tresors du monde

Publié le 3 Février 2023

 
Ce soir dans le seizième arrondissement, non loin du Trocadéro, l’ancienne école de danse créée en 1929 par Mathilde Kschessinka, mon aïeule, dont la plaque est gravée à l’entrée, reçoit le tout Paris pour un spectacle de tango argentin.
Ce lieu mythique des années Trente est devenu aujourd’hui le Cabaret Nikita, un des joyaux de l’aristocratie russe. Il a gardé l’image des fastes d’antan, avec ses dorures, ses miroirs, ses fauteuils rouges. Selon les soirées, un traiteur renommé adapte les saveurs en fonction du pays.
Ce spectacle a une résonance particulière pour ma famille. Danseuse réputée, Babuska avait eu, lors d’un de ses voyages, le coup de foudre pour le tango argentin. De nombreuses photos témoignent de cet engouement pour cette danse, interdite à l’époque, jugée trop érotique.
Cette musique a bercé mon enfance. J’ai écourté mon voyage en Turquie pour assister à cet événement. Dans une heure, la troupe de danseurs de Buenos Aires nous entraînera dans ce pays où le tango est le flambeau d’un patrimoine conservé intact.
Privilège familial, j’ai la chance de me trouver assise au bar lors de l’ultime répétition. Je suis envoûtée par ce défilé de danseurs qui développent des qualités insoupçonnables. La posture, l’équilibre, le lâcher-prise, la grâce et la sensualité particulièrement chez l’un d’entre eux qui accapare mon regard. L’homme est grand, mince, ses yeux sont noirs, une barbe naissante, sa chevelure luisante attachée en une fine queue de cheval. Vêtu, comme les autres danseurs, d’un costume sombre, d’une chemise à fines rayures, rehaussé d’une cravate jaune vif, il est fascinant.
La musique s’arrête, les danseurs se dispersent sauf ce bel hidalgo qui s’approche de moi.
- Mis respetos Senora !
Me baisant la main,
- Hablas Espanol ?
Surprise, intimidée je réponds un non de la tête.
Il lance la suite de la conversation en français avec un accent envoûtant.
- Désolée Madame, j’adore votre langue mais elle est difficile. Juan-Carlos Copes ! dit-il en s’inclinant, puis ajoutant :
- Je sais que vous êtes la petite fille de la célèbre danseuse Mathilda, grand amour de mon grand-père Juan.
La conversation s’engage, je l’écoute, ébahie par ces révélations.
- Vous dansez le tango Senora ?
Rougissante je réponds :
- Oui, mais pas le tango argentin !
- Je vous laisse à regret, je vous retrouve après le spectacle.
Il me baise la main à nouveau, sourit malicieusement.
Je suis sur un nuage ! Les projecteurs multicolores sillonnent la salle, les invités prennent place, je rejoins ma table au bord de la piste.
L’orchestre s’installe : bandonéon, cordes, piano, guitare. Costumes et cravates blanc cassé, chemises noires, chaussures deux tons, les musiciens ont fière allure.
Dès les premières notes tout mon corps frissonne. Les danseurs évoluent sous mes yeux. Je ressens leurs plaisirs, leurs sensations, leurs émotions liées à la musique. Un mélange d’amour, de mélancolie, de joie, de contrariété, une certaine violence aussi, grâce à une intense fusion corporelle qui se dégage des partenaires.
Les femmes sont de toute beauté. Robes à bretelles, en lamé ou soyeuses, fendues sur un côté laissant deviner les délices féminins. Le tango argentin est une danse de glisse, sensuelle. Les pas sont courts, doux, les jambes se frôlent en harmonie par des mouvements intimes.
Dans la salle les hommes sont éblouis, émoustillés, les femmes soupirent …
Un tonnerre d’applaudissements récompense les danseurs pour ces deux heures de séduction.
Le champagne coule à flots, le buffet aux saveurs exotiques ensorcelle nos papilles. Retour de l’orchestre, la soirée continue, place aux danses de salon. Les couples se forment pour une valse, un slow fox-trot, une rumba, un paso-doble. Aux premières notes de la Cumparsita, Juan Carlos, habillé de blanc, me prend la main, m’enlace la taille. Il m’entraîne sur la piste pour un inoubliable tango.
 

