LA QUÊTE DE BASTIAN

Publié le 14 Février 2023

 
LE TRÉSOR
 
Beaucoup parlent de moi, mais peu m'ont approché. Dans ma cache, au fin fond des tunnels, creusés sous le castel de Montségur, je vois rarement le jour. Lorsque des visiteurs viennent jusqu'à moi, la lueur dispensée avec parcimonie par leur lampe à huile ne dégage aucun reflet de métal précieux. Je suis un trésor spirituel. Je dispense la bonne parole à l'occasion des cérémonies propres à la religion prônée par les Parfaits et les Parfaites qui ont fait don de leur vie pour donner la consolation à la population de Montségur. Ils viennent jusqu'à moi pour s'abreuver aux textes des manuscrits anciens qui vont les conforter dans leur foi. Tous ces fidèles, qui subissent depuis neuf mois un siège qui va les obliger à se rendre aux armées du Pape, ont choisi leur sort. Pas un seul ne se pliera à cette religion qui revêt d'or et de pierreries ses inquisiteurs avides de richesse et de privilèges. Ils ne cessent de les accuser d'hérésie alors qu'ils ne vivent que pour aider et assister dans la foi ceux qui tendent les mains et qui implorent miséricorde.
J'entends le bruit d'une clef qui parle à la serrure qui protège ma porte. Deux hommes reviennent. A leur vêtement de misère je reconnais des Parfaits. L'un d'eux ne m'est pas inconnu, c'est Bastian. Important au niveau de la hiérarchie et fortement respecté par ses pairs, Bastian a certainement été investi d'une mission capitale. Déjà, par la porte laissée ouverte, j'entends les chants d'espoir de tous ces humains qui vont, en procession, vers le bûcher qui les attend. Aucun d'eux ne renoncera à sa foi.
Bastian prit son comparse par les épaules et le regarda fixement dans les yeux.
« Fabien ! Nous devons fuir et emporter avec nous le trésor que nous ont légué nos ancêtres pour le mettre à l'abri des papistes. Notre devoir nous impose de permettre à nos enfants survivants de pouvoir se pencher sur l'héritage des anciens. »
Mettre le trésor à l'abri ? C'est de moi qu'il parle. Moi, la parole de leur père. Moi le détenteur des mots qui donnent l'espérance. Où vont-ils me cacher ? Reverrai-je le jour ? Vont-ils encore s'agenouiller devant moi pour retrouver la vérité ?
Bastian s'empare vivement de moi et me range dans un grand sac de cuir usagé dont l’odeur forte sent les années passées de sa vie. Il me charge sur ses épaules puissantes et nous partons par un sentier abrupt qui nous éloigne de cette fumée montant vers un ciel accueillant, un ciel paré d’un bleu merveilleux pour recevoir ces âmes si pures.
Dans ce sac je n'entends plus rien, je suis aveugle et les soubresauts du chemin me bercent. Je m'endors, c'est le mieux que j'ai à faire. Mais je sais que je me réveillerai au moment voulu et que j'illuminerai encore les yeux de ceux qui porteront leurs regards sur moi. Quant à ceux qui me cherchent, je les laisse rêver au trésor qui est et qui n'est pas.
A chacun ses phantasmes et les rêves seront bien gardés.
BASTIAN
 
