patrimoine & mediterranee

Publié le 20 Janvier 2024

 
Ploù ploù la galina la galina, Ploù ploù la galina la galina a faché l’où.
 
C’est à cause de cette comptine que tous mes amis m’ont appelé Galina. Je suis né à Nice, dans la Vieille-Ville, dans la rue Droite juste en face le palais Lascaris. Comme tous les gamins du vieux Nice, j’ai traîné dans ce havre de paix, élevé à la pissaladière et à la socca. Avant de partir habiter dans le quartier St Roch.
 
Les jeux niçois
Comme tous les enfants, jouer fait partie de la vie et c’est dans la cour de l’école St Roch que j’ai appris à jouer au pilou. Le Pilou, pour bien y jouer, il faut une pièce de 25 centimes trouée et du papier de soie de chez le boulanger. Les ronds, au pied des marronniers nous servaient de but. Voilà, tout est prêt ! On lance le pilou en l’air, on le reçoit sur le genou, on jongle et avec le pied on essaye de l’envoyer dans le but de l’adversaire. Surtout ne jamais toucher le pilou avec les mains. Le pilou est une institution dans le pays niçois, d’ailleurs, aujourd’hui, il existe le championnat du monde du pilou dont la capitale est Coaraze.
 
Les fêtes niçoises
C’est au mois de Mai que dans tous les quartiers, sur la place, que le bal s’installait. Le matin, sur un air d’accordéon, on nous faisait l’aubade et contre une petite pièce on nous accrochait une cocarde. Tout le monde se retrouvait pour danser et moi, Galina, je regardais mes parents valser en me disant un jour je ferais comme eux.
Le dimanche, jour du Seigneur, juste après la messe, on montait à Cimiez, au festin des cougourdons où les familles niçoises venaient pour pique-niquer au milieu des oliviers en écoutant la Ciamada nissarde jouer la musique traditionnelle du pays.
 
L’art à Nice
Depuis 1982, je me suis mis à la peinture, inspiré par les artistes niçois, Marcel AloccoArmanAlbert ChubacJean-Claude FarhiClaude GilliYves KleinRobert MalavalMartial RaysseBen (Vautier) et Bernar Venet qui ont fondé l’école de Nice. Oh, bien sûr, mes tableaux, signés Galina, ne font pas d’ombre à tous ces grands qui ont fait la renommée de Nice dans le monde de l’art. Peut-être un jour, qui sait, on dira : « Tiens, regarde, c’est un Galina... »
 
La gastronomie niçoise
Alors, je ne sais si, comme pour la madeleine de Proust, les parfums de ce monde m’ont entraîné en grandissant vers le lycée hôtelier pour devenir cuisinier. Me voilà aujourd’hui chef de mon restaurant « chez Galina cuisine et poésie ». Sur la carte du menu en vers, il est écrit : spécialités niçoises et du comté. C’est important de précisr du comté car on trouve dans chaque village des recettes, comme les barba juan de Menton, la trucchia de Saorge, etc, etc et c’est en écoutant les anciens que je maintiens les traditions du pays.
Alors, aujourd’hui, j’ai eu envie d’une pissaladière dont je vous livre ma recette en vers et contre tous.
 
Pissaladière
De faire griller un oignon
A feu doux dans un poêlon
Doucement le dévêtir
Et tendrement le sentir
Le faire fondre lentement
Il ne faut pas qu'il soit craquant
Son arôme doit vous saisir
Vous enivrer de plaisir
Et sous la langue envoûtant
Son goût reste indéfiniment
Dès qu'il a pris cette couleur diaphane
Transparence couleur safrane
Sur un lit une pâte
L’étendre sans hâte
D'olives et d'anchois
L'accompagner en premier choix
Un filet d'huile d'olive
Dans un four à peine chaud
Comme une caresse affective
D'un Amant sans rivaux
Pissaladière
A genoux comme pour une prière
Je te mangerais sur la tête d'un maure
Sans regret ni remord
Ce soir j ai eu envie
 
– Oh Galina ! – Ça, c’est l’ami Jouan qui m’interpelle – Tu as vu sur le journal, il parle du pan bagnat, il parait que la recette va être déposée et protégée comme un monument par l’Unesco. – Ah vouais, moi m’en bati, ma recette vient de ma grand-mère, tiens, je te la donne ; celle-la, l’Unesco ne la connaît pas.
 
