Une nuit, quartier Pasteur

Publié le 30 Septembre 2023

 
Ça y est, je viens de me réveiller ! Il est une heure du matin, je n’ai plus sommeil. C’est à cause de mes chats, qui, une fois de plus, ne trouvent rien de mieux à faire que de se battre lorsque je dors. Et comme ils ne savent pas grogner en silence, ils m’ont tirée brutalement du sommeil. Pour me calmer, je vais boire un verre d’eau fraîche à la cuisine. Tout est à nouveau silencieux dans mon petit appartement. Au-dessus, chez ma voisine, ce n’est pas vraiment le cas. Elle s’est certainement assoupie devant sa télé, comme souvent. J’entends des voix, masculine et féminine, qui se répondent, sans que je puisse distinguer les paroles. C’est trop fort pour que je n’entende pas, et trop bas pour que je puisse comprendre de quelle série il s’agît. J’entends simplement un gros ronronnement, auquel je ne prête plus trop attention, depuis des années qu’il accompagne mes nuits. Ça me tient compagnie ! Mes deux chats ont fini de se cracher des insultes, ils se sont rendormis, non loin l’un de l’autre. Mon verre d’eau à la main, je sors sur le balcon de la cuisine. J’ouvre la vitre de la véranda : un peu d’air nocturne frais sur le visage en cette fin d’été me fera le plus grand bien. Je respire à fond, la rue est calme, très peu de voitures à cette heure-ci. Le parc en face de mon immeuble est, lui aussi, endormi. Les grands arbres agitent doucement leurs longs bras noirs dans la tiédeur de la nuit. Les oiseaux doivent s’être assoupis, bercés dans leur sommeil par le balancement des branches. Tout est calme aux alentours… Soudain, un gros ronflement de moteur : une moto surgit du carrefour au bout de la rue, les gaz à fond, et passe comme une fusée devant mon balcon. Encore quelqu’un qui ne respecte pas les autres ! En quelques secondes, il disparaît de ma vue, mais il a certainement eu le temps de déranger le sommeil de la moitié des habitants… Avec un peu de chance, il ne s’agît pas d’un de ces imbéciles qui s’amuse, en pleine nuit, à faire dix fois le tour du quartier en faisant le plus de bruit possible. A quoi servent donc les caméras installées dans ma rue ? J’entends une voix qui vocifère un peu plus loin : sans doute quelqu’un qui vient de descendre du dernier tram, et qui se croit obligé de téléphoner en pleine nuit, en hurlant dans son portable. Et en plus, ce n’est pas en Français, je n’y comprends rien ! je me sens de mauvaise humeur devant tant de sans-gêne… Au bout de quelques minutes, le silence revient, c’est tout de même plus agréable…de temps en temps, une voiture passe dans la rue, mais les conducteurs sont raisonnables, le bruit est supportable. Je lève les yeux vers le ciel, où un croissant de lune semble m’observer avec bienveillance. Quelques étoiles brillent dans la noirceur de la voute céleste…A droite, des lumières rouges insolites : c’est la piste d’atterrissage des hélicoptères qui emmènent des patients aux urgences de l’Hôpital Pasteur. Maintenant, le calme règne. Un doux frôlement contre ma jambe : ma Minette se frotte à moi pour réclamer des caresses. Détendue, je lui murmure : « allons, viens te coucher, il faut dormir ». Je regagne mon lit, pieds nus sur le carrelage frais, c’est agréable. Je me glisse dans le lit en faisant attention de ne pas déranger mon chat Julot, afin d’ éviter qu’il saute sur mes jambes pour jouer. Il est étalé béatement au pied du lit, et baille profondément en me voyant. La Minette se colle aussitôt dans mon dos, et nous voilà repartis à trois pour la seconde partie de la nuit.
Annie TIBERIO
 
 

 

Rédigé par Annie

Publié dans #Ville

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