Publié le 16 Mai 2019

Je suis là sur la plage………..c’est la dernière phrase du livre que je suis entrain de lire page 11. La suite je ne la saurai jamais, les pages suivantes ont disparu emportées par le temps, lui qui transforme toute chose en poussière.

Une idée folle et si je continuais l’écriture de ce livre, l’auteur me pardonnera mon audace. Alors je me lance.

 

Je suis là sur la plage, oui mais voilà je fais quoi ? Je m’empresse de relire les 11 pages pour me remettre dans la peau du personnage. Voila ça y est, je suis un jeune niçois de 10 ans.

Je suis sur la plage car la tempête d’hier a nettoyé les galets, leur redonnant leur couleur gris vernissé et je profite du ressac pour chercher les trésors perdus de l’été. Allez, je me lance dans l’écriture.

 

Je suis là sur la plage, et au beau milieu d’un tas hétéroclite, comme un objet abandonné, un petit morceau de bois flotté que les vagues ont roulé. Sa couleur bleu attira mon regard, je le pris délicatement entre mes mains, laissant mon imaginaire d’enfant prendre la direction de mes pensées. Je l’écoutais me raconter son histoire, il faisait partie d’une de ces chaises qui font aujourd’hui la gloire de la Promenade. Il se souvenait du temps où, au soleil de l’été, elles recevaient les touristes, face au casino de la Jetée. La chaise avait pris son titre de noblesse, sa couleur bleue était son armoirie, et moyennant finance auprès d’une préposée, on pouvait s’asseoir. La vie était belle, l’été face aux embruns, l’hiver remisée dans un hangar. Ce petit bout de bois n’arrêtait pas de me parler en français et en niçois, de me conter les histoires de chaises, que la vie s’écoulait tranquille au rythme des saisons. Jusqu’à ce jour du mois de mai 1968 où sa chaise fut prise par des mains inconnues et jetée dans les flots de la Méditerranée, geste de colère. Et voilà comment elle fut emportée par les vagues de fond, roulée, brisée sur les rochers de Rauba Capeu pour à nouveau sombrer. Et c’est ainsi que lui, séparé et ballotté par les vagues, est venu s’échouer sur la plage de Castel où aujourd’hui il fit ma connaissance.

Je ne sais si l’auteur du livre avait prévu de faire parler un petit bout de bois, vestige d’une grande dame. Mais il me plaît d’imaginer qu’un enfant de 10 ans puisse inventer un dialogue entre lui et un bout de bois.

 

J’aurais pu aussi écrire : Je suis là sur la plage, je regarde les galets..

 

Ils sont les notes de la Baie des Anges

Écoutez le matin quand la vague les roule

Musique moderne aux accents étranges

Au tempo de la houle

 

Ils viennent du Var ou du Paillon

Peu importe leur origine

Du pays niçois ils ravinent

De St Martin ou de Peillon

 

Ils ont cette couleur bleu gris

D'un camaïeu d'un grand tapis

Qui se tisse avec le temps

Lorsque souffle le vent

 

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Rédigé par Bernard

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Publié le 14 Mai 2019

Les yeux écarquillés, je peine à réaliser la situation. Pourtant Éric n'a jamais été aussi clair ni concis. Donc il a compris. Au moins en partie. Le principal en tout cas. Et il veut partir, s'en aller seul.

 

Ma mère est étendue sur le lit conjugal, une longue robe rouge qui descend de sa poitrine jusqu'à ses pieds. Elle a gardé ses stiletto préférés, les hauts talons qui font rêver les hommes.

Mon oncle se tient près d'elle, raide, les yeux comme des pépites. Le poing fermé jusqu'à blanchir ses doigts.

 

C'est vrai que ces derniers temps, je n'ai pas pris beaucoup de précautions pour justifier mes absences. Gary est si exigeant maintenant. Il me remplace à l'accueil pendant que je suis les clients dans leur chambre.