Le pan bagnat
Sur un marché du Comté
Prendre de belles tomates et du céleri
Des cébettes et des oignons frais
Des févettes et une botte de Radis
 
Deux artichauts violets
Il ne faut surtout rien oublier
Chez le boulanger le pain rond
Basilic, poivron vert et boite de thon
Olives noires et pot d'anchois
Ne pas hésiter sur le choix
Le pan-bagnat peut se commencer
Les légumes il faut laver
Finement les couper
Les artichauts émincés
 
Partager en deux le pain dans l'épaisseur
Enlever un peu de mie à l’intérieur
Imbiber d'huile d'olive
Que vos papilles en salivent
 
Un trait de vinaigre,saler poivrer
Les tomates dessus seront disposées
Les légumes et le thon
Les olives l'œuf les anchois terminent la décoration
 
Le couvercle du pain refermé
Le mettre un instant au frais
À la plage vous pourrez le déguster
Une serviette pour vous essuyer
 
– Galina si tu nous parlais de la socca !
– Ah ca c’est un secret, c’est le trésor du pays niçois, oui tu sais, comme Obélix et sa potion magique, et ben à Nice, quand on est petit, on tombe dedans, oui monsieur ! C’est comme faire la photo sur la panthère du jardin Albert 1er, c’est un baptême sans la bénédiction, c’est un certificat du pays niçois, allez, comme c’est toi que tu es un peu de la famille, je vais te la dire :
 
 La "Socca"
De la farine de pois chiches
Délayez dans de l'eau
Fouettez sans faire le chiche
Pour obtenir un mélange sans grumeau
 
Salez poivrez
Sans oublier l'huile d'olive
A nouveau remuez
Au fouet d'une manière vive
 
Pendant ce temps
Faites chauffer le four
Alimenté de quelques sarments
Poussez les flammes autour
 
Pour mettre la plaque dedans
Laissez cuire la pâte doucement
La sortir quand la "Socca" est dorée
Découpez servir chaud et poivrez
La socca si manja ave li man
 
Je parle, je parle, tu vois, tu me fais oublier les capouns qui sont dans le four, allez, baieta, je me dois à mes clients.
 
 
 L’hymne niçois
Depuis que je suis petit, ma grand-mère me berçait en me chantant « Nissa la Bella » ; c’est d’ailleurs à travers ce chant que j’ai commencé à comprendre le nissart. Menica Rondelli, ancien soldat de Garibaldi, l’avait écrit en 1903, un 14 juillet exactement. Jamais il n’aurait pensé que sa modeste chanson deviendrait l’hymne niçois.
Là où il est aujourd’hui, il doit être fier d’entendre, avant chaque match de l’OGCN, les supporters chanter « Nissa la Bella ». C’est vrai qu’elle est belle notre ville et moi, Galina, je le dis haut et fort  « ieu sieu de Nissa ». Viva Nissa !
 
