi ; il appréhende la descente, nous voilà partis, moi je tremble sur les pavés et Tati, grandes jambes écartées, perd le contrôle et là je ne sais plus, Tati hurle ah ! !!!!!! le câble droit du frein casse, Tati avec ses trop longues jambes, freine comme il peut avec ses pieds, je me cabre et glisse sur le côté, Tati s’envole et s’écrase sur les pavés. Trois côtes cassées.

 

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Rédigé par Françoise S.

Publié dans #Cinéma

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Publié le 15 Octobre 2019

Vous la connaissez l’histoire du petit cinéma de quartier, tout le monde la connaît, on en a même fait une chanson, vous vous souvenez ?... La lumière va se rallumer sur le petit cinéma de quartier, c’était la dernière séance, et le rideau rouge est tombé... et bien le pire, c’est qu’il n’est rien devenu ce petit cinéma, mon petit cinéma, vous pouvez aller contrôler, à sa place il n’y a rien et pourtant je pourrais y retourner les yeux fermés et retrouver ma place, oui, oui,  j’y avais ma place, une place adossée à un pilier ; qui avait pu  imaginer cela dans un cinéma, des piliers !! Il y en avait deux, moi le mien c’était celui de droite, mon siège était là, en velours rouge, adossé au pilier, un velours rêche qui me piquait un peu les jambes.

Comme j’étais petite, on ne dépliait pas l’assise et on me juchait sur le dossier, c’était parfait !! J’étais presque aussi grande que Maman et je pouvais appuyer ma tête sur le pilier et ça c’était épatant surtout depuis que je m’étais rendue compte que j’étais la seule à jouir d’un tel privilège, car moi j’avais un siège avec un pilier appuie-tête. Je pouvais même m’endormir si le film ne me plaisait pas ce qui arrivait parfois, je dormais, là, bouche ouverte, la tête contre mon pilier. Il faut dire que lorsque j’étais enfant, on ne faisait pas tant cas des désirs des enfants. Les parents choisissaient un film et nous on suivait..

A cette époque, on pouvait pratiquement tout voir au cinéma, les westerns, les fils d’amours chastes et à l’eau de rose, les films historiques, les films policiers…. C’était souvent avec eux que je m’endormais, c’était souvent compliqué et je me passionnais pas pour ces histoires de grands…

Que d’émotions, que d’émois sur mon fauteuil de velours ! Chaque séance se déroulait de la même façon : d’abord il y avait les actualités, la politique : des messieurs sérieux qui disaient des choses importantes, je regardais Papa, il opinait du chef !! Moi, je remuais un peu parce que c’était long, j’attendais le dessin animé. Maman me donnait un rouleau de réglisse, c’était pas cher et ça durait longtemps. Ça y est presque, je reconnais cette musique qui devient très forte : Jean Mineur vous présente…. Et là , arrivait mon petit copain le mineur qui me faisait un clin d’œil ; pour me taquiner Maman me disait à l’oreille « c’est ton fiancé », je me sentais devenir toute rouge.. heureusement nous étions dans le noir !..

Après cette bouffée de honte sentimentale, c’était pour moi, le clou de la soirée : le dessin animé, quel bonheur, c’étaient des dessins animés américains… il n’y avait que là, au cinéma qu’on pouvait les voir, on n’avait pas la télé à l’époque.

Juchée sur ce fauteuil, les jambes pendues dans le vide j’ai vécu de grands moments de ma vie de petite fille, je suis tombée éperdument amoureuse du crâne de Charlton Eston, et d’ailleurs cela ne m’a pas quittée, j’ai ri aux larmes avec Fernandel lorsqu’il jouait Don Camillo, je suis morte de peur devant l’arrivée inopinée des Apaches qui égorgeaient les gens dans des chariots lancés à toute allure sur des chemins poussiéreux, je me cramponnais à mon fauteuil, j’enfonçais mes ongles dans le velours, mais je le caressais lorsque Ginger Rogers dansait avec Fred Astaire. C’était magique ils étaient très beaux et elle avait de belles robes. C’est décidé, je serai Ginger Rodgers lorsque je serai grande, et….

