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Publié le 1 Octobre 2019

On m’a fabriquée exprès pour cette scène. Une machine énorme, pleine de rouages. On m’a déposée là, dans le studio. Quelques essais pour vérifier mon bon fonctionnement et depuis, j’attends.

Une porte claque, un machiniste arrive, une caméra m’observe…

Clap ! Action !

Ça y est, ça tourne.

 

Mes rouages s’ébranlent, les dents crantées s’imbriquent aux creux des rouages d’en face. Tout cliquette, gronde, vibre, crisse… un vacarme épouvantable ! Je ne suis pas très rassurée, certaine que mes boulons vont sauter, mes vis se dévisser, mes courroies déraper, mes pignons, mes pistons s’emballer... quand Charlot est arrivé. Ah ! C’est donc ça ! Je tourne avec Charlie Chaplin… Quel honneur ! Je suis ravie mais vaudrait mieux se dépêcher, je sens que je surchauffe.

 

Charlot s’approche. Salopette sale, godillots tops grands, trop gros, burette en main, clé à molette en poche, il entreprend de me graisser le rouage. Je pressens une catastrophe en gestation… il est si maladroit ! Mais je ne peux intervenir, je suis clouée au sol, je ne peux que subir. Mon rôle est simple, en fait : il suffit que je sois moi-même. Je continue donc à tourner, grincer, couiner, chauffer de plus belle pendant que lui s’active autour de moi, m’abreuve d’huile, serre une vis par-ci, un boulon par-là…

 

Puis, d’un coup, je l’ai avalé. Je ne sais pas comment s’est arrivé. J’étais occupée à maintenir l’unité de ma mécanique quand j’ai senti un truc me grattouiller les dents crantées. Le truc, c’était lui ! Happé par mes rouages, il circule, aplati sur le ventre comme une couleuvre, entre les éléments de ma structure. Je fais tout ce que je peux pour dilater l’espace, je ne veux surtout pas le blesser. Quand il arrive au-dessus d’un piston, je maintiens ce dernier à l’arrêt ; j’évite de respirer, gardant toutes mes valves en apnée à son passage. Je mets tout mon être au ralenti pour ne pas le brûler. Et lui migre, drôle et tranquille, de roues en roues, se faufile tel une anguille jusqu’à mon cœur. Là, croyez-le, croyez-le pas, il me remercie pour la douceur et la bienveillance dont je l’enveloppe malgré ma rude armature métallique. Cela me touche, une larme d’huile m’échappe, s’écrase sur sa main. Il sourit, il me comprend.

 

Pendant ce temps, la caméra tourne. Faut la terminer cette scène. Il reprend la migration, ressort à l’autre bout de moi, éjecté par un petit rouage sur un petit nuage de poésie… Et moi, depuis, je suis devenue le symbole des Temps modernes !

 

Du moins, c’est ainsi que se le rappelle ma mémoire rouillée… Mais c’est si loin, je m’embrouille un peu, grippée, à l’arrêt, abandonnée depuis presque un siècle. Peut-être n’est-ce pas tout-à-fait comme ça que les choses se sont déroulées, peut-être vaut-il mieux, pour vous qui me lisez, aller voir ou revoir le film sur l’une de vos modernes machines... un ordinateur, je crois…

Moi, je préfère garder mes souvenirs vivants au creux de mon cœur mort.

****

Et puis... Juste une clé à molette...

 

Je relis mon texte. Peut-être quelques imprécisions… ? Vaut mieux que je visionne la scène de Charlot à l’usine. Les Temps modernes remontent à loin dans mon souvenir.

Ordi, Youtube, clic grand écran.

Charlot s’avance, démarche et silhouette reconnaissables dans le monde entier. Tous se déroule comme dans l'histoire racontée par la machine : elle l’avale, il suit tout le circuit des rouages, ressort… chez moi ! Là, debout devant moi, salopette maculée, clé anglaise dans la poche, moustache vagabondant sous le nez, Charlot !

Il me dévisage, sévère, me dit :

J’ai lu ton texte, je ne suis pas d’accord. Cette Mécanique sensible, bourrée de bons sentiments, dessert mon propos. Moi, avec ce film, je veux dénoncer l’aliénation de l’homme à la machine. Si tu me la rends sympathique, comment veux-tu que je sois crédible !