 
Bernard BRUNSTEIN

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Rédigé par Bernard

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Publié le 17 Janvier 2024

 
En rentrant du supermarché, le chemin d’Emma, petite fille de cinq ans, main dans la main de sa mère, croise un terrain de pétanque donnant sur la Promenade des anglais. Plusieurs personnes s’activent pour préparer le terrain. Emma et sa mère s’arrêtent pour les regarder faire. Soudain, l’attention d’Emma est attirée vers une boîte dans laquelle sont disposées plusieurs boules. Elle les pointe du doigt et demande à sa mère : « c’est quoi ça ? c’est quoi ça ? ». Sa mère répond : « c’est un peu comme tes billes ». Emma peine à trouver une ressemblance entre ces boules et les billes que lui avaient offertes récemment ses grands-parents. « Elles sont moches comme billes. Les miennes sont beaucoup plus jolies ».
Le jeu affronte l’équipe des Niçois, composée de trois joueurs niçois chevronnés et une équipe composée de trois parisiens majoritairement inconnus au groupe sauf Carole. Après son déménagement à Nice, cette dynamique parisienne d’une soixantaine d’année, avait trouvé en la pétanque un moyen ludique de sortir de son isolement. Elle se réjouit d’avoir fait intégrer ses amis à ce groupe et de ce fait, elle manifeste une excitation enfantine. Mais, tout d’un coup, le sourire quitte ses lèvres et elle semble être envahie par l’inquiétude : « si jamais ça se passe mal ? ».
Le tirage au sort a lieu et est gagné par l’équipe niçoise. Emma entend les gens dire : « le jeu va bientôt commencer ». Emma qui avait toujours entendu de ses parents qu’il est dangereux de jouer dans la rue, était stupéfaite, un peu horrifiée même. Mais, aucun enfant ne les rejoindra. « Ah, c’est un jeu de grands-parents ! ».
Les coéquipiers de Carole surveillent suspicieusement leurs adversaires. Bernard, un joueur ancien et orgueilleux de l’équipe niçoise, fait un sourire malin en en se préparant à lancer la première boule. « J’ai hâte de gagner encore cette partie ! » Mais soudain, son regard croise celui d’Emma. La voyant tellement éblouie, il décide de lui proposer de tenter une lancée de boule. Emma avance vers Bernard et s’empare d’une boule qu’elle arrive difficilement à tenir dans la main. Elle est encouragée par tous les spectateurs : « Allez !... Allez !... ». Ne connaissant pas les règles du jeu et n’ayant pas assez de force physique, Emma, toute confuse, lâche la boule tout près de ses pieds. Puis, elle entend les adultes crier : « bravo !... C’est très bien… ! »
Carole constate que l’intervention d’Emma a déclenché la conversation entre les membres des deux équipes. L’un de ses coéquipiers félicite Bernard en lui disant : « encourager les enfants dès leur si jeune âge, c’est ça qu’il faut faire ». Puis, un membre de l’équipe niçoise répond : « suis complètement d’accord, c’est comme ça qu’on en fait des futures stars du jeu ! ».« Ouf ! la mayonnaise est en train de prendre ! »
C’est parti pour la partie des adultes. La première boule lancée par Bernard va sur le terrain interdit. « ça commence mal ! »
Emma constate que les adultes parviennent bien à manier des objets tellement lourds : « Ils sont très forts. » Elle semble trouver un intérêt croissant pour la pétanque : « Quand je serai grande, je jouerai avec eux ! »
Les lancées s’enchaînent. L’équipe des Parisiens marque de plus en plus de points. Les inquiétudes de Carole ont presque disparu. « Pour les personnes qui ont adhéré au jeu depuis si peu de temps, je dirais qu’on ne s’en sort pas si mal ! ». D’ailleurs, dès que l’occasion se présente, les coéquipiers de Bernard se font un plaisir d’apprendre des stratégies d’amélioration aux Parisiens.
Ces derniers arrivent à 7 points. Ils exultent en dansant et en criant fort : « On se marre bien en pétanque… ! On va gagner les Niçois !...»
A ce moment-là, Marie, élégante parisienne d’une quarantaine d’année, s’aperçoit que la route qu’elle comptait prendre est barrée par des boules disséminées sur plusieurs mètres : « Autant de bruit pour un jeu tellement débile ?! Ils n’ont pas mieux à faire ? Ils ont la mer, le soleil et le beau temps ces Niçois mais ils n’ont pas la classe d’en profiter. Il faut que nous, les Parisiens, nous y mettions à leur apprendre les bonnes manières ! »
Un spectateur interpelle les joueurs : « Vous avez vu comment elles nous regarde ?... ». Tous les regards se tournent vers Marie. Bernard a l’air hésitant. Ce moment d’inattention collective serait la meilleure opportunité d’effectuer une petite manœuvre : « on ne peut pas se laisser perdre par ces Parisiens quand même. Ça va être la honte ! »
Il fait quelques pas en avant en surveillant attentivement ses alentours. Mais, il n’échappe pas à la vigilance de Carole. Leurs regards se croisent pour un instant : « Il va tricher, là. Il faut que je l’en empêche mais il va être difficile à gérer. ». Bernard fait un pas en arrière « elle va piger, cette conne. Et puis, je ne suis même pas sûr que mes coéquipiers laisseront passer ça. Ils veulent faire bonne impression devant ces nouveaux à ce qu’il paraît. D’ailleurs, il ne reste pas de tactiques qu’ils n’aient pas balancées. Qu’est-ce qu’ils sont en train de leur raconter encore ? Allez-y, jouez à leur place tant que vous y êtes ! ». Il s’approche et entend ses coéquipiers expliquer en souriant « …oui,… « bouchin » en niçois… ». Les coéquipiers de Carole sont reconnaissants. L’un d’entre eux, s’adressant à Carole, dit : « C’est aimable de leur part qu’ils nous expliquent tout ça ». L’autre ajoute : « oui, superbe groupe ! Merci Carole de nous avoir fait venir ici ! »
Un sourire se dessine sur les lèvres de Bernard : « ils ne sont pas de si mauvaise foi, ces Parisiens, finalement ! ».
Les lancées reprennent jusqu’à ce que l’équipe parisienne arrive à 13 points. L’arbitre la déclare officiellement « gagnante de la partie » et la félicite. Les cris de la joie s’élèvent des deux équipes.
Bernard qui semble désormais considérer l’équipe parisienne comme les siennes, va en féliciter et embrasser les membres.
Soudain, Carole, se déplace vers le milieu du terrain et se met à pleurer à haute voix.
A ce moment-là, Marie, étant sur son chemin de retour, repasse devant le terrain du jeu et se trouve face à face avec Carole. « Hou là, je savais que ça allait partir en vrille ! ».
Carole s’exclame : « ce ne sont pas seulement des partenaires du jeu que j’ai trouvés, mais, une famille ! J’ai trouvé une famille en jouant de la pétanque ! ». Elle continue : « Vive les Niçois ! » Ces coéquipiers répètent : « vive les Niçois ! »

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Rédigé par Fatemeh

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Publié le 17 Janvier 2024

 
Laura n’a pas assez d’yeux pour tout regarder. Les danseuses et danseurs virevoltent sur l’estrade en bois au son du fifre, de l’accordéon, du tambour, tout autour d’un mât, en croisant les longs rubans de couleur qui entourent celui-ci, puis en les décroisant dans le sens opposé. C’est vif, c’est gai, c’est la fête des Mai, une fête niçoise, un festin comme on dit ici. Laura détaille les danseuses, se penche vers l’oreille de Fanny :
– Adorable cette capeline de paille si joliment brodée, accrochée sur la hanche ! J’aime beaucoup aussi la jupe à rayures rouges, le tablier noir fleuri et le petit corset trop mignon, très joli costume !
– C’est le costume niçois traditionnel, répond Fanny.
 