En cette année 1244, les Cathares payèrent cher leur fidélité aux Parfaits et aux Parfaites. Après avoir subi un siège de plusieurs mois, ils durent s'incliner devant la force des armées du Pape. Celui-ci ne leur accorda qu'une seule chance de survie. Adjurer ou le bûcher purificateur.
Les écrits de Bastian racontent comment ils quittèrent leur nid d'aigle en chantant, hommes femmes et enfants. Dans la fumée de leur tourment toutes ces âmes s'envolèrent vers un soleil éclatant qui s'était paré, à l'intention de ces pauvres innocents, d'un ciel bleu sans nuage certainement destiné à les accueillir dans un éden merveilleux. Il nous dit avoir eu du remord de ne pas partager le sacrifice de ses frères et sœurs dans la foi, mais la mission qu'on lui avait confiée était d'une importance telle que son esprit en était chamboulé. Aller par le monde et trouver une oasis de paix où déposer les manuscrits sacrés et les objets du culte, afin que les générations futures puissent s'imprégner du mode de vie de leurs anciens.
Son sac en cuir sur le dos, il abandonna ses peurs et il emprunta le sentier des bonshommes. Chemin qui lui permettra de rejoindre l'Espagne. La route sera longue, il le sait, et son sac sera de plus en plus lourd. Arrivé après quelques semaines de marche, il fit une première halte à Barcelone où il trouva à s'employer comme portefaix. Cela lui permit de manger un peu mieux sans avoir à demander la charité. Quelques jours dans cette grande ville lui donnèrent la force de reprendre le cours de son périple. Il décida de longer la mer. Des semaines et des mois firent défiler devant ses yeux de nombreuses villes. Valence, Alicante, Carthagène et enfin Malaga.
Au cours de son long voyage il avait croisé de nombreux voyageurs et l'un deux lui parla d'une célèbre université vieille déjà de plus de trois siècles, célèbre pour la tolérance et la qualité de ses Sachants. De nombreux philosophes comme Avenpace ou Averroés ont participé au renom de ce temple de la réflexion et du savoir, véritable trésor de la connaissance. Bastian, comme il l'écrit dans son livre de mémoires, avait réfléchi à cette possibilité. Confier l'héritage des objets et des écrits de la foi à des savants capables d'interpréter les mots à leurs justes valeur était, peut-être, la meilleure chose à faire.
A ce stade de l'histoire je me pose la question… Qu'aurais-je fais à la place de Bastian ? Je ne sais pas répondre. Ce trésor en fait est un trésor de l'esprit et ne peut être considéré comme tel que par celui qui en a la responsabilité.
Bastian, après mûres réflexions, prit sa décision ; il irait terminer sa mission à Fès. L'université l'accueillera certainement. Mais un problème de taille restait à résoudre, il fallait traverser la mer. En tenant compte que sa bourse était au dernier dessous, cette épreuve l'accablait et il se mit à douter de la réussite de son projet. Il traînait sur les quais quand son attention fut attirée, au bout de la digue, par une galère où l'équipage était affairé à terminer l'approvisionnement du navire. Il s'approcha avec hésitation et héla le capitaine qui donnait ses ordres en vue de l'appareillage.
-Bonjour capitaine. Auriez-vous une place, même à fond de cale pour un passager pauvre qui souhaite se rendre au Maroc pour rejoindre la ville de Fès ?
- Non, mais par contre j'ai une place sur le banc de nage. Si tu te sens capable de ramer comme les autres je te rendrai ta liberté à Nador, qui sera notre port d'accueil. Tu ne seras qu'à deux semaines de marche de Fès. Que vas-tu faire dans cette ville ?
- Je veux me rendre à l'université pour y faire un don.
- Un don ? Tu n'es pas musulman, crois-tu qu'ils vont l'accepter ?
- Oui, car il s'agit d'un trésor spirituel qui est le reflet d'un grand sacrifice humain. Il apporte la parole de Dieu et je sais que ce lieu est une école d'humilité et de sagesse. Je souhaite en faire partie. Ce sera la première étape de ma nouvelle vie. Ensuite mon étoile me guidera et je finirai mon existence quand le Très-Haut le décidera.
