LA JACTANCE AU PARADIS…
Publié le 24 Septembre 2019
Quand jean Rochefort arrive au Paradis des Acteurs, Bernard Blier l’accueille :
– Y a comme qui dirait du beau monde. Toi aussi, t’as largué ta viande.. ?
Jean, encore tout ébahi par sa vertigineuse ascension, riposte :
– Y a comme qui dirait du Audiard dans l’air… La jactance, c’est comme l’alcoolisme, ça devient une addiction.
– Un art de vivre, Monsieur ! Une philosophie ! Nous, Monsieur, on tutoie les anges.
Jean fronce le sourcil… me rappelle quelque chose, ça… Ça lui revient :
– Dis-donc, ça serait pas une réplique du Singe en Hiver… ? Ce sont les seigneurs de la cuite qui tutoient les anges, ce me semble…
Bernard se marre. A perdu la vie, mais pas la mémoire, le Jeannot !
– Et celle-là, amateur de canassons, elle te parle ? Écoute : Aux courses, les petits tuyaux font les grandes misères. Alors ?
– Sais pas, je ne joue pas aux courses, mais je peux jouer aux devinettes. Celle-ci d’après toi : Mieux vaut s’en aller la tête basse que les pieds devant.
– Sais pas non plus, mais c’est con, on a fait l’inverse. Du coup, autant garder la tête haute.
Jean secoue la sienne, de tête. Nul ce dialogue. Audiard n’a pas fini de se bidonner s’il tombe dessus. Nous dirait que les cons ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît. Son regard scrute l’espace. Là-bas, les potes discutent, rigolent. Il reconnaît Ventura, Blanche, Gabin, Meurice et tous les autres. La jactance au Paradis !
Il se retourne vers Blier :
– Dis, si on allait retrouver les autres, les tontons flingueurs, les caves, les barbouzes, les faisans, les pachas, les canards sauvages ?
– Oui, c’est pas parce qu’on a rien à dire qu’il faut fermer sa gueule !