Fanny est devenue son amie. Les choses se sont faites naturellement. Après la partie de pilou sur la Prom’ (hé oui, elle commence à parler comme les Niçois…), elle a dégusté ce fameux Agua Limone, délicieusement crémeux et citronné au Canastel, a fait plus ample connaissance avec la joyeuse bande. Fanny, toute en sympathique bonne humeur, l’a tout de suite mise à l’aise. A côté d’elle, Pierre, son frère, qui l’a initiée au pilou, la regardait avec un intérêt certain, puis, de l’autre côté de la table, Lucie la douce et Théo, le copain sympa, en couple avec Lucie.
Très vite, elle s’est sentie appréciée, avec l’impression de les connaître depuis longtemps. Des jeunes de son âge, avec qui elle a beaucoup d’affinités. Pas de prise de tête, accueil, gentillesse, énergie et joie de vivre. Ce qui n’empêche pas quelques opinions politiques et autres bien arrêtées, que le plus souvent elle partage, ce qui a encore plus participé à son intégration dans la bande. La conversation s’est orientée sur les projets du week-end à venir et Pierre l’a invitée le dimanche suivant à la fête des Mai.
– Dans la série des traditions locales, après le pilou, la fête des mai, c’est incontournable, lui a-t-il dit en souriant.
 
C’est grâce à Pierre si elle est là aujourd’hui. Elle l’admire ; il danse sur la piste avec la troupe de Nice la Belle, un groupe folklorique de la ville, superbe en pantalon corsaire rayé de rouge et chemise blanche.
– Il danse bien ton frère ! Il y a une signification à cette ronde autour du mât ?
– Oui, ce mât, c’est l’Arbre de Mai, ou l’Arbre de Vie, que l’on retrouve dans de nombreuses civilisations et qui remonterait à l’Antiquité. On dit qu’on tourne le Mai, c’est-à-dire qu’on sort définitivement de l’hiver pour aller vers le printemps. La danse autour du mât représente la course des saisons autour du soleil. La fête des Mai, c’est une fête de la renaissance de la nature.
Drôlement intéressant, dis donc ! Merci pour les explications !
 
La danse se termine sous les applaudissements. Pierre les rejoint.
– Ça t’a plu ? lance-t-il à Laura.
– C’est superbe et magique, surtout depuis que Fanny m’a expliqué l’Arbre de Mai, répond Laura en souriant.
Tant mieux ! Vous avez faim les filles ? Socca, pissaladièra, ou pan bagnat au menu du jour. Que préférez-vous ?
– Pan bagnat sous les oliviers, crie une voix derrière Pierre.
 
Théo et Lucy viennent d’arriver, pile pour le déjeuner. A l’instar de l’Agua Limone, Laura n’a aucune idée de ce que peut être un pan bagnat, mais, là aussi, elle est partante pour le découvrir. Pierre se charge des commandes pendant que les autres cherchent un olivier libre pour les accueillir, ce qui n’est pas chose facile. Le jardin de Cimiez est envahi de monde, les enfants courent partout, les familles, les amis sont regroupés sous les arbres, dans une ambiance conviviale de fête populaire. Laura se dit qu’elle a eu beaucoup de chance de rencontrer ces joueurs de pilou, un beau jour de mai sur la Prom !

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Rédigé par Mado

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Publié le 17 Janvier 2024

 
On m’appelle le Paillassou, un homme de paille en français, bien qu’aujourd’hui, je sois en mousse. Je suis un pantin de taille humaine qu’on envoie en l’air, lors des fêtes niçoises, au moyen d’un drap tendu par quelques individus, quatre, cinq, six… ou plus… ou moins, ça dépend. On m’envoie le plus haut possible ; dès que je retombe sur la toile, on me réexpédie dans le ciel. Il paraît que je contiens les soucis et les malheurs de l’année. Alors, en me faisant sauter, les gens éjectent dans les airs tous leurs tourments, en espérant qu’ils ne retombent pas au sol. Je suis un bouc-émissaire, mais je suis aussi la joie du peuple niçois. Les enfants attendent et adorent le cri rituel avant tout lancer, « Un, doui, tres, manda lo pailhasso ! » (un, deux trois, envoie le paillassou), pour motiver les troupes. Alors là, je me prépare à être bousculé, malmené, ce qui, entre nous, ne provoque aucun désagrément à mon corps de paille, ou de mousse. Les courbatures, je ne connais pas !
 