Au retour, un clin d'œil de connivence, je cache l'argent dans la boîte rouge, et je reprends mon poste. Lui, sifflote, joue avec son chapeau, fait claquer ses bottes, puis sort prendre l'air dans le parking du motel, affichant l'air satisfait du manager consciencieux.

 

Ce n'était pas une robe rouge.

Une couverture de sang qui lui peignait le corps et rehaussait ses charmes.

Mon oncle immobile, les mains crispées.

Tu n'as pas le droit.. tu avais promis..

Je l'entends parler à ma mère. Un ton vif, hargneux.

Mais, Ted, c'est mon mari.. je ne peux pas..

Trop tard. Il est trop tard.

 

Déjà petite.. un peu boulotte, je veux capter le regard des hommes, me mettre nue devant eux.

Voir le regard vaciller devant moi. M'offrir sans retour.

Sur les toilettes des filles, quelqu'un avait marqué :

Leïla est une nymphomane.

Ils ne savent pas.

 

Papa est absent.

Mon oncle est monté dans la chambre rejoindre ma mère. J'entends des éclats de voix, même si je suis dans la cuisine, en bas, les mains dans un pot de confiture d'oranges amères. J'ai les doigts qui collent. Je me fige quand j'entends les cris. La porte du bas qui s'ouvre. Papa...?

 

J'ai la tête vide, les yeux presque clos.

Je dois rejoindre Gary. Lui seul pourra me dire. Je crois qu'il veut partir, quitter le motel, prendre l'argent..et le large. Mon cœur dévale une pente quand je pense à lui, ma peau frémit et mes mains tremblent.

Éric, je le connais depuis toujours, on courait ensemble en sortant de l'école, il me prenait la main et souriait sans rien dire. Il était là.. c'était tout.

Un jour il m'a offert une bague, m'a dit qu'il voulait rester toujours près de moi.

 

Gary est arrivé un soir au motel. C'est un ami qui lui avait parlé de mes services aux clients. Il m'a plu, avec son accent du Texas, son allure de cow-boy, ses bottes beiges rutilantes. Je l'ai rejoint, dès que j'ai pu laisser l'accueil vide.

La première fois, il m'a frappée. Pour voir.

 

Après la mort de maman, mon père s'est mis à boire un peu, le soir, devant la fenêtre fermée. Il a continué son job de commercial jusqu'à cette nuit où il s'est endormi au volant. Maintenant il a une jambe raide, et reste à la maison sans rien faire.

 

Moi j'ai bien envie de partir avec Gary.

Ce boulot comme il dit, on s'en fout.

J'ai gagné assez d'argent pour qu'on prenne des vacances au soleil, ailleurs que dans ce trou perdu de Suspicious River. Ailleurs.

 

Ce jour-là, ils ont sorti ma mère sur une civière, étalée comme un plat offert aux voisins. Ils ont pu voir, interpréter, inventer des histoires. Les rumeurs ont commencé..

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Rédigé par Nadine

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Publié le 14 Mai 2019

Ça ne compte pas pour poils, ce duvet sur mes jambes ?

Claudine s’examine. Nue dans son cuveau d’eau tiède, un bon vieux cuveau qui vient de Montigny, elle traque les éventuelles imperfections de son corps. L’inventaire fait, rassurée sur sa beauté, elle se laisse aller contre le bois râpeux.

Elle s’est mariée ce matin.

Son cœur s’emballe. Elle l’aime si fort… Ne regrette plus du tout d’avoir perdu ses escapades aux premières lueurs de l’aube dans la campagne alentour de son village. La nuit pâlissait à peine, elle chaussait ses gros godillots, partait sur les chemins baignés de rosée, goûtait la fraîcheur pure, le parfum de l’aurore avec la délectation d’une bête heureuse. Après, c’était l’école, Luce qui l’attendait… Et puis, fin des études, départ pour Paris…

Paris, ses voitures à chevaux, leurs roues pneumatiques si confortables sur les rues pavées. Paris, les soirées à l’opéra avec son amoureux. Son amoureux, son mari, dans la chambre, à côté…

Panique… Ce soir elle sera à lui pour la première fois. Désir, peur, impatience, envie de retarder l’instant, envie de fuir la nuit de noces, exaltation affolée, se télescopent dans son cœur éclaté.

