« Je me souviens… » à la manière de Georges Perec

Publié le 27 Septembre 2023

 

Je me souviens du plaisir tout nouveau pour moi , à l’âge de huit ans, de prendre un bain dans une vraie baignoire, moi qui n’avais connu jusque là que la toilette à l’évier de la cuisine, les pieds plongés dans une bassine réservée à cet usage, mon ancien domicile étant dépourvu de salle-de-bain.

Je me souviens de l’excitation des enfants du quartier à l’approche de la fête des Mères : on se retrouvait nombreux « chez la mercière », le seul commerce non alimentaire du quartier Pasteur. Là, ceux qui en avaient les moyens faisaient l’acquisition d’un cadeau de pacotille pour leur maman pour une somme modique, cadeau qui provoquait tant de bonheur dans les familles…
Je me souviens des jeudis après-midi passés chez ma copine Maryse, moi qui n’ai eu de télé chez moi qu’à l’âge de treize ans, à regarder fiévreusement le feuilleton « Ivanohé ».
Je me souviens du jour de l’assassinat de John Kennedy : comme tous les jours, j’allais sonner chez ma copine Marie-Jo, au rez-de-chaussée de l’immeuble en face, puisque nous allions ensemble prendre le bus pour nous rendre au Lycée Calmette, où nous étions en sixième. Ce jour de novembre 1963, elle m’a ouvert la porte, le visage grave, et m’a annoncé ce triste évènement entendu à la radio.
Je me souviens lorsqu’on jouait devant nos immeubles HLM, rue Macario : les garçons et les filles faisaient bande à part, les garçons jouaient au ballon ou faisaient du vélo, les filles jouaient à l’école, et moi je faisais souvent la maîtresse !
Je me souviens des garçons qui allaient à la cale aux fruits dans les arbres dans la colline derrière nos immeubles, juste sous l’église Saint-Pons.
Je me souviens des tractopelles qui avaient fait de grands trous dans le lit du Paillon, et des garçons qui jouaient autour de ces trous alors que c’était interdit.
Je me souviens du jour où tout le monde était aux fenêtres, parce que le Paillon, plein jusqu’au bord, pouvait déborder à tout instant, ce qui n’est finalement jamais arrivé.
Je me souviens de tous ces jeudis matins et dimanches matins où j’ai pris le bus dès mes huit ans pour aller en bus, avec ma copine Marie-Rose, suivre les cours de catéchisme à l’église Don Bosco.
Je me souviens des bonbons qu’on allait s’acheter à la sortie de la Messe, des rouleaux de réglisse, des boules de coco, des malabars, et comme on se régalait avec tout ce sucre.
Je me souviens des visites habillée en communiante que j’avais rendues à des membres de la famille ou à des amis : on leur remettait une petite carte-souvenir, et en échange on recevait une ou deux pièces dans notre bourse de communiante.
Je me souviens du tourne-disque que je me suis offert avec cet argent, et des deux premiers disques achetés : « vous permettez, Monsieur » d’Adamo, et « l’école est finie » de Sheila.
Voilà quelques souvenirs d’enfance qui me sont revenus en mémoire.
Annie TIBERIO

 

 
 
 

 

Rédigé par Annie

Publié dans #Ville

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