Publié le 12 Novembre 2020

Je m’étais endormie sous la protection d’une couverture. Les morsures du froid ne pouvaient m’atteindre et pourtant sur la page blanche de ma nuit, les mots dont je faisais partie ne retrouvaient pas le chemin de l’écrit. A chaque fois que la plume s’approchait pour écrire, la gomme était là pour effacer la suite de mon roman. Mes phrases ne pouvaient atteindre le bas de la feuille. Elles disparaissaient entre les interlignes, parfois elles s’accrochaient désespérément sur le bord de la marge, mais comme une encre sympathique, elles disparaissaient. La gomme s’associa avec un certain  « Blanco » tueur de mots et des ratures. Alors un vent de panique me saisit. Je me mis à courir en poussant les consonnes sur mon passage, lorsque je trébuchais sur une cédille oubliée terminant ma course sur un pâté bleuâtre, reste d’une faute mal corrigée. J’en devins muet. Je restais là sans pouvoir bouger au milieu de ce cahier. Qu’allait-il m’arriver ? Était-ce la fin de l’écriture de mon monde fait de pleins et de déliés ? Devenir illisible était-ce là mon devenir, moi qui rêvais d’être une majuscule à la tête d’un chapitre d’un roman obtenant un prix. Me voilà, face à cette horde qui veut me supprimer, me rayer de la surface blanche du papier. Autour de moi, des restes de phrases, de mots, des consonnes et des voyelles à peine estompées. Je ne sais si c’est la présence de ce h, mais je fus aspiré dans un tourbillon de lumière, d’un rayon de soleil qui venait de se lever, éclairant la chambre où je dormais. Je n’étais plus une voyelle, j’étais moi.

Le cauchemar s’estompa comme la lune dans le matin blafard en me laissant tout au fond de moi, l’assurance que jamais je ne me laisserai effacer devant quelqu’un sans me battre.


 

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Rédigé par Bernard

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Publié le 11 Novembre 2020

 

 

Ce poème résume en quelques rimes deux épisodes de ma vie de 18 mois entrecoupés de 6 ans.

 

Je bascule dans le flou,

Je floue le terre à terre.

Je floue la terre et surtout

Je boue de ne savoir que faire

 

Je gravite dans ce flou,

Je lévite en l'atmosphère,

Si j'évite d’être fou

C'est que toujours j'espère,

Et m'habitent malgré tout

Les joies d'être grand-père.

 

Je me dissous dans ce flou

Tout à côté de mes pompes,

M'accroche à la raison

Car la raison compte,

Conte de la déraison,

Ce récit en est le clou.

 

C'est dans le vague que je rame,

Ressac au bord de mon âme,

Mirage en pleine métropole,

Mélange sournois de deux pôles.

 

Pollution de mon esprit.

 

Aussi lorsque je bascule

Du concret dans l'illusion,

Au deuxième degré je calcule,

Le présent ne vient qu'en second.

Je me sens ridicule,

Plus d'équilibre, plus de raison,

Ma raison déambule,

Mon ego libre en mutation.

 

Qu'est ce le plus pénible ?

D'être conscient dans la fornication,

Ou de rester impassible,

Dans la deuxième dimension.

Telle est ma question !

 

Dans ma deuxième période, en plus, dès le réveil, mon double virtuel se plaçait à mon coté et m'accompagnait toute la journée.

 

LOUIS sans trop de séquelles.

 

 

 

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Rédigé par Louis

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Publié le 11 Novembre 2020

Maman, après avoir espéré de nombreuses fois ma venue, en vain, s’est consacrée à sa peinture de toutes ses forces, peintre de renom international, elle avait cessé son activité et laissé sa galerie à un ami un moment, le temps de son espérance.    

Rien de sensationnel jusque là, mais enfin le grand jour arrive, le rêve devient un cauchemar, je suis AUTISTE.. ASPERGER, dira-t-on pour atténuer l’apparition des symptômes récurrents, apaisants si l’on veut…

Un phénomène inexplicable m’envahit, mes lectures qui sont mon sujet de « manière obsessionnelle » m’ont permis d’être un autre…

Son état s’aggrave, diront les médecins !