Je suis devenir grande, je ne suis pas danseuse, j’ai changé de quartier, de ville, les cinémas maintenant sont modernes, les fauteuils accueillants, mais quand même lorsque je vois un petit bonhomme assis sur le dossier de son siège et bien… je l’envie !!!!

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Rédigé par Françoise S.

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Publié le 15 Octobre 2019

La lumière s'éteint... Je pousse un soupir d'aise, les bras ballants. Quelques silhouettes éparses dans la salle, une musique douce qui s'installe, l'idée du bonheur..

La bande-son qui me parvient titille mes oreilles. Un dialecte sud-américain qui fait chaud au cœur. Sans parler du thème abordé.. La Guerre des Clans en Colombie, à l'aube du commerce de la drogue. Près de moi, un ado hébété se prend au jeu et envoie vers le ciel des volutes odorantes.. un régal ! Mais.. pourvu que ses effluves n'imprègnent pas trop mes tissus.. ça pourrait dissuader de futurs clients !

Du coup, je m'envole..

La semaine dernière, malgré un gros balourd qui pesait sur moi et obstruait ma vision, j'étais au Kenya, me délectant des amours interdites de deux jeunes beautés blacks en tenue chamarrée..

Je voyage..

Oups ! Une mégère endimanchée s'est faufilée dans le noir, et s'assoit sur moi de tout son poids, me coupant le souffle, jusqu'à expirer un jet de poussière moite. Je peste en silence. Ses vertèbres gigotent et me chatouillent, mon champ de vision se réduit aux tresses multicolores de la jeune kenyane délurée. Une désolation.

Trente ans plus tôt.

Je vis à Paris, la ville lumière, dans une salle obscure dédiée au film d'horreur.

Le Brady, au quartier latin.

La salle est pleine d'une jeunesse insouciante et fantasque, qui aime jouer à se faire peur, gloussant de joie et les yeux exorbités. Quant à moi, je suis squelettique, à peine recouvert d'un tissu sombre, très vite effiloché. ​ C'est le temps des vaches maigres..

Plus tard, je m'impose dans une salle d'art et d'essai à peine plus confortable.. et reçois en mon sein d'augustes postérieurs, agrémentés de têtes bien faites.

Ah... Les intellos !

Bientôt peut-être, je finirai mes jours dans les studios rénovés d'un pôle mythique du cinéma. C'est du moins le rêve de mon directeur.

Aujourd'hui....La Mégère semble avoir entendu mes soupirs furtifs.. après une série de vives contorsions, elle se dégage de mes bras comme si j'exhalais soudain un jet pestilentiel.​ Ouf..

Autour de moi, beaucoup de collègues sont vides, attestant sans doute de la désaffection des salles en faveur du home cinéma.. triste époque !

La salle est déserte...

L'image s'est figée sur une chaste étreinte des deux héroïnes africaines.

Dans mon dos une présence. L'ouvreuse vient contrôler l'état des lieux, et récolter les objets oubliés. Elle glisse sa main sur ma peau, me caresse doucement, décolle quelques cheveux abandonnés. Enfin on me cajole, on s'occupe de moi.. et de mes camarades. Juste retour des choses.. je suis le fer de lance du confort moderne. Moi, et mes amis de velours.

Une ode au 7e art..!

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Rédigé par Nadine

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Publié le 15 Octobre 2019

Journées Portes Ouvertes aux Studios de La Victorine. Pour l’occasion, la fée-ciné m’a donné la parole. J’en profite pour vous raconter ce qui se passe autour de moi. Je n’ai jamais vu autant de monde ! Heureusement qu’une barrière empêche les gens d’entrer et d’accéder à mes vieilles machines. Elles sont à l’arrêt aujourd’hui. Le vacarme provient de l’extérieur, de la foule. J’attrape quelques bouts de phrases au passage … ça sent bon le bois… il est grand cet atelier… alors c’est là qu’on faisait les décors… ?

