LE PARFUM
Publié le 1 Février 2023
Le chant de l’oiseau me dit qu’il était temps de rentrer. Me voilà installé dans le train qui allait, de gare en gare, me ramener chez moi.
Les bruits des roues sur les raccords des rails me rappelèrent la musique des sabots de mon compagnon Pepito sur les roches et m’entraînèrent doucement dans les bras de Morphée.
Le crissement du métal provoqué par le freinage du train me réveilla ; me voilà chez moi.
L’aventure des Cathares, la découverte du cirque de Gavarnie avaient déclenché en moi le virus de la recherche pour les trésors de ce monde.
Et c’est comme ça que j’appris qu’en novembre 2018, l’Unesco avait inscrit à son patrimoine immatériel le savoir-faire de la ville de Grasse en matière de parfum. Habitant les Alpes-Maritimes, je me fixais comme but de le découvrir. Je me replongeais aussitôt dans le livre « Le Parfum » de Patrick Süskind pour m’imprégner des lieux et des senteurs de ce trésor immatériel.
Comment allais-je m’approprier cette sensation créée par l’ivresse éphémère d’un arôme aux saveurs musquées ?
Me voilà dans la capitale azuréenne des senteurs où, à travers les différentes parfumeries, je poursuivais ma quête de ce bouquet qui allait m’apporter le Nirvana olfactif.
Rien, pas le moindre relent pour me donner une piste, une indication, je commençais à désespérer quand, dans le vieux Grasse, une boutique attira mon regard. En pénétrant, j’eus l’impression de faire un grand bon dans le passé. Tout était vieux, même le propriétaire semblait faire parti du décor. Les flacons aux différentes essences étaient alignés sur les étagères comme des soldats de plomb. C’est là que je le vis, un tout petit flacon, avec sur l’étiquette, écrit en plein et délié, « Eau de violette » de Tourette sur Loup. Délicatement, je dévissais le bouchon et là, comme si un génie sortait de sa lampe, l’effluve m’emporta dans un monde irréel, peuplé de fleurs violettes.
Je mis un temps à retrouver mes esprits, mais je rentrais chez moi, le précieux flacon dans mon sac.
Le lendemain, je pris la route pour me rendre dans ce village et aller à la rencontre de cette senteur délicate que nous offre la nature.
Assis au milieu d’un champ de toutes petites fleurs timides qui cachent en leur cœur une essence qui, une fois distillée, apporte à celui qui la respire une vision d’un monde féerique. Je venais de trouver l’émanation d’un trésor. Ma nuit fut remplie à nouveau des rires d’un enfant.