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Rédigé par Josiane

Publié dans #Trésors du monde

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Publié le 2 Février 2023

 
J’avais donc rejoint mon amie Maya à Angera au bord du lac Majeur. Nous étions au début du mois de janvier. L’Épiphanie approchait. En France on trouvait déjà des galettes dans les boulangeries. J’étais descendue bien sûr au même hôtel que lors de mes précédents séjours. J’avais noué des liens amicaux avec les hôteliers Louisa et Mattéo qui parlaient parfaitement le français. Ce jour-là nous avions fait, Maya et moi, une balade dans les rues d’Angera et nous avions remarqué dans plusieurs boutiques, sans en comprendre la raison, de grosses chaussettes de laine colorées qui décoraient les vitrines.
En rentrant à l’hôtel, je sentis une bonne odeur de biscuits et je rejoignis Louisa dans sa cuisine. Il y avait sur la grande table toutes sortes de bonbons et de confiseries. Louisa semblait très affairée. Mattéo un sourire aux lèvres vint me saluer. Louisa, elle, resta penchée sur sa préparation.
– Comme ça sent bon Louisa, que nous prépares-tu pour le dessert de ce soir ? demandai-je, les narines réjouies.
– Des biscuits bien sûr, ce sont des befanini ! me répondit-elle souriante en levant la tête. Mais désolée, ils ne sont pas pour les clients.
Devant ma mine interrogative et un peu déçue, Louisa s’empressa de me rappeler que nous étions le 5 janvier et qu’en Italie ce jour-là on prépare la fête de la Befana.
– Ah oui ! J’en ai souvent entendu parler, m’écriai-je. Peux-tu m’en dire plus sur ce personnage du folklore italien ? C’est une sorcière n’est-ce pas ?
Louisa afficha un grand sourire et se mit à me raconter la légende de la Befana, tout en surveillant la cuisson des biscuits et en commençant à remplir de bonbons quelques grosses chaussettes de laine. « Tiens !, me dis-je, les mêmes que dans les vitrines d’Angera »
Befana vient du mot Epifania. On la représente comme une vieille femme, au physique ingrat et à l’allure négligée, qui se déplace sur son balai. Selon la légende, dans la nuit du 5 au 6 janvier, la Befana vient distribuer aux enfants sages des bonbons et aux enfants plus turbulents du charbon.
Je demandais alors à Louisa comment une sorcière pouvait faire des cadeaux aux enfants. Elle se mit à rire en me précisant : « C’est une gentille femme en fait, elle n’a de sorcière que son physique, c’est pour cela qu’on croit qu’elle est méchante avec son dos bossu, son nez crochu, ses vêtements peu soignés et même le balai qui lui sert de monture, mais elle est souriante et aime faire des cadeaux aux enfants ».
Louisa ajouta que cette fête était très populaire et très attendue par les petits italiens qui accrochent des grosses chaussettes à leur porte le 5 janvier au soir et qui ont hâte d’être au matin du 6 pour déguster les biscuits et les friandises.
– Et ceux qui reçoivent des morceaux de charbon alors ? fis-je remarquer.
– Rassure-toi, aujourd’hui on fabrique des bonbons à la réglisse ! me répondit Louisa avec un clin d’œil.
J’étais ravie de cette conversation et je réussis à obtenir un befanini lorsque Louisa les sortit du four, sous le regard amusé de Mattéo qui me trouvait sans doute un peu gamine.
La nuit venue, Maya et moi sommes allées scruter le ciel au-dessus du lac dans l’espoir de voir passer sur son balai la gentille sorcière aux souliers cassés et au chapeau pointu portant son sac plein de confiseries.

 

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Rédigé par Mireille

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Publié le 1 Février 2023

 

Bonjour mon carnet, l’idée me vient d’aller m’amuser. Eric, un ami m’avait parlé de Venise, où je suis déjà allée deux fois. Mais bientôt, en février, il y aura le Carnaval.

Pourquoi pas, c’est une bonne idée, on est dans les temps, pensais-je.

Un petit hôtel, un peu éloigné de la Place Saint-Marc. Les bagages déposés, nous allons d’un pas détendu apercevoir ces fameux personnages de rêverie. Une documentation prise à l’accueil me renseigne sur les débuts de ces extravagances colorées.

« Le CARNAVAL de VENISE remonte au Moyen Âge, les aristocrates voulaient associer le peuple aux jeux publics. Une abolition des différences sociales par le port du masque. A la Renaissance, le carnaval s’ouvre à l’opéra, au XVIIIe siècle, à la peinture. Sur la place San Marco déambulaient des acrobates, des jongleurs et des déguisements de la Commedia dell'Arte, avec des masques grimaçants. Le vol du Rat, un cortège en bateau avec l’effigie d’un gros rat qui exploserait de confettis en donnant le départ. »

Bon, et bien allons voir ce dont il est question….