Elle secoue la tête. Ses cheveux, coupés sous l’oreille, volent, libres. N’a pas osé dire à sa mère qu’elle avait sacrifié ses longues tresses. Non, ne pas penser à sa mère maintenant…

L’eau du bain refroidit. Frissonnante, Claudine se lève, enjambe le bord du cuveau, s’enroule dans une serviette, laisse l’empreinte de ses pieds mouillés sur les tomettes.

Dans la chambre, son mari l’attend. Elle enfile sa plus jolie chemise et s’en va, à pas menus, le rejoindre.

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Rédigé par Mado

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Publié le 14 Mai 2019

Ce matin, Cédric m'a confirmée son mécontentement de tenir la boutique seul.

Hier soir, un peu trop imbibé de bière, un air boudeur, pianotant sur le comptoir, me lançant un regard de chien battu, il me dit " Ma puce, je ne sais pas si c'est une bonne idée!!!!!! "

Je reviens du cimetière, mon mari et ma fille y reposent tranquillement et des souvenirs remontent dans mon esprit.

-  Un jour, on ira en Irlande, c'est très beau, me disait Pierre!!!

Je fais ma valise, sans oublier le petit ours de Marie, c'est décidé je veux partir, Cédric mon ami de toujours est très capable d'endosser la responsabilité du Café-Librairie " Le Temps qui Passe ".

Je suis seule désormais, forte je suis malgré ces terribles souvenirs, mais c'est une nécessité, Paris m'étouffe, je respire mal.

Là-bas personne ne m'attend, mais des images, recueillies au cours de nos recherches avec Pierre et Marie, vont me mener dans leurs rêves.

Il y a quelques jours, j'ai contacté une adresse prise sur internet, une vieille maison au bord de la mer d'Irlande à 'YOUTH'.

J'y suis, il fait beau mais froid.

Il faut que je trouve une voiture, les premiers essais ne sont pas concluants, on roule à gauche, oui je sais !!!

Plus j'avance, plus le temps se gâte, il pleut des cordes.

Un couple de personnes âgées, entendant ma voiture pétarader, est sorti et m'attend sur le pas de leur maison mitoyenne à la mienne.

Ce sont des gens accueillants, Abby et Peter, je ne suis pas toujours très gentille, ni patiente avec eux, mais ils me font confiance.

Mon histoire m'inspire quelques lignes ..... quelques pages, je veux rester seule tranquille dans mon nouveau chez moi..

Cachée sous un fauteuil, je retrouve la page 14, toujours celle-là qui prend plaisir à jouer avec mes souvenirs et la suite des évènements. 

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Rédigé par Dominique

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Publié le 10 Mai 2019

Red Balloon - Paul KLEE

Red Balloon - Paul KLEE

  • L’atelier "LES OBJETS" consiste à écrire à partir d’un objet, objet qui sera amené lors de la prochaine séance...
  • Atelier 1 :
  • Atelier 2 :

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Rédigé par Atelier Ecriture

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Publié le 7 Mai 2019

LE GALET

Le galet. Décrivez-le, racontez son histoire en prose ou en sonnet et, éventuellement, comme pour "Per te praesentit aruspex" de Guillaume Apollinaire, imaginez les sentiments de l'artiste qui l'a peint, la muse qui l'a inspiré, le message qu'il a voulu transmettre...

Atelier :

Le sonnet

LECTURE

Per te praesentit aruspex de Guillaume Apollinaire

Ô mon très cher amour, toi mon œuvre et que j'aime,
A jamais j'allumai le feu de ton regard,
Je t'aime comme j'aime une belle œuvre d'art,
Une noble statue, un magique poème.