On m’a prêté plusieurs rôles au cours de ma longue vie. Parfois, je suis le Paillassou berné par les pêcheurs habitant la vieille ville, représentant la ville basse et populaire. En m’envoyant en l’air, le peuple se moquait des notables. D’autres fois, je suis le médiateur entre le monde des défunts et celui des vivants. Je dirige les âmes vers le royaume des morts. Dans tous les cas, je fais toujours partie du Carnaval.
 
Carnaval, c’est la fête que je préfère. Je défile en volant au son des fanfares, des battements des grosses caisses, des marches énergiques claironnées par les trompettes. Les notes retentissent, rebondissent, claquantes comme un ballon contre les murs des immeubles. Ça tourbillonne, ça s’éparpille, la musique est partout… D’en haut, quand je suis en vol, j’aperçois la patrouille des grosses têtes, les confettis multicolores, les serpentins qui giclent des tribunes, le char du roi, celui de la reine, les troupes venues des quatre coins du monde qui dansent en habit traditionnel. C’est coloré, pimpant, vivant, bruyant. Les musiques se mêlent, s’enveloppent les unes avec les autres, se fracassent en un joyeux brouhaha.
 
Carnaval d’antan, exutoire, où liberté, joie chassaient les ténèbres et l’hiver, ou Carnaval d’aujourd’hui, spectacle pour touristes muré derrière des palissades, je suis toujours là pour garder vivantes la mémoire et la culture du peuple niçois.
 
Mado Cafedjian
 

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Rédigé par Mado

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Publié le 17 Janvier 2024

La Promenade des Anglais… Laura n’en revient pas ! Niçoise de fraîche date, elle met à profit son temps libre pour découvrir la ville. Aujourd’hui, la Prom’ comme disent les Niçois. Le ciel, bleu. La mer, bleue. Les galets, la courbe parfaite de la baie, tout y est. Comme sur les images glanées sur internet. Et les palaces, magnifiques, de l’autre côté… Peut-être, un jour, elle pourra y travailler.
 
Jeune diplômée d’une école de cuisine, elle a choisi Nice pour son premier poste et pour l’heure ne regrette pas son choix. Autour d’elle, des promeneurs déambulent, des enfants courent, des petits chiens reniflent, des trottinettes filent, un avion s’élève. L’aéroport est au bout de la baie. Laura avance d’un pas tranquille quand un étrange dessin au sol attire son attention. Une croix, des ronds, une inscription : STADE DE PILOU.
 
Elle n’a pas le temps de demander à Google de quoi il s’agit ; quatre jeunes gens, deux filles, deux garçons, prennent possession du minuscule stade, se placent dans les ronds, apparemment prévus à cet effet. L’un d’entre eux tire un drôle de volant de sa poche. Rien à voir avec celui du badminton. On dirait une rondelle de métal percée en son centre, dans laquelle on a inséré un morceau de papier. Du bricolage, ce truc...
Le jeu commence. Du pied, du genou, de la cuisse, du torse, le volant virevolte d’un joueur à l’autre, tombe, est ramassé, remis en jeu. Ça rie, ça crie, ça s’amuse beaucoup, on dirait. Laura ne comprend pas les règles, mais le spectacle lui plaît. Un des jeunes hommes la remarque, immobile à les observer, et lui propose de venir essayer.
– Pourquoi pas, répond Laura.
On lui explique rapidement : le pilou, c’est le volant, une pièce de monnaie percée en son centre, l’idéal, c’est la pièce de 25 centimes de l’entre-deux-guerres dans laquelle on coince un bout de tissu, de papier ou de plastique. Deux équipes disposées en diagonale par apport au centre de la croix, puis, jongler avec le volant à la manière d’un footballeur, défendre son cercle, faire des passes à son partenaire et tenter d’envoyer le volant dans le cercle de l’adversaire.
 
Laura se démène de son mieux, mais le volant n’en fait qu’à se tête et atterrit où bon lui semble. Elle n’a joué que quelques minutes, a fait perdre son équipe dans la bonne humeur, se retire en remerciant. Vaut mieux qu’elle s’abstienne, son partenaire aura plus de chances de gagner !
 
Les jeunes gens font une dernière partie sous son regard amusé, puis, le jeune homme qui l’avait invitée à jouer lui propose de se joindre à eux pour aller déguster un Agua Limone au Canastel, boulevard Gambetta, juste en face, précise-t-il. Laura n’a aucune idée sur l’Agua Limone et le Canastel, mais est partante pour les découvrir. En plus, il est bien sympathique, ce garçon… et plutôt pas mal de sa personne…
 

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Rédigé par Mado

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Publié le 17 Janvier 2024

 
Comme tous les dimanches après-midi d’été, ou presque, la famille Sauvaigo va manger une glace place Rossetti. En approchant, par la ruelle Halle aux Herbes, des hurlements à faire trembler la cathédrale Sainte-Réparate résonnent, rebondissent entre les murs du Vieux-Nice. Une bagarre ? Non, une partie de mourra*.
Au centre de la place, une table, quatre chaises, quatre hommes, des doigts qui bondissent, volent, se dressent, se replient, des mains qui surgissent comme des lames, des cris, des rrrrrr qui rrroulent, des poings qui tapent, s’ouvrent, se ferment, des yeux qui brillent.
Les Sauvaigo sont subjugués.
 
