ENTRACTE

Publié le 9 Janvier 2020

 

ENTRACTE – Edward HOPPER 1963

 

 

 

 

 

 

 

Le temps est suspendu. Il arrête notre regard.

Tout ici marque la pause.

Bien sûr, à l’agencement des fauteuils, nous reconnaissons une salle de spectacle. 

Sans eux, le bord de l’estrade pourrait tout aussi bien figurer un bar, élément de décor récurrent chez Hopper, le peintre de cette scène.

Spectacle certes, mais rien de festif pour autant.

Un cadrage quasi chirurgical, qui nous met face à une porte à peine décelable, d’une froideur clinique, et dont on peut se demander si elle s’ouvre vraiment et vers quelle échappatoire elle va mener.

Au lieu du velours rouge, une palette froide : vert des fauteuils, gris acier des murs, bleu sombre de la robe, beige sans chaleur du sol, pâleur de la peau…

Au lieu d’une foule, ou au moins d’un groupe de spectateurs, une femme, seule. Strictement vêtue et coiffée, elle occupe le centre de l’image. Elle a le regard perdu dans le vague, les yeux baissés sur des pensées apparemment sans joie, comme dans une salle d’attente.

Où sont les autres ? Partis se rafraîchir ? Se dégourdir les jambes ? Vont-ils revenir ? Sont-ils jamais venus ?

Seul le titre du tableau -« Entracte »- évoque qu’une partie du spectacle a déjà eu lieu. Cette femme en est-elle l’unique spectatrice désabusée ?

Est-ce notre propre solitude, ontologique, au milieu d’un grand vide, que ce reflet convoque dans un tableau devenu miroir ?

 

Et si, pour la 2ème partie, nous passions plutôt dans la salle d’à-côté ?!!

 

Rédigé par Brigitte M.

Publié dans #Cinéma

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article