Hé oui, c’est là qu’on faisait les décors. Je suis l’atelier de menuiserie des Studios de La Victorine et j’en ai vu passer… Une grande équipe d’ouvriers pour scier, tailler, clouer, sculpter le bois. Les machines tournaient toute la journée.

Je crois que le summum des décors, c’était pour le film Les Enfants du Paradis. On a construit toute une rue de façades imitant une rue parisienne. Des décors énormes, un travail gigantesque. Ah ! Elles ont souffert mes pauvres machines, et les ouvriers aussi. Un millier de figurants, une cohue gesticulante entre les panneaux de bois. Fallait faire du solide, croyez-moi ! De temps en temps, un élément du décor revenait vers moi pour restauration. Ah ! Quelle époque !

Dommage que ma parole soit inaudible. Les gens passent sans m’écouter. Quelques panneaux explicatifs les renseignent ; je doute qu’ils sachent transmettre l’enthousiasme, l’effervescence, le rêve, l’illusion qui émanaient de cette aventure. De ces aventures… Car il y en eu de beaux tournages à La Victorine !

Tiens ! Vous souvenez-vous de Brigitte Bardot dansant le mambo dans Et Dieu… créa la femme ?

Le décor ? C’est moi qui l’ai fait. Le sol en damier noir et blanc, les escaliers, les murs, tout est issu de mes machines et de mes ouvriers… des ouvriers qui travaillent sous mon toit, je veux dire. D’ailleurs, certains se sont éclipsés lors du tournage de cette scène. Je devine bien où ils sont allés…

J’ai participé à tellement de films en cent ans d’existence. Si je devais vous parler de tout ce que j’ai abrité ici, cent ans n’y suffiraient pas.

Le soleil décline déjà. De la foule compacte de l’après-midi ne restent que quelques quidams éparpillés. Les gens s’en vont. Bientôt la nuit, le silence, le repli derrière mes portes fermées.

Mais je garde l’espoir… Un jour, un nouveau décor s’élèvera...

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Rédigé par Mado

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Publié le 15 Octobre 2019

Moi, la cannoise, de mes vingt-deux ans passés dans cette ville, j'ai pu le voir ce fameux tapis !! Mais je lui laisse la parole :

« Aussi loin que je me souvienne, le premier Festival a eu lieu en 1947, j’étais déjà là ....

Que de monde sur la Croisette, c'est vrai que dans cette jolie petite ville, il se passe toujours un évènement important.

A mes débuts, il y avait des starlettes, jeunes filles au minois intéressant, jouant de leur chevelure, de leurs hanches ou autres attributs féminins, beaucoup sur la plage de sable mais sur moi aussi, sautillant de joie.

A présent je suis plus épais, d'une couleur rouge flamboyant, plus grand... mais je m'égare... les années, à vous, public, sembleraient les mêmes... pas du tout ...

Dans les années 1960/1970, on prenait soin de moi, me regardait avec gratitude et respect, les actrices me parcouraient de la Croisette, montaient les marches tout en s'arrêtant prenant la pose et s'engouffraient dans le Palais des Festival. De nos jours, ce ne sont plus de simples figurantes (quoi que...), mais des femmes avec la volonté d'être des actrices reconnues, prenant des poses contrôlées, des allers-retours (quelquefois on se croyait dans un défilé de mode...), certaines robes, comme celle de Sophie MARCEAU qui a malencontreusement laissé voir son sein.. ( j'ai ri, si, si, je peux, si je veux ..)

Des talons aiguilles bien trop hauts qui se prennent dans mes plis : Aie, Aie, fait attention.