Mais... mais…

J’ai du mal à aligner deux mots et encore moins une idée. Toute ma salive s’est évaporée, je balbutie :

Mon texte ? Mais personne ne le lit, et puis, c’est un hommage. Ton film est, et restera, un des grands films du XXe siècle. Ce ne sont pas les trois bêtises que j’écris qui vont changer quelque chose.

Il se radoucit, me sourit. Regarde autour de lui, découvre l’ordi… Froncement perplexe de sourcils…

Où suis-je ? Qu’est-ce cela ?

Un ordinateur, par lequel tu es arrivé jusqu’à moi. Tu es chez moi.

Ce n’est pas mon monde ici, Renvoie-moi dans mon film.

Ah ! Mais... c’est que je ne sais pas comment faire ! Je pensais que tu saurais repartir puisque tu as su venir.

Non, je ne sais, je ne sais rien. Quel jour sommes-nous ?

Le 7 octobre 2019.

2019 !? Ce n’est pas possible ! Mes souvenirs remontent à… Je ne me souviens plus..

D’un coup, je panique. Le caractère surnaturel de la situation explose dans mon cerveau hébété. Comment faire ? Je lui dis ? … Allez, en douceur :

Heu… en fait, tu es mort depuis longtemps.

Il blêmit, s’évanouit. Pour la douceur, j’ai des progrès à faire ! Bon, comment réanimer un mort pour le renvoyer d’où il vient ?

COMMENT RÉANIMER UN MORT POUR LE RENVOYER D'OÙ IL VIENT ?

Les mots prennent tout leur sens, je suis en plein délire !! Tout ça n’existe pas, n’est-ce-pas ? Je vais me réveiller.. ?!

Tu ne rêves pas, tout cela existe.

Une voix résonne dans mon salon. Charlot ? Non, il est toujours dans les ‘vap’. Un autre visiteur de l’au-delà ? Une autre voix retentit :

T’inquiète pas, on le récupère.

Mais je reconnais ces timbres ! Jean Rochefort et Bernard Blier, sortis tout droit de l’Éternité ! Pas le temps de synthétiser l’information que Charlot a disparu via la Jactance au Paradis, petit texte du présent recueil. Dans mon salon, tout est calme. L’ordi s’est mis en veille, Les Temps modernes sont en sommeil.

Je n’ai rien compris à cette histoire, mais à côté du PC, il y a une clé à molette...

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Rédigé par Mado

Publié dans #Cinéma

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Publié le 1 Octobre 2019

Elle est belle, sensuelle, rousse aux yeux verts.

C'est elle, la grande révélation du cinéma américain des années 40, Rita HAYWORTH, qui doit faire le show sous le nom de "Gilda".

Je la vois dans les salons d'essayages, très zen et pourtant son cœur bat la chamade, son partenaire, un vieux de la vieille, oscarisé, dom juan à ses heures, mais sur le plateau, très impressionnant de professionnalisme.

Bref, Gilda est grande, de longues jambes, une allure de déesse, le rythme dans la peau.

Les vêtements sont à sa disposition sur les portants.

Le thème, une danse sexy, provocatrice, mais pas vulgaire, sur un rythme jazzy, mambo très à la mode à l'époque.

La voilà qui arrive dans l'atelier d'essayage, en petite tenue, avant d'enfiler cette fameuse robe longue en satin noire, bustier, laissant découvrir ses larges épaules, fendue jusqu'à mi cuisse, et qui, d'un coup de rein, laisse apparaître sa longue jambe.

Et puis MOI, j'arrive (en fait nous sommes deux), mais mon opposé n'aura pas droit à la féerie du spectacle.

Un premier temps, l'enfilage des gants – les gants c'est nous ! -, exercice compliqué car nous ne sommes pas de vulgaires gants de mode, mais un véritable vêtement. Nous sommes très longs, très difficiles à enfiler.

D'abord  le gauche, qui arrive à mis bras, ses doigts remuent pour trouver la bonne position, c'est bon !!

A Moi, le droit, même exercice, mais grande différence. Une fois adapté à son anatomie, elle m'enlève délicatement puis me remet, ça y est, la blagueuse m'enfile à nouveau.

Nous sommes prêt pour le grand jeu de séduction.

