Pourquoi pas !

Publié le 14 Février 2024

Marie ! Elle s’appelle Marie. Dans sa boulangerie, des senteurs de viennoiseries se mêlent à celles de la terre et à la sueur des hommes. La nature fait partie du décor et l’odeur du pain, à peine cuit, confère à ce endroit un sentiment de sécurité à nul autre pareil.

Ah ! La voilà qui revient avec mon pain de campagne, qui a demandé quelques minutes de cuisson supplémentaires.

- Je ne sais comment vous remercier pour le beau cadeau que vous venez de m’offrir. Sophie sera ravie pour son portrait sculpté dans ce bois d’olivier venu de la plaine et si doux au toucher que l’on a l’impression de caresser son visage.

- C’est moi qui vous remercie Marie. J’ai tellement eu de plaisir à représenter votre petite fille, que le résultat de mon travail n’est rien par rapport au sourire de Sophie qui est la plus belle des récompenses que je pouvais espérer.

- Vous savez Jacques, je suis au courant des problèmes qui vous assaillent et combien vous souffrez de cette situation peuplée d’incertitudes. Mais rassurez-vous.Tout vient à point à qui sait attendre et toutes les questions que l’on se pose amènent à leur suite une profusion de réponses propres à satisfaire le commun des mortels. Pour parler de nous... Vous savez que notre village n’est pas riche. De ce fait je participe, comme tant d’autres, à l’entretien de notre petite église. Nous sommes pauvres, mais en fait nous possédons un trésor inestimable depuis la nuit des temps. Et peu de nos concitoyens en connaissent l’origine. Ni la présence d’ailleurs.

- Un trésor ! dites-vous ? Mes parents ne m’en ont jamais parlé…

- Je vous le ferai découvrir. La crypte de l’église jouxte une pièce fermée par une vieille porte en bois, datant de l’époque où ce lieu de culte était encore une chapelle romane. A l’intérieur, une table toute simple occupe le centre de la pièce. Sur cette table, un bougeoir habillé de quatre bougies, une boite d’allumettes entamée et un coffre en bois recouvert d’un drap de coton blanc immaculé reposent dans le calme et le respect du temps passé. A l’intérieur du petit coffre, notre trésor. Un Évangile à la reliure en or massif et argent, parsemée de pierres précieuses. Chaque face de la couverture est décorée d’une croix avec en son milieu un médaillon en émail représentant le saint qui protège notre paroisse depuis des siècles. Quant on ose l’ouvrir, les pages de vélin enluminés sont peuplées de personnages, plus beaux les uns que les autres qui vous sautent à la figure et qui font certainement partie de ceux qui ont donné la foi à nos ancêtres. Chaque texte est une gifle qui vous fait baisser la tête et tendre l’autre joue. Mais cela n’est rien. Le reliquaire, associé à cet ouvrage millénaire et, lui-même, en or serti de pierres et décoré d’émaux, contient un des clous qui ont servi à crucifier le Christ. La salle du trésor n‘est éclairée que par des bougies et leurs lueurs à la fois diffuses et dansantes sanctifient l’éclat de ces objets sacrés. Je suis sûre que le temps que vous passerez avec eux vous fera retrouver le repos de l’âme et la sérénité nécessaire pour exprimer vos sentiments... Ne parlez pas ! Nous sommes seul et seules, vous Sophie et moi. Nous ne serons jamais la Sainte Trinité, mais si chacun et chacune d’entre nous y met un peu de bonne volonté, vous pourriez bien finir par devenir un bon boulanger… Qui sait ?

Rédigé par Fernand

Publié dans #Ecrire sur des photos

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