- Prends ton sac et monte à bord. Je te souhaite d'arriver au bout de ton chemin. Fasse le Très-Haut que ton rêve soit exaucé.
Ainsi fut fait, Bastian rama, encore et encore, mais...
Bastian n'écrit plus... A-t-il réussi sa mission ? Le trésor est-il en bonne main ? Pour l'instant nous n'avons pas les réponses. Peut-être un jour...
...
LE MONT ARARAT
Après s'être fait accepter à la prestigieuse université AL QUARAOUINE de la ville de Fès, Fabian se consacra à la découverte d'un monde dont il ignorait tout. Ses maîtres l'initièrent à la philosophie et dirigèrent ses idées vers l'ancien testament, là où les prophètes n'étaient ni chrétiens ni musulmans. Ils se contentaient de porter la parole de Dieu à qui voulait l'entendre.
Bastian se posait beaucoup de questions, mais un évènement lui tourmentait l'esprit plus qu'un autre : le déluge ! Pourquoi la colère de Dieu avait-elle provoqué cette punition ? Pourquoi avait-il poussé un vieil homme et ses fils à construire une gigantesque arche destinée à sauver tous les animaux de la création en laissant les hommes à leur triste sort ? Même Noé, dans ses moments de doute, se posait la question, mais il était trop sourd pour entendre les réponses du Très-Haut.
De nombreux disciples, de passage à Fès, laissait entendre qu'après sept mois et quelques jours, le doigt de Dieu libéra l'arche au sommet du mont Ararat dans l'ancien royaume d'Urartu. Fabian situa cette région à l'est de l'actuelle Turquie. Un tel voyage représentait un nouveau lot de souffrance, d'épuisement et de découragement, mais la ténacité qui lui tenait lieu de bâton de marche l'emporta.
Que pensait-il trouver ? Aujourd'hui, en suivant les aventures de Fabian, je me demandais si un tel homme avait existé. Tout ce qu'il avait traversé, en commençant par la guerre des Albigeois, et tout ce qui le poussait maintenant à accomplir sa quête faisait de lui un personnage hors du commun, voire un héros de légende.
Il partit... Avec ses maigres avoirs dans un sac en vieux cuir qui avait servi à porter le trésor spirituel des cathares, une canne à la main et sa foi dans le coeur, il était paré pour faire face à l'immensité qui l'attendait. Encore une fois son courage décida pour lui. Il traversa une mer et ses pas le portèrent en vue d'une ville qui avait pour nom Dobayazit. C'était le soir. Il s'approcha d'une maison à la limite des portes de la ville. Des oignons en tresses et des piments qui séchaient donnaient à Fabian un tableau rassurant criant bien fort que la paix habitait cette demeure. Un homme sortit, faiblement éclairé par le feu dans l'âtre où une marmite suspendue laissait échapper une bonne odeur de soupe.
L'homme lui demanda ce qu'il cherchait. Fabian lui dit qu'il avait fait un long voyage pour honorer le mont Ararat sur lequel Dieu avait déposé un véritable trésor. L'arche de Noé.
- Rentre chez moi, il se fait tard et tu ne trouveras l'hospitalité nulle part à cette heure. Demain matin, au chant du coq, nous sortirons et nous attendrons que l'aube éclaire l'est et tu verras apparaître ce merveilleux glacier que tant d'hommes vénèrent. Tous cherchent les traces du miracle de l'arche. Essaie de te rapprocher de la tombe de Noé, les anciens affirment que le patriarche est enterré à Cizre, si tu lui parles avec respect, il te dira peut-être, où se trouve l'endroit que tu cherches… Mais il te faudra beaucoup de patience et de courage. En attendant viens te reposer… demain sera un autre jour.
Ce homme avait raison. Cette montagne est sacrée. Elle est aussi le symbole national de l'Arménie. Je ne sais pas si Fabian a mis fin à son pèlerinage, mais je me sens de plus en plus concerné. Il est possible que l'histoire de Fabian prenne fin mais il se peut que la mienne commence.
...
LES LOUPS
 