La Place Saint-Marc, quelle beauté ! Je ne me lasserais jamais de voir ces nuées de pigeons et cette nonchalance italienne. Soudain, je me sens attrapée les bras par deux personnes sous de resplendissants costumes d’Arlequin et de Colombine, sous les yeux ébahis de mon ami…

- Prends une photo ! lui dis-je.

Puis, comme une attraction, de fil en aiguille, suivant un cortège de personnages plus beaux, plus colorés, plus audacieux et un brin prétentieux, je suis amenée au bord du Grand Canal, près des gondoles qui, semble-t-il, sont un peu délaissées… Un couple de Français s’avance vers moi, à l’écart de cette mascarade, me confie qu’ils confectionnent eux-mêmes leurs costumes et sont des habitués du Carnaval depuis des années.

- On ne se déguise pas, on se costume, me dit à l’oreille la dame. Le thème de cette année 2023 sera « Les Signes du Zodiaque » et le dernier jour, un jury décerne le prix du plus beau costume.

Suite à ces confessions intéressantes, je me réfugie dans une pâtisserie afin d’évaluer ce qui se passe sous mes yeux. Des rois, des reines, des princes, tout un défilé de personnalités déguisées.

Qui est qui sous ce masque ? me dis-je en regardant une silhouette fluette détonnant des autres aventuriers.

Peut être une fée, une elfe vêtue de noir ; des ongles très, très longs, des cris perçants sortant de sa bouche et des gestes saccadés accompagnent ses élucubrations. Tout un chacun peut ou veut se réfugier dans l’anonymat, l’espace de quelques jours de fêtes.

J’ai adoré ces trois jours festifs. Moi, me déguiser non, mais acheter un masque bien sûr, je ne veux me cacher qu’à moitié…

GRAZIE MILLE VENEZIA...

 

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Rédigé par Dominique

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Publié le 1 Février 2023

Le chant de l’oiseau me dit qu’il était temps de rentrer. Me voilà installé dans le train qui allait, de gare en gare, me ramener chez moi.

Les bruits des roues sur les raccords des rails me rappelèrent la musique des sabots de mon compagnon Pepito sur les roches et m’entraînèrent doucement dans les bras de Morphée.

Le crissement du métal provoqué par le freinage du train me réveilla ; me voilà chez moi.

L’aventure des Cathares, la découverte du cirque de Gavarnie avaient déclenché en moi le virus de la recherche pour les trésors de ce monde.

Et c’est comme ça que j’appris qu’en novembre 2018, l’Unesco avait inscrit à son patrimoine immatériel le savoir-faire de la ville de Grasse en matière de parfum. Habitant les Alpes-Maritimes, je me fixais comme but de le découvrir. Je me replongeais aussitôt dans le livre « Le Parfum » de Patrick Süskind pour m’imprégner des lieux et des senteurs de ce trésor immatériel.

Comment allais-je m’approprier cette sensation créée par l’ivresse éphémère d’un arôme aux saveurs musquées ?

Me voilà dans la capitale azuréenne des senteurs où, à travers les différentes parfumeries, je poursuivais ma quête de ce bouquet qui allait m’apporter le Nirvana olfactif.

Rien, pas le moindre relent pour me donner une piste, une indication, je commençais à désespérer quand, dans le vieux Grasse, une boutique attira mon regard. En pénétrant, j’eus l’impression de faire un grand bon dans le passé. Tout était vieux, même le propriétaire semblait faire parti du décor. Les flacons aux différentes essences étaient alignés sur les étagères comme des soldats de plomb. C’est là que je le vis, un tout petit flacon, avec sur l’étiquette, écrit en plein et délié, « Eau de violette » de Tourette sur Loup. Délicatement, je dévissais le bouchon et là, comme si un génie sortait de sa lampe, l’effluve m’emporta dans un monde irréel, peuplé de fleurs violettes.

Je mis un temps à retrouver mes esprits, mais je rentrais chez moi, le précieux flacon dans mon sac.

Le lendemain, je pris la route pour me rendre dans ce village et aller à la rencontre de cette senteur délicate que nous offre la nature.

