LE MONT ARARAT
Publié le 28 Janvier 2023
Après s'être fait accepter à la prestigieuse université AL QUARAOUINE de la ville de Fès, Fabian se consacra à la découverte d'un monde dont il ignorait tout. Ses maîtres l'initièrent à la philosophie et dirigèrent ses idées vers l'ancien testament, là où les prophètes n'étaient ni chrétiens ni musulmans. Ils se contentaient de porter la parole de Dieu à qui voulait l'entendre.
Bastian se posait beaucoup de questions, mais un évènement lui tourmentait l'esprit plus qu'un autre : le déluge! Pourquoi la colère de Dieu avait-elle provoqué cette punition ? Pourquoi avait-il poussé un vieil homme et ses fils à construire une gigantesque arche destinée à sauver tous les animaux de la création en laissant les hommes à leur triste sort ? Même Noé, dans ses moments de doute, se posait la question, mais il était trop sourd pour entendre les réponses du Très-Haut.
De nombreux disciples, de passage à Fès, laissait entendre qu'après sept mois et quelques jours, le doigt de Dieu libéra l'arche au sommet du mont Ararat dans l'ancien royaume d'Urartu. Fabian situa cette région à l'est de l'actuelle Turquie. Un tel voyage représentait un nouveau lot de souffrance, d'épuisement et de découragement, mais la ténacité qui lui tenait lieu de bâton de marche l'emporta.
Que pensait-il trouver ? Aujourd'hui, en suivant les aventures de Fabian, je me demandais si un tel homme avait existé. Tout ce qu'il avait traversé, en commençant par la guerre des Albigeois, et tout ce qui le poussait maintenant à accomplir sa quête faisait de lui un personnage hors du commun, voire un héros de légende.
Il partit... Avec ses maigres avoirs dans un sac en vieux cuir qui avait servi à porter le trésor spirituel des cathares, une canne à la main et sa foi dans le cour, il était paré pour faire face à l'immensité qui l'attendait. Encore une fois son courage décida pour lui. Il traversa une mer et ses pas le portèrent en vue d'une ville qui avait pour nom Dobayazit. C'était le soir. Il s'approcha d'une maison à la limite des portes de la ville. Des oignons en tresses et des piments qui séchaient donnaient à Fabian un tableau rassurant criant bien fort que la paix habitait cette demeure. Un homme sortit, faiblement éclairé par le feu dans l'âtre où une marmite suspendue laissait échapper une bonne odeur de soupe.
L'homme lui demanda ce qu'il cherchait. Fabian lui dit qu'il avait fait un long voyage pour honorer le mont Ararat sur lequel Dieu avait déposé un véritable trésor. L'arche de Noé.
- Rentre chez moi, il se fait tard et tu ne trouveras l'hospitalité nulle part à cette heure. Demain matin, au chant du coq, nous sortirons et nous attendrons que l'aube éclaire l'est et tu verras apparaître ce merveilleux glacier que tant d'hommes vénèrent. Tous cherchent les traces du miracle de l'arche. Essaie de te rapprocher de la tombe de Noé, les anciens affirment que le patriarche est enterré à Cizre, si tu lui parles avec respect, il te dira peut-être, où se trouve l'endroit que tu cherches… Mais il te faudra beaucoup de patience et de courage. En attendant viens te reposer… demain sera un autre jour.
Ce homme avait raison. Cette montagne est sacrée. Elle est aussi le symbole national de l'Arménie. Je ne sais pas si Fabian a mis fin à son pèlerinage, mais je me sens de plus en plus concerné. Il est possible que l'histoire de Fabian prenne fin mais il se peut que la mienne commence.