Mes durées de vie ne sont pas longues, mais intenses, j'aime bien ce que je suis, oui je sais, je suis prétentieux, narcissique, les premiers jours je me régale des gens que je vois en coin, montés sur des échelles pour me voir, mais non pas moi.. enfin un peu.. surtout de sublimes acteurs ténébreux avec lesquels ils rêveraient de tourner.

Une année, il y a deux ans je crois, les femmes, des Femmes ont poussé un cri, des cris pour une parité égale hommes/femmes dans le cinéma.

C'était dur, elles pesaient leur tour de hanches ! Enfin, ces actrices ont eu raison et puis, je suis là sous leur pieds, les soutenant moralement et physiquement...

Mais au bout de quelques jours, le Festival se termine, et moi je vais disparaître ayant donné le meilleur de moi même.

A l'année prochaine, un autre Tapis Rouge prendra ma place... »

 

 

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Rédigé par Dominique

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Publié le 14 Octobre 2019

 

MÉMOIRE – TEMPS DU RÉCIT

 

 

Racontez les mémoires d’un fauteuil de cinéma, d’une caméra, ou de l’atelier de menuiserie de la Victorine, du tapis rouge du palais des festivals de Cannes.

LECTURE :

Ne le dis à personne – Harlan Coben – (un roman adapté au cinéma)

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Rédigé par Atelier Ecriture

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Publié le 14 Octobre 2019

Ce qui m’arrive est à peine croyable ! Jusqu’ici, je coulais des jours tranquilles dans ce bel appartement de Manhattan. Je faisais partie des meubles, pourrait-on dire et du décor plutôt chic et luxueux de cette grande pièce aux larges baies vitrées. Contrairement à la plupart de mes semblables, je ne servais pas à entasser toutes sortes d’objets que l’on veut cacher à la vue des visiteurs et que l’on se promet de ranger un jour ou l’autre. J’étais quasiment vide. J’étais là pour la qualité de mon bois, le raffinement de mes ferrures, mon volume en harmonie avec l’ensemble de la pièce. Recouvert d’un joli tissu qui servait parfois de nappe, j’accueillais cocktails, apéritifs et autres collations auxquels étaient conviés des invités élégants, courtois et discrets ; parfois aussi on déposait des boîtes à cigares, des cendriers, des briquets, même plus rarement des clés ou autres bricoles ordinaires dont on vidait ses poches et que je n’appréciais guère, car elles me semblaient trop triviales pour moi.

 

Mais ce soir, mon destin a basculé. Brandon a invité Philip et David, ses camarades d’université et a réussi à persuader Philip qu’ils pouvaient commettre le crime parfait en assassinant David. Ils l’ont étranglé avec une corde, une scène atroce. En outre, il s’agit d’un acte parfaitement gratuit, destiné à mettre en pratique les enseignements de leur professeur de philosophie et à gagner ses faveurs. Brandon a voulu illustrer la théorie nietzschéenne du surhomme qui reconnaît aux êtres supérieurs, dont bien sûr il pense faire partie, le droit de tuer les êtres inférieurs, dont David lui apparaît comme un représentant. Philip, fasciné par Brandon, n’a pu faire autrement que s’associer à cette exécution.

 

Que faire du corps ? J’ai tout de suite compris : j’étais la cache idéale, personne ne viendrait y chercher David. Le corps a lourdement chuté et mon couvercle a été hâtivement refermé. Je me sentais vraiment mal à l’aise d’être impliqué dans cette macabre affaire, comme si j’étais complice de ce crime horrible. Dès lors je n’ai souhaité qu’une chose : que l’on ouvre mon couvercle et découvre la vérité. En aucun cas je ne voulais être associé à cette sinistre entreprise.

