Publié le 2 Février 2021

 

Je crois bien que je vais partir en vacances, oui très  loin, dans un pays asiatique

Je crois bien que je vais m’acheter un maillot de bain,  je suis devenue si mince.

Je crois bien que je vais me faire couper les cheveux, il parait que ça rajeuni.

Je crois bien que je vais aller prendre un café en terrasse, oui, là, à cette table au soleil.

Je crois bien que je vais aller au cinéma, mais j’hésite, trop de film à l’affiche.

Je crois bien que je vais rejoindre ma salle de gym, un peu de yoga me fera du bien.

Je crois bien que je vais aller faire des courses, j’ai 10 personnes à table ce soir.

Je crois bien que je vais aller dans ce nouveau restaurant, ils font des pâtes merveilleuses.

Je crois bien qu’il faut que je me réveille…

 

Je crois bien  que je ne partirai pas en vacances, les frontières sont fermées,

Je crois bien que j’ai grossi de deux kilos, pas de maillots de bain pour moi,

Je crois bien que je vais garder mes cheveux en bataille, tous les salons de coiffure ont baissé leurs rideaux,

Je crois bien que je prendrai un café debout appuyée à un arbre,

Je crois bien qu’il n’y a plus un cinéma ouvert,

Je crois bien que mes articulations vont finir par se souder,

Je crois bien que je vais faire un petit « drive »

Je crois bien que je vais faire cuire quelques tristes pâtes,

Je crois bien que nous sommes en 2021,

Je crois bien que cela fait un an que ça dure……

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Rédigé par Françoise S.

Publié dans #Oulipo

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Publié le 2 Février 2021

 

Rien n’est jamais fini

Qui n’est commencé dans la douleur.

 

Rien n’est jamais fini

Qui se terminera dans la douceur.

 

Rien n’est jamais fini

Il suffit d’un peu de bonheur

 

Rien n’est jamais fini

L’espoir fait vivre à son heure.

 

Rien n’est jamais fini

C’est de l’autosuggestion

 

Rien n’est jamais fini

Si l’on se pose la question.

 

Rien n’est jamais fini

Je le reverrai un jour

 

Rien n’est jamais fini

En bas, en haut nous y serons pour toujours.

 

Rien n’est jamais fini

Me disent en chœur mes amies….

 

 

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Rédigé par Dominique

Publié dans #Oulipo

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Publié le 2 Février 2021

Désertique

 

Le silence balayé par le vent. La dune insurmontable, la fatigue, les pas qui s’enfoncent, qui glissent. Pourtant là haut on verra plus loin, on verra quoi ? Une mer de sable comme lorsqu’on se retourne ?

On persévère, encore un pas, un mètre, deux, on s’aide avec les mains.

La pluie d’étoiles s’efface, le ciel rosit, le soleil va tout écraser, un dernier effort. Le sommet est atteint.

Au loin dans le vallon, une tache verte, les briques d’argile, les toits de palmes, les arbres chargés de fruits, la piste…

La fatigue s’en est allée. On court. Le sable est aussi léger que la brise qui nous enveloppe d’une étrange douceur…

 

Froid

 

Guillaume se lève et tire les lourds rideaux qui obstruent la fenêtre givrée de sa chambre. Il découvre l’origine de ce grand froid…

La neige… la neige tombe à gros flocons, compacte, recouvrant tout et modifiant en douceur l’aspect original du paysage.

Un personnage apparaît sur la piste, à sa démarche Guillaume reconnaît Hugues le compagnon forgeron qui vient aux nouvelles.

C’était lui qui semblait le plus frileux... Exposé toute la journée à la chaleur de sa forge il supportait mal ce froid subit et ce sera celui qui s’approchera le plus prés du foyer, au risque de se brûler, pour se réchauffer les mains.

Lui aussi était contraint à l’inactivité.

-Le métal est si froid qu’il me brûle les mains au travers de mes gants de cuir, il est très difficile de travailler par ces températures.

-Je vais en profiter pour renouveler mes gants à l’entrepôt.

Soudain, les rafales se calment, une épaisse couche de neige recouvre le sol.

L’air devient subitement tranquille,

Un souffle à la pointe des arbres disperse en poudre la neige amassée sur les ramures.

Un branchage craque et s’écroule sur le tapis immaculé dans un petit bruit ouaté.

Le cri lointain d’un oiseau esseulé perce le grand silence…

Le feu dans la cheminée s’est consumé, de toutes petites flammèches essayent de maintenir le foyer en activité, une pièce de bois calcinée s’effondre provoquant une gerbe d’étincelles. C’est le moment de poser une bûche, une vraie, qui redonnera vigueur à l’âtre et chaleur à la pièce…

 

Sucré

 

Nous sommes fin mai. La procession à la mer de sainte Sara patronne des Roms, Manouches, Tziganes, Gitans, va débuter.