Le fantastique est souvent le reflet de mes propres angoisses, l’imaginaire pour le bonheur de ma mère, envie d’être normal !

Pourquoi suis-je atteint de ce déficit psychologique, me dis-je devant la glace ?

Sans le claquement de doigts de Mimi MATHY, je me retrouve « le petit frère » de « ma grand mère »  eh oui ! dans les années folles.

Elle primesautière dansant le charleston avec sa robe en sequins noirs.

Moi très grand pour mon âge, châtain aux yeux verts, la fierté de ma « grande sœur », un peu dandy, toujours à fureter dans la librairie de mon père, adepte de PROUST, WILDE, surtout du passé.

Un jour, prenant dans mes mains « Le Portrait de Dorian Gray », d’Oscar WILDE, je me suis retrouvé à DUBLIN conversant avec aisance, ce dandy romanesque et provocateur me fascinait.

Stupéfait des évènements me sortant de ma vie ordinaire, le stress, m’envahit, mais une attirance intellectuelle nous réunit, et notre taille 1,9Om.

Dans sa bibliothèque je découvre des livres de James JOYCE, un recueil de nouvelles «  Les Gens de DUBLIN », il était Autiste Asperger comme vous, me dit Oscar gentiment.

Tout ceci m’ébranla et je m’ assoupis.

Mon réveil se fait aux côtés de ma grand-mère, ANGELE, atteinte d’Alzheimer, qui me serre les mains joyeusement, me regarde de ses yeux bleus rieurs sans rien dire, elle semblait perdue dans des contrées lointaines, puis me dit « Bonjour, mon garçon, comment allez-vous ! »

Ce voyage dans le temps a été un rêve fantastique, un cauchemar, non, l’espace d’un instant j’ai rencontré mes auteurs préférés.

Maman, je suis de retour.

Je suis contente mon chéri, repose toi, demain tu retournes à la fac de lettre.

 

 

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Rédigé par Dominique

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Publié le 8 Novembre 2020

 

Tout se passe au mieux jusqu'au moment où Léo se sent mal

dans cette cuisine du 52ème étage de la Dubaï tower.

 

Une bouffée de curry échappée du basmati enfume le lieu.

Saoud ouvre la fenêtre pour mieux mélanger ciel et huile épicés

et aider Léo à recouvrer ses esprits.

Rien n'y fait.

 

Léo, inconscient, yeux clos et apeuré montre de l'idée la fenêtre.

Un pied pend d'une jambe nue, là derrière la baie vitrée

dans une chaussure noire taille 36

puis un autre d'une jambe de bois dans une basket taille 40.

La mort mousseuse crache sur le sale de la transparence,

la bave descend laissant une trace limacée sur le carreau.

 

On entend Saoud qui continue à agiter le fouet dans un basmati

qui cuit jaune et gonflé d'indifférence dans le curry.

Léo s'enroule le corps, il se sent tout risotto.

 

Il se brûle les doigts à vouloir lâcher son rêve.

Il ne veut pas accrocher sa nausée aux rideaux pourtant il doit se lever,

aller vers à la fenêtre et porter secours à ces jambes.


Et puis, le lacet de la chaussure noire est défait.

Léo doit refaire le noeud d'urgence

avant que le personnage ne trébuche sur un courant d'air

et ne tombe dans le vide mouillé du trottoir.
 

Léo trampoline toujours dans ses hésitations.

Il finit par se pencher sur son vertige, sourd à l'appel du vide.

Il attrape le lacet, tout tourne en boucle une dernière fois

et il ouvre enfin les yeux sur le monde.

 

La nacelle des laveurs de vitres descend le long de la paroi de verre.

Elle s'arrêtera au niveau de son cauchemar.

 

Sur la desserte, le riz gorgé de plaisir,

assaisonné et cuit à point, pilaffe d'impatience.

 

Dany-L

 

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Rédigé par Dany-L

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Publié le 8 Novembre 2020

 

Le groupe arrive, dépose raquettes, sacs et piolets, s’installe.