Quelques pas de danse, les spectateurs commencent à suivre la musique en bougeant les pieds et tapant des mains. Puis viennent les déhanchements, la musique se fait plus rapide, puis plus lente et comme dans la chanson de Juliette GRECO ‘‘Déshabillez-moi’’. Gilda commence à retirer le pouce, puis l'index, le majeur suit la cadence, l'annulaire a du mal à sortir, je fais ce que je peux, mais je suis très serré, ouf, reste le petit auriculaire qui s'amuse comme un petit fou à surexciter le public... sortira... sortira pas... puis d'un geste rapide coupant le souffle à l'assistance, il apparaît laissant voir une nudité fragile et attendrie.

Certains se sont mis à danser autour d'ELLE.

Ça y est, cette bombe de charme me tient aux bout de ses doigts et me fait virevolter comme si cet effort était l'aboutissement d'une féminité désirable et aboutie.

Mais qu'est-ce qui lui prend ? Elle me lance dans la foule excitée.. au secours ! Heureusement un complice me rattrape à temps !!!

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Rédigé par Dominique

Publié dans #Cinéma

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Publié le 1 Octobre 2019

Elle est belle, sensuelle, rousse aux yeux verts.

C'est elle, la grande révélation du cinéma américain des années 40, Rita HAYWORTH, qui doit faire le show sous le nom de "Gilda".

Je la vois dans les salons d'essayages, très zen et pourtant son cœur bat la chamade, son partenaire, un vieux de la vieille, oscarisé, dom juan à ses heures, mais sur le plateau, très impressionnant de professionnalisme.

Bref, Gilda est grande, de longues jambes, une allure de déesse, le rythme dans la peau.

Les vêtements sont à sa disposition sur les portants.

Le thème, une danse sexy, provocatrice, mais pas vulgaire, sur un rythme jazzy, mambo très à la mode à l'époque.

La voilà qui arrive dans l'atelier d'essayage, en petite tenue, avant d'enfiler cette fameuse robe longue en satin noire, bustier, laissant découvrir ses larges épaules, fendue jusqu'à mi cuisse, et qui, d'un coup de rein, laisse apparaître sa longue jambe.

Et puis MOI, j'arrive (en fait nous sommes deux), mais mon opposé n'aura pas droit à la féerie du spectacle.

Un premier temps, l'enfilage des gants – les gants c'est nous ! -, exercice compliqué car nous ne sommes pas de vulgaires gants de mode, mais un véritable vêtement. Nous sommes très longs, très difficiles à enfiler.

D'abord  le gauche, qui arrive à mis bras, ses doigts remuent pour trouver la bonne position, c'est bon !!

A Moi, le droit, même exercice, mais grande différence. Une fois adapté à son anatomie, elle m'enlève délicatement puis me remet, ça y est, la blagueuse m'enfile à nouveau.

Nous sommes prêt pour le grand jeu de séduction.

Quelques pas de danse, les spectateurs commencent à suivre la musique en bougeant les pieds et tapant des mains. Puis viennent les déhanchements, la musique se fait plus rapide, puis plus lente et comme dans la chanson de Juliette GRECO ‘‘Déshabillez-moi’’. Gilda commence à retirer le pouce, puis l'index, le majeur suit la cadence, l'annulaire a du mal à sortir, je fais ce que je peux, mais je suis très serré, ouf, reste le petit auriculaire qui s'amuse comme un petit fou à surexciter le public... sortira... sortira pas... puis d'un geste rapide coupant le souffle à l'assistance, il apparaît laissant voir une nudité fragile et attendrie.

Certains se sont mis à danser autour d'ELLE.

Ça y est, cette bombe de charme me tient aux bout de ses doigts et me fait virevolter comme si cet effort était l'aboutissement d'une féminité désirable et aboutie.

Mais qu'est-ce qui lui prend ? Elle me lance dans la foule excitée.. au secours ! Heureusement un complice me rattrape à temps !!!

***

Et puis… Les Eclairs…

 

Une nuit d'orage, des éclairs, un temps sec. J'ouvre la fenêtre, intriguée, la pluie n'est peut-être pas loin.

Mon chien aboie – tiens, 'SNOOPY' n'est pas rentré, c'est vrai qu'en ce moment il est amoureux de la caniche des voisins !

J'ouvre la porte d'entrée, il rentre en vitesse, en gémissant .