Paul, le père, fixe le joueur le plus vieux. On dirait pépé Ménica à la veillée... la grande table… Des souvenirs d’enfance lui reviennent. Dans la cuisine de sa grand-mère, les cacahuètes grillées au four, son grand-père, son père, les oncles et la mourra. Vuech* ! Bien joué, l’ancien ! Ah, si pépé était là…
Léo, dix ans, ouvre des yeux époustouflés. Trop bien ce truc! Ça existe en jeu vidéo ? Vuech… c’est huit, je crois. C’est quoi les règles ? Papa doit savoir… On pourrait y jouer à la récré avec Ludo... Ouais… la maîtresse, elle va encore dire qu’on fait trop de bruit…
Julia, quatorze ans, soupire en levant les yeux au ciel. Quels débiles ces vieux ! Pas question de publier ça sur Tiktok, trop ringard… C’est quoi ce vuech ? Du niçois à la con, du nissart comme dit papa. Pffff… It’s not my world...
Mélanie, la mère, sourit devant cette exubérance. Uuuuuu… Ça déménage ! Ces mains qui giclent dans tous les sens, de quoi se décoller les faux ongles... Non merci, trop rustique pour ma manucure. Pourvu que Paul ne se prenne pas de passion pour ce jeu. Il a l’air très intéressé, ça m’inquiète… Pas question d’avoir une bande de bramassouns* à la maison… Les mourraire dei quatre cantouns* ont assez gueulé sous ma fenêtre, à Ilonse, quand j’étais jeune. Basta, la mourra !
 
Les parties se succèdent. Les Sauvaigo apprennent qu’ils sont en train d’assister à un championnat estival, le « Gavouot Mourra Tour »*, et que ça va durer jusqu’à la nuit. Va être bruyante la glace chez Fenocchio !
___________________
 
* La mourra se joue à deux ou plus et ne nécessite aucun instrument, autre que les mains. Les deux joueurs se tiennent face à face. Chaque joueur doit, en même temps que son adversaire, ouvrir spontanément l'une de ses mains et lever autant de doigts qu'il le désire, tout en énonçant un nombre de 0 à 10. Le but du jeu est de deviner, d’anticiper le total de doigts des deux mains montrées. Le point est remporté lorsque la somme des doigts dévoilés est donc égale au nombre annoncé.
 
* Vuech : huit
* bramassouns : braillards
* mourraire dei quatre cantouns : les joueurs de mourra des quatre cantons, de l’association « Mourra dei quatre cantouns »
 
* « Gavouot Mourra Tour » : championnat estival de mourra se déroulant en cinq étapes dans les trois villages fondateurs, Pierlas, Thiery et Ilonse, ainsi qu’à Nice et à Levens. A Nice, le championnat a eu lieu aux Arènes de Cimiez, en 2019.
Le situer place Rossetti est une liberté de l’auteure.
 
Mado Cafedjian

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Rédigé par Mado

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Publié le 17 Janvier 2024

Un jour d'hiver, enfoncée dans son fauteuil près d'un bon feu de cheminée, Julie passionnée par la lecture d'un thriller captivant, s'exclame : quelle détente, comme je me sens bien, se dit-elle, mais juste à ce moment précis lui revient à l'esprit cette invitation étrange. J'espère que ce ne n'est pas aujourd'hui. Elle regarde affolée son agenda et bien oui c'est aujourd'hui à 13 h45, qu'a lieu le jeu de Mourra avec Michel et Chloé .
Mais quelle idée saugrenue, pourquoi encore je me suis laissée embarquer, quand on ne sait pas dire non voilà où cela mène à une partie de Mourra – Mourra, mourra, mourra, cela ne me dit rien. Bon ce n'est pas le tout, il est temps de se préparer, l'heure tourne, où ai-je mis l'adresse déjà, là voilà, Jeu de mourra au foyer d'accueil inter-âges, elle relit l'intitulé, jeu de Mourra, « laissons-nous sensibiliser aux traditions ancestrales tout en développant notre intuition dans une ambiance conviviale ». Elle se ravise, cela peut promettre un après-midi sympathique et amusant.
Julie est arrivée, elle ouvre la porte hésitante, Michel en pleine conversation l'accueille à bras ouverts et lui présente des joueurs de longue date.
Il lui explique rapidement les règles du jeu, Julie pense cela ne va pas être facile, étant un peu dyslexique avec une intuition vacillante...
Chloé l'interrompt dans ses pensées ravageuses et tend brusquement la main, Julie compte ses doigts mais reste bouche bée, Chloé dit très et Julie répond pouce.
La panique l'envahit, Chloé l'encourage, recommençons, cela va venir. Julie dit très et Chloé dit neuf. Le compte est bon pour elle.
J'ai besoin de me rafraîchir, dit Julie, Michel va me remplacer.
Julie, accoudée au bar sirotant un jus d'orange, les regarde jouer, les doigts giclent, les bouches s'égosillent, les postillons volent, les yeux se désorbitent, les poings frappent, les tables tremblent, la salle craque, le défoulement est à son comble.
Une avalanche de nombres résonne dans sa tête, un, doui, doui, doui, très, quatre, quatre, quatre, sièi, set, set, set, vuèch, très, très cinq, cinq, cinq , noù, uuuuuuuuuuuuuh !
Julie dans un hurlement généralisé s'en va sur la pointe des pieds.
Ravie d'avoir passé un moment inédit et plein d'entrain, elle remerciera ses amis.
 