Assis au milieu d’un champ de toutes petites fleurs timides qui cachent en leur cœur une essence qui, une fois distillée, apporte à celui qui la respire une vision d’un monde féerique. Je venais de trouver l’émanation d’un trésor. Ma nuit fut remplie à nouveau des rires d’un enfant.

 

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Rédigé par Bernard

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Publié le 31 Janvier 2023

 

Après son escapade irlandaise, Marie est rentrée chez elle pour accueillir Jean. Elle l’a invité pour le Carnaval. Il est arrivé hier soir et dort encore. En attendant son réveil, Marie feuillette un livre qu’il a laissé sur la table basse du salon.

 

 

Un livre à l’alphabet incompréhensible, mais magnifique. Certaines lettres, calligraphiées avec élégance, sont accompagnées d’oiseaux, de fleurs, d’arbres, avec des couleurs lumineuses d’une grande finesse. Une merveille !

 
 
 
 
 
 
 
 
Un bruissement dans son dos lui fait lever la tête. Jean est là, qui la regarde en souriant :
– C’est un livre écrit en arménien, lui dit-il.
– Il est vraiment superbe ! Quelle écriture étrange… Tu sais la déchiffrer ou c’est juste pour la beauté de l’objet ?
Jean s’assoit près d’elle, le visage soudain sérieux.
– Je sais la lire, c’est ma langue maternelle, tu sais. Et, tu vois, l’alphabet arménien est pour moi bien plus qu’un ensemble de lettres, c’est le symbole de mon identité culturelle et historique. Tu connais l’histoire du peuple arménien ?
Avant que Marie réponde, Jean lui raconte le génocide, la diaspora, les Arméniens éparpillés au quatre coin du monde, avec leur alphabet pour les relier.
– Cet alphabet, c’est la fierté de notre culture, ajoute-t-il. Il a été inventé par Mesrop Machtots au IVᵉ siècle pour traduire la Bible en arménien.
 
Dans les yeux sombres de Jean flotte comme une brume… douleur, nostalgie, souvenir… Marie ne saurait dire. Il se penche vers elle, murmure sur un ton de confidence :
– Sais-tu quelle a été la première phrase écrite en arménien ?
– Non, comment veux-tu que je le sache ! répond Marie tendrement.
– C’est : « Pour connaître la sagesse et l'instruction, Pour comprendre les paroles de l'intelligence. »
C’est pas une belle philosophie, ça ? ajoute-t-il en riant.
Marie acquiesce, feuillette le livre, demande :
– Elle y est dans ce livre ?
– Oui, elle est là :
" Ճանաչել զիմաստություն զիմաստություն և զխրատ, իմանալ զբանս զբանս հանճարոյ "
– Ah, oui ! Faut le savoir ! Mais ça me plaît de ne pas savoir. Ça donne un côté un peu magique, comme si j’avais découvert un document secret, rédigé pour protéger quelque chose de précieux, un trésor... tu vois, un peu comme dans les contes de fée.
– Tu ne crois pas si bien dire ! En fait, c’est l’alphabet lui-même qui est un trésor. En 2019, l’Unesco l’a inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’humanité.
 
Que de fierté dans la voix de Jean ! Marie en est toute émue. Jean prend le livre, cherche une page, l’ouvre, montre à Marie cette phrase :
"Եթե ​​ամեն մորուքի հետևում իմաստություն լիներ, այծերը բոլորը մարգարեներ կլինեին:"
C’est un dicton que j’aime beaucoup et qui, je pense, est universel.  Ça dit :
« Si derrière toute barbe il y avait de la sagesse, les chèvres seraient toutes prophètes. »
– Très juste ! rétorque Marie en riant. Et si, pour rester dans la thématique des trésors du monde immatériels, nous allions prendre un bon petit déjeuner ? La baguette française aussi fait partie du patrimoine mondial, non ? J’en ai une, encore tiède, sortie du four du boulanger il y a une demi-heure.
 
Jean referme le livre, le pose sur la petite table du salon, comme un objet d’art. Un rayon de soleil matinal vient se poser délicatement sur la belle calligraphie, et les oiseaux, les fleurs, les arbres s’animent. L’alphabet arménien est vivant.
 

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Rédigé par Mado

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Publié le 30 Janvier 2023

 

Juste avant que ce soit à moi d’intervenir il n’y avait rien. Je n’existais pas, du moins pas encore. J’ai connu le néant total de toute chose et d’un coup je ressens cette violente propulsion originelle jamais encore généré par cette substance créative qui s’apprête à devenir fertile

Je suis la toute première Seconde engendrée par la création l’univers.