-Ils ont annoncé une mauvaise météo pour aujourd’hui, dit l’un,

-Oh, tu sais, une fois sur deux ils tapent à côté, alors il faut relativiser, dit un autre.

La chaleur et le fumet provoquent un sourire sur tous les visages. On parlera du retour plus tard.

Le brouhaha s’installe.

François assis à côté de Michel ne dit rien. Il déguste la ratatouille en soufflant sur sa fourchette, apprécie vraiment.

A l’extérieur, on aperçoit par la fenêtre un rideau de pluie qui se jette sur la façade du chalet.

 

Cinq cent mètres plus haut, là où le vallon est resserré, la masse d’eau a gonflé. Tous les ruisseaux sont transformés en torrents violents et boueux.

Le petit barrage destiné à alimenter l’usine électrique de la vallée est à sa côte d’alerte. Il tient bon le petit barrage mais est vite débordé. Le trop plein est arraché, la piste emportée, les premiers arbres auprès du refuge couchés, charriés, déstabilisant des rochers énormes qui roulent comme des galets de plage transportés par une vague.

François se rend compte qu’il se passe quelque chose d’inhabituel. Il ouvre la porte, est aussitôt trempé et plaqué sur le sol. Les randonneurs se mettent à quatre pour refermer le vantail.

-On est plus en sûreté à l’intérieur, hurle Michel, il faut fermer les volets.

Comme pour le contredire, un craquement sinistre retentit et la lumière s’éteint.

Par une des fenêtres on aperçoit la terrasse en bois qui bascule, entraînant le groupe électrogène. L’eau continue de tomber par trombes successives. Le chalet semble se trouver dans le lit d’un torrent qui n’a jamais existé ici.

Les téléphones portables ne captent rien.

-Je pense au contraire que l’on doit sortir et tenter de rejoindre un point haut, lance François.

Le groupe est divisé, il y a ceux qui ne se sentent pas de crapahuter à la nuit tombante dans un environnement qui disparaît en partie sous le brouillard.

Pour mettre tout ce petit monde d’accord, le chalet bouge, une fondation a lâché.

Voilà le groupe dehors relié entre eux par une corde, aveuglé, trempé, avançant sur une zone ou n’existe plus aucun repère.

Michel sort le dernier. Il essaye de fermer porte et volets. Les bourrasques le bousculent. Les branches arrachées d’un arbre le déstabilisent. Il glisse, se sent entraîné, ne peut plus résister. Les flots se déchaînent, il cogne de la tête, se sent couler, puis remonter. Ses idées ne sont pas claires. Un bruit sourd, continu, lancinant…

 

Les moteurs résonnent dans les rues encaissées, les embrayages hurlent. Des portes claquent, des ordres gutturaux éructent. Des bruits de bottes, beaucoup de bottes.

La rivière, avait dit sa mère, s’ils viennent, tu ne t’occupes pas de moi, tu files et tu traverses la rivière.

 

Le flot le bouscule, il essaie de garder la tête hors de l’eau. Cette douleur à l’épaule et à la tête qui l’obsède. Il faut ouvrir les yeux mais tout est noir et puis ce grondement incessant…

Des personnes crient, d’autres sont emmenées de force Il lui semble reconnaître la voix d’Emilie ? Emilie, mon Dieu, elle aussi ! Et maman elle est où ?

Il faut grimper vers le col, la frontière n’est pas très loin. Ils ne sont pas postés de partout tout de même. Des coups de feu claquent. Instinctivement, il s’aplatit sur le sentier. Lorsqu’il se relève, les poignets et les genoux en sang, il ressent une douleur à la tête.

Cette douleur l’empêche de bouger. Une vague plus forte que le flot déchaîné emporte l’arbre qui le coinçait, il est plaqué contre un point dur, un rocher ? Va-t-il tenir ? Il s’accroche à un tronc qui l’a effleuré. L’eau le submerge, son pied est coincé…

Il boite, mais il avance. D’autres fugitifs l’ont rejoint. Ce sentier il le connaît de jour, mais de nuit ? Les pierres roulent, les plus âgés s’arrêtent, n’en peuvent plus. Les autres, en bas, ont été jetés dans les camions. La frontière, il faut l’atteindre coûte que coûte. L’espoir, y-a-t-il un espoir ?