Je m'installe sur mon canapé devant la télé, commençant à déguster des pop-corn.

 

Soudain, le téléviseur s'éteint et des éclairs en forme de flèche le traversent, m'hypnotisant, puis je me retrouve sur le plateau du film 'GILDA' avec Rita Hayworth. C'est moi qui attire les regards, je suis ELLE au moment où cette dernière commence à retirer son gant.

 

Je me souviens n'avoir pensé à rien, avoir subi toute l'action, comme une automate.

Pss.. pas mal la doublure!!

J'entends aussi :

La pauvre trop de surmenage, elle doit se reposer, heureusement que DOMINIC était prête au cas où ! Elle lui ressemble beaucoup, même allure, des cheveux de lionne, un corps de danseuse.

 

Ce gant est terriblement difficile à enlever, je tire maladroitement, une petite voix me dit : doucement... langoureusement...

Je me reprends, m'efforçant à suivre le rythme de la musique, un mambo super excitant, c'est parti !!!

Je me souviens de mon gant tourbillonnant au-dessus de ma tête, puis s'envolant dans les airs, au ravissement du public excité.

 

L'instant d'après, je me suis retrouvée sur mon canapé, les pop-corn à la main et SNOOPY à mon côté. Le téléviseur fonctionnait à nouveau, un message disait : "veuillez nous excuser de ce désagrément, les programmes vont reprendre".

Le film 'GILDA' apparaît sur une chaîne que je n'avais pas programmée, Rita me faisant un clin d'œil, s'amusait à émoustiller, son gant ayant été rattrapé par un admirateur.. hum !! beau comme Antony PERKINS ou Gary GRANT.

 

Quelle histoire, je la raconterais, personne ne me croirait et pourtant, il faut se méfier de l'orage et de ses éclairs !!!

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Rédigé par Dominique

Publié dans #Cinéma

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Publié le 29 Septembre 2019

Enfin ! C’est fou le monde qu’il y a aujourd’hui à la cinémathèque ! Arrivée bien en avance, j’ai trouvé une file d’attente considérable et piétiné un bon moment devant les portes. Heureusement, il ne fait pas froid et j’ai aperçu quelques personnes de connaissance..

Ça y est, c’est l’instant magique de l’entrée, toujours renouvelé, chaque fois différent. Il flotte une vague odeur de camphre, peut-être un produit pour nettoyer ou éliminer les miasmes de la séance précédente.

Tout le monde se bouscule pour avoir la meilleure place. Une dame me marche sur le pied. J’émets un petit cri inaudible, elle continue sa progression, elle est déjà loin.

Claquement des fauteuils dont les ressorts semblent fatigués. La salle bruisse de mille conversations chuchotées. Mais beaucoup semblent happés par leur téléphone, yeux baissés, pouces agiles, tous ces rectangles lumineux forment comme des guirlandes.

En rangeant le mien, je trouve au fond de la poche du sac un caramel oublié. Petite madeleine des séances de l’enfance où l’ouvreuse, son panier accroché autour du cou, clamait « Bonbons, esquimaux, chocolats glacés ! » et où nous entamions les négociations. J’adorais regarder les publicités et obligeais mes parents à m’attendre, mi-agacés, mi-moqueurs, jusqu’au début de la séance suivante pour les voir encore une fois. Je déguste le bonbon un peu mou, le fais fondre lentement, cette douceur sucrée me régale, mes dents n’en raffolent pas.

Tout le monde semble avoir réussi à trouver une place, enfin. Les conversations peu à peu s’effilochent, les bruits sont plus étouffés, les téléphones rangés. On se prépare, on se met en condition. Les gens devant moi continuent de parler tandis que les lumières s’éteignent. Vont-ils se taire ? Je lâche un discret « chuuut » qui se veut, pour l’instant, amical.

Ici, pas de publicité et le film démarre à l’heure pile. Je me cale dans mon fauteuil, pas de chignon haut ni de couvre-chef imposant devant, je vais pouvoir m’appuyer sur le velours un peu râpeux du dossier. Mon voisin sent la transpiration, ou le corps pas très bien lavé. Il va falloir supporter car il n’y a plus la moindre place libre et je n’ai pas de pince-nez.

Heureusement, dès que la séance va commencer, comme à chaque fois, j’oublierai tout et plongerai tête la première dans le film. Une heure quarante de bonheur.