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Rédigé par Catherine

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Publié le 17 Janvier 2024

Antoine s’accroupit, un œil fermé, le visage extrêmement concentré. « pas de Fanny, non c’est trop la honte. Je dois absolument tirer correctement et ce Gabriel qui fait exprès de se dandiner devant le soleil. Je vais louper mon coup, merde alors ! Que vont dire les copains et Charles qui n’a jamais pointé correctement aujourd’hui ».

Gabriel sourit et repassa d’un pied sur l’autre, un peu par habitude, un peu par provocation pour déconcentrer Antoine. « Il va se louper héhéhé. Ça lui apprendra. Toujours à se moquer des perdants. Pour une fois c’est nous les vainqueurs. Qu’est ce qu’il fait chaud. J’ai une de ces soifs. Un bon pastis. Alors, il se presse cet Antoine ?? »

Jean regardait depuis un moment cette partie. Il de disait rien et restait assez sombre. Le concours, il s’en fichait un peu. Il venait par amitié pour Antoine et surtout pour boire un coup après. Ce pauvre Antoine. Il n’est pas dans son assiette aujourd’hui. « Oh Gabriel, Tu arrêtes ton cirque ! » lança-t-il d’une voix forte. Il ne pouvait supporter cet homme. « Quel grand échalas et bon à rien en plus. Il faisait exprès de bouger. Ce pauvre Antoine ne peut viser juste, un coup à l’ombre, un coup au soleil. Impossible. Il faut impérativement qu’il tire bien sinon il va être la risée de tout le village ».

A ce moment-là atterrit un ballon de foot sur le terrain de jeu. Les boules s’éparpillèrent et le cochonnet sauta complètement du côté gauche. Tous les joueurs se mirent à crier.
Tom, à l’origine de cette diversion partit en courant. Merde ! je n’ai pas fait exprès. Qu’est ce que j’en peux si le clos est à côté du stade ? Ses oreilles bourdonnaient et il entendait les hommes se disputer : « Toute la partie est annulée, quel est le petit con qui a fait ça ? ah non, on refait juste la dernière. Non, moi je dis que ce n’est pas valable. Si on allait boire un coup ? »

Le soleil était haut dans le ciel, la chaleur insupportable.

 

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Rédigé par Brigitte S.