Les uniformes sont là, tapis dans le noir, attendent leurs proies.

Les premiers arrivent, crient leur joie.

Des lampes s’allument, des ordres claquent comme des coups de fusils, des baïonnettes les obligent à se regrouper. Des camions attendent… Il est jeté sans ménagement, a du mal à respirer…

Subitement l’eau descend, Michel est entraîné, au loin, les rapides grondent.

 

 

 

Gérald IOTTI

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Rédigé par Gérald

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Publié le 8 Novembre 2020

Sur la mer bien calme,

De Nice ils sont partis,

Sans voile à la rame,

Jamais on ne les revit.

 

Ceci est une histoire vraie, un drame. La suite, que phantasmes 

 

Premier janvier 1950

 

Vingt et une heures, le Nautilus s'immerge pour un périple d'une année. il est dans les parages, il drague. Le pacha, le capitaine Mamo, photographe expert, au travers d'un hublot, étudie le ventre de la mer. C’est de là qu'est venu le terme de mammographie. Mine de rien, il va, il vient, il explore les fonds marins. De Monaco à Macao, les fonds sont certains, pas seulement au fond des eaux, idem sur les tables des casinos. Mais au fond des océans le « cac 40 » rien ne vaut. Un matelot vêtu d'un paletot, s'étonne devant son hublot. De près ou de loin, il ne voit plus rien. Le Nautilus avance à petits nœuds incertains. Puis une lumière diffuse venue du fond de l'océan, apparaît parmi une variété de poissons inconnus, au milieu de formes d'habitations troglodytes. A cinquante pieds de profondeur le Nautilus vibre de tous ses moteurs. Il faut au plus vite reprendre de la hauteur. Avons-nous découvert l'Atlantide ou naviguons-nous au centre du triangle des Bermudes. Nous le saurons si le sous-marin n'implose pas dans les minutes qui suivent. Le tableau de bord du submersible s'affole, les aiguilles dans les cadrans tournent toutes ensemble, mais pas dans le même sens. Les vibrations s'atténuent, malgré cela le sous-marin ne répond plus aux commandes. Il zigzague, sursaute, avance dans la direction qu'il choisit. Malgré les consignes nous invitant à ne pas faire surface, le sous-marin semble être commandé de l'extérieur. Le périscope ne nous apprend rien, l'obscurité est totale. Nous ne sommes plus maîtres de la situation. Je m'aperçois qu'autour de moi mes camarades ont l'air sournois. Leurs yeux scintillent, ils pétillent avant de s'éteindre, et dans la carrée, ils s'affalent aux quatre coins de cette pièce ovale. Je reste debout stupéfait avant de m'écrouler.

J'ouvre un œil, je suis allongé sur un lit de camp, je regarde autour de moi, Je vois des formes remuer au ralenti. Petit à petit je reprends mes esprits, Je me trouve dans une salle très grande mais basse de plafond. Drôle de plafond, il est irrégulier, taillé à coups de hache me semble-t-il, comme les murs. Cette salle immense, caverne serait plus juste, est en fait un dortoir ou des hommes se lèvent, chuchotent. Je les reconnais, c'est l'équipage du sous-marin. J'allais les rejoindre quand un petit nain vient vers moi. Je dis petit nain volontairement, ce n'est pas un pléonasme, il est moitié plus petit qu'un nain normal. Il s'adresse à moi dans un français châtié :

Je me présente, je suis monsieur Moins. Mon supérieur, monsieur Plus est le président de plusieurs états réunis. Nous sommes des millions d'individus vivant dans ce magnifique pays qu'est l'Atlantide. Une voûte translucide d'une solidité à toute épreuve nous protège d'une éventuelle inondation. Du point culminant de notre territoire nous voyons évoluer les animaux marins. Notre pays est en quelques sortes un aquarium où les visiteurs sont à l'intérieur. Veuillez m 'excuser, je parle trop. Je vous souhaite la bienvenue, vous êtes nos hôtes tant que vous le désirez. Il y a six mois que nous vous avons sauvés, c'était in extremis. Nous avons réparé la machinerie de votre sous-marin, il est prêt à reprendre la mer.