Sous un soleil éclatant dans un ciel bleu sans nuage, la nature revenait à la vie et le printemps faisait honneur à son nom. Le périple de Bastian, que j'avais laissé au pied du mont Ararat et ses voyages, aussi interminables que lointains, m'avaient amené à m'intéresser, plutôt, à un patrimoine régional qui regorgeait de chapelles, d'oratoires et d'églises, toutes et tous témoins d'un passé de vieilles pierres abandonnées, bien souvent, par les hommes du présent.
Par cette belle journée, j'avais décidé de me rendre dans un village de moyenne montagne où des amis m'avaient signalé une collégiale très ancienne décorée de scènes de chasse et une église Saint-Antoine du XVe siècle qui méritaient la visite.
J'arrivais sur la place du village aux alentours de midi et, en sortant de ma voiture, je vis la terrasse d'un bar-restaurant-épicerie-tabac dont l'ardoise, accrochée à un arbre, vantait "les raviolis de Marie". Je m'approchais tranquillement. Les tables étaient presque toutes occupées et le bruit de fond des conversations allait bon train. Je trouvais, en bordure des arbres, une place où m'asseoir. A ma droite une table de six bûcherons qui parlaient des difficultés de leur métier et à ma gauche un homme seul, habillé d'une sorte d'uniforme bleu qui portait, en travers de la poitrine, un plastron en cuir que je connaissais bien car il comportait un logement pour deux baguettes de tambour. Le tambour était d'ailleurs par terre à côté de lui.
Mes souvenirs étaient en train de me ramener à l'époque de mon service militaire où je jouais du même instrument, quand le patron vint à moi pour prendre ma commande. Il était petit, gros et chauve. Son tablier, taché de je ne sais quoi, ne m'inspirait pas une confiance énorme mais les gargouillements de mon estomac l'emportèrent sur mes hésitations.
Et là : Le flop !
Je voulu la jouer citadin plein de morgue, celui à qui on ne la faisait pas, et posais une question, pour le moins maladroite... Je demandais si les raviolis étaient vraiment maison. Tous les clients se tournèrent vers moi. Un silence, presque mortel s'installa et je compris que j'avais été un peu trop loin.
Le patron se pencha vers moi et me souffla à l'oreille que Marie était un trésor local auquel il ne fallait pas toucher, surtout si on était un étranger. Inutile de vous préciser que le qualificatif "d'étranger" était lourd de menace. Je ne savais plus où me mettre, quand le monsieur en uniforme vint à mon secours et dit quelques mots au patron. Il se présenta ensuite à moi et je sus que j'avais affaire au garde-champêtre du village. Je profitais de l'occasion pour lui demander des renseignements concernant le but de ma visite.
On me servait enfin une bonne assiette de raviolis, qui je dois le reconnaître, avaient un air sympathique, quand des coups de feu éclatèrent et provoquèrent ma stupéfaction. D'abord espacés et tout de suite après en rafale comme dans une bataille rangée. Le patron, à mon air stressé vint à ma table et daigna me renseigner.
- Ce n'est qu'un mariage, ne vous affolez pas, regardez ! Personne ne s'en émeut. C'est une tradition chez nous. De la mairie à l'église, le cortège nuptial sillonne les rues et les habitants tirent, en leur honneur, des coups de fusil. Remarquez bien qu'ils tirent en l'air. Maintenant si un pigeon passe par hasard....
- Mais, pourquoi des coups de fusil ? Cela peut être dangereux.
Le patron me regarda avec un regard, à la fois amusé et agacé.
- Depuis la nuit des temps, le bruit des tambours ou des fusils est destiné à éloigner le diable et le mauvais sort du chemin des Novis.
- C'est très bien, mais des tambours seraient moins dangereux que des fusils.
- Sans doute, mais chez nous il y a beaucoup plus de fusils… et autres... que de tambours. Ceci explique cela. Mais tenez regardez, ils arrivent.
En effet, je vis déboucher sur la place une joyeuse procession, précédée de deux tambours, deux fifres et une grosse caisse qui jouaient avec entrain "l'Offerte", morceau de fête des villages de la vallée.
Soulagé, je pris le parti de m'intéresser à mon assiette en disant au patron :
- Figurez-vous que j'ai eu peur qu'il s'agisse d'un accident de chasse.
J'ai cru le voir craquer et se mettre à pleurer devant autant de bêtise. En me regardant droit dans les yeux et en faisant preuve d'une patience que l'on n'accorde qu'à l’élève le plus ignare de la classe, il consentit à me répondre.
- Vous devez savoir une chose. Il est écrit dans notre patrimoine génétique qu'il n'y a jamais d'accident de chasse dans ce village. Jamais ! Tout au plus, une légère divergence d'opinion à vocation villageoise, qui doit entraîner une réponse rapide afin que le problème ne s'éternise pas. C'est aussi une tradition à laquelle nous tenons par dessus tout. Un usage local qui n'est pas sensé intéresser un quelconque quidam égaré sur la départementale qui longe la commune. Nos traditions sont des trésors inestimables et nous ne permettons à personne de les mettre en doute.
Pas encore vraiment assuré de rester en vie… J'osais :
- Je respecte vos coutumes, mais ça n'est peut être pas très légal....
Il me regarda, comme on regarde un condamné et il me demanda d'une voix grave :
- Savez-vous comment on nous appelle dans la région ?
- Non, répondis-je d'une voix qui avait perdu de sa superbe.
- Nous sommes "Les loups" et ce n'est pas usurpé.
Je compris, enfin, qu'il était urgent que je m'intéresse à Marie et surtout que je me taise. Je me promis d'aller allumer un cierge à saint Antoine pour le remercier de m'en sortir entier... Et aussi pour les raviolis qui méritaient, vraiment, le détour.
...
IL ÉTAIT UNE FOIS… " CARNAVAL "
 
