L’EMBARQUEMENT

Publié le 11 Novembre 2023

 

Le personnage

Marjolaine LEANDRI, avait eue la chance de gagner le premier prix d’un concours organisé par son magazine préféré : NOUS TROIS, avec en sous titre, Moi, mon mari et l’autre. Ce prix consistait en une magnifique croisière en Méditerranée pour une personne. A noter que cette croisière était, normalement réservée à des célibataires, dans le but évident de favoriser les rencontres.

Marjolaine, la cinquantaine épanouie, dotée d’un physique que l’on pourrait dire confortable, aurait pu être belle si les circonstances de sa vie l’avaient guidée sur d’autres chemins. Mariée à un homme qui se considérait au dessus de tout et mère de deux garçons dont l’option principale de vie était l’ingratitude, elle passerait son temps à pleurer si son imagination ne lui permettait pas de fantasmer sur des situations de vengeances plus sournoises les unes que les autres.

Son emploi de caissière d’un grand supermarché ne lui procurait pas une motivation capable de lui faire oublier les tracasseries d’un foyer où elle continuait une journée de contraintes encore plus pénible que celle qu’elle venait de quitter.

Elle avait demandé à ses collègues de travail de l’appeler Cendrillon. Pourquoi ? lui demandait-on, parce que ! répondait-elle.

Dans sa famille Marjolaine était considérée comme une gourde. Son caractère un peu simpliste lui permettait de s’isoler et de ne pas avoir à supporter les matchs de foot qui encombraient la télé. Mais, en contre partie , ça lui laissait la liberté de s’évader vers d’autres mondes. Et là, grâce à ce concours elle allait pouvoir fuir, pendant huit jours, et toucher du doigt ce à quoi elle passait son temps à rêver. Elle attendait la date du départ avec une impatience qui n’avait d’égale que la pensée de ne pas revenir.

La gazette lui avait fait parvenir le programme du voyage. Les escales, les excursions, les animations et les soirées à bord, tout semblait fantastique et trop beau pour être vrai. Marjolaine se posait des questions auxquelles elle se gardait bien de répondre... Aurait elle pu d’ailleurs ?

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L’EMBARQUEMENT

Mon Dieu !!! Le bateau était déjà impressionnant en photo, mais là... Le ‘ Comté de Provence ‘ me semblait plus gros que tous les immeubles de mon quartier entassés dans une même rue. Le trac me tordait les boyaux à l’idée d’affronter ce monstre. Mes bagages ayant été réceptionnés à l’avance, je n’avais plus qu’à aller, avec l’allure la plus distinguée possible, vers le comité d’accueil composé d’une multitude de jeunes gens qui attendait les passagers pour les guider dans les entrailles de ce anthropophage.

Je m’encourageai... Marjo, ma vieille, fonce dans le tas ! Personne ne va te manger et tu es attendue avec tous les honneurs qui sont dus à la lauréate du grand concours que tu as gagné. Je m’approchai lentement de la passerelle au milieu de dizaines d’autres passagers, qui eux, par contre, donnaient l’impression de savoir où ils allaient. Mes hésitations me bourlinguaient à droite, à gauche et j’étais tellement bousculée que je ne pensais plus qu’à m’enfuir. Alors que je tournai lamentablement casaque, une main secourable se saisit de la mienne. Venez ! me dit le propriétaire des doigts qui enserraient les miens, j’ai remarqué que vous étiez un peu perdue. C’était un monsieur, d’un âge mur, bien habillé, visage énergique et belle chevelure grise ornementée de mèches blanches, stature ferme... Rassurant quoi !

- J’ai vu la couleur de votre billet et je crois bien que nous allons nous retrouver à la même table au restaurant. J’accompagne une famille Canadienne pour qui je suis, comme qui dirait, un élément de décoration. Je m’appelle Polalydés, mais mes amis ont opté pour Pol, c’est plus simple.

- Mais monsieur je ne vous vois pas, moi, comme un bibelot. Je crois plutôt que vous vous moquez de moi. Je suis novice pour ce genre de voyage et c’est ma première croisière. Je me doute bien que ça ce voit comme le nez au milieu de la figure mais ça ne va pas m’empêcher de profiter de ces quelques jours de vacances bien mérités. Mais dites moi, si je peux me permettre, d’où vient votre nom ?

- Ho ! Il vient de si haut qu’il n’est pas encore descendu sur terre... Je vais vous confier à ce garçon de cabine, je le connais, il est très bien. Nous aurons l’occasion de nous revoir et je serai ravi de passer quelques instants en votre compagnie. A bientôt, Marjolaine.

Un beau jeune homme vint à moi. Je lui montrai mon billet, il le consulta d’un rapide coup d’œil et d’un geste élégant me montra la direction de mon logement.

- Veuillez me suivre Madame, je vais vous conduire à votre cabine. Vous y serez très bien, vous disposez d’une petite terrasse. C’est bien agréable, au lever, d’ouvrir les yeux sur l’immensité de la mer. Je me nomme Gontrand, n’hésitez pas à faire appel à moi en cas de besoin. Je suis à votre service. Voila nous y sommes. Cabine 103 Coursive B. C’est votre adresse à bord. Je vous laisse vous installer.

Enfin, je suis chez moi. Je viens d’encaisser tant de choses en si peu de temps, qu’il faut que je me ressaisisse. Ce monsieur qui m’a si obligeamment aidé est vraiment bien de sa personne. Mais comment a-t-il eu connaissance de mon prénom ? Mystère ! Voyons l’équipement de ma cabine. Le lit est grand, le matelas confortable. Des placards de rangement bien pratiques. Et la salle de bain est beaucoup plus belle que la mienne. Tout est parfait dans le meilleurs des mondes. Je ne suis pas médium, mais je sens qu’il va se passer quelque chose.

... Mais quoi ?

 

Rédigé par Fernand

Publié dans #Ecriture collective

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