Tout en parlant Mr moins nous amène dans une salle contiguë ou des tables sont dressées. Dressées, c'est beaucoup dire. Elles sont très basses et les sièges sont des coussins posés sur le sol. Une armée de serviteur nous amène des plats avec des mets que nous ne connaissons pas. Appétissants... nous goûtons d’abord du bout des lèvres, puis nous nous régalons car nous avons très faim, et ces plats sont divinement bons. A la fin du repas Mr Moins nous rejoint, il voudrait bien nous faire visiter quelques endroits de ce grand pays, mais hors ces deux pièces construites à notre taille, le reste de l'Atlantide est à l'échelle de ses habitants, il peut nous faire voir sur grand écran des sites typiques construits et ordonnancés de façon géniale. Cela ressemble à d'immenses fourmilières. Ensuite il s'informe du moment où nous désirons reprendre notre voyage pour avoir le temps de préparer le sas afin de remettre le sous-marin à l'eau. Nous décidons du lendemain après le déjeuner. A l'heure dite nous sommes prêts à embarquer. Il nous explique la manœuvre :

Vous entrez dans le sous-marin, vous prenez chacun votre poste, vous ne vous occupez de rien. Je vous indiquerai par radio lorsque vous pourrez reprendre le contrôle des commandes.

Puis, il ajoute cette petite phrase :

Il se pourrait très bien qu'en arrivant chez vous, vous ne vous rappeliez plus cette parenthèse.

 

Nous embarquons après avoir chaudement remercié Mr Moins. Tous les marins gagnent leurs postes, attendent le feu vert avant d'entamer les manœuvres pour relancer les machines. Nous sentons le sous-marin se déplacer lentement sur sa rampe de lancement, une légère secousse et la voix de Mr Moins nous informe que nous pouvons reprendre la maîtrise de notre submersible. Les machines ronronnent, l'altimètre indique moins cinquante mètres, plus aucun trouble dans les cadrans, nous remontons rapidement à moins trente, et reprenons l'itinéraire prévu. Le commandant met à jour le livre de bord. Les hommes de service de nuit prennent leurs repas, vont relayer leurs camarades qui vont dîner en plaisantant avant de regagner leur couchage, avant extinction des feux à vingt-deux heures. Nous respectons notre ordre de mission sans remonter à la surface. Les semaines s'additionnent aux rythmes des exercices prévus et nous voici enfin au bout de notre mission d'une durée d'un an jour pour jour. Mission réussie !

 

Premier janvier 1951 vingt et une heure.

 

A l’approche du port, pour l'accostage, nous sortons le périscope. Soleil couchant !

 

 

PALOU - LOUIS

 

 

 

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Rédigé par Louis

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Publié le 7 Novembre 2020

Je fais souvent ce rêve étrange d’une pénétrante, sente tortueuse qui mène à Mouthier-Haute-Pierre. Bordée de platanes dénudés, les pieds plantés dans la gadouille, les branches tendues vers de noires nuées de pleige semblent hurler : Approchez si vous osez ! Elles osent. Combat dantesque quand le vent entre dans la partie. Il pousse, tire, volte, spirale, plie les plus fragiles, casse à grand fracas les plus graciles. Sous la pluie battante les essuie-glace n’essuient plus rien, la voiture roule trop vite. Un tronc plus faible, blessé, vaincu, abandonne et se couche en travers de la route… Trop tard !

 

Mais aussi…

Je fais souvent ce rêve étrange d’une pénétrante que les autochtones nomment RN 7. Pour nous nordistes, un tapis volant qui nous convoie direct au paradis. En une journée nous passons d’obscurs dégradés de gris vers des bleus mordorés chatoyants. Certains essaient de nous prévenir mais en langue d’Oc quand nous n’entendons que la langue d’Oïl. Alors échanger nos cimicidae apprivoisées pour des aedes aegypti chasseurs de nuit, alliés à des paracentrotus piqueurs intradermiques de jour. Voir nos compagnes à la douce peau d’albâtre se transformer en écrevisses boursouflées, un seul cri : Gast, Paulette fait les valises, on retourne en pays pollué !