Alors que j’initie mon récit, d’autres secondes s’activent et se projettent au-delà cet espace sans frontière incorporelle. Des particules les escortent dans cette odyssée sans précédent au cœur même de cet océan pluridirectionnel devenu Espace.

Au travers de moi, grandit ce pouvoir immense, sans détour, implacable, et irréversible, il se nomme Temps. A la minute où je vous parle tous deux s’unissent et de cette fusion une puissance inégalée apparaît.

Je navigue sans finalité sur cette étendue neuve. Je croise déjà au large de nébuleuses vaporeuses en train d’éclore, de se dilater dans des proportions incommensurables, arborant des lumières absolument inouïes, aux clartés somptueuses. Je parcours des milliards de kilomètres en un souffle indescriptible, sans fondement propre. Je suis une route sans détour, ni pré-établie. Je fais partie de cet ensemble neuf. Des galaxies s’éclairent tout autour de moi. Je rebondis sur des morceaux à la fois solide et gazeux, la Matière originelle, sur laquelle s’agglutinent des myriades d’atomes et molécules gonflés de Vie. C’est une tempête organique, à la recherche d’étoiles, soleil, de planète déjà en formation, afin de les trouver et les ensemencer.

Mon histoire a déjà une somme incalculable d’heures. Ce qui n’était au départ qu’un étincelle initiale, grandit en moi, se métamorphose en une énergie que j’ignorais posséder.

L’Univers enfle et s’étend sans mesure. La matière se forge et s’agrippe sur toute choses prête à la recevoir. L’Espace et le Temps mutent en un Personnalité unique.

Et moi, la Seconde première, perpétue ma trajectoire éperdue, avec des pulsars, des comètes flamboyantes comme compagnons de route, dans ce voyage sans visa de retour.

Au moment où je m’adresse à vous, je ne sais pas ce qu’il adviendra de tout ça.

Tout ce que je sais, c’est que moi, au tout début j’étais là.

 

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Rédigé par Jean-Michel

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Publié le 29 Janvier 2023

 

Maya ne m’avait pas donné de ses nouvelles pendant plusieurs jours après sa visite au Mont-Saint-Michel. Puis je reçus un texto d’elle me disant qu’elle traversait la France en diagonale depuis la Normandie. Elle envisageait même de passer par l’Italie du Nord avant son retour à Nice. Elle avait écrit : « Tu m’as tellement parlé de cet endroit magique qu’il faut que j’aille le voir de mes propres yeux ». J’ai compris tout de suite à quel lieu Maya faisait allusion. Je lui avais décrit la région sud du lac Majeur entre le Piémont et la Lombardie avec force détails et avec tout l’enthousiasme que cet endroit avait fait naître en moi quand je l’avais découvert quelques années auparavant.

Et voilà que tous les souvenirs des moments heureux passés au bord du lac Majeur me revinrent pêle-mêle intensément en mémoire. La première fois qu’il m’était apparu au détour de la route après plusieurs heures de voiture au départ de Nice, cela avait été comme un coup de foudre. Enfin il était là ! Sa couleur verte reflétant la nature environnante et son calme avaient ravi mes yeux, quelque chose d’impalpable s’en émanait et j’ai su à cet instant là que cette rencontre allait donner un autre sens à ma vie.

Il avait plu souvent en fin de journée lors de mes séjours à Angera, petite ville italienne au bord de l’eau. Au crépuscule, de la fenêtre de l’hôtel ouverte sur le lac, j’aimais écouter le bruit de la pluie tombant sur les larges feuilles des bananiers, le crépitement des gouttes sur l’eau, et sentir l’odeur âcre de l’herbe mouillée. Dans le silence de la nuit, ce murmure me berçait, le lac me paraissant plus sombre, presque noir.

La journée, je prenais souvent la navette pour aller sur l’autre rive et découvrir ses pittoresques petits villages. Certains, comme Arona, étaient animés les jours de marché par les commerçants et leurs voix italiennes chantantes, et je me mêlais avec plaisir à cette ambiance chaleureuse. D’autres étaient plus tranquilles mais tout aussi charmants, comme Belgirate. Celui-ci me plaisait particulièrement avec son église bleue que l’on apercevait de loin, son joli restaurant aux jardinières fleuries qui embaumaient l’air et son tiramisu un régal pour les papilles !