Tu seras, mon aimée, un témoin de moi-même.
Je te crée à jamais pour qu'après mon départ,
Tu transmettes mon nom aux hommes en retard
Toi, la vie et l'amour, ma gloire et mon emblème;

Et je suis soucieux de ta grande beauté
Bien plus que tu ne peux toi-même en être fière:
C'est moi qui l'ai conçue et faite tout entière.

Ainsi, belle œuvre d'art, nos amours ont été
Et seront l'ornement du ciel et de la terre,
Ô toi, ma créature et ma divinité !

Per te praesentit aruspex - Guillaume Apollinaire - recueil de poèsie "Poèmes à Lou"

 

LES TEXTES

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Rédigé par Atelier Ecriture

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Publié le 7 Mai 2019

LE SONNET DU GALET

En marchant sur la plage il l’avait ramassé

Non sans auparavant en avoir choisi d’autres

Beaucoup d’autres qu’il avait entassés dans sa hotte

Puis dans son jardin il les a tous alignés

 

Son choix s’est au final porté sur le dernier

Il savait bien déjà ce qu’il voulait en faire

Il voulait un symbole d’union sur cette terre

Et dans sa main déjà son pinceau s’agitait

 

Au pourtour du galet des cercles concentriques

Comme une coupe d’arbre révèle son historique

Au centre, plus compact, se trouvait le noyau

 

Ces points peints plus serrés symbolisaient l’union

Les motifs du milieu, comme en observation,

Surveillaient tour à tour la fuite des cerveaux.

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Rédigé par Bernadette

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Publié le 7 Mai 2019

DU MERCANTOUR...

Du Mercantour il est descendu

La rivière doucement l’a roulé

Sur la plage il s’est échoué

Finissant dans ma main le chemin parcouru

 

Message d’un dieu inconnu

Ecriture en cercle inexpliquée

Comme une relique je l’emportais

Chez moi il était le bienvenu

 

Galet tu portes en toi l’histoire

Ta couleur sombre, presque noire

Me rappelle l’origine de l’homme

 

Lui qui est venu du pays de l’ivoire

Darwin nous a dit que le monde, il faut le croire

Ne s’était pas construit sur un trognon de pomme

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Rédigé par Bernard

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Publié le 7 Mai 2019

LE GALET

Un galet comme une toile où tracer la vie
Le pinceau qui l’effleure et dessine un chemin,
Les traces balisées d'un éphémère destin
Qui tournoie et se pose sans nul bruit ni souci.

Tu pourrais le laisser sur la grève de l'oubli,
Tout au fond d'un vallon, digne et triste orphelin
Le semer dans la ville pour tromper ton chagrin,
Ou bien le malaxer telle une œuvre en sursis..

La rosace fleurie comme au source du monde
Exhale un chant sacré entraînant dans sa ronde
Le subtil mandala sur son socle nacré.

Si la fleur du secret peut tenir dans ta main,
C'est qu’elle rêve de voler, éternel parchemin,
Et de river les yeux sur l'infime vérité..

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Rédigé par Nadine

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Publié le 7 Mai 2019

OBJET ?

Quand apparut, sortit, on ne sait d’où, ce drôle d’objet ?

Quand sans rire, mais non, sans un malin sourire

Notre maître d’atelier nous déclara aller quérir

Dans note mol cervelet de quoi faire un sonnet ?

 

Mado, Mado, peux-tu seulement imaginer,

Mado, Mado, quelle souffrance est d’écrire

Un objet, un sonnet, versifier, ah ! Je voudrais fuir,

Quitter ces quatre murs, retrouver la liberté.

 

Sur une plage polluée, chercher un galet rond,

Sur une place d’église, au mendiant faire un don,

Sur un trottoir bondé, bousculer le passant ;;

 

Voilà une bonne idée, tamponner les trottinettes

Et rire de les voir se casser la binette,

Mais un objet, un sonnet, mon cerveau va chintant.

 

A quoi peut bien ressembler le cerveau d’Hervé... ?

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Rédigé par Hervé

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