 

Ou encore…

Je fais souvent ce rêve étrange d’une pénétrante qui tournicoterait le long d’un rivage de sable blanc dédié à enchâsser la mer turquoise avec ça et là une discrète frange d’écume. Tout le long de la route ombragée, espacés très régulièrement, des bancs sont posés là pour contempler seulement. Un petit nuage de beau temps, lambeau léger de ouate blanche, suit la ligne d’horizon. Je grimpe ! Une mouette m’accompagne. La brise légère souffle d’Est, au pas de sénateur défilent Menton, Monaco, Nice, Cannes. Là, l’oiseau ami vire en piqué serré sur son aile droite. Simultanément je reçois une violente tape sur l’épaule. Qu’est-ce ? Eole, oui, le Dieu en personne, me hurle à l’oreille : Saute, après l’Estérel souffle Mistral !

 

D’autres fois…

Je fais souvent ce rêve étrange d’une pénétrante verticale qui conduit droit au ciel, si vaste, si noir, que je pourrais m’y perdre si je n’apercevais des milliers, des millions de foyers étincelants. Des étoiles tout bêtement, que nenni beaucoup trop près. Non des astéroïdes géocroiseurs habités. Quel étonnant pays… Lancés à des allures folles, ils se doublent, s’entrecroisent, évidemment se heurtent violemment, explosent littéralement en énormes boules de feu qui projettent des éclats à des milliards de lieux à la ronde, une météorite minuscule me fend le cuir chevelu. Quelle imprudence, jamais sur Terre nous n’accepterons une telle conduite disaient les dinosaures !

 

Et même…

Je fais souvent ce rêve étrange d’une pénétrante qui tourne en rond dans ma lucarne carrée. Je peux y voir, revoir et revoir à satiété les docteurs, les professeurs plus émérites les unes que les uns que les autres, nous expliquer, A plus B à l’appui, que l’être humain est mortel, tous, peut-être même toutes, probablement moi y compris. Il faut nous protéger, plus, allez encore plus, vous pouvez le faire. Je le fais. Bouleversé par tant de sollicitude, seul, masqué, cloîtré au fin fond de ma thébaïde, j’ose confier mon désarroi au Père Vidoc. Sèche tes larmes, me dit-il, sans patients, plus de médecins, ces gens défendent leur fond de commerce, quoi de plus naturel !

 

Aimablement suggéré par Monsieur Paul.

 

(…)

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Rédigé par Hervé

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Publié le 3 Novembre 2020

Johann Heinrich Füssli, Le Cauchemar, 1781

Johann Heinrich Füssli, Le Cauchemar, 1781

Le cauchemar, fantastique mise en abyme..

 

Le fantastique : se dit d'une œuvre où se mêlent le naturel et l'étrange de façon si inquiétante que le lecteur hésite entre une explication rationnelle et une explication surnaturelle des événements. Cette hésitation, ce doute, constituent le principe même du genre fantastique.

 

Mise en abyme : (effet de miroir, récit au second degré)

Une mise en abyme désigne l’enchâssement d’un récit dans un autre récit, d’une scène de théâtre dans une autre scène de théâtre (théâtre dans le théâtre), ou encore d’un tableau dans un tableau, etc.
 

Lecture :

La nuit face au ciel de Cortazar

 

Atelier :

Racontez un cauchemar fantastique avec, éventuellement, une mise en abîme terrifiante..

