Un drôle de Poisson d’Avril

Publié le 12 Avril 2024

 
Les souvenirs affluent à l’approche de ce Vieux Nice, berceau de mon enfance. Arrêt du tram Cathédrale Vieille-Ville, j’emprunte la porte fausse afin de rejoindre la place Rossetti. L’air est frais en ce matin de printemps. Ce passage est plus attrayant depuis la création de la ligne 1 du tram. L’artiste Sarkis l’a mis en valeur en mélangeant marbre et or, une touche esthétique et conviviale.
Du haut de l’escalier, j’aperçois, dans ce grand rectangle appelé  «  postes restantes », une enveloppe rouge vif sur laquelle sont inscrits les mots OUVRE-MOI au feutre noir.
Après hésitation, la curiosité féminine l’emporte et je prends possession de ce message inattendu.
Je l’ouvre, je tire une feuille de papier au parfum tenace, sur laquelle un plan est tracé. Aucun nom de rue mais des objets insolites dessinés, une sorte de rébus qui me laisse pensive.
A ce moment-là, de longs sanglots troublent ma réflexion. Quelques marches plus bas, une jeune femme est assise, dos au mur. En m’approchant je constate qu’elle a dû beaucoup pleurer, le maquillage autour de ses yeux a coulé et séché.
Peu hasardeuse, je cherche en vain une présence malgré l’heure matinale. Je suis seule ! Je parviens à me raisonner. Elle ne bouge pas, un regard hagard, des cheveux en broussailles tombent sur des vêtements chiffonnés.
Je l’effleure d’un geste doux, pas de réaction. Je m’aventure plus énergiquement et là je pousse un hurlement de frayeur.
La jeune femme tient dans sa main droite un couteau ensanglanté. Une écharpe jaune tachée a glissé sur ses pieds.
Les battements de mon cœur s’accélèrent. Je suis pétrifiée devant ce tableau cauchemardesque.
Toutes sortes d’idées contradictoires se bousculent dans mon esprit. Ma vision se trouble.
Des pas me ramènent à la réalité. Ouf ! Voilà quelqu’un. Un homme dévale les marches à toute vitesse, il me bouscule, poursuit son chemin.
Je pers l’équilibre, la peur s’intensifie. Soudain des bras m’entourent, des rires fusent.
- Madame, madame ne craigniez rien. Remettez vous de vos émotions. Nous sommes des cinéastes amateurs, grâce à vous nous avons filmé cette scène pour le premier avril.
Vous avez été parfaite, la célébrité vous attend ! Qui sait...
 
 

Rédigé par Josiane

Publié dans #Ville

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