Tous ces gens de nulle part, qui n’ont rien, se sentent ici chez eux.

Se réunissent pour la fête…

La barque supportant la statue de Sara sort de l’église fortifiée des Saintes-Maries-de-la-Mer au rythme de pas lourds, portée par une armada de volontaires aux pieds nus. A chaque déplacement rythmé, les visages des fidèles présents au premier rang accusent une légère grimace comme pour révéler la douleur des porteurs.

Le « Maître des pas », l’homme qui aménage les pauses de tous ces hommes aux dos meurtris, les conduit lentement jusqu’aux premières vagues de la Méditerranée. Dans la foule immense chacun veut la toucher, lui jeter des fleurs. Les enfants sur les épaules des adultes lui envoient des baisers.

Les chants Manouches se succèdent jusqu’à l’approche des vagues. Puis c’est l’immersion. Le cortège s’engage dans la mer et se fige. La solennité plane sur l’assistance. Le silence s’installe.

Ricardo, ici on l’appelle Manitas de Plata ou le petit, c’est selon, entame avec sa guitare une mélodie langoureuse, envoûtante. Tous l’écoutent avec recueillement, les yeux rougis :

-Tu es béni le petit ! Tout est doux avec toi, entendra-t-on.

Le soir, la fête, les feux de bois, la cuisine qui rissole dans les chaudrons, les hommes qui replient leurs couteaux à cran d’arrêt la panse bien remplie, les danses. La lune complice qui complète le tableau.

Manitas de Plata jouera, jouera jusqu’à la fin de la nuit. Les femmes, dos cambré, menton relevé, pas saccadés, mains sur les hanches transmettent cette noblesse venue du fond de l’Andalousie…

Au petit matin, la roulotte s’ébranle traînée par un âne qui en a tant vu. Les hommes suivent à pieds, en saluant de la main le départ à moto de ce fils prodige, cheveux au vent…

-Tu es le sucre de notre vie, Manitas…

 

Liquide

 

Les buissons et les bouquets de roseaux proches de la rivière commençaient à s’agiter, la brise se levait, elle ne tarderait pas à s’imposer. A son passage chaque feuille réagissait de façon différente mais on en sentait l’humidité.

Elle descendait des montagnes toutes proches et transportait avec elle une odeur de terre mouillée…

Ce n’était pas encore le cas ici pourtant des signes annonciateurs ne trompaient pas, de fines gouttelettes commençaient à tomber éclaboussant la poussière du chemin. Brusquement à quelques pas du cheval, sur le chemin, un coup de vent d’une vigueur inattendue fit virevolter des feuilles éparses et l’homme rattrapa de justesse son chapeau mis en désordre.

Un oiseau de proie, une buse certainement, perchée sur un arbre à proximité eut le duvet de son ventre tout retourné, il prit son envol accompagné d’un cri de désapprobation.

-Hum, il me faut rejoindre au plus vite un abri !

Le rythme des gouttelettes s’accéléra alors qu’ils traversaient le bois.

Les branches des arbres pratiquement immobiles jusqu’alors se mirent à remuer comme pour débarrasser leurs feuilles des gouttes qui les dérangeaient.

Puis il commença à pleuvoir pour de vrai, sans mesure. L’homme remonta le col de sa lourde veste et ajusta son large chapeau.

Le cheval évitait de lui-même les flaques qui commençaient à se former sur le chemin, tout en donnant sa pleine puissance au trot.

L’homme sentait l’eau couler des coins de son chapeau et tremper sa veste.

Plus aucun cri d’oiseau n’était perçu. Le déchaînement de l’orage avait interrompue tous autres bruits. Le silence relatif faisait ressortir le crépitement de la pluie de plus en plus intense.

Par endroits, le chemin était traversé de ruisseaux en cru qui s’échappaient vers les terrains en contre bas et se répandaient parmi les herbes couchées…

L’attelage apparaissait illuminé par les éclairs qui déchiraient le ciel tandis que roulait le tonnerre…

 

Rouge

 

Le Txupinazo, ce pétard diffuseur de liesse, a explosé sur la place centrale. La foule en délire libère un chant longtemps retenu qui s’envole au-delà des maisons blanches à colombages rouges. L’orchestre a du mal à se frayer un chemin au travers des vagues de chemises et pantalons blancs. Seuls les bérets et écharpes rouges tranchent dans cette marée humaine pour ne faire qu’une immense tâche dans les rues, compacte, étendue, démesurée, rouge.