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Rédigé par Monique

Publié dans #Cinéma

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Publié le 29 Septembre 2019

Enfin ! C’est fou le monde qu’il y a aujourd’hui à la cinémathèque ! Arrivée bien en avance, j’ai trouvé une file d’attente considérable et piétiné un bon moment devant les portes. Heureusement, il ne fait pas froid et j’ai aperçu quelques personnes de connaissance..

Ça y est, c’est l’instant magique de l’entrée, toujours renouvelé, chaque fois différent. Il flotte une vague odeur de camphre, peut-être un produit pour nettoyer ou éliminer les miasmes de la séance précédente.

Tout le monde se bouscule pour avoir la meilleure place. Une dame me marche sur le pied. J’émets un petit cri inaudible, elle continue sa progression, elle est déjà loin.

Claquement des fauteuils dont les ressorts semblent fatigués. La salle bruisse de mille conversations chuchotées. Mais beaucoup semblent happés par leur téléphone, yeux baissés, pouces agiles, tous ces rectangles lumineux forment comme des guirlandes.

En rangeant le mien, je trouve au fond de la poche du sac un caramel oublié. Petite madeleine des séances de l’enfance où l’ouvreuse, son panier accroché autour du cou, clamait « Bonbons, esquimaux, chocolats glacés ! » et où nous entamions les négociations. J’adorais regarder les publicités et obligeais mes parents à m’attendre, mi-agacés, mi-moqueurs, jusqu’au début de la séance suivante pour les voir encore une fois. Je déguste le bonbon un peu mou, le fais fondre lentement, cette douceur sucrée me régale, mes dents n’en raffolent pas.

Tout le monde semble avoir réussi à trouver une place, enfin. Les conversations peu à peu s’effilochent, les bruits sont plus étouffés, les téléphones rangés. On se prépare, on se met en condition. Les gens devant moi continuent de parler tandis que les lumières s’éteignent. Vont-ils se taire ? Je lâche un discret « chuuut » qui se veut, pour l’instant, amical.

Ici, pas de publicité et le film démarre à l’heure pile. Je me cale dans mon fauteuil, pas de chignon haut ni de couvre-chef imposant devant, je vais pouvoir m’appuyer sur le velours un peu râpeux du dossier. Mon voisin sent la transpiration, ou le corps pas très bien lavé. Il va falloir supporter car il n’y a plus la moindre place libre et je n’ai pas de pince-nez.

Heureusement, dès que la séance va commencer, comme à chaque fois, j’oublierai tout et plongerai tête la première dans le film. Une heure quarante de bonheur.

 

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Rédigé par Monique

Publié dans #Cinéma

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Publié le 26 Septembre 2019

Depuis que moi, Jean Gabin, je suis au paradis des acteurs, j'ai pu vérifier que la terre est ronde comme je le disais dans une de mes chansons sans trop y croire. Aujourd'hui un nuage de poussières semble vouloir nous ébouriffer les cheveux mais peine perdue car comme vous vous en doutez, nous n’en n'avons plus.  

Au loin j'aperçois Fernandel qui passe son temps à rechercher son accent de Marseille et à prier Notre Dame de la Garde. Son leitmotiv : 

« La justice c’est comme la Sainte Vierge. Si on ne la voit pas de temps en temps, le doute s’installe »

Il semble avoir beaucoup de respect pour les femmes et aime répéter

« Dans la vie, il faut toujours être gentil avec les femmes même avec la sienne. »

Moi aussi je me suis intéressé aux belles femmes dans ma jeunesse j'ai eu du succès auprès d'elles ; par contre le fuyais celles à la tête dure et la fesse molle. 

Voilà Simone avec son chat : 

- Bonjour Simone
- Bonjour Jean. Polnareff avait raison quand il chantait « on ira tous au paradis".
 

L'autre jour j’ai aperçu Jean Blier sans flingue qui marmonnait :

"Un pigeon, c'est plus con qu'un dauphin, d'accord, mais    ça vole « .

Je lui ai répondu  en plaisantant :

 « Vois comme Dieu fait bien les choses quelquefois ».

- Est-ce que quelqu’un sait ce que Dieu va faire de nous ? a demandé Yves Montand ?

- Le sait-il lui-même, a ricané Blier ?

