IRECOM Enaitsirhc
Publié le 10 Mai 2024
Personnage
Femme, mariée, un enfant
Brune, grande, mince, sportive
A 47 ans elle reprend ses études pour changer de métier et obtenir le poste qu’elle convoitait
IRECOM Enaitsirhc
Un brouhaha s’échappait de la pièce du fond. Au fur et à mesure qu’elle avançait, elle sentait une certaine pression mais ne s’y attarda pas. Elle savait que son choix l’emmènerait ici et bien que l’enjeu fût important, il n’y avait aucune raison de se sentir oppressée. La timidité excessive qui, autrefois, la bloquait était un très lointain souvenir. Une carrière dans le commerce non sédentaire l’avait aguerrie. Si dans ses débuts face à la clientèle, elle évoluait avec une aisance déconcertante, paradoxalement, dans la vie privée, elle devenait discrète, réservée et dans l’impossibilité d’exprimer un quelconque sentiment. Mais ça, c’était le passé et la fébrilité, qui l’avait longtemps meurtrie, n’existait plus depuis des années !
C’était le grand jour et un résultat positif lui promettait un avenir meilleur. Apaisée et avec une assurance inébranlable, elle ne doutait nullement de sa réussite. Elle avait tellement travaillé le sujet qu’elle en maîtrisait les moindres détails. Elle avait maintes fois répété et aurait pu répondre aux questions les plus complexes, les plus déroutantes et les plus farfelues. Armée d’une force infaillible, elle était prête à affronter un public érudit, féru de connaissances dans un domaine aussi pointu que celui qu’elle avait choisi. Elle était radieuse dans son tailleur marron acheté pour l’occasion. Un maquillage discret soulignait une frimousse sereine. En pleine possession de ses moyens, confiante, elle franchit la porte d’un pas décidé.
Une salle immense et impersonnelle. Tables et chaises disposées en « U ». Au milieu, une estrade sur laquelle trônait un objet quelque peu insolite, un imposant miroir sur pieds, année 1930. La disposition austère renvoyait inexorablement l’image d’un prétoire où jurés et curieux attendent l’entrée de l’accusé. Fin des conversations. Le silence se fit pesant et l’ambiance lourde à souhait. Le souffle coupé, les jambes tremblantes, elle perdit soudain la confiance qui la tenait à bout de bras. Figée comme une statue de marbre, elle n’osait se mouvoir de crainte d’en perdre l’équilibre. Néanmoins, dans un effort presque insurmontable, elle se hasarda à prendre place. Mâchoire bloquée, comme muselée, la voilà incapable de prononcer le moindre mot. Quelques secondes qui lui parurent une éternité. Ses pensées se bousculaient. Il lui fallait, rapidement, inverser la tendance et retrouver sa plénitude initiale, il en allait de son avenir. Son regard scrutateur sondait l’assistance en quête d’un visage rassurant puis il se posa, on ne sait pourquoi, sur la psyché. Horrifiée, elle y découvrit son patronyme inversé « IRECOM Enaitsirhc ». L’inscription, d’un rouge écarlate, semblait déchirer la silhouette d’un personnage qu’elle reconnut immédiatement. Sauvagement projetée dans une période qu’elle souhaitait définitivement enterrée, la réaction ne se fit pas attendre.
NON, hors de question de revenir en arrière, je m’y refuse, j’en ai trop souffert !
Et c’est alors que par magie………