Publié dans #Patrimoine & Méditerranée

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Publié le 17 Janvier 2024

 
Mon mari Albert est Niçois, un vrai de vrai. Moi, Léa, je suis née dans le Nord, à Lille. J’avais presque trente ans lorsque je suis venue habiter Nice. J’avais besoin de soleil, chez nous il est plutôt rare : Ce n’est pas le ciel qui est bleu, c’est les yeux des gens. Vous connaissez la chanson d’Enrico Macias, elle dit la vérité. Chez nous, on est généreux, on ouvre son cœur et sa maison à tout le monde. J’avais vingt-cinq ans lorsque j’ai fait la connaissance d’Albert, il avait réussi un concours administratif et il était monté à Lille. Il avait quarante ans, quinze ans de plus que moi, on s’est retrouvés dans le même bureau, c’est le destin. J’ai compris tout de suite qu’il se sentait un peu perdu, il ne connaissait personne, il avait un peu de mal à s’ouvrir aux autres, c’est son caractère. Il m’a plu tout de suite, j’ai tenté un rapprochement : je l’ai invité à déjeuner chez mes parents dès le premier week-end, pour lui changer les idées et lui faire mieux connaître les gens du Nord. Il a sympathisé tout de suite avec mon père, ils se sont trouvé des points communs. Ma mère lui a fait goûter les spécialités culinaires du Nord, c’est sa façon d’accueillir les gens à bras ouverts. Et moi… vous devinez la suite ! J’avais trouvé une épaule solide sur laquelle m’appuyer, on s’est mariés dans l’année ! Mais je sentais qu’Albert ne serait pleinement heureux que s’il retournait dans sa ville natale. Il essayait de me convaincre, j’avoue que j’étais très intéressée. Je prétextais le manque de soleil à Lille pour lui demander de m’emmener quelques jours en vacances sur la Côte d’Azur. Lorsque j’ai vu Nice, j’ai été immédiatement séduite. Comment ne pas l’être ? C’était le mois de Mai, l’air était si léger, le ciel si bleu. On était logés près des jardins de Cimiez, le Parc était magnifique, les oiseaux chantaient, les roses éclataient de parfums et de couleurs. Et là, sous les arbres, des habitués disputaient une partie de pétanque. La pétanque, pas la « longue » à laquelle on joue dans le Nord. Le terrain est plus petit, et les joueurs ne prennent pas d’élan, ils ne courent pas avant de lancer leur boule. Fascinée, je contemplais les boulistes, admirative devant leur concentration. Mon mari se moquait gentiment de moi, de ma façon de les observer la bouche ouverte tellement j’étais intéressée. J’étais surtout captivée par un vieux monsieur qui semblait être spécialisé dans les « carreaux » : il lançait sa boule avec adresse pour qu’elle se substitue exactement à celle de l’adversaire, qui était alors sortie du jeu. A vrai dire, dans le Nord, je m’étais peu intéressée au jeu de boules. Ici, et c’était sans doute à cause du soleil, les boulistes me paraissaient plus gais, plus enjoués. Lorsque le vieux monsieur réussissait sa manœuvre, un sourire victorieux éclairait sa figure ridée, ce qui provoquait des grognements chez ses adversaires et des rires triomphants chez ses coéquipiers. L’observation des visages des joueurs était un véritable spectacle pour moi. La chaleur du Midi se devinait dans leur gestuelle. Je pense que ce jour-là je suis tombée amoureuse de la pétanque.
Cinq ans plus tard, à notre grande satisfaction, nous avons obtenu, mon mari et moi, notre mutation pour Nice. Je venais de perdre mes parents, je suis donc partie sans regrets vers une autre vie. Dans cette belle région, avec des amis, nous faisions souvent des pique-niques sur la plage ou dans l’arrière pays, et les dimanches se terminaient souvent par « une partie de boules » ponctuée de rires avant de rentrer à la maison. Nos deux fils ont su jouer très tôt à la pétanque. Albert évoquait souvent ses jeunes années à lui, ponctuées de parties de Pilou dans la cour de l’école. Il avait essayé de nous expliquer ce jeu traditionnel d’autrefois, mais j’avais du mal à me le représenter, puisque dans ces années soixante-soixante dix plus personne ne le pratiquait. Mon beau-père, lui, m’avait parlé de la Mourra, un autre jeu qui se jouait uniquement avec les mains, dans les bistrots ou à la fin des repas de famille lorsqu’il était jeune. Mon mari, lui, n’avait jamais eu l’occasion de jouer à la Mourra… Peut-être ces jeux reviendront-ils un jour à la mode ?
 
Annie TIBERIO

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Rédigé par Annie

Publié dans #Patrimoine & Méditerranée

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Publié le 17 Janvier 2024

Un attroupement sur la Prom : un vieux monsieur, curieux, s’approche. Il se glisse derrière une fillette d’une dizaine d’années qui sautille sur place, excitée. Devant les spectateurs, quatre garçons de quatorze ou quinze ans semblent très occupés.
« Qu’est-ce qu’ils font, ces gamins ? Oh Pétan, ils jouent au Pilou ! Je pensais que ça n’existait plus ! Toute mon enfance… Avec mon frère, on a bien rigolé avec ça ! Ils ont des pièces trouées, où ils les ont trouvées ? Attention, le papier s’est arraché, c’est normal qu’elle ne vole plus, ta pièce ! Ah voilà, il a un Pilou de rechange… Allez, fais-le sauter sur le genou, plus haut que ça ! Un peu d’énergie, les jeunes ! Ah, si j’avais pas ma sciatique, je leur montrerais, à ces pitchouns… Et cette gamine qui pousse des cris sans arrêt… De mon temps, les filles ça jouait à la poupée, ça s’intéressait pas au Pilou ! Ca doit être son frère, le boutonneux avec les bélicre, ils se ressemblent. Je vais dire à ma femme qu’elle vienne voir ça, ça va lui faire plaisir de découvrir un jeu Niçois… »
La petite fille observe son frère avec admiration : « Il est fort, c’est le meilleur ! Allez, envoie plus loin, tu vas marquer… But, but ! Bravo ! Non, pas là, t’y vois pas, c’est à côté ! T’as les lunettes sales, ou quoi ? Vas-y , Fred, tu vas gagner !
Annie TIBERIO

 

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Rédigé par Annie

Publié dans #Patrimoine & Méditerranée

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