LE TRAM III ( La porte fausse)

Publié le 11 Avril 2024

 
Midi, déjà ! Le canon l’annonça et mon estomac le confirma. Je me dépêchais de traverser la coulée verte et me dirigeais vers la porte fausse pour accéder dans le vieux Nice. Mon estomac se mit à gargouiller de joie à l’idée de déguster un des meilleurs pan bagnat de la citée. Je m’engouffrais dans ce passage, qui entre nous soit dit, date de l’époque où Barbe Rousse et notre lavandière vénérée ont eut des mots, quand mon attention a été attirée par une feuille de papier pliée en quatre, déposée sur ce plateau qui dans les temps anciens servait de poste restante.
La curiosité gagna la bataille et mon estomac dut se faire une raison. Chaussant mes lunettes je dépliais cette feuille et j’eus la surprise de lire un message : Bonjour, mon épouse et moi même sommes en vacance dans votre belle ville. L’appellation «porte fausse » nous intriguant, nous serions très heureux de rencontrer un vrai Niçois qui puisse nous raconter son histoire. Merci d’avance.
Croyant à une galéjade, je regardais autour de moi si j’étais l’objet d’une plaisanterie. Mais non ! En levant la tête j’aperçus un couple qui m’observait attentivement, les yeux remplis d’espoir. Lui, en bermuda à carreaux et en nus pieds avec des chaussettes et elle, en tenue de sortie de baignade avec une peau couleur écrevisse déjà bien cuite. Pas de doute. Des touristes. Je remontais les marches de l’escalier, et je demandais :
- C’est vous qui avez écrit ce appel au secours ?
- Oui, nous sommes Parisiens et les coutumes locales nous passionnent. Concernant cette ancienne porte de la citée nous aimerions bien savoir ce qu’il en est.
- Ce qu’il en est ? Aïe Aïe Aïe…
- Monsieur, pourquoi ces lamentations ?
-J’espère que vous n’avez pas osé franchir la porte. Rassurez moi !
- Eh bien, c’était notre idée première, mais…
- Votre idée première ? Aïe Aïe Aïe... On ne vous a donc rien dit ?
- Dit quoi ? Monsieur.
- Malheureux ! La porte fausse vous emmène à l’ancienne rue des abattoirs. Rue sanglante s’il en est, ou tout ce qui passait par là était désossé... Surtout les étrangers !
- Vous vous moquez, dit le Parisien, qui commençait à pâlir.
- Jamais avec la mort, Monsieur ! Savez vous qu’il y a peu c’était le royaume des tripiers. Et il se disait que toute les tripes que vendaient les commerçants n’étaient pas forcément d’origine animale. Ce qui faisait, sommes toute, que certaines étaient meilleures que d’autres. Cela entretenait une polémique qui divisait les gourmets. D’ailleurs si je devais donner mon avis…
- Arrêtez Monsieur. Mon épouse commence à se trouver mal.
- Je vais vous donner un bon conseil, car vous m’êtes sympathique. Continuez tout droit et passez par la place Masséna. Dirigez- vous vers l’Opéra, et bifurquez, tout de suite à droite pour éviter le cours Saleya. Les esprits d’anciens vampires ont fait parler d’eux. Et évitez de parler car vous seriez trahis par votre accent et ces mauvais esprits ne crachent pas, parait-il, sur la chair fraîche.
- Allons, vous me faite marcher ; Indiquez moi plutôt un bon restaurant vers Antibes ou Cannes…
-Voila qui est sensé. Cannes ce serra mieux car plus éloigné. Et je me suis laissé dire que là bas toutes les portes sont vraies.
-Vous êtes sûr ?
-Pardi ! Si je vous le dis.
 
 

Rédigé par Fernand

Publié dans #Ville

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