 

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Rédigé par Atelier Ecriture

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Publié le 3 Novembre 2020

Le saxophoniste se réveille. Au loin, la musique de la fanfare résonne. Il se lève brusquement, saisit son saxo et se précipite vers elle. Il est en retard, le défilé a commencé sans lui. Vaut mieux qu’il coupe par le bois, c’est beaucoup plus rapide. Ce n’est qu’après quelques pas que son cerveau se remet à fonctionner, il réalise qu’il dormait à même le sol. Voyons… il était dans les temps ce matin quand il est parti pour la fête du village. Il a suivi le chemin habituel, le soleil pointait, des oiseaux chantaient, il a voulu les approcher, a pénétré dans la forêt et puis… le trou noir. Impossible de se souvenir pourquoi, comment il s’est retrouvé allongé au pied du grand chêne, tout courbaturé, l’impression d’avoir été battu.

Pointe d’angoisse, son cœur rate un battement. Que s’est-il passé pour qu’il s’endorme ainsi alors que ses camarades l’attendaient pour la parade ?

La musique est de plus en plus forte, elle semble venir vers lui. Curieux… ce n’est pas ce qui était prévu ; le circuit de la parade devait passer par les rues du bourg et terminer par une aubade sur la place... Bizarre cet air... lui non plus n’était pas prévu… Une mélodie sombre, loin des envolées joyeuses de la fête. De longs sanglots de lamentos étreignent l’âme ; la forêt pleure, les oiseaux se sont tus. Quelque chose de terrible, enfoui au fond de sa mémoire, cherche à s’échapper… quelque chose de terrifiant, oublié dans l’enfance… La peur le tétanise… c’est là, ça approche... La malédiction de la forêt ! C’est ça, c’est cette vieille légende que lui racontait sa mère, sans doute pour le dissuader de partir seul en explorateur dans les bois. Soulagement... il respire mieux, rit de lui-même et de ses terreurs d’enfant. Se souvient vaguement de l’histoire…

‘‘Il était une fois, dans la forêt, une fanfare infernale. Il ne faut surtout pas la rencontrer sinon la malédiction se réalise. On se sait pas en quoi elle consiste car tous ceux qui ont croisé la fanfare infernale ne sont jamais revenus. Il paraît que la musique larmoie avant de devenir sauvage, hargneuse. Les notes rageuses se déchaînent alors, les trilles mesquines crient.’’

Le saxophoniste sourit à ce conte quand soudain, devant lui, la fanfare se matérialise. Les trompettes tempêtent et grondent, féroces. La grosse caisse casse le tempo à grands coups de baguettes qui meurtrissent le dos. Le gros tuba éructe en ut, renverse le monde de son souffle fétide. La forêt magique protège son secret derrière la musique… Démoniaque poésie… Il n’a pas le temps de comprendre le message. Emporté, secoué, il tombe, inconscient, sous le grand chêne.

Quand il se réveille, la musique de la fanfare résonne au loin. Il se lève brusquement, saisit son saxo et se précipite vers elle. Il est en retard, le défilé a commencé sans lui. Vaut mieux qu’il coupe par le bois, c’est beaucoup plus rapide...


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Rédigé par Mado

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Publié le 3 Novembre 2020

Un frôlement dans mon sommeil, quelque chose bourdonne comme une mouche pour me faire émerger. J’ouvre un œil, m’étire, ouvre l’autre œil, stoppe net mon étirement. Là, sur la table de nuit, un bijou, une broche en forme de lemniscate avec une perle bleue sertie dans une boucle.

Je la reconnais ! C’est LA broche ! Une réminiscence de bijou, une broche inventée dans une histoire, la parure de Lucie, un personnage qui n’existe que dans un vieux texte rédigé à l’atelier d’écriture il y a quelques années. D’ailleurs, je m’en souviens encore :

 

Elle l’épinglait souvent sur une écharpe ou un châle. Bijou fascinant ! Lemniscate, symbole de l’infini… La perle posée tout en haut d’une boucle, prête à dévaler le ruban... à l’infini. Enfant, elle y voyait la Terre roulant sur une route de l’Univers pendant que sa mère, déesse toute puissante, harmonisait les mondes…

 

Ce bijou surgi de nulle part sur ma table de nuit n’est pas réel, je suis en train de rêver. Oui, je sais que je rêve. C’est impossible autrement. Faut juste que je me réveille, c’est tout.