Mais la beauté du lac Majeur je l’ai surtout trouvée éclatante quand, de Stresa, j’ai pris le bateau pour aller aux îles Borromées. Trois îles bien différentes, telles des bijoux posés sur l’eau dans ce décor magnifique qui enchante le visiteur. Je me souviens des parfums des jardins d’isola Bella et d’isola Madre et de la saveur des plats de poissons dégustés sur l’isola dei Pescatori dans un sympathique restaurant au bord de l’eau.

Je trouvais tellement de charme aux petits ports endormis le long des berges, juste quelques barques souvent, dont certaines même prenaient l’eau. Elles semblaient se laisser porter avec douceur et confiance par le clapotis de cette onde paisible. A certains endroits il était facile d’approcher la rive et de toucher l’eau, elle était fraîche et pure sous mes doigts et je m’étais contentée d’y plonger une main et un pied.

Dans cet environnement grandiose entre plan d’eau et montagnes, les belles villas d’époque parsemées sur les rives me faisaient rêver et naître en moi une imagination débordante.

Je me sentais inspirée par leur stature imposante, entourée de jardins verdoyants qui descendaient parfois jusqu’au lac ou par leur ressemblance à de petits châteaux de conte de fée. Et j’inventais, derrière leurs volets souvent fermés, des histoires romanesques de couples valsant sur les parquets cirés.

Maya allait donc découvrir ce lieu qui est devenu pour moi comme un trésor, inspirant et émouvant. Je sentis alors le besoin irrépressible d’y retourner pour revivre toutes ces sensations, poursuivre l’écriture de ce roman commencé là-bas et retrouver cette ambiance italienne, celle de la terre de mes ancêtres. En un instant ma valise à roulette fut remplie. Demain j’irai rejoindre Maya, je reverrai il Lago Maggiore et j’entendrai à nouveau le capitaine de la navette annoncer « Prossima fermata ! »

 

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Rédigé par Mireille

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Publié le 28 Janvier 2023

 

Après s'être fait accepter à la prestigieuse université AL QUARAOUINE de la ville de Fès, Fabian se consacra à la découverte d'un monde dont il ignorait tout. Ses maîtres l'initièrent à la philosophie et dirigèrent ses idées vers l'ancien testament, là où les prophètes n'étaient ni chrétiens ni musulmans. Ils se contentaient de porter la parole de Dieu à qui voulait l'entendre.

Bastian se posait beaucoup de questions, mais un évènement lui tourmentait l'esprit plus qu'un autre : le déluge! Pourquoi la colère de Dieu avait-elle provoqué cette punition ? Pourquoi avait-il poussé un vieil homme et ses fils à construire une gigantesque arche destinée à sauver tous les animaux de la création en laissant les hommes à leur triste sort ? Même Noé, dans ses moments de doute, se posait la question, mais il était trop sourd pour entendre les réponses du Très-Haut.

De nombreux disciples, de passage à Fès, laissait entendre qu'après sept mois et quelques jours, le doigt de Dieu libéra l'arche au sommet du mont Ararat dans l'ancien royaume d'Urartu. Fabian situa cette région à l'est de l'actuelle Turquie. Un tel voyage représentait un nouveau lot de souffrance, d'épuisement et de découragement, mais la ténacité qui lui tenait lieu de bâton de marche l'emporta.

Que pensait-il trouver ? Aujourd'hui, en suivant les aventures de Fabian, je me demandais si un tel homme avait existé. Tout ce qu'il avait traversé, en commençant par la guerre des Albigeois, et tout ce qui le poussait maintenant à accomplir sa quête faisait de lui un personnage hors du commun, voire un héros de légende.

Il partit... Avec ses maigres avoirs dans un sac en vieux cuir qui avait servi à porter le trésor spirituel des cathares, une canne à la main et sa foi dans le cour, il était paré pour faire face à l'immensité qui l'attendait. Encore une fois son courage décida pour lui. Il traversa une mer et ses pas le portèrent en vue d'une ville qui avait pour nom Dobayazit. C'était le soir. Il s'approcha d'une maison à la limite des portes de la ville. Des oignons en tresses et des piments qui séchaient donnaient à Fabian un tableau rassurant criant bien fort que la paix habitait cette demeure. Un homme sortit, faiblement éclairé par le feu dans l'âtre où une marmite suspendue laissait échapper une bonne odeur de soupe.

L'homme lui demanda ce qu'il cherchait. Fabian lui dit qu'il avait fait un long voyage pour honorer le mont Ararat sur lequel Dieu avait déposé un véritable trésor. L'arche de Noé.