 

Mais je n’étais pas au bout de mes peines : Brandon, dans son scénario diabolique, avait décidé d’inviter à un cocktail les parents de David, sa fiancée, ses amis et bien sûr, le professeur de philosophie. Ils ont remis la nappe et disposé verres en cristal, assiettes en porcelaine, couverts en argent, car tout devait être parfait pour cette soirée exceptionnelle. Je me sentais de plus en plus mal.

 

La mère de David s’est brièvement inquiétée de l’absence de son fils, mais Brandon a aussitôt trouvé les mots pour la rassurer, en apparence du moins, évoquant quelque obligation qui le retenait à l’université.

 

Tout le monde semble jouer un rôle dans une mauvaise comédie. On boit, on grignote, on papote, mais le cœur n’y est pas. L’ombre du doute plane sur la petite assemblée. Brandon, pervers cynique, est sûr de lui et de son acte et ne montre aucun signe d’inquiétude ou d’agitation. Philip, c’est autre chose. Beaucoup plus fragile, visiblement dominé par Brandon, je dirais même soumis à son emprise, il est bourré de remords, rongé par la culpabilité. Très nerveux, il a du mal à cacher la panique qui le saisit par moments. Brandon, très volubile, circule parmi les invités, sert à boire, passe les assiettes garnies de petits fours, ose même quelques plaisanteries. Philip est plus taciturne et réussit à grand peine à se donner une contenance.

 

La soirée s’étire. Je sens qu’il va se passer quelque chose, je ne sais pas quoi, mais la situation va se retourner, j’en ai la conviction. Certains invités sont déjà partis. On commence à débarrasser. Bientôt, on va enlever la nappe. Le professeur –lui, bien sûr- semble se douter de quelque chose. J’attends.

 

 

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Rédigé par Monique

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Publié le 14 Octobre 2019

  • C’est pas pour dire, mais on commence à s’emmerder ici, ma parole !

  • Ben t’avais qu’à rester en bas ! Qu’est-ce qui t’a pris de te tirer comme ça ? T’étais pas bien où t’étais ? Personne a eu le temps de dire ouf et te vla ! T’aurais pu faire ça plus peinard !

  • Ouais, je sais, mais y avait plus rien dans le frigo et j’avais pas envie de faire les courses.

  • Ben en vla une raison qu’elle est bonne, t’as rien trouvé de mieux ? C’est qu’y en a dans c’te caboche !

[Faut dire que moi, j’ai pas fait aussi classe, j’ai mis du temps, j’ai traîné des pieds, à quoi bon finalement ? De toute façon, tu finis toujours les pieds devant, alors autant y aller ! ]

Bon, à vrai dire, moi aussi je m’emmerde, mais j’osais pas vendre la mèche tout de suite.

« La vérité n’est jamais amusante, sinon, tout le monde la dirait. »

  • C’est ce qu’elle me disait, ma bourgeoise, y en a là-dedans, mais je la croyais pas, de toute façon, faut pas croire tout ce qu’elles racontent, les bonnes femmes.

Bon, c’est pas tout ça, si on en trouvait deux autres pour faire une belote ? Ca nous ferait passer les temps. L’éternité, comme dit l’autre, c’est vachement long.

  • Et encore, t’as pas tout vu…

  • Ah bon, y a quoi d’autre à voir ?

  • J’sais pas, Dieu par exemple, ou la Sainte Vierge.

  • Non, tu déconnes ! Ils existent en vrai ?

  • Y en a qui disent que oui, pour ma part je les ai jamais vus. Mais on dit que d’y croire, ça aide à passer les temps, alors...

[Il commence à me courir, le nouveau, avec toutes ses questions ! J’aimais mieux avant, j’étais plus peinard ! S’il faut tout expliquer à chaque fois, va falloir que j’embauche une secrétaire ! En plus, ça me coûtera que dalle ! ]

  • Ah oui ! C’est qui qui disait « Faites semblant de croire et bientôt vous croirez » ?

  • Oh là là ! Déjà, je me rappelle plus de mes répliques, j’en ai dit des milliers, alors celles des autres…

  • Mais non ! C’était pas dans un film ! C’est un philosophe, je crois.