Il me faut un café bien serré pour m’aider à réfléchir à tout ça. 

 

Tiens, ça aussi c’est une phrase de ce vieux texte. Bizarre que les mots me reviennent intacts après tout ce temps… Le clocher de l’église sonne onze heures. 

 

Déjà ! Ah, non, c’est l’incipit du vieux texte. C’est marrant, je la vois littéralement cette phrase. Elle s’étale à côté de moi et je comprends : je rêve encore. Allez, sors de là, ouvre les yeux ! Je gigote dans le lit, je me pince, ça fait mal, signe que je sors de ma torpeur. Un rayon de soleil filtre à travers les persiennes, se pose sur la table de nuit, illumine… la broche à la perle bleue ! Bon sang, je suis pourtant bien réveillée à présent ! Je saisis la broche, me pique à l’épingle du fermoir. Pour le coup, c’est sûr, je suis réveillée !

Examen minutieux de l’objet… L’index accroche le poinçon au dos du bijou, la minuscule lune cachée sur un revers d’infini. 

 

Ben oui, je le savais ça, c’est moi qui l’ai écrit ! Mais ça n’explique pas sa présence. Ce bijou n’existe pas, il ne peut pas être là et pourtant je le tiens entre les doigts. Une angoisse s’insinue, sournoise, rampe de mon ventre vers mon cœur. Quelque chose d’indéfinissable plane... Un éclat blanc heurte le coin de mon regard. Sur la table de nuit, un papier..

 

Joyeux anniversaire Jade, ma chère sœur !

Je t’embrasse bien fort.

Jane

 

Mais il n’y a PAS de Jade, Jane, Lucie ! Ce sont des personnages que j’ai IN-VEN-TÉS !! Pas possible… on me fait une farce ! Où est la caméra cachée !!? Ce message n’a rien à faire dans ma chambre. Il doit rejoindre le cahier d’où il s’est échappé – je me demande bien comment.. ?! – ainsi que la broche à la perle ! Je n’y comprends rien, la panique monte, ma raison chute..

 

Les souvenirs remontent comme des bulles.

Une maison, un jardin, sa mère, sa tante et elle, "p’tite Lulu".

 

Non, non, ce ne sont pas mes souvenirs… tourbillon… je me cogne aux mots éparpillés… Trop de questions sans réponses, trop d’émotions pour aujourd’hui… Chamboulement dans le vieux texte, l’écrit arrive en désordre dans ma tête... Dans le lointain, les montagnes adoucissent leurs crêtes, se fondent dans un sfumato d’un bleu délicat. Non, impossible, je ne vois pas de montagnes par la fenêtre de ma chambre d’habitude. D’ailleurs, je n’en vois pas actuellement, enfin pas vraiment, je ne vois que les mots qui les nomment, qui suggèrent les images, comme un texte que je serais en train de lire, comme si j’étais moi-même un mot… comme si je n’existais qu’entre les lignes… Serais-je devenue le personnage ? Je cherche à m’enfuir, en vain. Je suis cernée par les marges du cahier, prisonnière de la feuille de papier.

 

Un bruissement me froisse, je tressaille, chiffonnée entre deux doigts immenses. Un sourire se penche au-dessus de moi, au-dessus des mots qui me constituent à présent. Je ne suis pas Lucie mais Lucie est devenue moi.

J’aurais dû me méfier quand elle disait :

 

J’ai bien envie de m’y mettre, moi aussi, à l’écriture… je pourrais raconter l’histoire de la lemniscate… Je la dédicacerais comme ça : A tatie Jane et à sa fille, Jade… Oui, c’est ça. Dès demain, je m’inscris à l’atelier d’écriture.

 

Elle l’a fait... enfin, je crois… je ne sais plus si c’est elle ou moi qui écris ce texte… Je veux sortir… partir de ce cauchemar. Le clocher de l’église sonne onze heures. Encore onze heures, onze heures indéfiniment… et soudain, la nuit s’abat sur moi.

Lucie a refermé le cahier.

 

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Rédigé par Mado

Publié dans #Rêves

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