LIBRE

Publié le 1 Décembre 2021

 

Voilà quelques jours que le Trio avait débarqué chez Jean-Claude, le « Tonton » comme tous avaient convenu de l’appeler. Ils se souviendraient longtemps du visage à la fois étonné et soulagé du cinquantenaire à la vue de la Deuch et de ses passagers. Il savait que son neveu avait fugué depuis presque trois ans, et que ses parents désespéraient de le revoir vivant. Et soudain, le voilà, et en bonne compagnie ! Antony avait sauté dans les bras de son oncle, les yeux brillants d’émotion. Jean-Claude n’en revenait pas de voir ce grand jeune homme, lui qui était encore un enfant lorsqu’il était venu apprendre à s’occuper des chèvres, sur les conseils avisés du Tonton, quatre ans plus tôt. Jean-Claude les avait accueillis avec sa gentillesse habituelle, mais rapidement ils avaient dû lui faire un résumé des dernières années, tellement il était curieux de tout savoir. Il leur avait fait téléphoner avant tout à leurs parents, c’était la condition sine qua non de leur hébergement chez lui. Après beaucoup d’émotion et de larmes de tous côtés, Jean-Claude avait prévenu la Gendarmerie de Breil-sur-Roya, afin que les recherches sur les jeunes gens soient abandonnées. Bien entendu, ils avaient été convoqués par les Gendarmes pour décrire en détail leur fugue, et surtout le temps passé dans la Communauté Religieuse. Ophélie en voulait à sa mère, mais elle ne souhaitait pas, cependant, lui attirer d’ennuis. Elle avait du mal à s’avouer que sa propre liberté ne pourrait exister qu’au détriment de celle de sa mère. Le Brigadier l’avait un peu rassurée lorsqu’il lui avait fait remarquer que sa mère était, elle aussi, une victime du gourou…

A la suite de leurs coups de fil, les parents - sauf Jeanne, par la force des choses – étaient venus rapidement retrouver leurs enfants. Tous ensemble, ils avaient beaucoup discuté à cœur ouvert, pour tenter de comprendre les motivations et les attentes des jeunes : pourquoi cette fugue ? Qu’espéraient-ils de la vie ? Pourquoi n’avoir pas donné de nouvelles ? Comment était leur vie au sein de la communauté ? Les questions fusaient de toute part. Les trois jeunes, tirant des leçons de leur vécu depuis l’abandon de leurs foyers respectifs, étaient certains de plusieurs choses : ils voulaient vivre libres, ensemble, se motiver pour atteindre un but commun : construire leur vie en harmonie avec la nature ! Le Tonton se mêla à la discussion : puisque Antony savait s’occuper des chèvres, il proposa aux parents d’installer les jeunes dans une grange qu’il possédait dans la montagne ; il leur céderait un petit troupeau de ses bêtes, et leur apprendrait les bases du métier : être éleveurs de chèvres, fabriquer des fromages qui se vendaient plutôt bien sur les marchés et dans les restaurants du coin, cultiver des légumes bio… L’idée était lancée, il fallait attendre que la proposition mûrisse dans l’esprit des ex-fugueurs, et que les parents les aident financièrement, au moins pour leurs débuts. On pouvait leur faire confiance, ils avaient déjà prouvé qu’ils avaient de la volonté, qu’ils s’entendaient bien, et que la nature les attirait vraiment. Après tout, pourquoi ne pas essayer ?

- Une question, Tonton : où se trouvent cette grange et le terrain que tu nous laisserais ?

- Mes petits, je vous le donne en mille, à vous qui aimez la liberté plus que tout : c’est un hameau un peu plus haut dans la montagne, un lieu vraiment fait pour vous ! ça s’appelle… Libre !

 

Rédigé par Annie

Publié dans #Liberté

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article