Une seule chose a le pouvoir de diluer cette marée écarlate : les taureaux aux cornes ornées de cocardes de la même couleur que tous ces bérets.

Nous sommes le douze juillet et la fête de Pampelune débute…

 

Propre

 

Seul le crissement régulier et mat du racloir qui décape les lames brutes de chêne résonne dans la pièce.

Les veines jaunes du bois apparaissent sous les copeaux. Le vieil arbre reprend vie. Les ouvriers, à genoux, torse nu et bleu de chauffe noué à la taille brisent la monotonie répétitive des gestes, la parole l’emporte sur les crissements.

-Alors, elle est venue hier aux Batignolles ?

-Oui mon pote, je lui ai offert son sirop grenadine !

-Un sirop grenadine ? Et toi tu t’es rabattu sur l’eau gazeuse ?

-De quoi je me mêle ? Pour ce premier rendez-vous, je l’ai écouté. Et bien tu le croiras si tu veux, elle m’a fait rêver !

-Oh ! Toi tu es en train de tomber amoureux,

Le troisième ouvrier, consciencieux, ne lève pas la tête de son ouvrage,

-Allez les gars, on doit finir ce soir, tout doit être propre !

Les lambris muraux gris et jaune surveillent tout ce petit monde. Par la fenêtre, le ciel nuageux de Paris se déchire, un coin de ciel bleu apparaît, lavé, propre….

 

Somptueux

 

Le soleil s’échappait sous les derniers nuages et caressait l’horizon chaotique des Grands Causses. Il aimait bien se promener dans le silence et les effluves de ces espaces sauvages. Les chênaies, chemins caillouteux, longs alignements de murets de pierres sèches, portails effondrés qui laissaient entrevoir quelques dolines où s’abreuvent les bêtes, tout cela lui permettait de remettre de l’ordre dans ses idées.

Des hirondelles voletaient, zigzaguaient et sifflaient en se pourchassant. Rémy ressentit soudain un grand calme intérieur, comme si tous les problèmes du monde étaient subitement résolus. Il s’était arrêté, profitant de la douceur de cette soirée qui s’installait. Le village en contre bas lui apparut recroquevillé autour des ruines de son château. Le chemin de halage, le long de la rivière fut le dernier léché par les rayons qui disparurent sans qu’il ne s’en rende compte…

 

Silencieux

 

Dans le silence du grand dessin immobile, un léger grésillement de l’air se fait sentir, la poussière virevoltante s’anime. Une tête aux cheveux blancs coiffée d’une drôle de casquette hors d’âge semble se glisser sous la voûte. Impalpable, invraisemblable.

Une main invisible trace courbes humaines et draperies féminines. Les flocons de nuages se mettent en place. Le satin des peaux répond aux ombres des végétaux. Le Pourpre se trace écarlate, érubescent, le Carmin se tinte de cochenille, le Vert se retrouve tendre, émeraude, hydraté, le fameux vert Véronèse, les Jaunes fanés évoluent du blond vers le safran, l’Indigo transgresse du pastel au rayonnement intense d’un ciel de Méditerranée l’été. La profondeur du décor s’installe. L’œuvre s’achève en quelques heures, là où des jours et des jours n’avaient conduit qu’à un « à la manière de » !

Paolo Véronèse répare son œuvre ! Et après ?

 

 

 

Gérald IOTTI

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Rédigé par Gérald

Publié dans #Divers

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Publié le 1 Février 2021

Comme je suis distraite ! il y a deux jours, je cherchais mon peignoir dans ma toute petite salle de bains, je vis la manche et stupéfaite, je l'avais sur le dos.  
 
Comme je suis distraite  ! J'attendais patiemment que la file de voitures démarre ,
après vérification,  elle n'a jamais démarrée car j'étais sur la file des voitures garées !
 
Comme je suis distraite, je sortais de mon immeuble et tout le monde me regardait,
j'avais pris mon sac poubelle à la place de mon sac à mains. J'ai eu honte !
 
Comme je suis distraite ! J'ai rangé mon caddy de courses dans le coffre d'une voiture qui ne m'appartenait pas. Pourquoi cette voiture était rouillée subitement,  ma fille me dit  " ce n'est pas ta voiture maman "
 
Comme je suis distraite,  un jour je partais donner mes cours, un sac poubelle à la main et mon cartable avec tout mon matériel pédagogique. J'ai jeté mon cartable et je suis arrivée dans ma classe avec mon sac poubelle à la main !
 
Comme je suis distraite ! Dans les supermarchés il m'arrive souvent d'arriver en caisse avec un charriot qui ne m'appartient pas.
 
Comme je suis distraite,  la liste n'est pas exhaustive...
 