 - Qu’importe, on a l’éternité devant nous ! Qui vivra verra, a ironisé Jean.  

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Rédigé par Françoise M.

Publié dans #Cinéma

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Publié le 24 Septembre 2019

Gabin bichonne ses roses dans sa serre du paradis, Blier arrive avec une bouteille de Saint-Emilion sous le bras.

Blier : -Tu t’es recyclé dans les roses, tu vieilli mal mon vieux !

Silence de Gabin…

-Il me gonfle celui-là. Il ne voit pas que je tutoie le bonheur. Plus de stress, plus de rendez-vous, plus d’obligation, plus rien quoi ! Et lui qui vient me chercher avec sa tête de canard !

Tiens, ça me fait penser que lorsqu’on a une tête de canard, des ailes de canard et des pattes de canard, c’est qu’on est un canard. C’est vrai aussi pour les couillons !

Blier : -Alors tu ne réponds pas ?

Gabin : - Ecoute, on n’apporte pas de saucisses lorsqu’on se rend à Francfort !

Tu as regardé sous mes plantes ? Une cave à faire pâlir un ours polaire !

Blier se rend compte qu’il s’est fait moucher une fois de plus… même ici. Il déambule parmi les végétaux sans répondre.

Gabin : Tu boudes ? Et bien je vais te dire : Quand on n’a pas de personnel pour garder ses conneries et bien on s’empêche !

Blier sort de la serre et croise Audiard.

-Ah vous êtes là vous aussi ? Décidément vous vous êtes tous reconvertis aux feuillages !

Audiard ne répond pas et s’éloigne.

Gabin cogne à la vitre de la serre et fait signe à Blier de revenir. Les deux acteurs se retrouvent face à face.

Gabin : Tu sais, j’ai dit ça sans réfléchir. Il ne faut pas s’énerver. Il vaut mieux partir la tête basse que les pieds devant, ça suffit d’une fois.

Blier : Pourquoi je m’énerverai ? Monsieur joue les lointains, mais je peux très bien lui claquer la gueule au monsieur et sans m’énerver, ça ne sera pas la première fois.

Gabin : Ah toi tu n’as pas changé, la tête toujours aussi prêt du bonnet !

Blier : Toi par contre toujours aussi fêlé !

Gabin : Heureux soient les fêlés car ils laissent passer la lumière !

Ils se regardent tous les deux et éclatent de rire.

 

Gabin : Alors tu nous le fait goûter ton liquide ?

Le bouchon saute, les verres se remplissent et se vident aussitôt. Gabin recrache ce qu’il vient de tester.

-Pouah ! Il est bouchonné ton brouille-ménage. Tu nous as trompés avec l’enveloppe mais l’ivresse ne sera pas au rendez-vous !

L’œil brillant, le sourcil en bataille Gabin lève son verre vide et se laisse aller.

-Depuis Jésus avec Judas jusqu’à Napoléon attendant Grouchy à Waterloo, toutes les grandes affaires qui ont foiré étaient basées sur la confiance !

Par la fenêtre Audiard silencieux les écoute :

-Mince alors, je n’ai plus rien à leur apprendre à ces deux là !

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Rédigé par Atelier Ecriture

Publié dans #Cinéma

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Publié le 24 Septembre 2019

Lui est entre les deux, installé en sénilité tranquille, après deux AVC successifs.

Il rêve de l'autre monde.

L'autre est là-haut depuis un bail, la gouaille joviale, rêvant de machine à vapeur et de belles pépées..

La scène se passe entre deux nuages noircis d'une fumée épaisse, sortie d'entre les rails..

 

Lui

Dis-moi ... ça se passe bien là-haut ?

Ça bouge un peu au moins ?

 

L'autre

C'est un peu comme en bas, en plus léger.. ça manque de poulettes.. ou alors c'est mes

yeux qui travaillent du chapeau, mais bon..

Ah tiens...V' la Marilyn.. quelle girouette celle-là.. mais une girouette plutôt Gironde, non ?

 

Marilyn

Mets la un peu en sourdine, Jeannot..​ dans la vie, faut être gentil avec les femmes... Même avec la sienne !

 

Lui

Marilyn ? Tu vois Marilyn ? Il y a des bouches de métro aussi ?

