HISTOIRE DE CINÉMA

Publié le 24 Septembre 2019

Un jour de sieste, de farniente, vous savez, une de ces journées d’été somnolentes, rêvassantes, où la réalité se dilue et s’échappe vers ailleurs, un jour, donc, je me suis retrouvée en Amazonie dans une tribu vivant en pleine nature. Des gosses à moitié nus m’ont entourée et soudain, ils se sont mis à chanter et à danser. Alors j’ai sorti mon smartphone, je les ai filmés.

Ils ont voulu savoir ce qui se passait dans cette petite boîte ; je leur ai montré le film, les questions ont afflué :

Comment t’as fait ça ? Tu nous as mis dans une boîte ? Pourquoi ? Tu vas nous emporter avec toi ? Tu vas nous voler notre âme ?

Mais non, ne faites pas tout ce cinéma, ce n’est qu’un film !

C’est quoi un film ? C’est quoi le cinéma ?

Alors là ! Comment expliquer le cinéma à des enfants qui n’en ont jamais vu ? D’ailleurs qu’est-ce que le cinéma ? J’ai fini par leur répondre ceci :

Le cinéma, c’est le moyen qu’ont inventé les hommes pour capturer ce qui se passe, les choses, la vie, le mouvement, un spectacle comme vos chants et vos danses, afin de les conserver, les revoir plus tard, les montrer à ceux qui n’étaient pas là pour les regarder en vrai. C’est comme une copie de la nature, un peu comme quand vous faites un dessin, mais avec le mouvement en plus. Mais ça sert surtout à raconter des histoires. Des gens, que l’on appelle acteurs, font semblant de vivre cette histoire comme si c’était vrai et la caméra filme, garde toutes les images de cette histoire pour aller ensuite la raconter à tous ceux qui veulent la voir et l’entendre.

Des histoires comment ? Pourquoi faire ?

Toutes sortes d’histoires : des drôles, des tristes, des qui font peur, d’autres qui font réfléchir. On apprend toujours quelque chose au cinéma.

Raconte ce qui te fait rire au cinéma.

Plein de choses, les Marx Brothers par exemple, avec la scène du miroir – ah, c’est vrai ! Vous ne connaissez pas le miroir… C’est comme quand on se regarde dans l’eau, c’est un reflet de soi-même. Dans cette scène, il n’y a pas de miroir mais deux personnages identiques qui font les mêmes gestes face à face. Au fur et à mesure de la scène, il y a des décalages, des différences, ça devient très drôle.

Il y a aussi Cary Grant dans Arsenic et vieilles dentelles qui m’a fait beaucoup rire, ainsi que les grimaces de Louis de Funes, la tête de Jean-Pierre Bacri qui sort de sa cave dans Un air de famille, la partie d’échec de Pierre Tornade contre l’officier allemand dans Mais où est donc passée la septième compagnie ?, Bernard Blier qui fait le cri du muezzin dans Le cri du cormoran le soir au-dessus des jonques, certaines scènes du film Les Tontons flingueurs, Le grand Blond à la chaussure noire... Et j’en oublie...

Et dis-nous ce qui te fait pleurer.

La scène émouvante qui me vient à l’esprit c’est celle de la fin du film La famille Bélier, quand Louane Emera chante en traduisant les paroles de la chanson en langage des signes. Il y a aussi la mort de Habib Boufares (Slimane Beiji dans le film) dans La graine et le mulet, et sûrement beaucoup d’autres grands moments très émouvants dans divers films, mais je ne sais plus...

Et ce qui te fait peur ?

J’évite les films qui font peur, mais j’en ai vu quelques-uns quand même, comme Les dents de la mer, avec ce requin sournois qui s’approche de la plage pour manger les gens, ou bien le film Rosemary’s baby avec un bébé inquiétant, Duel dans lequel un camion cherche à tuer un automobiliste, Les Oiseaux de Hitchcock, qui se rassemblent, menaçants, autour de la maison, l’ancien nazi qui torture Dustin Hoffman dans Marathon man en lui perçant les dents tout en disant :  « C’est sans danger, c’est sans danger ».

Et puis, ceux qui font réfléchir, dis-nous…

On les appelle des films engagés. Je me souviendrai toujours de Johnny va-t-en guerre qui questionne sur la guerre, sur les expériences scientifiques, sur l’acharnement thérapeutique, sur l’euthanasie… De même Z, un film qui dénonce l’État totalitaire et manipulateur, mais je n’ai plus de scènes particulières… Brazil, un film de SF avec un état totalitaire là aussi, sinistre avec la scène du tortionnaire au masque de poupon terrifiant. Dans un autre registre, La Grande Bouffe et ses scènes orgiaques, la mort de Marcello dans ses pets et sa merde, comme le paroxysme de cette civilisation qui ne mange pas pour vivre mais vit pour manger.

Beurk ! Je préfère les films qui font rire. Sais-tu que je vais faire du cinéma moi aussi ? me dit un gamin au regard malicieux.

Ah oui ? Comment t’appelles-tu ?

Mimi-Siku ! Et mon film ce sera Un Indien dans la ville. Ça t’épate hein ?

 

Rédigé par Mado

Publié dans #Cinéma

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