[Il se la péterait pas un peu, celui-là ? Moi aussi j’ai tourné dans plein de films, mais je la ramène pas comme ça, j’en fais pas un fromage ! Tout ça pour finir tous au même endroit ! ]

  • Un quoi ?

[D’où qu’il me sort, ce gonze ? ]

  • Un mec qui pense, quoi ! Qui dit pas que des conneries, forcément.

  • Bon, je crois que finalement, on va la faire, cette belote, là, j’ai le cerveau qui commence à trop chauffer, j’ai plus l’habitude !

  • Allez, c’est parti ! Mais on triche pas ! Ici, y a plus rien à gagner, de toute façon.

 

 

 

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Rédigé par Monique

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Publié le 14 Octobre 2019

Des effluves d'encens sur le plateau..

Une table immense fièrement dressée, jonchée de plats et de couverts argentés.. les restes éparpillés d'un repas copieusement arrosé.. des taches de vin comme du sang sur la nappe d'une pureté excessive.

Christian se lève, le regard vacillant, s'éclaircit la voix, étreint son verre comme on s'accroche à une bouée.

Cher Père.. aujourd'hui tu as 60 ans..

Les sourires s' ébauchent sur l'assemblée des nantis.

Tu m'as choisi pour successeur à la tête de notre société. La tâche me semble lourde.. difficile.. trop ardue peut-être.. sans ma jumelle Christine.

Un Silence froid dans la salle. Il poursuit.

Christine ! Veux-tu m'aider à prendre en main ces rênes tortueux.. tachés de ton sang ?

La caméra se fige, se détache de la scène, remonte vers l'écran vidéo perché au-dessus du plateau.

Une incrustation fantomatique.. le visage de Christine se précise, nimbé d'un halo de brume. Ses yeux fixes regardent la salle.. une larme coule, traverse l'écran, se répand en un filet limpide sur la nappe immaculée.

L'assemblée se fige.

Impossible.. Christine, tu es...?

Christian reprend.

Oui bien sûr.. une apparition ! Pour moi.. toujours vivante pour moi !

Helge, le père, visage livide.

Christine ? ​ Elle sourit.

Oui, papa c'est moi..

Le visage s'anime, prend des couleurs.

J'aurais voulu te dire.. comment as-tu pu ? Tes mains sur ma peau, ton odeur sur mon corps.. je vois encore la salle de bain. Toi, moi,et Christian.. comment as-tu pu ? Tes propres enfants..

La voilà, de chair et d'os sur le plateau. Une résurgence hallucinante.

Christian titube, lève son verre.Un toast à la Sainte Famille.. à toi maman, complice passive. À toi Michael, qui n'a rien vu. Et toi Hélène, trop ambitieuse pour dénoncer.

Un flash subit. L'écran s'éteint.

Christine a disparu. Une corde à ses pieds.

Christian lève les yeux vers l'écran, la scène.

Attends-moi..

Les plombs qui sautent. La nuit. La voix d'Hélène en coulisse.

Attendez.. je veux vous expliquer.. c'était un jeu.. pour moi !

La nappe s'est vidée de tout relief.

Cyril, le dramaturge, prend le porte-voix.

Et maintenant.. un spectateur sur le plateau s'il vous plaît. On reprend le repas.. avec les acteurs. Regardez-les.. ils sont perdus. Le chagrin, l'émotion.

Tu veux y aller ?

Il me fixe d'un air hagard, se racle la gorge..​ tu veux jouer ?

Je me lève du fauteuil, regarde la salle, les spectateurs, puis les acteurs en suspens.. sur l'écran, le visage de Christine, à nouveau figé et souriant.

Linda.. elle s'appelait Linda !​ Je susurre entre mes lèvres moites.

Christine, c'est moi. Je suis écrivaine !

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Rédigé par Nadine

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