OPÉRA D'UN SOIR

Publié le 9 Juin 2022

 

Cette salle magnifique, habillée d'or et de velours, était éclairée par un grand lustre de cristal et par d'innombrables appliques murales qui s'entendaient à distribuer une douce lumière dans ce temple de la musique. Un brouhaha de bon aloi traduisait l'impatience des mélomanes qui s'étaient réunis pour communier ensemble pendant la magie de l'instant.

Enfin, la luminosité sembla s'éloigner tout doucement et l'obscurité imposa le silence. Sur la scène, le premier violon donna la note. Les musiciens accordèrent leurs instruments dans un concerto de graves et d'aigus qui ne devait rien à l'écriture d'une partition musicale. Le silence revint à petits pas.

Les musiciens se levèrent. Le chef d'orchestre apparut sur scène, vint saluer le premier violon, leva sa baguette et le miracle s'accomplit.

Je fermai les yeux. Les violons emmenèrent mon âme au cœur d'une forêt paisible où l'harmonie semblait régner depuis des temps immémoriaux. Des oiseaux s’emparèrent de la sérénité du moment. Les flûtes traversières donnèrent de la voix à ces volatiles qui virevoltaient autour de moi. Il manquait à ce paysage une rivière qui promènerait ses méandres au grès des prairies. La harpe vint à mon secours et distribua, avec sa délicatesse naturelle, la coulée d'un cours d'eau paisible.

Je me sentis partir dans mes rêves les plus doux et je me laissai porter par des anges dans l'azur immaculé d'un ciel sans nuage, quand les notes percutantes du piano annoncèrent la pluie. Les violoncelles voulurent rajouter le grondement de l'orage. Encouragés, les cuivres s’invitèrent au banquet et le fracas du tonnerre fit frémir l'auditoire. La douce brise des violons se transforma en vent violent ponctué par les grosses caisses, les cymbales accompagnaient les éclairs... Dieu était en colère et le faisait savoir. L'auditoire était figé.

Le dernier accord s'estompa doucement, les notes reintégrèrent les partitions. La lumière revint et après quelques instants de reprise de conscience le public se rappela où il se trouvait et les applaudissements refermèrent la page du livret.

 

Rédigé par Fernand

Publié dans #Musique

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