Carnaval d’autrefois

Publié le 23 Janvier 2024

 

Léa et Albert ont passé ce dimanche après-midi au Carnaval. Ils rentrent chez eux à pied, c’est agréable de se dégourdir les jambes après être restés presque trois heures assis dans les tribunes à regarder le défilé, place Masséna, de nombreuses « grosses têtes » et de chars plus beaux les uns que les autres, tous reprenant avec humour le thème du Carnaval de cette année. Des confettis, des serpentins, des masques amusants, ils avaient acheté toute la panoplie pour passer un bon moment. Léa est ravie, elle adore le Carnaval de Nice.

- Quel beau spectacle, je ne m’en lasse pas ! Ça fait plus de vingt ans que tu m’emmènes au Carnaval, Albert, je devrais être habituée, et pourtant… 

- Je sais, ma chérie, tu es un bon public, tu es toujours contente ! Mais si, comme moi, tu avais connu l’ambiance du Carnaval des années soixante, tu serais peut-être d’un autre avis…

- Pourquoi autant de nostalgie, Albert, c’est très beau ce qu’on a vu, tu ne peux pas dire le contraire…

- Oui, Léa, c’est très beau, mais c’est un spectacle. Avant c’était autre chose…

- Allez, raconte-moi encore une fois ce Carnaval de ton enfance, tu racontes si bien. Le trajet jusqu’à la maison n’en sera que plus agréable…

- Comme tu le sais, mes parents m’emmenaient au Carnaval toutes les années lorsque j’étais petit. Et vers quatorze ou quinze ans, j’y allais avec mes copains, et là on s’amusait comme des fous. On arrivait en ville, on prenait place sur l’avenue de la Victoire - c’était l’ancien nom de l’avenue Jean Médecin. Pas besoin de passer par les caisses, c’était gratuit. On dépensait notre argent de poche en confettis, en pétard, et autres accessoires indispensables. On essayait d’envoyer des confettis aux « grosses têtes », en visant l’ouverture qui servait au porteur à respirer et à voir où il allait. Les porteurs n’étaient pas trop contents lorsqu’on visait juste ! Et nous, ça nous amusait, bien sûr ! On faisait manger des confettis aux filles qu’on croisait, c’était l’âge bête ! Une chose qui me plaisait beaucoup dans le corso, et qui a disparu depuis longtemps, c’était le défilé des chevaux montés par des belles filles costumées. On appelait cela  « les Cavalcades ». Je pense qu’il y avait plusieurs groupes de Cavalcades dans le Corso, plus belles les unes que les autres. Elles faisaient rêver le jeune homme qui sommeillait en moi… Les chars d’alors n’avaient pas d’électronique, ils étaient moins hauts que ceux de maintenant, mais ils avaient été fabriqués avec amour par les Carnavaliers, et c’était une réussite ! Sur les chars, des enfants costumés dansaient au son des fanfares, et ça me faisait aussi rêver, j’aurais aimé être avec eux…

- Et le gendarme, Albert, tu ne m’as pas parlé de lui.

- Tu vois, tu sais mieux que moi tout ce qui se passait au Carnaval il y a cinquante ans ! Toutes les années, sur l’un des chars, il y avait un gros homme à moustache déguisé en femme. Il dansait et s’agitait sans arrêt, il amusait tout le monde. Il était connu du public, on disait que c’était un ancien gendarme. Les gens essayaient de le voir sur les chars, il avait beaucoup de fans !

- Les spectateurs avaient l’air de beaucoup s’amuser…

- C’est bien ce que je voulais t’expliquer, Léa, ce n’était pas qu’un spectacle, on participait…d’ailleurs les spectateurs pouvaient entrer dans le Corso, et défiler avec les Grosses Têtes…On s’amusait beaucoup. Le peuple était dans la rue, ça faisait du bien ! Allez, on est arrivé à la maison, tu peux me passer les clés ?

Annie TIBERIO


 


 

Rédigé par Annie

Publié dans #Patrimoine & Méditerranée

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