 

L'autre

Ah ça.. des bouches il y en a plein.. ça cause à tour de bras.. j'en ai le tournis..​ Si la connerie n'est pas remboursée par la sécu, ils vont tous finir sur la paille.. ​ ou au mitard !

Quant au métro.. c'est pas Paname ici, moi je vois plutôt la bataille du rail.. plein les mirettes, les yeux explosés, la fumée comme un maquillage..

 

Lui

Tu rigoles ? La fumette ? C'est plus de notre âge.. quoique.. ça me secouerait un peu les

neurones, comme au temps de mes cascades..

 

Marilyn

Des cascades ? Où ça une cascade ? Et qui parle de bijoux ? Hum… Quelle couleur la cascade? Elle brille comment ?

 

L'autre

Quelle idiote celle-là, ou plutôt..quelle actrice ! En parlant bijoux, tu te sers encore des tiens, enfin je veux dire.. ceux de famille, comme ils disent.. dans ton EHPAD du cinoche, là en bas ?

 

Marilyn

Vous êtes pitoyables.. des histrions sur le retour, grave... et l'émotion, vous en faites quoi ?

Les yeux qui pétillent et tu la voix qui frémit.. ça vous dit quelque chose ?

 

L'autre

Calmos, la pin-up.. tu sais bien qu'on se la joue encore un peu, même là-haut..​ et les cons ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît..

Toi en bas, JP, j'ai dans l'idée que tu t'emmerdes un peu, pas vrai ? La retraite dorée, c'est pas ton truc ?

 

Lui

C'est ça...c'est ça..​ plus tu as de pognon, moins t'as de principes.. ​ sans parler des impôts !

 

Je crois que je m'égare un peu.. peut-être raté la gare de triage.. ou une intox au CO2..

 

Maryline s'agite, Lui s'impatiente, L'autre rêve encore..

 

Et moi.. je suis limite..sur la taille des nuages qui s'effilochent au cours du temps.. Ils sont tellement bavards qu'ils m'ont fait zapper les phrases de transition.. mais bon.. Honneur au cinoche et au rêve, aux grandes gueules, d'amour ou d'aventure..

Aux belles images imprégnées dans nos têtes !

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Rédigé par Nadine

Publié dans #Cinéma

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Publié le 24 Septembre 2019

J'ai rendez vous avec lui, un grand Barbouze, l'air renfrogné, une gueule de con, m'a-t-on dit !! Bon, bon sympa la description !!

Le mot de passe : Un pigeon, c'est plus con qu'un dauphin, d'accord, mais ça vole !!

Ça fait une plombe que j'attends, faudrait qu' il se magne !!

-  Bonjour, moi c'est Arletty, vous m'attendiez, dit une petite voix en minaudant, une superbe rousse aux yeux verts.

-  Eh bien, c'est à dire oui, non, j'attends un ami.

Mon Dieu, qu'est ce que je fais !!

-  LINO n'a pas pu venir, un cas d'extrême urgence, on peut dire ça comme ça, vous voyez !

A vrai dire je ne vois rien du tout, (et le mot de passe), je vais bigophoner au PACHA, il me dira quoi faire.

-  Un instant je dois passer un coup de fil, permettez !

Cette situation est louche, une phrase me revient : Les ordres sont les suivants, on courtise, on séduit, on enlève et en cas d'urgence, on épouse. Oui mais enfin, y a rien à voir avec la situation.

-  PACHA, c'est moi

-  Oui, je sais un contre temps, il t'a envoyé sa blonde!

-  Non elle est rousse, ARLETTY!

-  Ah bon, fait gaffe, laisse tomber et rentre : Il vaut mieux s'en aller la tête que les pieds devant.

-  Alors, beau brun qu'est ce qu'on fait !!

-  Vous je ne sais pas, moi je rentre, la journée est terminée.

Quand on mettra les cons sur orbite, t'a pas fini de tourner .!!

-  Qu'est ce qu'elle dit la gamine ? Répète !!

-  Je dis qu'un pigeon, c'est plus con, patati, patata.... tu m'suis, c'était un test, t'es reçu, bravo !!! T’énerve pas !

Il a peut être une gueule de con LINO, mais il est prudent, tu vois le genre !!!

- Mais pourquoi j' m'énerverais, je peux très bien lui claquer la gueule sans m'énerver.