Michèle 

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Rédigé par Michèle

Publié dans #Oulipo

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Publié le 1 Février 2021

POURQUOI M’A-T-ELLE DIT ?
 
 
 
Pourquoi m’a-t-elle dit , en refermant la porte de la maison après m’avoir habillée chaudement et installée dehors sur mon tricycle « Eh bien , va jouer maintenant »? C’était la nuit, j’avais cinq ans et je ne dormais pas
 
Pourquoi m’a-t-elle dit , en me renvoyant ma carte postale soulignée de rouge, « tu nous as habitués à mieux en orthographe »? J’avais huit ans, je venais de sauter une classe et je ne connaissais personne au stage de neige où je m’ennuyais à périr
 
Pourquoi m’a-t-elle dit que j’avais été conçue dès leur mariage pour avoir une raison de rester avec lui ? J’avais treize ans et lui, c’était mon père
 
Pourquoi m’a-t-elle dit que j’étais sa meilleure amie ? À sa meilleure amie on confie ses secrets d’alcôve. À sa fille non.
 
Pourquoi m’a-t-elle dit que si je pleurais à chaque fois qu’il fallait retourner à l’internat elle ne viendrait plus me sortir le jeudi après-midi ? À l’époque, c’était le jeudi qui donnait quartier libre aux écoliers. Et j’étais pensionnaire depuis le CM2
 
Pourquoi m’a-t-elle dit et répété « Si ça continue, je vais devenir folle en restant ici. Il faut que je tienne jusqu’à ce que vous ayez tous les deux le bac » ?  La folie me terrorise et j’ai collectionné au galop les bulletins de bonne élève Mon frère, lui, a pris son temps . Il n’était pas au courant
 
Pourquoi m’a-t-elle dit avec un sanglot « J’avais besoin de serrer un de mes enfants contre moi » ? On m’avait amenée dans une chambre de la clinique d’obstétrique d’un ami. Elle devait se faire enlever un fibrome. Il avait lui aussi, qui n’était pas mon père, les yeux pleins de larmes et lui tenait la main. Est-ce-qu’on pleure un fibrome ?
 
 
 
J’ESPERE QUE JE N’OUBLIERAI JAMAIS
 
 
 
J’espère que je n’oublierai jamais le parfum de violette de ma grand-mère Georgette
 
J’espère que je n’oublierai jamais les parties de gendarmes et voleurs entre plages et rochers de ce petit coin de Bretagne
 
J’espère que je n’oublierai jamais les trois bandes au sein de la ribambelle de cousins ; les petits et les moyens se partageant le grenier-dortoir ; les grands , fiers de leur droit de camper dans le jardin
 
J’espère que je n’oublierai jamais le goût des Carambars que nous allions nous acheter un par un chez la mère Le Pinsec
 
J’espère que je n’oublierai jamais la cueillette des asperges, l’oeil aiguisé à la recherche des petites têtes mauves qui , parmi les cailloux de même couleur , soulevaient la terre des buttes
 
J’espère que je n’oublierai jamais la saveur secrète qu’avait la sauce mousseline de Madame Angèle
 
J’espère que je n’oublierai jamais l’évasion procurée par les livres au cours des interminables heures d’études des années de pension
 
J’espère que je n’oublierai jamais mon éblouissement de collégienne en découvrant l’existence du nombre d’or
 
J’espère que je n’oublierai jamais le plaisir de découvrir, grâce à la passionnante et passionnée Anne-Rose G., la vie des Romains et celle, rocambolesque, des dieux de l’Olympe
 
J’espère que je n’oublierai jamais la danse selon Irène Popard et la fierté d’arborer au gala de fin d’année tunique de satin mauve et bracelet de violettes parmes
 
J’espère que je n’oublierai jamais comme c’était excitant de retourner à la fac apprendre une langue nouvelle, réviser des pages d’histoire oubliées, peaufiner thèmes et versions
 
J’espère que je n’oublierai jamais la sensation qui me saisit , dès que je passe la frontière, d’avoir été Italienne dans une autre vie
 
J’espère que je n’oublierai jamais la façon dont je t’ai rencontré, sur le bateau qui nous emmenait aux îles et s’appelait « Le Roi de Coeur »; ça ne s’invente pas
 
J’espère que je n’oublierai jamais le nombres de rocks endiablés que nous avons dansés sur « My blue suede shoes »
 
J’espère que je n’oublierai jamais le sentiment de complétude absolue chaque fois que j’ai porté  la vie et tenu mon enfant tout neuf au creux du bras
 
J’espère que je n’oublierai jamais l’incrédulité heureuse ressentie en voyant ma fille devenue mère à son tour
 
J’espère que je n’oublierai jamais…

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Rédigé par Brigitte M.

Publié dans #Oulipo

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