Chantier

Publié le 25 Février 2024

 

Alors que Basseterre prostré sur son trou noir méditait, passe Mérovée revenu de son travail...

Ces deux-là se reconnaissent d'emblée bien qu'ils ne se soient jamais rencontrés. Leurs regards se noient dans ce fluide qui les balade depuis quelques siècles déjà et les englobe dans un même corps, là où la fuite est une qualité de survie autant qu'une hygiène mentale et autorise des débordements spacieux et temporels.
MéroBaster ne fait plus qu'une seule et même entité : ELLE   l'espace d'une nanoseconde qui dure l'éternité et dans une langue enfantée abondante et expressive l'énergie interactive circule et invente l'espace et l'environnement comme si le chantier en soi était le moteur et la condition de toute imagination et de toute création.
 
...ELLE… Mérobaster, avec sa conscience augmentée contemple non plus un mur mais ce mur géant dont les fenêtres énuclées absorbent ou recrachent à volonté dans un sonore sublime l'impassibilité du ciel, du soleil, des oiseaux qui sillonnent les espaces et les trous et le souffle dans l'air du bleu azuréen.
 
' Détruire dit-elle ' comme tel titre de roman
Ce mur est une Conscience...
 
ELLE se souvient alors, jeune, rétro pédalant dans sa mémoire, ELLE se souvient d'un petit pavillon au centre du monde réel; vestige d'un passé colonial, agrémenté d'une véranda créole, cette véranda de l'ocre et du cinabre... quelques palmiers du vert des tropiques et le silence mystérieux...
… une photo en son cœur étranger.
Dans ce lieu de souffrances et de soins où pour respirer un autre air on s'accordait un moment sur la coursive, moment de plaisir ou d'évasion que ce reste colonial évoquait car il permettait l'oubli du néant coutumier, des responsabilités, des devoirs et du temps qui passe !
 
Tel un drone survolant sa jolie ville, ELLE en découvre ses tristesses aussi, ses excavations obscènes, morbides éventrations, ses démolitions cruelles, ses béances violées, ses chantiers incertains dans l'éternel, ses citoyens lobotomisés ou désemparés et ses murs abandonnés sans amour et sans soins.. et faisant fi du béton de promoteurs mercenaires et voraces, de la guerre mondiale ainsi que du charançon féroce et sournois, ELLE pointe un doigt terriblement accusateur là là et là et là aussi laissant jaillir promptement encore et encore ici et là des bouffées de palmiers et de dattiers chargés de désirs et pleins du bruissement de mouettes cancanières et d'étourneaux bavards scandant leur refrain à tue-tête :
 
 
LA FONCTION ESSENTIELLE DE CE LIEU EST DE N'AVOIR AUCUNE FONCTION SI CE N'EST SA RAISON PROPRE D'ETRE LA , COMME L'OISEAU :
 
' La raison de l'oiseau'
 
Marie-Thérèse
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Rédigé par Marie-Thérèse

Publié dans #Ecrire sur des photos

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