Enfin ! Cette fois ça y est. Les hérauts ont sillonné la ville à cheval avec trompettes et tambours et, dans le fracas des cymbales, ont annoncé l'arrivée dans sa bonne ville de NICE de sa majesté Carnaval.
Le coup de canon de midi nous a rappelé qu'il fallait songer à nous substanter pour tenir le choc. Deux morceaux de pissaladière et cinq francs de socca ont suffi à notre bonheur. Le tout, naturellement, arrosé d'un petit rosé qui ne s'en laisse pas conter.
Le canon a tonné trois fois. Le corso s'anime, les chars peuplés de créatures sorties de l'imagination des carnavaliers sont précédés de fanfares diffusant une musique tonitruante : La Jeunesse Niçoise, dont certains musiciens ont dû voir les deux guerres, L'Echo de la Chaumière, dont les créateurs ont pris l'initiative d'apprendre le solfège aux enfants du quartier, les pompiers avec des musiciens de talent et tant d'autres venus de différents horizons.
Cette musique est vivante, elle nous prend par la main et nous entraîne dans des farandoles sans fin. Certains pays ont envoyé des groupes et des musiciens que nous découvrons avec curiosité. Leur musique peut être rythmée ou suave. Les notes dont ils nous abreuvent sont colorées, c'est parfois, l'écoulement d'une rivière qui furète entre les grosses têtes et parfois un torrent déchaîne entraînant une foule de costumes masqués qui ne sont plus eux-mêmes, comme le permet carnaval, mais des personnages des mille et une nuits. Pour un jour ils sont les rois, rien ne les arrête. La musique les transporte, ils la mangent, ils s'en abreuvent. Ils la vivent sans restriction… Certains s'y noient, l'instant d'un délire, mais retrouvent la surface avec un regain de jeunesse.
Tout ce beau monde participe sans retenue à la liesse générale.
Les cavalcades avec des belles jeunes filles, bien souvent apeurées quand leur monture fait un écart provoqué par une multitude de batailles de confettis. Des chars populaires de divers quartiers, tous plus farfelus les uns que les autres. Tout ce public sur l'avenue de la Victoire, ravi d'assister à ce défilé. Les enfants qui bataillent à coups de serpentins en papier. Ces confettis couvrant le sol en nous donnant l'impression de marcher sur un tapis persan...
Que dire de la journée des plâtres. Sinon que ça permettait de régler quelques comptes en souffrance, surtout si notre voisin avait commis l'imprudence de se vêtir d'un beau costume.
Hé oui mon cher Bastian, si tu m'écoutes, là où tu es, je suis sûr que tu penses comme moi... rien n'a changé. Les êtres humains ont toujours besoin d'un exutoire. Tout le temps du carnaval était une récréation.
Mais çà, c'était avant. Ce que je te raconte n'existe plus. Maintenant le Carnaval est enfermé dans de hautes palissades bien fermées ne permettant pas à un œil curieux de se glisser à l'intérieur. Seuls les clients qui peuvent s'offrir les tribunes ont accès au spectacle.
Tu as bien compris, j'ai dit spectacle et non carnaval.
...
CONCLUSION D’UN TOUT
Les tribulations de Bastian à travers un monde aussi vaste m'ont fait comprendre que mes convictions n'étaient pas de taille à comprendre les siennes. La trace de ses pas était, plus souvent, dans la boue et la poussière des chemins que sur un sentier pavé de roses. Il m'a appris que tous les hommes possèdent un trésor, mais que peu d'entre eux ont la clef qui ouvre le coffre. La quête de chacun est différente. La mienne m'a appris ce à quoi je n'étais pas destiné. Ainsi va la vie. Elle arrive, elle s'arrête un instant plus au moins long et s'éloigne doucement, sans dire un mot.
                                                      Adieu Bastian.
 
Fernand ARRIGO
 
 

Rédigé par Fernand

Publié dans #Trésors du monde

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