- Rentre chez moi, il se fait tard et tu ne trouveras l'hospitalité nulle part à cette heure. Demain matin, au chant du coq, nous sortirons et nous attendrons que l'aube éclaire l'est et tu verras apparaître ce merveilleux glacier que tant d'hommes vénèrent. Tous cherchent les traces du miracle de l'arche. Essaie de te rapprocher de la tombe de Noé, les anciens affirment que le patriarche est enterré à Cizre, si tu lui parles avec respect, il te dira peut-être, où se trouve l'endroit que tu cherches… Mais il te faudra beaucoup de patience et de courage. En attendant viens te reposer… demain sera un autre jour.

Ce homme avait raison. Cette montagne est sacrée. Elle est aussi le symbole national de l'Arménie. Je ne sais pas si Fabian a mis fin à son pèlerinage, mais je me sens de plus en plus concerné. Il est possible que l'histoire de Fabian prenne fin mais il se peut que la mienne commence.

 

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Rédigé par Fernand

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Publié le 28 Janvier 2023

 
La pluie l'essentiel de notre vie.
Un trésor, une merveille du monde. Elle est l'équilibre de notre planète bleue. La pluie nourrit, creuse, parcourt des kilomètres pour alimenter nos réserves souterraines.
Quelle joie de la voir tomber du ciel, puis serpenter dans les rivières, claire et transparente, sortir d'une source bienfaisante et abreuver hommes et bêtes.
C'est un immense plaisir de fouler dans la forêt, le tapis humide de feuilles mortes où l'odeur boisée, après l'orage, nous monte dans les narines. La pluie purifie l'air et rend l'atmosphère cristalline. Les gouttelettes d'eau restent suspendues au bord des feuilles brillantes, sous un timide rayon de soleil. Un petit rossignol s'ébroue, joyeux, accroché à une légère branche. Une promenade en forêt par temps pluvieux est un ravissement pour les enfants, une liberté immense de pouvoir sautiller dans une flaque et éclabousser l'entourage dans un éclat de rire. Au loin, on entend le grondement sourd de la cascade qui fait écho sur la montagne d'en face.
Quelle grande joie de cueillir les argousiers bien mûrs, les fraises des bois gorgées de jus sucré et parfumé. Même les escargots sont heureux de sentir la fraîcheur ; on les voit sortir de leur cachette avec leur carapace sur le dos, gambader parmi les herbes détrempées, à l'assaut de plantes vertes et tendres, afin de faire un bon festin.
Enfin, après la pluie le soleil semble vouloir montrer timidement le bout son nez. C'est là que la nature, sortie de sa torpeur de sécheresse, nous montre tous ses atouts. Le feuillage a pris sa douche et se pare de belles couleurs vert tendre, parfois un peu cendré. Les fruits, sous leur couleur rouge vif et jaune citron pendent sur les branches avec une nouvelle tenue. Les troncs rugueux des chênes exhibent leur écorces lumineuses.
La nature est là vivante, elle nous appelle, on respire, on ouvre les poumons. Un sentiment de béatitude nous envahit.
La pluie a du charme si on sait l'apprécier.
Tout là-haut, il fait beau ! Mais le ciel se met à pleurer pour nous dire la grande tristesse de ne plus
pouvoir, si souvent, inonder régulièrement notre vie de ce liquide transparent comme le verre.
C'est pour cela qu'aujourd'hui, il ne faut plus se permettre de jouer avec lui. Cet élément, si complet en minéraux, attend de nous autant de bienfaits qu'elle nous en a donnés autrefois.
 

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Rédigé par Arlette

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Publié le 28 Janvier 2023

 

Mon cœur bat au rythme des pas de cette Valse Viennoise de Johann Strauss. Cette rencontre au Palais de Hofburg, tout aussi inattendue qu’enivrante, change mes projets de suivre le carnet de voyage de ma célèbre Babushka. Elle doit applaudir mon idée de partir visiter la Turquie ..

L’avion prend de la vitesse, il quitte le sol. Mon corps se détend, j’incline mon siège de velours rouge, tourne ma tête, nez collé au hublot. Je souris à l’image de Paris miniaturisé. Juste le temps d’apercevoir les reflets argentés des méandres de la Seine et la Tour Eiffel étincelante qui se détache dans le ciel orangé de cette soirée estivale. Des bulles fraîches, pétillantes éclatent dans ma bouche, je savoure la moindre gorgée de ce champagne euphorisant. La descente est amorcée, le spectacle est grandiose, la ville d’IZMIR s’étend au bord de la mer Égée, le dôme des mosquées s’impose, rutilant.

