La théière
Publié le 13 Février 2024
Après le violent séisme, le petit village de Saïd commençait à se reconstruire. L'armée avait envoyé les soldats pour aider à enlever les décombres. Des tentes s'installaient ci et là. Les habitants rebâtissaient avec courage leurs maisons en terre battue. Saïd aidait à droite, à gauche. Toujours prêt à donner un coup de main. Lorsqu'il travaillait, son regard bifurquait vers la gazelle. Elle était restée avec eux. Elle soignait les blessés.
Chaque jour, après le substantiel repas, tout le monde s'installait en rond autour du feu pour le rituel du thé. Saïd se faisait un honneur de le préparer. La jolie infirmière le suivait des yeux avec intérêt.
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Il la posait sur le feu, lorsque l'eau commençait à bouillir, il rajoutait le thé. Ensuite, il prenait le cône de sucre qu'il cassait avec son marteau et le rajoutait à l'eau. Et, en dernier, les feuilles de menthe bien fraîches.
Aussitôt, la théière devenait vivante. Une odeur s'en dégageait. De la fumée sortait de son bec verseur. Les narines des hommes se dilataient. Les regards étaient hypnotisés. Moment de bonheur pour ces pauvres gens.
Un autre cérémonial commençait alors. Saïd prenait un verre, le remplissait de liquide puis le refaisait couler dans la théière. Ceci deux ou trois fois. Puis, il commençait le service en levant bien haut la théière au-dessus du verre. Le liquide doré coulait tout mousseux. Les berbères buvaient avec des grands "slurp!" de satisfaction. La gazelle souriait à Saïd. Théière, tu es magique !