-  Surprise, c'était pour la camera cachée du Paradis !!!!!!!

- Je ne suis pas contre les excuses, je suis même prêt à en recevoir.

 

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Rédigé par Dominique

Publié dans #Cinéma

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Publié le 24 Septembre 2019

Coupez, coupez !!

 

Devant moi, des caméras, des éclairages puissants, un décor XVIIIe et un metteur en scène furieux !

 

D’où vous sortez, vous ! Qu’est-ce que vous fichez sur le plateau ?

 

Si je le savais… ! Je regardais tranquillement un épisode de la série Dix pour cent quand un rayon de lune m’a propulsée à travers l’écran, pile au milieu de la scène d’amour entre Joey Starr et Julie Gayet.

 

Mais bougez-vous, andouille ! beugle-t-il. En tongs, slip et T shirt dans un film historique !! Et une crème glacée qui dégouline sur le décor ! Vous êtes virée !!! Ouste !

 

 

Bon sang, c’est vrai que je suis en slip ! Et mon cornetto chocolat-menthe coule le long de mon avant-bras jusqu’à mon coude avant de s’écraser sur le tapis de la châtelaine. La honte absolue ! Je suis incapable de bouger. Julie Gayet, marquise compatissante, vient à mon secours. Elle me prend le bras, évite les coulures de glace, me pilote en douceur hors du plateau.

 

Vous êtes une figurante ? me demande gentiment Gabriel, l’agent artistique. Je ne vous ai jamais vue… Nouvelle ?

 

Et moi, toujours aussi cruche, la cervelle bouillie, aucun mot, aucun embryon de pensée rationnelle. Bouche close, agrippée à mon cornetto ramolli.

 

Donnez-moi ça.

 

 

Une costumière déplie mes doigts, ôte de ma main la glace ou ce qu’il en reste pour la jeter dans une corbeille. Elle revient vers moi avec une boîte de mouchoirs en papier.

 

Essuyez-vous. Je vais chercher de quoi vous habiller.

 

Bonne idée ! Retrouver ma dignité me permettra, j’espère, de retrouver la parole et la faculté de penser.

 

C’est ainsi que dix minutes plus tard, ficelée dans un costume de servante Renaissance, je commence à analyser la situation et les personnages qui m’entourent.

 

 

La costumière et Julie Gayet me sourient, bienveillantes ; Joey Starr me lance un clin d’œil amusé et sympathique ; Gabriel m’interroge de ses bons yeux de gentil, Andréa, l’agent de Joey Starr dans la série, nous a rejoints et m’examine avec curiosité. Il y a de quoi, j’en conviens !

 

Je ne sais pas comment je suis arrivée là, dis-je. Je regardais cet épisode, chez moi, sur mon canapé en mangeant une glace et je me suis retrouvée ici. Je suis passée à travers la télé sur un rayon de lune. Je voudrais bien repartir chez moi et voir comment finit la série… Comment faire ?

Le train ou l’avion, me répond Joey Starr.

C’est impossible, dit Julie Gayet, tu sais bien qu’on n’est pas réels, on est diffusés. Si ça se trouve, je suis en train de me regarder chez moi.

Tu crois que cette scène est dans l’épisode ? demande Andréa

On nous aurait concocté un peu de science-fiction ? Une visiteuse trans-TV ? suggère Gabriel… C’était pas au scénario ça ?

Pas à ma connaissance, grogne le metteur en scène.

 

Il m’observe depuis un moment.

 

Levez-vous, avancez un peu, là, dans la lumière… Hmmm… Pas idiot cette idée de visiteuse trans-TV… Refaites-moi ça en costume. On va refaire la scène du baiser, vous apparaîtrez d’un coup entre la marquise et son valet. Ok ? Allez, tout le monde en place…

 

 

Je n’ai pas eu le temps de protester que l’on me pousse vers le plateau. Je panique… Moteur… Action !

Le valet Joey s’avance vers marquise Julie, Gabriel me pousse vers eux, je fais un pas, heurte un rayon de lune et me retrouve sur mon canapé, déguisée en servante. A la télé, les visages éberlués de Julie Gayet, Joey Starr, Andréa et Gabriel cherchent à percer l’écran de mon téléviseur… et le metteur en scène fulmine !

 

 

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Rédigé par Mado

Publié dans #Cinéma

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