Inquiète, je suis le flot des arrivants, récupère ma valise, me dirige vers la sortie. Une chaleur moite m’enveloppe, le brouhaha de l’aéroport m’étourdit. Nos regards se croisent, il est là, je suis dans une bulle silencieuse. Notre étreinte a un goût de miel. Ma main se cramponne à la sienne, jusqu’à la voiture. Je découvre émerveillée le panorama, commenté par Ilhan avec cet accent qui m’a séduit dès le premier instant.

Sur la terrasse de l’hôtel, face à la mer, le murmure des vagues m’entraîne à la rêverie. J’inhale l’air iodé mélangé aux senteurs de fleurs et de plantes environnantes.

Au réveil, départ pour Pamukkale.

Tout le long du trajet, la découverte de la Turquie est un enchantement. Tous les plaisirs et les trésors du monde sont réunis pour laisser, par écrit, des souvenirs impérissables.

WAOUH ! Je reste bouche bée devant ce cadeau de la nature.

Pamukkale, le château de coton, un décor irréel fait de forêts minérales, de cascades pétrifiées, de stalactites et d’un succession de vasques en gradins aux eaux turquoises.

La dynastie des Attalides, rois de Pergame créa la station thermale de Hierapolis. Ce site abrite des ruines, des temples et d’autres monuments grecs vers lesquelles nous nous dirigeons. Malgré un tremblement de terre les vestiges de l’époque gréco-romaine comprennent des bains, un amphithéâtre, une arche monumentale, un nymphée et une nécropole. Deux heures de visite dans cette ville devenue, avec ses nombreuses églises, un important centre religieux de l’Empire romain d’Orient.

Pause déjeuner de délicieuses saveurs turques. Légumes farcis (dolma) accompagnés d’une salade de lentilles rouges parfumées d’oignons verts, de fines herbes, ail, citron, tomates. Feuilletés croustillants en forme de cigares à la viande (bôrek) gras, mais croquants et épicés. Le tout servi avec une sauce blanche acidulée et une galette tiède, fine et molle. Pâtisseries tièdes, fondantes, qui laissent mes lèvres sucrées. La boisson traditionnelle, le Raki, servie avec de l’eau plate se révèle être plus alcoolisée que je ne le pensais. Son goût anisée sublime mes papilles asséchées, pourquoi donc s’en priver ! J’adore me laisser griser.

Voilà enfin le moment tant attendu, les chaussures dans le sac à dos, en short, ou bermuda, nous entamons l’escalade de la montagne de coton. Première sensation, une surprenante chaleur de plus de 38 degrés nous paralyse dès les premiers pas. La texture du sol est surprenante, elle est d’une éblouissante blancheur, tantôt dure, collante, ou glissante par endroit. Les eaux chargées de calcite, provenant des sources chaudes jaillissent de la falaise, jamais au même endroit, provoquant de grands éclats de rire quand elles surgissent devant nous.

Chacun ressent des sensations différentes. J’éprouve des fourmillements, des chatouilles et je me sens asperger par une pluie fine qui s’infiltre sur mes vêtements. Je me retrouve le débardeur blanc mouillé, source d’amusement ! L’eau turquoise des vasques est brûlante, nos mains rougis sont pourtant d’une douceur extrême.

Deux cents mètres plus haut, nos efforts sont récompensés par un pur moment de délassement. Affaires personnelles dans les casiers, nous terminons la balade en maillot, dans les eaux effervescentes chauffées par dame nature de la piscine Cléopâtre. Un jacuzzi insolite, au fond duquel la prudence est de mise, de nombreuses ruines jalonnent le parcours. Ce plan d’eau, aux geysers inattendus est comparable à une rivière, entouré d’arbres aux fleurs chatoyantes et parfumées, sur lesquels les oiseaux pépient. Le circuit passent sous des ponts, où l’on renifle parfois des effluves de souffre. Rien de désagréable.

Fin du parcours ! Impossible de trouver les mots pour qualifier le paysage qui s’étale devant nous, à perte de vue.

Un instant de bonheur qui rapproche nos visages pour un tendre baiser.

Nous quittons, à regret, ce paradis sur terre. Demain Istanbul nous attend avant le retour à Paris.

 

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Rédigé par Josiane

Publié dans #Trésors du monde

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